San Giovanni
Rotondo

 


Notice sur le PADRE PIO
et sur les STIGMATES

Le Padre Pio

Francesco Forgione, plus connu sous le nom de Padre Pio, est né en 1897 dans une famille paysanne du village de Pietrelcina, en Campanie. A 22 ans, en 1909, il devient frère capucin sous le nom de Frère Pio (en mémoire du pape Saint Pie V) et est ordonné prêtre un an plus tard. Il arrive au couvent des Capucins de San Giovanni en 1916 et les stigmates christiques (plaies aux mains, aux pieds et au thorax comme les cinq plaies du Christ) font leur apparition en 1918. Cela ajouté aux miracles qu'on lui prête commence à attirer les foules, ce dont profitent les Capucins qui se livrent à quelques malversations financières tandis que Pio est soutenu par les fascistes. L'ordre franciscain et le Saint Office de Rome  mettent un frein en 1931 à l'élan de dévotion autour de sa personne,  obligeant Pio à cesser toute activité publique. L'interdiction fut levée deux années plus tard. 
En 1925, il transforme  un ancien monastère en un petit Hôpital Civil de Saint François, avec deux salles, un équipement fonctionnel et vingt lits, au profit des habitants du village mais en 1938, un tremblement de terre détruit le bâtiment. De 1940 à 1956, il consacre son activité matérielle à la création du grand hôpital Casa Sollievo della Sofferenza qui forme une barre blanche au-dessus de la bourgade.
En 1947, le jeune père Karol Wojtyla (le futur pape Jean-Paul II) lui rend visite. Le Padre Pio lui aurait prédit son élection à la papauté et l'attentat dont il serait victime en 1981, sur la place Saint-Pierre.
Le ministère public du Padre subit à nouveau des restrictions entre 1960 et 1964 à la suite d'abus (trafic de tissus miraculeux). Il meurt le 23 septembre 1968. Lors de ses funérailles, il serait apparu aux fenêtres du couvent, face à la foule.
Après les investigations sur ses miracles  menées entre 1990 et 1997 par la Congrégation pour la cause des saints, le pape Jean-Paul II le déclare  Bienheureux en 1999 et le canonise en 2002 sous le nom de Sanctus Pius de Pietrelcina.


Les stigmates

Le Padre Pio n'est pas le premier "stigmatisé". Le phénomène des stigmates n'est connu que depuis le début du XIIIe siècle.   Il y en aurait quelques centaines, le premier cas étant celui de Saint François d'Assise (auquel se réfère justement l'Ordre de Frères Mineurs dont le Padre Pio faisait partie). Au siècle suivant, toujours en Italie, mais cette fois il s'agit d'une femme, Catherine de Sienne et d'un ordre rival, celui de Saint Dominique. L'Eglise les a canonisés en tant que porteurs des stigmates.
Huit autres stigmatisés ont été béatifiés ou canonisés, dont le Padre Pio,  sans que l'Eglise les reconnaissent en cette qualité.

Les avis d'experts médicaux et scientifiques sur le phénomène ne sont pas concordant, arguant de l'imposture à l'inexplicable. Selon mon humble avis, l'une des raisons qui pousserait au scepticisme, c'est la marque des clous. Les tableaux représentants les premiers stigmatisés tout comme les photos du Padre Pio  montrent des stigmates au niveau de la paume des mains. Cela pose problème. Les spécialistes s'accordent pour conclure au vu de travaux archéologiques et d'expériences médico-légales qu'il n'était pas possible d'attacher les crucifiés avec des clous plantés dans les paumes des mains car sous le poids du corps les muscles et ligaments se déchireraient, les clous traversaient donc le poignet comme le montre d'ailleurs le Saint Suaire (mentionné pour la première fois en Champagne au XIVe siècle et qui finira à Turin après diverses pérégrinations au cours des deux siècles suivants).
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Etape suivante: CASTEL DEL MONTE

Mercredi 28 mai

350 km nous attendent et près de 5 heures de trajet.
Pour affronter ce programme,  à 8H nous quittons Fiuggi par sa route sinueuse pour redescendre vers la plaine côtière afin de gagner l'autoroute A1, l'Autoroute du Soleil, en se dirigeant vers le sud (Naples), évidemment...

