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Mardi 3 juin, matinée
Nos collègues qui rentrent
en France via Paris sont partis tôt pour rejoindre l'aéroport de Rome. Pour les
"rescapés" des deux groupes qui vont rentrer sur Nantes en soirée, le programme
est terminé et on peut occuper son temps librement.
Les guides et
accompagnateurs ne sont plus ce qu'ils étaient il y a une douzaine ou une
quinzaine d'années. Dans une telle situation, ils auraient spontanément proposé
se meubler ce temps par une visite, avec ou sans participation financière des
voyageurs selon qu'il y eût un plus ou moins long trajet à effectuer. Cela
aurait pu être un tour panoramique de Rome ou la visite d'un quartier de Rome,
ou encore ici, à Fiuggi, la visite de la ville basse et/ou du
village perché qui culmine à près de 750 mètres...
Rien de tout cela malgré nos
questions sur cette "journée vide" mais Rosaria y semblait sourde.
Aujourd'hui les
employeurs sont stricts, les problèmes de responsabilité tuent les initiatives
et de plus, ici, n'est-on pas au pays de la "Dolce vita"? Si notre
chauffeur Claude n'était pas reparti déjà, lui, aurait peut-être proposé quelque
chose...
Face à ce vide, certains optent donc pour
la grâce matinée mais pour notre part, comme il fait très beau, nous faisons le
choix de visiter les deux sites sur lesquels la petite ville se déploie.
Donc départ de l'hôtel à 9H !
Petit historique de FIUGGI La partie haute de Fiuggi est perchée sur une colline de 748 mètres d'altitude couverte d'un de forêts de châtaigniers, en arrière de laquelle, s'élève le Mont Ernici (2064 mètres). C'est aujourd'hui une ville qui compte une population de 10 000 habitants. On
pense qu'une population pré-romaine s'est installée ici, dans un petit village nommé Felcia, dans
la région du Latium. En 367 avant JC a commencé la domination
romaine et les premières attestations font mention des propriétés des eaux
locales de Fons Arilla. La ville était donc située à l'origine au pied de la
colline mais à la suite des invasions barbares des Sarrasins, aux environs de l'An
Mille, les habitants se sont déplacés vers la colline voisine, où se trouve
aujourd'hui la vieille ville, afin de se défendre plus efficacement. Le Palazzo Falconi situé dans le centre historique a été construit au XVIIIe siècle par la riche famille Falconi. Lors de l'épopée napoléonienne, Napoléon avait été censé s'arrêter à Fiuggi et une chambre avait donc été décorée à son intention avec un portrait de l'Empereur. Fiuggi s'appelait Anticoli di Campagna (du latin "colles ante": avant les collines) jusqu'à son changement de nom intervenu en 1911. Cette année là, la vie de la petite cité a été marquée par deux autres évènements. C'est ici qu'a été signée la déclaration de guerre contre la Turquie par le Premier ministre Giovanni Giolitti et le ministre des Affaires Etrangères Salandra tandis que le développement autour des propriétés curatives des eaux de ses sources thermales connues depuis l'Antiquité se traduisait par l'inauguration de la Fonte Bonifacio VIII. L'année 1913 est marquée par l'inauguration du Grand Hôtel Palazzo della Fonte, l'un des plus prestigieux d'Europe. Dès l'année suivante, la famille royale y séjourne. C'est encore ici qu'en 1914 le roi Vittorio Emanuele III d'Italie a déclaré la neutralité de l'Italie lorsque la Première Guerre mondiale s'est déclanchée mais cela n'a tenu qu'une année, puisque l'Italie entrait aussi dans le conflit en 1915. En 1916, une voie ferrée dessert la ville sur la ligne Rome-Fiuggi-Latri-Frosinone. Fiuggi a, après Rome, le plus grand nombre d'hôtels dans le Latium, grâce à ses spas qui génèrent un flux important de touristes. Ils sont également souvent choisis pour l'organisation de conférences et d'événements culturels, sportifs et politique. Outre le
thermalisme, Fiuggi essaie de se faire connaître par d'autres évènements
culturels. Depuis 2007, le Festival International de Guitare se déroule à Fiuggi
la troisième semaine de Juillet. Depuis 2008 a lieu à Fiuggi un festival de
cinéma dédié aux films pour les familles, Cette ville est également le cadre
d'un festival de musique classique, Festival delle Città Medievali. |
Quelques minutes de marche après avoir quitté l'hôtel Mondial Park, près de la Via Prenestina, nous apercevons une église moderne sur la Piazza Regina Pacis.
