LA VALETTE

 

 

Première visite:
Quartiers sud sur le Grand Port...
 - co-cathédrale St-Jean-Baptiste
 - palais des Grands Maîtres

Seconde visite:
et quartiers nord sur Marsamxett
 


 


 

L'ORDRE DE MALTE

LES CROISADES ET L'ORDRE EN TERRE SAINTE
(1113-1187)

Les croisades étaient des pèlerinages chrétiens armés venus d'Europe vers le Moyen-Orient visant initialement à libérer les lieux saints, notamment Jérusalem. Une personne qui part en croisade est un croisé, nommé ainsi du fait qu'il porte généralement une croix sur son habit.

À la suite de la première croisade (1096-1099), la Terre Sainte passe sous domination chrétienne, Jérusalem devenant le centre du royaume de Jérusalem, le principal des États latins d'Orient.

L'origine de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem remonte à la fin du XIe siècle avec l'établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d'hôpitaux,  d'où leur nom d'Hospitaliers. Ils deviennent autonomes par rapport aux couvents bénédictins par la bulle promulguée en ce sens par le pape en 1113 qui fait de cet hôpital, "L'Hospital ",  une sorte de congrégation désormais sous  le patronage de St  Jean-le-Baptiste, sous la tutelle et protection exclusive du pape. En 1123,  les Hospitaliers se dotent d'une règle reposant sur celles de saint Augustin et de saint Benoît. Cette règle organise l'Ordre en trois fonctions: les frères moines et clercs, les frères laïcs et les frères convers qui tous doivent les soins aux malades.

 Au même moment, un autre  ordre, l'Ordre du Temple, fut créé à l'occasion du concile de Troyes en 1129, à partir d'une milice appelée les Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon. Il avait pour charge l'accompagnement et à la protection des pèlerins pour Jérusalem dans le contexte de la guerre sainte et des Croisades. Il participa activement aux batailles qui eurent lieu lors des Croisades et de la Reconquête ibérique. 

En 1154, une catégorie de frères prêtres ou chapelains est établie dans l'ordre des Hospitaliers. Le personnel soignant, médecins et chirurgiens, est officialisé dans les statuts de 1182 ainsi que les frères d'armes, qui apparaissent pour la première fois, au côté des frères d'office ou frères servants, et des frères prêtres ou chapelains. C'est à cette date que l'Ordre est devenu, en droit, un ordre religieux-militaire. À l'instar des Templiers, il assume désormais une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu'il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs. Les Hospitaliers ont pour marque distinctive une croix blanche à huit pointes sur fond noir (à l'origine de l'ordre de Malte) puis rouge. Ce n'est pas tout à fait le négatif de la croix des Templiers, une croix pattée rouge sur fond blanc.
Comme les Templiers, les Hospitaliers jouent alors un rôle de premier plan sur l'échiquier politique du royaume de Jérusalem
. En 1136, ils reçoivent du roi de Jérusalem, la garde de la forteresse de Bethgibelin et en 1142/1144 celle du Krak des Chevaliers. Leur structure militaire et leurs places fortes font de l'Ordre une puissance armée de plus en plus importante.
Mais contrairement à l'Ordre des Templiers, les appellations de l'Ordre des Hospitaliers ne sont pas fixées:   Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, Ordre de l'Hôpital, Ordre des Hospitaliers, Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean, Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, Ordre des chevaliers hospitaliers, Ordre des chevaliers de Rhodes, Ordre des chevaliers de Malte, Ordre de Saint-Jean, Ordre de Saint-Jean de Jérusalem... Flou accentué du fait de désignations dans toutes les langues pratiquées par l'Ordre, latin ou langues vulgaires pratiquées dans diverses contrées d'Europe comme le français, l'italien, l'espagnol, l'allemand, l'anglais, le provençal.
En 1187, Saladin s'empare définitivement de Jérusalem et les Hospitaliers s'installent à Saint-Jean-d'Acre.
 

L'ORDRE A CHYPRE
(1187-1310)

Un siècle plus tard, en 1291, les Croisés perdent Acre à l'issue d'une bataille durant laquelle le grand maître de l'Ordre, Jean de Villiers, est grièvement blessé. Les Templiers et les Hospitaliers, avec les dernières forces latines, sont obligés de quitter la Terre sainte pour s'installer à Chypre.

