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350 km nous attendent et près
de 5 heures de trajet.
Pour affronter ce programme, à 8H nous quittons Fiuggi par sa route
sinueuse pour redescendre vers la plaine côtière afin de gagner l'autoroute A1,
l'Autoroute du Soleil, en se dirigeant vers le sud (Naples), évidemment...
Nous
aurons longtemps sur notre gauche, les montagnes de la chaîne des Apennins qui forment comme
une épine dorsale de 1200km tout au long de "la botte" italienne. Dans cette
région, le massif culmine à 2247m, à La Meta (le plus haut sommet se trouve plus
au nord, au Gran Sasso, avec 2914m). Paysage très vert à la faveur d'un
printemps qui a été particulièrement pluvieux. Le foin a été récemment emballé
en "round ballers". Les villages que l'on aperçoit de part et
d'autres sont établis soit au pied des Apennins soit au sommet de collines. On
ne peut manquer les champs de panneaux voltaïques en raison de leur
scintillement.
Bientôt au sommet d'une colline de 500 m. émerge l'imposante construction
l'abbaye bénédictine du Monte Cassino. L'endroit est connu car il a été le
théâtre de bombardements et de combats très meurtriers durant la Seconde Guerre
mondiale. Sa position stratégique sur la ligne Gustav établie par les Allemands,
vaudra à l'abbaye établie sur une colline dominant la route allant de Rome à
Naples d'être détruite par les bombardements alliés. Elle a été
reconstruite à l'identique de 1948 à 1956.
Nous dirigeant vers Naples,
nous quittons le Latium pour passer en Campanie aux environs de 10H30.
Nous laissons Capoue sur notre droite et Caserta sur notre gauche. Puis nous allons
bifurquer vers l'est et prendre l'autoroute A16. Un peu avant 11H, coiffant une
colline, nous apercevons Avellino sur notre droite. La température extérieure
est agréable avec 20°. Paysage vallonné, toujours bien vert. Champs, prairies et
bois de châtaigniers, noyers et noisetiers.
L'autoroute qui va traverser les Apennins devient forcément plus sinueuse. 11H15
lorsque nous apercevons sur notre gauche la ville de Grottaminarda. Plus loin,
les collines se coiffent des hélices des éoliennes, nos modernes moulins à vent.
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Nous quittons la Campanie
pour les Pouilles (puglia en italien). Sur la gauche, nous apercevons en
pleine lumière, il est bientôt midi, le village blanc de Sant'Agata di Puglia
que domine sont château.
Dans les champs, on peut
voir par contraste l'effet des traitements herbicides avec de superbes bandes de
coquelicots à où ils ont fait défaut au milieu des céréales. Le paysage prend l'allure d'une plaine parfaite et la
végétation est plus sèche. D'ailleurs de grandes parcelles de blé dur sont en
cours de moisson (chez nous la moisson s'effectue deux mois plus tard). Qui dit
blé dur, doit penser pâtes. Il ne sera pas question d'y échapper.
Quelques parcelles aussi de vignes à
raisin de table sous des voiles protecteurs. Sur le bord de l'autoroute, on voit
une maison abandonnée portant une enseigne O.N.C. (office National des
Combattants). C'est un témoignage des actions de mise en valeur des Pouilles
engagées à partir de 1919 et dont les anciens combattants ont été bénéficiaires.
Cela passa par une réforme agraire mettant fin à la pratique féodale du métayage
et par le drainage des zones de marais infestées par la malaria. Ce fut l'une
des rares actions positives de la période mussolinienne qui évoquait "la baille
du grain" (battaglia del grano) et "l'or de la patrie" (il ferro alla patria)
dans une recherche d'autosuffisance de la production agricole. Nous sommes dans
ce que les Italiens appellent "la table de l'Italie" que l'on peut comprendre de
deux façons, table par la planéité du relief et table par le fait qu'il s'agit
désormais d'une grande région de production agricole. Mais dans les villes, la
misère endémique s'aggrave avec la crise provoquant une nouvelle vague d'exode
des jeunes, souvent diplômés, vers les villes du nord et vers l'étranger, au
moment même où l'immigration africaine débarque sur les côtes de cette Italie
méridionale.
Rosaria nous donne quelques chiffres valables pour
l'Italie: |
Au niveau de Candela, nous quittons l'autoroute pour remonter vers Foggia, plus au nord. Paysage de plus en plus sec, avec des champs bordés de murs de pierre sèche pais aussi des vergers de cerisiers ou des oliveraies puisque la tradition dans cette région était de planter un olivier à la naissance de chaque enfant. Mais la grande mode actuelle en Europe du Nord de planter ce type d'arbre, sans doute dans la perspective du réchauffement climatique (!), ce qui met en danger les plus anciennes oliveraies de ces régions dont les vieux arbres se vendent à prix d'or (jusqu'à 5000€). Des culture maraîchères également: tomates, brocolis...