 

Nous aurons longtemps sur notre gauche, les montagnes de la chaîne des Apennins qui forment comme une épine dorsale de 1200km tout au long de "la botte" italienne. Dans cette région, le massif culmine à 2247m, à La Meta (le plus haut sommet se trouve plus au nord, au Gran Sasso, avec 2914m). Paysage très vert à la faveur d'un printemps qui a été particulièrement pluvieux. Le foin a été récemment emballé en "round ballers".  Les villages que l'on aperçoit de part et d'autres sont établis soit au pied des Apennins soit au sommet de collines. On ne peut manquer les champs de panneaux voltaïques en raison de leur scintillement.
Bientôt au sommet d'une colline de 500 m. émerge l'imposante construction l'abbaye bénédictine du Monte Cassino. L'endroit est connu car il a été le théâtre de bombardements et de combats très meurtriers durant la Seconde Guerre mondiale. Sa position stratégique sur la ligne Gustav établie par les Allemands, vaudra à l'abbaye établie sur une colline dominant la route allant de Rome à Naples d'être détruite par les bombardements alliés. Elle a été  reconstruite à l'identique de 1948 à 1956.

Nous dirigeant vers Naples, nous quittons le Latium pour passer en Campanie aux environs de 10H30.  Nous laissons Capoue sur notre droite et Caserta sur notre gauche. Puis nous allons bifurquer vers l'est et prendre l'autoroute A16. Un peu avant 11H, coiffant une colline, nous apercevons Avellino sur notre droite. La température extérieure est agréable avec 20°. Paysage vallonné, toujours bien vert. Champs, prairies et bois de châtaigniers, noyers et noisetiers.
L'autoroute qui va traverser les Apennins devient forcément plus sinueuse. 11H15 lorsque nous apercevons sur notre gauche la ville de Grottaminarda. Plus loin, les collines se coiffent des hélices des éoliennes, nos modernes moulins à vent.



 

Nous quittons la Campanie pour les Pouilles (puglia en italien). Sur la gauche, nous apercevons en pleine lumière, il est bientôt midi, le village blanc de Sant'Agata di Puglia que domine sont château.
Dans les champs, on peut voir par contraste l'effet des traitements herbicides avec de superbes bandes de coquelicots à où ils ont fait défaut au milieu des céréales. Le paysage prend l'allure d'une plaine parfaite et la végétation est plus sèche. D'ailleurs de grandes parcelles de blé dur sont en cours de moisson (chez nous la moisson s'effectue deux mois plus tard). Qui dit blé dur, doit penser pâtes. Il ne sera pas question d'y échapper.
 Quelques parcelles aussi de vignes à raisin de table sous des voiles protecteurs. Sur le bord de l'autoroute, on voit une maison abandonnée portant une enseigne O.N.C. (office National des Combattants). C'est un témoignage des actions de mise en valeur des Pouilles engagées à partir de 1919 et dont les anciens combattants ont été bénéficiaires. Cela passa par une réforme agraire mettant fin à la pratique féodale du métayage et par le drainage des zones de marais infestées par la malaria. Ce fut l'une des rares actions positives de la période mussolinienne qui évoquait "la baille du grain" (battaglia del grano) et "l'or de la patrie" (il ferro alla patria) dans une recherche d'autosuffisance de la production agricole. Nous sommes dans ce que les Italiens appellent "la table de l'Italie" que l'on peut comprendre de deux façons, table par la planéité du relief et table par le fait qu'il s'agit désormais d'une grande région de production agricole. Mais dans les villes, la misère endémique s'aggrave avec la crise provoquant une nouvelle vague d'exode des jeunes, souvent diplômés, vers les villes du nord et vers l'étranger, au moment même où l'immigration africaine débarque sur les côtes de cette Italie méridionale.

  Quelques données sociales

Rosaria nous donne quelques chiffres valables pour l'Italie:

- salaire de base: 850€
- allocations familiales: 80€ par enfant
- "pension sociale": 480€/mois
- retraite: 800-900€/mois
- loyer courant (banlieue): 500€.
 

Au niveau de Candela, nous quittons l'autoroute pour remonter vers Foggia, plus au nord.  Paysage de plus en plus sec, avec des champs bordés de murs de pierre sèche pais aussi des vergers de cerisiers ou des oliveraies puisque la tradition dans cette région était de planter un olivier à la naissance de chaque enfant. Mais la grande mode actuelle en Europe du Nord de planter ce type d'arbre, sans doute dans la perspective du réchauffement climatique (!), ce qui met en danger les plus anciennes oliveraies de ces régions dont les vieux arbres se vendent à prix d'or (jusqu'à 5000€). Des culture maraîchères également: tomates, brocolis...