En 1301, les Hospitaliers installés à Chypre sont répartis en fonction de leur origine en huit groupes appelés "langues": Provence, d'Auvergne, de France, d'Aragon, de Castille, d'Italie, d'Angleterre, d'Allemagne. À partir de 1307, l’Ordre, dont la rivalité avec le roi de Chypre ne cesse de croître, se lance dans la conquête de l’île de Rhodes, alors sous souveraineté byzantine.
 

L'ORDRE A RHODES
(1310-1522)

Rhodes est conquise en 1310 et devient le nouveau siège de l'Ordre. En 1311, les Hospitaliers renouent avec leurs origines en créant le premier hôpital de l'île de Rhodes. L'Ordre devient aussi une puissance maritime continuant d'être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins.
En 1312, sous la pression du roi de France Philippe le Bel, le pape Clément V dissout l'ordre du Temple militairement très affaibli mais encore riche. Les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d'eux l'ordre le plus puissant de la chrétienté. Entre 1440 et 1522, les Chevaliers doivent faire face aux attaques du sultan d'Egypte puis surtout celles des sultans ottomans Mehmed II et Soliman le Magnifique.  En 1522, les Chevaliers sont vaincus par les Ottomans suite de la trahison du grand chancelier d'Amaral. Impressionné par la résistance héroïque du grand maître Philippe de Villiers de L'Isle-Adam, magnanime, Soliman accorde libre passage aux chevaliers rescapés emportant dans trente navires leur trésor, leurs archives et leurs reliques (il le regrettera quelques années plus tard).
 

"L'ORDRE ERRANT"
(1523-1530)


En 1523, les Hospitaliers entament une errance de sept années
qui les conduit d'abord à Civitavecchia, en Italie. En 1528, le pape Clément VII, ancien Hospitalier, les héberge à Viterbe, mais, finalement, ils partent pour Nice peu de temps après.


L'ORDRE A MALTE
(1530-1798)


A Malte, 28 Grands Maîtres dont 12 français, ont dirigé les chevaliers pendant 268 ans.

En 1530, l'empereur Charles Quint, comprenant l'utilité que peut avoir un ordre militaire en Méditerranée
 face aux avancées ottomanes (Alger est conquis par le célèbre Barberousse en 1529), confie à l'Ordre l'archipel maltais, dépendance du royaume de Sicile, faisant du Grand maître de l'Ordre le prince de Malte (Philippe de Villiers de L'Isle-Adam de 1531 à 1534). Les Espagnols lui cèdent la forteresse de Tripoli (qui sera prise par les Ottomans en 1551).
L'arrivée de l'Ordre fut mal perçue par la noblesse favorable à la souveraineté aragonaise et en raison d'une remise en question d'une organisation sociale reposant sur un système de "castes". Sur la trentaine de familles nobles qui ont résidé à Malte, il en subsisterait encore 28. Les nobles maltais ne pouvaient pas être chevaliers car on considérait qu’ils qu'ils pouvaient avoir du sang arabe!

Après avoir brisé le "Grand Siège" de 4 mois conduit par les Ottomans en 1565 puis grâce à une flotte maritime de guerre constituée sous l'impulsion du Grand Maître Jean de La Valette, l'Ordre se transforme alors en une puissance souveraine qui prend de plus en plus d'importance en Méditerranée centrale jusqu'à la bataille de Lépante (1571) et jusqu'aux premiers traités des royaumes d'Europe avec les Ottomans.. Après quoi il se consacre surtout à des opérations de guerre de course et transforme Malte en pôle du commerce méditerranéen.  Parallèlement, les Grands Maîtres et les Chevaliers vivent comme des princes ou des aristocrates, oubliant leurs triples voeux de chasteté,  pauvreté et obéissance...
En 1792, la Révolution française confisque les biens français des Hospitaliers, comme ceux de tous les autres ordres religieux. Le Grand prieuré de France est dissous cette même année et l'Ordre perd alors les trois quarts (selon d'autres sources, on trouve 1/5 ou à l'opposé  5/6 !) de ses revenus en France.
 