L'église lui a donné son nom,
Notre-Dame Reine de la Paix (Regina Pacis)
. Ma foi, un édifice intéressant à visiter.
Sa construction est à due à l'initiative du père capucin Domenico Arsenio.
En 1915, son projet a rencontré deux obstacles: le tremblement de terre du Marsi
qui
a conduit à revoir projet en conformité avec les exigences parasismiques puis
cela a été l'entrée en guerre, la même année. Les travaux ont commencé en
1917 et la nouvelle église dédiée à la Reine de la
Paix fut consacrée en 1922.
L'église de style néo-roman, est l'œuvre de l'ingénieur Garibaldi Burba,
également auteur du Grand Hôtel " Palazzo della Fonte ". Plusieurs
artistes ont laissé leur marque dans l'église. Alfredo Tosti, peintre du pays, a
signé les trois fresques sur la façade dont le Christ peint au-dessus de
l'entrée principale. Cesare Aureli a réalisé la statue de marbre blanc de la
Vierge de la Paix située sur un pilier derrière le maître-autel. Le père
capucin Ugolin da Belluno, qui a décoré l'intérieur de l'église avec des
mosaïques et des vitraux entre 1966 et 1988. La mosaïque de l'abside disposée en
auréole autour de la statue de la Vierge représente six anges, dont
quatre détiennent des branches d'oliviers et les deux autres avec une guirlande
de fleurs. La partie la plus spectaculaire est la nef où les mosaïques rouges,
or, noires... illustrent de façon naïve l'Hymne à la Création du fondateur des
ordres franciscains et capucins, Saint François d'Assise: soeur la Lune et les soeurs les Etoiles, frère le Vent et frère le Feu, sœur la Mort près de
Ève
avec un bébé dans les bras et Adam, Jonas et la baleine... La mosaïque
illustre aussi le Chemin de Croix (Via Crucis) complété de deux tableaux sur
l'Eucharistie et la Résurrection.. Les vitraux représentent: Saint-François
(Patron de l'Italie), Saint-Blaise (Patron de Fiuggi), Santa Marta et les
paraboles de la miséricorde.
Pour finir, petit coup d'oeil dans la crypte.
Après cela nous poursuivons en descendant la Via Prenestina ce qui fait passer devant de jolis palazzi. Quelques coups d'oeil également dans les commerces offrant à la vente des produits locaux: charcuteries (saucisses et jambons secs), fromages et vins du pays. Cela nous amène devant le portail d'entrée dans le parc des Thermes Bonifacio VIII. L'entrée est payante.
Nous privilégions plutôt un tour
vers la ville haute.
En marchand bien, il nous faudra près de trois quarts d'heure pour arriver sur la
place centrale après une grimpette représentant près de 150 mètres de
dénivelé.