Il est pratiquement midi et demi lorsque nous attaquons la montée vers San Giovanni Rotondo, perché à 565 m. d'altitude sur le flanc ouest du petit massif du Gargano (1055 m.), un promontoire qui s'avance dans la Mer Adriatique (que nous ne pouvons donc pas voir). Après quelques lacets et difficultés pour faire circuler notre immense bus dans les rues de cette ville de 3000 habitants, nous arrivons enfin à l'hôtel Gran Paradiso à 12H45. Malgré l'altitude, il fait 26°. L'hôtel se trouve tout à fait à l'ouest de la ville, au pied des sanctuaires.
Déjeuner
à l'hôtel. Au menu,
évidemment des pâtes, des orechiettes (oreillettes) au brocolis,
évidemment aussi le poulet rôti avec des pommes de terre, côte de porc panée,
salades et des fruits pas du tout mûrs, étonnant dans ces région de soleil.
Après le repas, nous avons un peu de temps pour découvrir le domaine extérieur de l'hôtel (piscine, terrasses) avant de partir faire la visite des sanctuaires.
La ville de 30 000 habitants aujourd'hui, anciennement gros bourg agricole, doit son développement au Padre Pio qui y vécut de 1916 à sa mort en 1968. Cela a d'abord résulté d'un tourisme religieux lié aux stigmates du Padre Pio et aux miracles qui lui ont été prêtés depuis les années 1930 puis avec la création de l'hôpital privé Casa Sollievo della Sofferenza (Maison pour le soulagement de la souffrance), inauguré en 1956 par le Padre Pio et toujours dirigé par des Capucins. La tombe de Padre Pio est devenue un lieu de pèlerinage. Cela fait la fortune de la centaines d'hôtels installés ici et des boutiquiers vendeurs de breloques à l'affût du nombre incroyable (selon les sources 5, 7 ou 10 millions) de visiteurs qui se rendent ici chaque année, notamment lors du grand pèlerinage de fin septembre, anniversaire du décès du Padre. Etonnamment, en dehors de notre petit groupe de touristes, il n'y a pratiquement pas de pèlerins, quelques dizaines tout au plus alors que l'on dit que c'est la dépouille de saint le plus vénéré d'Italie, après celle de saint François d'Assise.
Partant de l'hôtel à pied,
nous nous rendons à la basilique Saint Pio par une avenue pédestre de 350 mètres
environ spécialement
aménagée qui monte vers l'édifice.
Au bout du chemin que nous empruntons, se dresse une croix de plus
de 40 mètres de haut, offerte par la région des Pouilles et conçue par
l'architecte Renzo Piano. Elle est
composé de 70 blocs de pierre (section carrée à la base de 2500x2500 mm) .
Afin d'assurer la stabilité immense structure, des câbles de compression ont été
insérés dans la pierre en raison des forts risques sismiques.
Renzo Piano est un célèbre architecte contemporain,
né à Gênes en 1937. On lui doit notamment de Centre Georges Pompidou à Paris,
l'aéroport de Kansaï au Japon, la tour du New York Times ou le Zentrum Paul Klee
de Berne... |
La basilique Saint Pio de Pietrelcina a été
conçue par le célèbre architecte italien Renzo
Piano et consacrée en 2004 en présence de 30 000 pèlerins, après 10 ans de
travaux. Avec son 6000 m², elle est l'une des plus grandes églises de
l'Italie par sa taille et même l'une des plus importantes au monde car elle peut recevoir 7000 fidèles. L'ouvrage
a coûté 35 millions d'euros et a été
financé en grande partie par les dons des pèlerins.
L'édifice se situe en contrebas d'un vaste parvis incliné de 8000 m²,
bordé au sud par un "clocher horizontal" à 8 cloches (une octave). Un large
auvent abrite un autel extérieur pour les offices se tenant sur le parvis qui
peut accueillir 40 000 fidèles.
Sur le côté opposé, la porte d'entrée en bronze à deux vantaux représentant le Bon Berger
et Abraham est l'œuvre de Mimmo Paladino.
