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Etape prédédente: SAN GIOVANNI ROTONDO |
Petit trajet d'environ 120 km
par le chemin des écoliers jusqu'à l'autoroute A14 à Cerignola soit près de 2 heures de trajet.
Nous quittons San Giovanni pour redescendre vers la plaine côtière de
Manfredonia (du nom d'un roi de Sicile du XIIe siècle, fils illégitime de
Frédéric II) qui était encore une zone de marécages à malaria il y a
un siècle... On peut d'ailleurs voire des canaux, non pas d'irrigation mais
de drainage. Des cultures de plein champ voisinent avec des cultures sous
serres. On voit également d'anciennes maisons construites par l'O.N.C. qui avait
contribué à la mise en valeur de ces terres.
Nous quittons l'autoroute
que nous n'avons empruntée que sur une quarantaine de kilomètres
La région des Pouilles, frontière entre l’Est et l’Ouest de l’Europe, a joué ces
dernières années un rôle majeur dans les trafics liés à l'immigration
clandestine, au travail clandestin et à la prostitution. Cette dernière est
visible même sur les petites routes de campagne comme on pourra le constater en
voyant des jeunes femmes ou des travestis postés près de carrefour.
Nous nous dirigeons maintenant vers le sud en direction du Parco nazionale dell'Alta Murgia. Mais
nous nous arrêterons à l'orée de cette zone boisée où une colline de 550 mètres
d'altitude attire le regard par l'étrange château qui la couronne. La couleur
claire de ses pierres tranche avec la frondaison sombre des conifères qui
l'entourent.
Notre jeune guide Caterina nous attend. Elle assurera parfaitement son rôle et nous aurons le plaisir de l'avoir à nouveau comme guide pour notre étape suivante à Alberobello.
Ce château fut bâti au XIIIe
siècle par Frédéric II de Sicile et par ailleurs empereur du
Saint-Empire romain germanique de 1220 à 1250 sous le nom de Frédéric II
de Hohenstaufen. Souverain éclairé pour son temps, polyglotte et mécène,
il avait été éduqué par un précepteur musulman) à Palerme. Il tenta
d'établir la paix entre les Croisés et les Arabes. Il s'habillait à l'orientale,
s'entourait de savants du monde entier, s'intéressait aux mathématiques, à la
médecine (dissection), aux sciences (astronomie) et aux beaux-arts,
édifiait des châteaux dont il traçait parfois les plans. Cela pourrait expliquer
que ce château témoigne d'un mélange d'influences stylistiques très diverses:
antique, arabe, roman, cistercien, gothique, classique.
L'édifice commencé en 1240 n'était sans doute pas tout à fait terminé
lors de la mort du souverain, en 1250. Sans douves et donc sans pont-levis, on
ne peut lui attribuer un rôle défensif. De même, les escaliers en colimaçon qui
occupent les tours tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, ce
qui s'opposerait au maniement des armes par les défenseurs du château qui
auraient dû être gaucher. On en ignore donc l'usage mais il est certain
qu'il témoigne de la passion pour le science de l'époque.
La forme globale pourrait évoquer une couronne et la cour intérieure un puits de
connaissance. La répétition du chiffre 8 avait sûrement une valeur symbolique.
Le 8 est le symbole de l'infini. Le 8 octobre (alors huitième mois de l'année), un rayon de soleil traverse une
pièce de part en part et s'en va éclairer un bas-relief sur le mur opposé de la
cour. Plus simplement, on voit que chaque côté de l'octogone marque les
directions cardinales et intermédiaires. Un numérologie, on peut aussi voir que
1250, année de la mort du roi, correspond au chiffre 8 (1+2+5+0=8). Caterina
raconte l'anecdote du devin qui avait annoncé à Frédéric II qu'il
mourrait dans une ville au nom de fleur. Pour éviter que la prédiction se
réalise, le roi évita donc de se rendre à Florence. Mais en 1250, il se trouva à
Fiorentino (près de San Severo, dans la province de Foggia). Or Fiorentino,
c'est la petite fleur (fiore) et la prédiction se réalisa.
Largement en ruines, ce
château fut acheté par l'Etat italien en 1876, il a été restauré entre 1928
et 1936.
Ce monument est classé patrimoine mondial de l'UNESCO
depuis 1996.
L'entrée principale est orientée plein est, c'est-à-dire dans l'axe exact du lever de soleil lors des équinoxes (à ces dates, à midi, l'ombre recouvre exactement la cour). Quant aux deux lions qui surmontent les colonnes placées de part et d'autre de cette entrée, ils ont le regard dirigé vers les levers de soleil lors des solstices.
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Le château est construit sur un plan octogonal avec un diamètre de 52 mètres, chacun des huit angles de l'octogone étant occupé une tour, elle-même octogonale. Ces tours encadrent une cour intérieure en forme d'octogone un peu irrégulier, dont les côtés mesurent environ 7 mètres pour un diamètre de près de 18 mètres. Sous la cour, une citerne recueille les eaux pluviales tandis qu'une fontaine octogonale occupait le centre. Les tours sont hautes de 24 et accueillent des pièces sur deux étages.
En raison de ce dessin, les pièces situées entre chaque tour sont de forme
trapézoïdale, le carré central étant surmonté d'une voûte d'arêtes dont les
arcs sont purement décoratifs (certains ont disparu et la voûte subsiste).
L'intersection des nervures est marquée par des clés de voûte
dépassant de l'intrados différentes dans chaque pièce. Une corniche et des
demi-colonnes sont adossées aux murs extérieurs. Les pièces communiquent
entre elles directement. Des ouvertures donnent sur l'extérieur et pour
certaines sur la cour intérieure. Côté cour, trois portes s'y ouvrent au
rez-de-chaussée et surtout trois portes richement décorées à l'étage devaient
aboutir sur une galerie de bois aujourd'hui disparue, placée en encorbellement,
afin de permettre de circuler sans avoir à traverser plusieurs pièces.
Le premier niveau est plus sobre dans sa décoration et dans l'éclairage des
pièces par le mur extérieur, avec une fenêtre simple alors que l'étage est
pourvu de fenêtre à meneaux, avec deux vantaux (et même une à deux meneaux et
donc à trois ventaux).
La riche décoration d'origine a pratiquement disparu (pillage) depuis son abandon au XVIIe siècle: revêtements de marbre et pavages en mosaïque de style arabe ainsi que les cheminées. En effet, l'édifice servit au cours des siècles de prison, d'abri de berger, de repaire de brigands... Même ainsi dépouillées, les salles vides restent belles. Les accessoires étaient en marbre blanc et en brèche coralline (un conglomérat calcaire avec des fragments de couleur banc-jaunâtre mélangés à un ciment rosâtre). Les encadrements de portes sont le plus souvent en porphyre.
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Maintenant,
sous un ciel devenu bien gris, toujours route au sud, vers Alberobello...
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