Nous remontons la rue du Vieux Fiuggi (Vecchia Fiuggi) en passant devant la
Pensione Villa Gaia, défraîchie mais témoignage d'une autre époque. Puis nous
avons des vues sur le Palazzo della Fonte qui domine la ville basse, perché sur
une colline d'environ huit hectares. C'est un bâtiment
à l'architecture dépouillée de style Art Nouveau construit au début du XXe siècle (ouvert en 1913) sur un projet des
architectes Garibaldi Burba et Giovanni Battista Giovenale (avec des
fresques de Galimberti en décoration intérieure). Il a
été longtemps apprécié des personnalités importantes
et du roi d'Italie. Fermé depuis plusieurs années, il a été récemment repris et
rénové par l'italo-américain Sir Charles Forte, qui est devenu le nouveau
propriétaire. Cet hôtel de luxe (5*) est considéré comme l'un des
meilleurs en Europe.
Puis en poursuivant la montée, c'est le noviciat Sainte Claire qui accueille l'Ecole Maternelle des Soeurs
Faoili. Maintenant, nous sommes tout à fait au pied de la ville perchée
que le regard embrasse dans sa totalité, dominée par la tour carrée de la mairie
et le clocher de la collégiale Saint Pierre.
Nos sommes maintenant à l'altitude du Palazzo della Fonte et nous passons devant
un grand bâtiment qui date de 1932 à en juger par l'inscription figurant sur sa
façade. Nous prenons alors sur notre droite une ruelle pentue, la Via della
Madonnina qui nous amène à la Porta della Portella qui jadis conduisait à l'antique Felcia.
C'est la seule
porte qui a été conservée et restaurée
avec la tour
de défense voisine. Le nom de Portella" a une origine archaïque et
préromaine.
Un escalier offre un raccourci qui amène directement sur la place
centrale.
A l'est de la place se dresse l'Hôtel de Ville construit
en 1926 sur un projet
de l'ingénieur Luigi Ridolfi. C'est un bâtiment à deux niveaux, surmontée d'une
tour de l'horloge carrée. Au rez-de-chaussée, le porche est formé de trois arcs. Dans la
salle du conseil où nous n'entrons pas car une réunion s'y teint, une fresque inachevée du peintre local Alfredo Tosti
(déjà évoqué à propos de l'église Regina Pacis) représente
le pape Boniface VIII, assis sur un trône et entouré par la cour
pontificale, recevant une délégation d'ambassadeurs.
Au sud de la place, on peut
voir le "Grand Hotel" avec ses deux coupoles, un bâtiment de style Art
Nouveau
construit en
1910 par le grand architecte Giovanni Battista Giovenale déjà cité. Ce fut une nouveauté dans la région avec la
mise en oeuvre d'innovations technologiques. Il a accueilli de nombreuses
personnalités célèbres.
Le Grand Hotel a été transformé en pôle social et culturel et en théâtre
et cinéma municipal.
En face, côté nord, se dresse l'église de Santa Chiara
(Sainte Claire), connue à l'origine connu sous le nom
de San Domenico di Cocullo. Elle remplace une ancienne église démolie au XVIIIe
siècle. Ce nouvel édifice, plus
grand, dédié à la Vierge Immaculée, a été consacré en 1747.
Un monument
a été érigé en 1989 au pied de l'escalier extérieur, en l'honneur des Soeurs Faioli (Teresa, Cecilia
et Antonia) qui ont fondé en 1741 un orphelinat rattaché à la
Congrégation de Sainte-Claire.
Tout près de là, une inscription dans le pavage rappelle que se trouvait à cet
emplacement la Porta dell'Olmo ("la Porte de l'Orme"). Située sur l'enceinte, en
1337, elle conduisait dans la partie haute du
château. Elle a été démolie au début du XXe siècle pour réaliser l'extension de la
Piazza Trento e
Trieste (anciennement Piazza dell'Olmo où il y avait une citerne qui alimentait
en eau le village). Les boules de pierre placées sur les côtés des marches
conduisant à l'église de Santa Chiara, ornaient autrefois la porte de l'Orme.
En passant par d'agréables rues étroites, on peut admirer les fenêtres à meneaux de
Via Vetere et les portails de pierre surmonté d'armoiries de la Via Maggiore. "Folklore"
italien, avec les avis de messes commémoratives pour des défunts placardées près
de l'église Saint Pierre (San Pietro) au pied de l'escalier de laquelle nous arrivons.