BONAPARTE ET LA FIN DE L'ORDRE...

En 1798, en route pour sa campagne d'Egypte, le général Bonaparte débarque à Malte au nom de la République française et s'empare de l'île surtout à cause de son importante position stratégique.  A noter que toutes les archives de Chevaliers, de 1090 à 1798, ont pu être conservées y compris les plans de bâtiments ce qui permet d'effectuer des restaurations à l'identique.

Après l'abdication, en 1799, du dernier grand maître de l'Ordre, Ferdinand de Hompesch, Bonaparte expulsera le grand maître et les chevaliers de l'archipel maltais. À la suite de cette expulsion, l'Ordre se place sous la protection de Paul Ier de Russie tandis qu'une majorité de chevaliers s'exilent à Saint-Pétersbourg et élisent le tzar comme grand maître. Mais avec la mort de Paul Ier en 1801, s'ouvre pour l'Ordre une période noire qui ira jusqu'à son éclatement en ordres concurrents. Son principal successeur catholique est "l'Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte", fondé officiellement en 1961dont le siège est à Rome.

Depuis 1864, l'Ordre est laïc, séculier et civil. Donc pour en faire partie, plus d'origine noble exigée ni de voeux mais un droit d'entrée de 7000€ et, par la suite, d'une cotisation annuelle.
Un millier de Chevalier résideraient (?) à Malte et on en dénombrerait 13 000 dans le monde. La fourniture de chiens-guides pour les aveugles est l'une de leurs activités humanitaires.

cf. Wikipédia

Menu MALTE
 


Etape suivante: environs de LA VALETTE

Mercredi 25 mai (journée complète)

 Départ de l'hôtel à 9H sous un soleil radieux.

Comme prévu, la journée commence par un ramassage. Au Bella Vista (4 personnes) pour commencer puis au Sun Flower (1 personne) et au Salini (13 personnes). Nous serons accompagnés pour cette journée par la jeune et dynamique Fabricia. Elle guide en français depuis 3 semaines seulement mais elle s'en sort bien.
Trois quarts d'heure pour un trajet d'une quinzaine de kilomètres car il y a du trafic à cette heure. Il y a presque autant de voitures que d'habitant dans ce pays (320 000 voitures pour 400 000 habitants) et on peut voir circuler ici toutes les marques de voitures: européennes (dont Peugeot, Citroën), américaines (Ford, Chevrolet), sans oublier japonaises et coréennes... Tous ces véhicules sont importés. Le prix du litre d'essence est sensiblement le même qu'en France en ce moment, soit 1,28€.

Nous allons nous familiariser avec le paysage aride de Malte et par sa couleur blanc ocré résultant de la nature géologique de son sol.  Cela résulte d'un hiver anormalement sec avec 250mm de pluie soit la moitié (ou le tiers) de la normale et des températures supérieures de 2 à 3°  au-dessus des moyennes.  L'eau est rare et 60% de la consommation est assurée par trois usines de dessalement. Avant la mise en place de ces usines, Malte importait de l'eau par bateau citernier depuis la Sicile. Pour le reste, les habitants ont l'obligation de récupérer dans un réservoir l'eau de pluie collectée sur les terrasses qui sert pour les WC. Jadis les Arabes avaient construit des norias  pour faire monter l’eau de source  (on compte 4000 sources à Malte) grâce aux animaux et permettre l'irrigation.

Un autre élément du paysage maltais et notamment du littoral, ce sont les nombreuses tours de guet qui contribuaient à la défense de l'archipel.

LES TOURS DE GUET

Les chevaliers de l'Ordre de Saint-Jean concentrèrent leurs défenses sur les Trois Cités et La Valette. Jusqu'au XIXe  siècle, seules les deux anciennes capitales  Mdina et Victoria (sur Gozo) étaient fortifiées. Les paysans des environs pouvaient d'y réfugier en cas d'attaque.
Malte possédait des tours de guet antérieures à l'arrivée des Chevaliers mais au XVIIe siècle, les Grands Maîtres Jean -de-Lascaris-Castellar et Martin de Redin en firent construite 18 à une distance telle qu'aussi bien sur Malte que sur Gozo, on puisse s'alerter par des signaux divers (fumée, tirs et drapeaux) si des envahisseurs turcs  étaient en vue. La plus impressionnante est la Tour Rouge sur la péninsule de Marfa (extrême nord-ouest de l'île de Malte) aux murs de 4 mètres et demi d'épaisseur. Toutefois, si elles étaient en mesure de résister à une petite attaque ce n'étaient pas de véritables forteresses.
On a compté jusqu'à 32 tours de guet, il en restait 23 au XXIe siècle. La première tour a été construite à Gozo en 1605 et la dernière, une reconstruction, de 1720 à Marsalform.