La construction se présente sous forme d'une conque de verre et de bronze. La
couverture revêtue de cuivre est soutenue par une charpente métallique
tridimensionnelle reposant sur 22 immenses arcades de pierre,
dont 8 convergent vers un énorme pilier de 4,40 mètres de diamètre
(l'Evangile de Saint Mathieu ne dit-il pas "Tu es Pierre, et sur cette pierre je
bâtirai mon Église" ?)
excentré près duquel se trouve l'autel. Des techniques particulières ont
été mise en oeuvre pour parer aux risques liés à la forte sismicité de la région. Sur la droite, la lumière entre
par un immense vitrail représentant l'Apocalypse.
L'effet visuel est remarquable, avec une impression d'espace et de légèreté.
La configuration des lieux se prêtait à la construction au niveau inférieur. On
y trouve la crypte, la sacristie, trois salles de conférence et diverses autres pièces (pour
les confessions notamment). On accède à la crypte par une longue rampe bordée de mosaïques. La crypte est
entièrement recouverte de superbes mosaïques d'or du Père Marko Ivan Rupnik qui racontent l'histoire de la vie du saint.
La
dépouille du Padre Pio, dont visage est une reconstitution en silicone peint à
la main, y a été transférée en 2010 et exposée sous une vitrine
depuis depuis le 1er juin 2013 alors qu'auparavant elle reposait non loin de
là dans la crypte du sanctuaire de Santa Maria delle Grazie que l'on va visiter
tout à l'heure.
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La réalisation de cette
basilique s'est déroulée sur une dizaine d'années et a nécessité l'excavation de 70 000 mètres cubes d'excavation de
roc, la mise en oeuvre de 30 000 mètres cubes de béton armé, de 1320
blocs de pierre (soit 900 mètres cubes), de 60 000 tonnes
acier, de 5000 mètres carrés de verre, de 19 500 m² de cuivre. Pour la
dorure des mosaïques, on a employé 3 kg d'or.
Ce monument moderne qui m'a
plutôt séduit a été très critiqué par la nomenklatura conservatrice de l'église
italienne qui a cru y trouver des symboles maçonniques et païens. Evidemment, sa
forme n'évoque en rien le plan en croix latine voire en croix grecques des
églises traditionnelle. La vraie
critique pourrait être de fond. Le caractère dispendieux de la construction
trahit l'humilité et la simplicité imposée par la règle monastique des Capucins
et surtout la farouche volonté qu'exprimait le Padre Pio en ce sens.
En remontant le parvis incliné triangulaire on peut se rendre au couvent et ses églises dédiées à Santa Maria della
Grazie qui donnent sur la place.
Arrivés sur la place, à gauche, on voit le couvent qui jouxte sa petite église
construite en 1540 puis rebâtie en 1629. C'est là que l'on peut voir
la cellule où le Padre Pio a vécu et est mort ou encore le crucifix devant lequel il a reçu
les stigmates.
Accolée à l'ancienne église conventuelle, une nouvelle église a trois nefs
a été conçue par l'architecte Giuseppe Gentile et mise en service en 1959. Son
abside ainsi que les chapelles de ses nefs latérales sont ornées de mosaïques
représentant la Vierge exécutée par l'école de mosaïque du Vatican.
Il est 17H et dans l'intervalle le temps s'est couvert et le vent s'est levé.
Frisquet, il ne fait plus que 15°.
Cela ne décourage pas une partie du groupe de faire une balade en empruntant le Chemin de Croix.
En sortant de la basilique, il se trouve sur la gauche, tout au bout de la
place et non loin de l'hôpital. Les travaux de construction de la Via Crucis due à François Messine commencèrent en mai 1968, peu de temps avant la mort de Padre Pio,
et se terminèrent en 1971. On y croisera un petit groupe de pèlerins.
Il aurait été plus sympathique pour
terminer la journée de se rendre en autocar au Monte Sant'Angelo (Mont Saint
Michel), à 20km de là pour y voir le château normand du XIIIe, le campanile et
l'église-grotte (IXe-XVIe siècles). C'était le point terminal du "Chemin des
Français" qui se rendaient en pèlerinage voire en croisade vers la Terre Sainte,
ce qui a constitué un point d'ancrage pour les Normands toujours en quête de
nouveaux espaces à conquérir pour installer leurs nombreuses familles.
Après
ce "pèlerinage", il faudra un menu riche pour se réchauffer. Ainsi fait. Du classique italien:
gnocchi pour les pâtes, risotto au champignons pour le riz, toujours le poulet
mais avec des frites, une part copieuse de gâteau à la crème. Rosaria y ajoute
les cerises qu'elle a achetées le matin sur le bord de la route. Déception elles
baignent dans une coupe remplie d'eau et de glaçons. Déjà peu savoureuses,
refroidies ainsi elles ont encore moins de saveur...
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