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 Les sanctuaires de San Giovanni

 

Il est pratiquement midi et demi lorsque nous attaquons la montée vers San Giovanni Rotondo, perché à 565 m. d'altitude sur le flanc ouest du petit massif du Gargano (1055 m.), un promontoire qui s'avance dans la Mer Adriatique (que nous ne pouvons donc pas voir). Après quelques lacets et difficultés pour faire circuler notre immense bus dans les rues de cette ville de 3000 habitants, nous arrivons enfin à l'hôtel Gran Paradiso à 12H45. Malgré l'altitude, il fait 26°. L'hôtel se trouve tout à fait à l'ouest de la ville, au pied des sanctuaires.

Déjeuner à l'hôtel. Au menu, évidemment des pâtes, des orechiettes (oreillettes) au brocolis, évidemment aussi le poulet rôti avec des pommes de terre, côte de porc panée, salades et des fruits pas du tout mûrs, étonnant dans ces région de soleil.

Après le repas, nous avons un peu de temps pour découvrir le domaine extérieur de l'hôtel (piscine, terrasses) avant de partir faire la visite des sanctuaires.

La ville de 30 000 habitants aujourd'hui, anciennement gros bourg agricole,  doit son développement au Padre Pio qui y vécut de 1916 à sa mort en 1968. Cela a d'abord résulté d'un tourisme religieux  lié aux stigmates du Padre Pio et aux miracles qui lui ont été prêtés depuis les années 1930 puis avec la création de l'hôpital privé Casa Sollievo della Sofferenza (Maison pour le soulagement de la souffrance), inauguré en 1956 par le Padre Pio et toujours dirigé par des Capucins. La tombe de Padre Pio est devenue un lieu de pèlerinage. Cela fait la fortune de la centaines d'hôtels installés ici et des boutiquiers vendeurs de breloques à l'affût du nombre incroyable (selon les sources 5, 7 ou 10 millions) de visiteurs qui se rendent ici chaque année, notamment lors du grand pèlerinage de fin septembre, anniversaire du décès du Padre. Etonnamment, en dehors de notre petit groupe de touristes, il n'y a pratiquement pas de pèlerins, quelques dizaines tout au plus alors que l'on dit que c'est la dépouille de saint le plus vénéré d'Italie, après celle de saint François d'Assise.

Partant de l'hôtel à pied, nous nous rendons à la basilique Saint Pio par une avenue pédestre de 350 mètres environ spécialement aménagée qui monte vers l'édifice.
Au bout du chemin que nous empruntons,  se dresse une croix de plus de 40 mètres de haut, offerte par la région des Pouilles et conçue par l'architecte Renzo Piano.  Elle est composé de 70 blocs de pierre  (section carrée à la base de 2500x2500 mm) . Afin d'assurer la stabilité immense structure, des câbles de compression ont été insérés dans la pierre en raison des forts risques sismiques.

  Renzo Piano, architecte

Renzo Piano est un célèbre architecte contemporain, né à Gênes en 1937. On lui doit notamment de Centre Georges Pompidou à Paris, l'aéroport de Kansaï au Japon, la tour du New York Times ou le Zentrum Paul Klee de Berne...
 

 

La basilique Saint Pio de Pietrelcina  a été conçue par le célèbre architecte italien Renzo Piano et consacrée en 2004 en présence de 30 000 pèlerins, après 10 ans de travaux. Avec son 6000 m², elle  est l'une des plus grandes églises de l'Italie par sa taille et même l'une des plus importantes au monde car elle peut recevoir 7000 fidèles. L'ouvrage a coûté 35 millions d'euros et a été financé en grande partie par les dons des pèlerins.

L'édifice se situe en contrebas d'un  vaste parvis incliné de 8000 m², bordé au sud par un "clocher horizontal" à 8 cloches (une octave). Un large auvent abrite un autel extérieur pour les offices se tenant sur le parvis qui peut accueillir 40 000 fidèles. Sur le côté opposé, la porte d'entrée en bronze à deux vantaux représentant  le Bon Berger  et Abraham est l'œuvre de Mimmo Paladino.