 


La verdure revient peu à peu dans le paysage aride avec le retour des vignes et des oliveraies qui avaient disparu pendant la colonisation anglaise qui avait remplacé ces cultures par celle du coton. Le pays consomme 13 millions de bouteilles de vin, en produit 7 millions et en exporte 1 million. Il est donc déficitaire de 7 millions...
On aperçoit de temps à autre des vergers d'agrumes, amandiers, caroubiers (la caroube sert de fourrage et un grain de caroube pèse 0,2g soit le même poids qu’un carat d’or), sans oublier les câpriers. Plus ennuyeux, c'est la diffusion des acacias apportés de Libye qui a l'origine d'allergies.
Le foin peu fourni a été récolté et la moisson se termine mas ces cultures sont loin de fournir le fourrage nécessaire aux élevages qui doivent donc en importer.

Abordant une zone urbaine quasiment continue, nous passons par Naxxar, Birguma, Msida (avec l'Université), Marsa et enfin, Floriana, le faubourg sud de La Valette, avec la Porte des Bombes (appelée Porte des Canons autrefois), monument baroque édifié en 1721 dans le dispositif de défense dit des "lignes Floriana" commencé en 1636.


Quartiers est sur le Grand Port

A Floriana, le car nous dépose près de la Fontaine des Tritons, à moins de 100 mètres de "la porte" d'entrée de La Valette. Cette porte a été détruite lors des bombardements allemands en 1942. Floriana fut détruite à 85% et La Valette à 75%.

Un moment dans l'histoire de LA VALETTE

En 1530, Charles Quint cède la souveraineté sur l'archipel de Malte à l'ordre des Hospitaliers, chassé de Rhodes (une île 4 fois plus vaste que l'archipel maltais) par la conquête ottomane en 1522. Les Hospitaliers s’installent à Borgo (Birgu), site portuaire  fortifié sur la côte nord. Les Grands Maîtres renforcent la défense du port en fortifiant la presqu'île de Xiberras située en face, avec notamment l'édification du Fort de St-Elme à son extrémité. Le Grand Siège de 1565 conduit par les Ottomans auxquels les Chevaliers parviennent à résister et à les vaincre avec le secours du Royaume de Naples amène le Grand Maître Jean Parisot de La Valette a décidé la construction d'une puissante fortification sur la presqu'île.
La Valette est construite à partir de 1566 par la volonté des grands maîtres de l'ordre hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, maîtres de l'archipel de 1530 à 1798. La ville comporte de nombreux bâtiments de cette époque : on y recense 320 monuments sur une superficie de 55 hectares, concentration exceptionnelle dans le monde.

La Valette est donc une "ville nouvelle" née à l'Epoque Moderne, après la fin du Moyen Age, en plein Cinquecento (XVIe siècle). Le XIXe y apportera quelques compléments et retouches britanniques. De cette naissance, elle a hérité  porte l'empreinte de l'art baroque, beau témoignage de la Contre-Réforme catholique, puis du rococo qui succède au "baroque classique," au XVIIIe siècle. C'est un vrai musée à ciel ouvert présentant un ensemble étonnant d’architecture militaire et d’art baroque.
Occupant un éperon rocheux, la presqu'île de Xiberras, c'est donc une petite ville en surface mais aussi en population avec quelque 6000 habitants.

La ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité  de l'UNESCO depuis 1980 et elle sera capitale européenne de la culture en 2018. Capitale de la république de Malte, La Valette  est connue pour abriter le plus grand nombre de monuments historiques au mètre carré. La circulation intra muros est assez restreinte à cause de la configuration des lieux: rues en pente et zones piétonnes limitent la présence des voitures. On reste admiratif devant son architecture baroque de la ville et ses rues tracées en damier.