L'église Saint-Pierre Apôtre est la principale église de Fiuggi. Le bâtiment
a été construit au XVIIe siècle (en 1617) sur l'emplacement d'une ancienne église dédiée à
Sainte-Lucie. Cette collégiale a remplacé la précédente,
dédiée à Saint Blaise (San Biagio), située à l'extérieur des murs. La collégiale
actuelle est consacrée aux Saints Apôtres Pierre et Paul et présente un plan en
croix latine, avec trois chapelles sur chaque côté de la nef. Elle a été
restaurée en 1969. Adjacent à l'église, on peut voir la maison de l'archiprêtre
avec des fenêtres à meneaux.
Il est près de 11H30 et pour redescendre vers la ville basse, nous choisissons
de traverser le pittoresque ancien quartier juif "il ghetto ebraico
di anticoli", tout en ruelles, escaliers et porches. Près de
l'ancien abattoir, en 2012, on a découvert une pierre gravée représentant une menorah,
le chandelier juif à sept branches. On a émis l'hypothèse de la présence d'une
synagogue et une salle dédiée à l'écriture, et probablement un prêt bancaire,
dans le porche de la partie inférieure de la Via della Portella.
Des Juifs ont vécu dans ce quartier du XIIe (évoqué dans un document intitulé
Statut Civic Anagnino) au XVe siècles. Suite à la publication de la
bulle publiée en 1555 par le pape Paul IV intitulée Cum nimis absurdum
(elle commençait par ces mots "«Comme
il est absurde et totalement inopportun que les juifs, qui, en raison de leur
propre faute, ont été condamnés par Dieu à un esclavage perpétuel
[...]», une partie des Juifs d'Anticoli ont fui et trouvé refuge à Sermoneta et
Terracina, au sud du royaume de Naples. Pourtant les Juifs ont apporté leur aide
à la communauté chrétienne à la fin du XVIe siècle pendant une période
de famine et leur solidarité s'est encore manifestée lors des tremblements
de terre de 1617 et de 1654. Après l'adoption des lois mussoliniennes racistes
de 1938 et surtout après le raid dans le ghetto de Rome le 16 Octobre 1943, de
nombreuses familles de juifs romains ont trouvé refuge et hospitalité auprès de
familles de Fiuggi et des villes voisines comme Trivigliano.
Après avoir refait le chemin inverse, nous nous retrouvons dans la ville basse.
12H15, l'heure de
déjeuner.
Sur la Piazza Spada dont la galerie héberge le Gran Caffe MichelAngelo.
Installés sur la place, à l'ombre des platanes, nous jetons notre dévolu sur
différentes spécialités de pâtes même si une partie de la carte ne se trouvait
pas disponible... puis sur quelques glaces pour bien finir!
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Tout à une fin.
A 14H15, on embarque dans l'autocar. Une heure et demie de route et 100
kilomètres de trajet. Cela laissera assez de temps à notre collègue Jean de
raconter quelques blagues et à sa femme "Edith" de pousser la chansonnette,
avant de penser à revoir leur ferme vendéenne.
Nous voici à l'aéroport Léonard de Vinci à Rome.
Comme prévu, le vol Transavia TO3985décolle à 18H50. Petite
différence avec l'aller, nous avons droit à une escale à l'aéroport de Venise,
ce qui rallonge le vol de plus d'une heure. Cependant, petite récompense, les
passagers placés près des hublots sur le côté droit peuvent profiter de quelques
vues intéressantes comme l'ombre de l'avion projetée sur un halot de brume irisée, peu
après le décollage (vers 19H10), les courbes dessinées sur la lagune de Venise
et les îles de Venise vers 19H45. A peine le temps de pousser un petit somme.
Nantes et le bout de ce voyage à 22H30...
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