La construction se présente sous forme d'une conque de verre et de bronze. La couverture revêtue de cuivre est soutenue par une charpente métallique tridimensionnelle reposant sur 22 immenses arcades de pierre, dont 8  convergent vers un énorme pilier  de 4,40 mètres de diamètre (l'Evangile de Saint Mathieu ne dit-il pas "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église" ?) excentré  près duquel se trouve l'autel. Des techniques particulières ont été mise en oeuvre pour parer aux risques liés à la forte sismicité de la région. Sur la droite, la lumière entre par un immense vitrail représentant l'Apocalypse.
L'effet visuel est remarquable, avec une impression d'espace et de légèreté.
La configuration des lieux se prêtait à la construction au niveau inférieur. On y trouve la crypte, la sacristie, trois salles de conférence et diverses autres pièces (pour les confessions notamment). On accède à la crypte par une longue rampe bordée de mosaïques. La crypte est entièrement recouverte de superbes mosaïques d'or du Père Marko Ivan Rupnik qui racontent l'histoire de la vie du saint. La dépouille du Padre Pio, dont visage est une reconstitution en silicone peint à la main,  y a été transférée  en 2010 et exposée sous une vitrine depuis depuis le 1er juin 2013 alors qu'auparavant elle reposait non loin de là dans la crypte du sanctuaire de Santa Maria delle Grazie que l'on va visiter tout à l'heure. 

   

La réalisation de cette basilique s'est déroulée sur une dizaine d'années et a nécessité l'excavation de  70 000 mètres cubes d'excavation de roc, la mise en oeuvre de 30 000 mètres cubes de béton armé,  de 1320  blocs de pierre (soit 900 mètres cubes), de 60 000 tonnes acier, de 5000 mètres carrés de verre, de 19 500 m² de cuivre. Pour la dorure des mosaïques, on a employé 3 kg d'or.
Ce monument moderne qui m'a plutôt séduit a été très critiqué par la nomenklatura conservatrice de l'église italienne qui a cru y trouver des symboles maçonniques et païens. Evidemment, sa forme n'évoque en rien le plan en croix latine voire en croix grecques des églises traditionnelle. La vraie critique pourrait être de fond. Le caractère dispendieux de la construction trahit l'humilité et la simplicité imposée par la règle monastique des Capucins et surtout la farouche volonté qu'exprimait le Padre Pio en ce sens.


 

En remontant le parvis incliné triangulaire on peut se rendre au couvent et ses églises dédiées à Santa Maria della  Grazie qui donnent sur la place.
Arrivés sur la place, à gauche, on voit le couvent qui jouxte sa petite église construite en 1540 puis rebâtie en 1629. C'est là que l'on peut voir la cellule où le Padre Pio a vécu et est mort ou encore le crucifix devant lequel il a reçu les stigmates.
Accolée à l'ancienne église conventuelle, une nouvelle église a trois nefs  a été conçue par l'architecte Giuseppe Gentile et mise en service en 1959. Son abside ainsi que les chapelles de ses nefs latérales sont ornées de mosaïques représentant la Vierge exécutée par l'école de mosaïque du Vatican.



Il est 17H et dans l'intervalle le temps s'est couvert et le vent s'est levé. Frisquet, il ne fait plus que 15°.
Cela ne décourage pas une partie du groupe de faire une balade en empruntant le Chemin de Croix. En sortant de la basilique, il se trouve sur la gauche, tout au bout de la place et non loin de l'hôpital. Les travaux de construction de la Via Crucis due à François Messine commencèrent en mai 1968, peu de temps avant la mort de Padre Pio, et se terminèrent en 1971.  On y croisera un petit groupe de pèlerins.

 

Il aurait été plus sympathique pour terminer la journée de se rendre en autocar au Monte Sant'Angelo (Mont Saint Michel), à 20km de là pour y voir le château normand du XIIIe, le campanile et l'église-grotte (IXe-XVIe siècles). C'était le point terminal du "Chemin des Français" qui se rendaient en pèlerinage voire en croisade vers la Terre Sainte, ce qui a constitué un point d'ancrage pour les Normands toujours en quête de nouveaux espaces à conquérir pour installer leurs nombreuses familles.
 

Après ce "pèlerinage", il faudra un menu riche pour se réchauffer. Ainsi fait. Du classique italien: gnocchi pour les pâtes, risotto au champignons pour le riz, toujours le poulet mais avec des frites, une part copieuse de gâteau à la crème. Rosaria y ajoute les cerises qu'elle a achetées le matin sur le bord de la route. Déception elles baignent dans une coupe remplie d'eau et de glaçons. Déjà peu savoureuses, refroidies ainsi elles ont encore moins de saveur...


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