Du pont donnant accès à La Valette, nous dominons les fossés secs et voyons les tours et remparts qui cernent la ville sur 4 kilomètres. Au-delà de la porte symbolique moderne due à l'italien Renzo Piano (architecte de Beaubourg), subsistent les vestiges de l'Opéra bombardé en 1942 sous forme de colonnes formant un théâtre à ciel ouvert tandis que tout près de là, en 2014,  un cube moderne  en globigérine, la pierre typique maltaise avec une façade ornée de moucharabiehs, dû au même architecte pour accueillir le Parlement.

Au-delà, c'est Republic street,  face au Parlement, on voit une bel immeuble aux bow-windows peints en vert témoignant de la présence britannique et de la riche culture méditerranéenne avec l'influence  arabe  par les moucharabiehs. A l'origine, on avait simplement fait construire des balcons en pierre par les esclaves turcs avant leur fermeture. Plus loin, on a la perspective d'une arche qui surplombe la rue.
Nous bifurquons vers l'est, près du théâtre. Nous passons au pied des petites églises dédiées à Ste-Catherine d'Italie et à Notre-Dame de la Victoire et de la statue du Grand Maître Jean de La Valette qui a dirigé la guerre contre les turcs. Son épée et sa dague sont exposées au Louvre. Une voyageuse de notre groupe est venue avec un arbre généalogique de sa famille qui montre que le prestigieux chevalier figure parmi ses ancêtres. La filiation  pouvait tout aussi bien remonter à un autre car le Grand Maître endossait la paternité lorsqu'un religieux avait transgressé son  voeu de chasteté.
Sur un côté du Square de Castille se dresse la façade baroque de l'ancienne Auberge de Castille et Léon (1744) qui accueillait les Chevaliers originaires de ces provinces ibériques et où sont installés maintenant les bureaux du Premier Ministre. Malte comptait 8 auberges, une pour chaque langue des chevaliers; 5 ont été épargnées pendant la deuxième guerre mondiale.
Nous poursuivons en direction des jardins d'Upper Barraca également appelés jardins des italiens. Joli panorama mais surprise de voir non pas quelque jardin tropical mais un si petit jardin avec quelques plates-bandes, un buste de Churchill et une statuaire des Gavroches et un groupe de comédiens tournant un film en costumes d'époque... Cependant, la vue est superbe sur le Grand Port et, en face, sur "les Trois Cités". Une batterie de canons qui tonne à midi et à 18H se trouve juste en dessous des jardins. D'ici, vers la gauche, on domine également le dôme vermillon de l'église Notre-Dame de-Liesse (XVIIIe).
 

 


Puis nous empruntons la Rue des Marchands où il faudrait se promener sur le marché tôt le matin pour voir le marché.
Nous passons devant l'Auberge d'Italie (XVIe) qui abrite l’office de tourisme, La Castellania (XVIIIe) qui abritait le Palais de Justice de l'Ordre, l'église St-James (XVIe)... Maintenant, nous voici devant la façade de la co-cathédrale Saint-Jean-Baptiste qui fut édifiée à la fin du XVIe siècle (1575 à 1577), une vingtaine d'années après l'arrivée des Chevaliers. "Co-cathédrale" car lors de l'arrivée des Chevaliers, il fallait ménager la susceptibilité de l'Episcopat séculier installé dans la capitale d'alors, à Mdina où se trouve l'autre cathédrale. Cette église St-Jean n'a été promue cathédrale qu'en 1816. La tour gauche en travaux est masquée par une bâche peinte en trompe-l'œil.  Le balcon central est surmonté d'une coquille évoquant le baptême du Christ (et non Saint Jacques) tandis que la tour droite porte une horloge à trois cadrans donnant la date, le jour de la semaine et évidemment l'heure. Tout cela pour désorienter le diable. L'aspect extérieur austère  et presque militaire (l'Ordre n'est-il pas désigné sous le nom complet "Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte" ?) n'évoque en rien le foisonnement baroque de son intérieur.
 

Visite de la co-cathédrale St-Jean-Baptiste
 
La nef n'est pas surmontée par une coupole mais par une voûte en berceau ornée de peintures évoquant la vie de St-Jean-Baptiste, avec d'intéressants effets de relief par ombrage en trompe-l'œil près des fenêtres. Les arcades représentent les Grands Maîtres et les actions des Chevaliers. Le sol n'a rien à envier à la voûte. Un pavement en marbre polychrome est constitué par 369 pierres tombales marquetées dont une grande partie est recouverte par des tapis afin de les protéger. De part et d'autre de la nef, on compte sont disposées 9 chapelles dont 8 "chapelles de langues" rappelant les diverses origines des Chevaliers.
Stuc et boiseries sont recouverts d'or 18 carats. Un chantier de réfection de dorures est d'ailleurs en cours.
 

 

En regardant le chœur, sur la gauche, on voit successivement la chapelle d'Allemagne sans aucun monument funéraire (les chevaliers allemands étaient nobles depuis quatre générations du côté du père et de la mère et leur famille devait pratiquer la langue allemande depuis huit générations), puis après l'entrée latérale, les chapelles d'Italie, de France (avec des fleurs de lis sur fond azur), de Provence (dédiée à St-Michel) avec des colonnes torsadées,  d'Angleterre et Bavière. En descendant la nef sur l'autre côté, se succèdent les chapelles d'Auvergne, d'Aragon (superbe avec les mausolées dédiés aux Grands Maîtres Nicolas Cotoner et Ramon Perellos), Catalogne et Navarre, de Castille et Portugal (avec le tombeau rococo du Grand Maître Antonio Manoel de Vilhena).

 

Dans un vestibule orné de portraits, on peut voir celui du Grand Maître portugais Manoel Pinto da Fonseca, premier des grands maîtres à avoir porté la couronne impériale et à avoir pris le titre d’Altesse Eminentissime (après avoir oublié  le voeu de pauvreté, il mourut à 93 ans dans les bras d'une femme ayant oublié aussi le voeu de chasteté). Ne dit-on pas à Malte que ce dernier voeu n'était vraiment respecté qu'après la mort...
Puis on  passe dans l'Oratoire  où l'on peut admirer les plus célèbres tableaux de Malte, deux des cinq tableaux que le peintre milanais Caravage (Michelangelo Merisi da Caravaggio), a exécutés ici au tout début du XVIIe siècle: "un petit" St-Jérome Ecrivant et La Décollation de St-Jean-Baptiste (oeuvre signée de son nom de chevalier Fra Michel Angelo). Malheureusement, même sans flash, les photos sont interdites. Le Caravage a utilisé ici de la technique du clair-obscur pour mettre en valeur les personnages centraux de ses oeuvres. Condamné à mort par contumace, il s'était réfugié ici à la suite d'une rixe au cours de laquelle il avait tué un adversaire à Rome. Il racheta sa faute en devenant Chevalier en 1608 mais il retomba en disgrâce (on le surnomme "Frère Pourri") après une autre rixe...

"St Jérome écrivant'' par Le Caravage en 1607 - co-cathédrale St-Jean (Wikipédia)
Pour voir les détails de l'oeuvre, passez le pointeur sur l'image comme une loupe

La visite se poursuit dans le musée où l'on peut voir de superbes et immenses tapisseries, des livres enluminés et des vêtements sacerdotaux brodés.

Sortis de la cathédrale, nous passons par la Place du Grand Siège (contre les turcs en 1565) où se trouve l’Auberge d’Auvergne qui abrite le Palais de Justice puis sur la Place de la République avec, au centre, une statue de marbre de la Reine Victoria en habits de dentelle maltaise, et sur un côté la Bibliothèque Nationale (fin XVIIIe) et en face un célèbre café, le Caffe Cordina. A l'origine, il s'agissait d'un magasin de thé installé de l'autre côté du port, à Bormla (Cospicua), puis transféré ici au milieu du XVIIIe siècle dans l'ancienne trésorerie de l'Ordre de St-Jean. Pour passer une petite faim, des badauds croquent à belles dents des pastizzi. Ce sont de petits morceaux de pâte feuilletée en forme de losange fourrés soit avec de la ricotta fraîche, soit avec un mélange de pois écrasés.

Un angle de la place, avec boîte aux lettres et cabines téléphonique très british, donne accès à la grande Place du Palais.

Visite du Palais des Grands Maîtres
 
Nous allons visiter le Palais des Grands Maîtres ou Palais Magistral, un édifice construit à la fin du XVIe siècle tout comme la cathédrale puisque le maître d'oeuvre en est le même, Gerolama Cassar. Il abrite aujourd'hui les services de la présidence ou plus précisément à la Présidente de Malte. Il est midi et demi, et une relève de la garde est en cours.


 

Une longue façade de près de 100 mètres occupe le côté est de la place et deux porches donnent accès à deux cours intérieures dont celle du Prince-Albert (ou Cour Pinto) avec un lumineux jacaranda aux fleurs lavande et une tour de l'horloge à quatre cadrans surmontée de statues mauresques sonnant les heures et rappelant celle de Venise.
Les galeries sont décorées avec les armures des chevaliers et des fresques ornent les alcôves. Le pavement du sol en marbre polychrome représente les blasons des Chevaliers.
Le sol du couloir de l'Armurerie est en cours de réfection en vue de 2018, lorsque La Valette sera la Capitale Européenne de la Culture. Nous visitons la Salle du Trône ou du Grand Conseil, la Chambre Jaune qui servait d'antichambre et qui était la salle de danse pendant la période anglaise puis c'est la Chambre Rouge ou Salle des Ambassadeurs où ils remettent toujours leurs lettres de créances au Président de la République (portraits de Louis XV et de Louis XVI) et Salle des Pages avec les vases des Ming. On ne pourra malheureusement pas visiter la Chambre du Conseil ou Salle des Tapisseries (des Gobelins) pour cause de travaux. Ces tapisseries en coton et en soie réalisées sous Louis XIV au XVIIème siècle et offerte en cadeau aux Grands Maîtres ont été cachées dans les souterrains pendant la Deuxième Guerre mondiale.

Une petite demi heure de temps libre avant de gagner le restaurant Il-Gifen (situé au 277 Triq San Pawl ) où nous nous attablons vers 13H30. Le restaurant est tout proche de l'église ancienne Saint-Paul-le-Naufragé (St-Paul Shipwrecked). Ambiance sympa d'un petit établissement. Repas typique de bragioli, des  paupiettes de boeuf accompagnées de choux haché, petits pois et sauce tomate. En dessert, une bonne salade de fruits frais.

Après 14H30, nous poursuivons la visite en empruntant la rue St-Paul que rejoignent des rues pentues descendant vers le Grand Port. Au passage, nous pouvons admirer de magnifiques heurtoirs de portes. Nous arrivons bientôt à l'Hôpital des Chevaliers (Sacra Infermeria) puisque telle était la vocation première des Chevaliers. Encore quelques pas et nous voici près du Bastion St-Lazare, du Fort St-Elme et du Musée de la Guerre, avec Lower Barraca, sur notre droite, et le Fort Ricasoli, en face.


 


Nous allons assister à la projection du court-métrage "Malta Experience", un montage audiovisuel d'une quarantaine de minutes retraçant l’histoire de Malte jusqu’à nos jours. Nous en ressortons vers 15H45 et regagnons tranquillement Floriana où notre car nous attend non loin de la Fontaine des Tritons.

Il n'est que 16H45 lorsque nous retrouvons notre hôtel à Bugibba. N'est-ce pas bien trop tôt ?

 


 

 Samedi 28  mai, après-midi

Après avoir fait une excursion optionnelle le matin aux "Trois Cités" sous la conduite de Toni, à notre demande expresse, notre petite barque dgħajsa nous a déposés au pied de La Valette, sur les quais Lascaris, sous les jardins d'Upper Barraca, puisque nous avions l'après-midi libre.

Il est juste midi, l'heure de la canonnade, et un peu de sport ne fera pas de mal pour nous mettre en appétit. Plutôt que de prendre le disgracieux ascenseur mis en service en 2013 qui conduit en 25 secondes au niveau des jardins d'Upper Barraca, nous grimpons l'escalier qui a été adjoint à l'ascenseur et permet de s'élever de 52 mètres avec environ 250 marches.
Inévitable coup d'oeil sur le gigantesque panorama qu'offre le Grand Port...

 
 
 
 


Après cet exercice, nous repassons dans des lieux parcourus trois jours plus tôt, près des églises dédiées à Ste-Catherine d'Italie et à Notre-Dame de la Victoire, de la statue du Grand Maître Jean de La Valette et de l'ancienne Auberge de Castille et Léon (1744) où sont installés maintenant les bureaux du Premier Ministre, le Théâtre et le nouveau Parlement.


...avec un détour par les quartiers ouest sur le port de Marsamxett

Cette fois, nous poursuivons en passant de l'autre côté de la Rue de la République, vers les quartiers nord donnant sur l'île Manoel et le port de Marsamxett. Changement complet d'ambiance... Où sont passés les touristes?
Passage devant le Musée des Beaux Arts puis intersection avec des rues pentues et arrivée près du bastion St-Andrew où arrivent les rues du Grand Siège et de Marsamxett. En face se dresse le Fort Manoel et, en, arrière-plan, Sliema. Puis c'est le bastion St-Sauveur.
Nous poursuivons vers le nord en longeant la mer, en passant devant le terminal du ferry qui relie La Valette et Sliema. Sur la droite, un peu en arrière se dresse le haut clocher de la cathédrale anglicane dédiée à St-Paul (fin XIXe) et l'imposant dôme de l'église Notre-Dame-du-Mont-Carmel (XVIe mais le dôme détruit a été reconstruit après la Seconde Guerre Mondiale) puis c'est la longue façade de l'Auberge d'Aragon,  Catalogne et Castille (fin XVIe).

Nous remontons la rue de l'archevêché (Triq L-Arcisqof) après être passés place de  l'Indépendance sur laquelle donne la façade de la cathédrale anglicane puis devant le Palais Archiépiscopal. C'est sur cette rue, un peu plus haut que nous décidons de déjeuner au restaurant Aaron's Kitchen (au n°107). Excellent repas dans ce petit établissement fréquenté par quelques Maltais. Nous allons faire honneur au plat national, Stuffat Tal Fenek ou Fenkata, un copieux ragout de lapin à la maltaise, accompagné de purée, pommes de terre et légumes sautés (pour 17,50€).

Après le déjeuner nous gagnons la rue voisine, rue de l'Ancien Théâtre Manoel où se trouve le théâtre et aussi l'église Notre-Dame-du-Mont-Carmel dont le dôme nous est masqué par manque de recul. Cette église pas plus que l'église anglicane ne sont ouvertes car ici les lieux de cultes sont ouverts généralement le matin et en fin d'après-midi. D'ailleurs la ville somnole donc aussi puisque les boutiques sont seulement ouvertes de 9H à 13H puis de 16H à 19H...
Nous repartons vers le nord-est, en direction du Fort St-Elme ce qui nous fait passer près de l'Auberge de Bavière dite aussi Palazzo Carniero (toute fin du XVIIe).
De là, nous coupons la presqu'île en direction des jardins de Lower Barraca en empruntant le rue St-Dominique. En croisant la rue de la République, petit coup d'oeil à la jolie Casa Rocca Piccola  (demeure XVIe siècle du marquis de Piro)
Moment de pause dans les jardins  et face au monument à la cloche ("bell") édifié en l'honneur de sir Alexander Ball qui assiégea  les troupes bonapartistes en 1798.  De cet endroit, on a une superbe vue sur le Fort Ricasoli, sur l'hôpital Bighi (ancien hôpital de la Royal Navy établi sur la péninsule de Kalkara et désaffecté en 1970), sur les Trois Cités et sur le Grand Port.

Par les rues Lvant et Ste-Ursule, nous arrivons à la Porte Victoria qui donne accès au Grand Port puis nous poursuivons vers Upper Barraca, le Square de Castille, la grande porte puis, arrivés à Floriana, autour de la Fontaine des Tritons,  nous cherchons où peut bien se trouver la station du bus n°45 pour Bugibba. Il est un peu plus de16H30 lorsque nous l'avons dénichée. Ticket à 1,50€ et 40 minutes de trajet.


A 17H20 nous sommes au Bella Vista... Buffet et nuit...

 


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