Des Alpes japonaises
à KANAZAWA

POUR SE DETENDRE
QUESTION DE TOILETTES

DE L'HYGIENE...
Le Japon est un pays à forte tradition hygiéniste.
Il n'y a pas pays plus propre au monde. La propreté (seiketsu) est pour les Japonais une notion presque obsessionnelle. Ils veillent toujours à ne laisser aucune trace de leur passage.
Ici on se lave avant de prendre un bain,
qu'il s'agisse de sources chaudes (onsen) de bains publics (sento) ou de baignoire chez les particuliers. Donc on se douche et on se lave avant d’entrer dans le bain qui sert à tous les habitants de la maison. Et donc pas de savon ou de shampoing dans le bain, la baignoire sert à se détendre et il faut que l’eau reste claire pour les autres. Il faut aussi que l’eau reste chaude, c'est pourquoi il faut remettre le couvercle de la baignoire après utilisation. Même si l'on est le dernier à passer au bain (mais généralement l'invité passe en premier), ne pas vider l’eau du bain qui sert parfois comme eau pour la machine à laver.

Dès le 17ème siècle, le gouvernement avait expressément interdit à la population de jeter les ordures dans la rue ou de polluer les rivières
avec de l’eau sale. Nettoyer et drainer les rivières était une tâche officielle proposée aux citoyens en échange d’une exemption d’impôts.

Le respect de l’hygiène va jusqu'au au port du masque respiratoire.
Si certains le portent pour se protéger de la pollution des gaz d’échappement ou des microbes des autres, il est surtout utilisé par les personnes malades, soucieuses de ne pas transmettre leurs microbes aux voisins.

...AUX TOILETTES
On recense trois grandes types de toilettes
au Japon:
 - les occidentales (yoshiki) ainsi que les urinoirs chez les hommes,
 - les traditionnelles (washiki ou "squat toilets" en anglais) proches de toilettes à la turque mais l'utilisateur fait face au mur du fond, contrairement aux toilettes à la turque,

 - et les "futuristes" ou "high-tech" (washlet), sortes de toilettes-bidets  bardées d'options.

 

Ces dernières, les washlets, lancées en 1980 par le fabricant Toto, sont celles qui intéressent ou du moins amusent le plus les voyageurs. Bien dotées, elles proposent une expérience extrêmement confortable qui équipe d'ailleurs les trois-quarts des foyers japonais. On les retrouve en outre dans beaucoup de sanitaires publics au Japon, tels que les grands magasins, les centres commerciaux, les musées, les cafés et restaurants (sauf les plus petits), les gares et la plupart des lieux touristiques. Concernant les trains, seules les rames pour longues distances sont équipées. N'espérez donc pas en trouver dans les métros ou trains de banlieue.
La Washlet  fut inventée par Toto qui a même déposé la marque. C'est plus simple de retenir et d'utiliser cette marque que onsui senjô benza (littéralement "siège de toilette avec nettoyage à l'eau chaude"). On entend par ce terme les WC à siège, équipés d'options en tout genre selon les modèles:
 - siège chauffant, extrêmement bienvenu en particulier en hiver. La température de la lunette chauffante dépasse sensiblement les 30°C.
 - petit jet pour le derrière (mixte) et pour l'avant (dames) qui permet une meilleure hygiène avant de s'essuyer et préviendrait notamment hémorroïdes et constipation. Par défaut, l'eau projetée est environ à température du corps, le séchage un peu plus chaud.
 -  lunette qui se relève et/ou se baisse automatiquement selon si qu'on lui fait face ou qu'on lui tourne le dos.
 - pour les réglages (température), console de contrôle accessible sur le côté, soit via une télécommande posée sur un bras, soit directement sur le mur.
 - fond sonore de chasse d'eau, cascade voire musique douce dans les toilettes les plus sophistiquées.
Rassurez vous, les commande de la  console sont illustrées
et un panonceau est souvent ajouté dans les toilettes des lieux publics.

Dans un monde de plus en plus connecté, les fabricants japonais ont annoncé la mise en place de modèles de washlets bardés de capteurs de santé pendant le passage aux toilettes: analyse d'urine et des selles, pouls, taux de graisse, taux de sucre, pression sanguine, etc. Ceux-ci pourraient envoyer automatiquement (via wifi) des alertes au médecin en cas de rapport anormal.

Pour compléter, ajoutons que dans les centres de services sur les aires d'autoroute, on voit parfois un grand panneau lumineux représentant la zone des toilettes avec des  indications sur leur type (traditionnelles japonaises washiki  ou  "high-tech" (washlet) et par leur disponibilité.

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Etape précédente: Tokyo et Nagoya (2jours)
 

 Une rapide escapade vers le Mont Norikura...

Samedi 3 octobre

Départ très matinal de l'hôtel à Nagoya, à 7H15, afin d'attraper le train JR Limited Express Wide (desservant  Gifu et Gero) partant de Nagoya à 7H45 et desservant Takayama  en moins de deux heures et demie.
Trajet très agréable avec une très belle journée en perspective.

Très rapidement, vers 8H, du train, on peut apercevoir le  château coiffant la colline de Gifu, un monument reconstruit après la guerre. La suite du tracé emprunte la vallée de la rivière Nagara: rizières jaunissantes, parfois en cours de récolte ou moissonnées, parfois avec des gerbes séchant sur des barres... Et aussi, champs de "nouvelle culture technologique": les panneaux photovoltaïques. Petits villages, plantation de théiers.

Gare deTakayama, il est un peu plus de 10H. Recherche de casiers de consignes adéquats et libres pour nos grosses valises.  La gare routière des Bus Nohi se trouve près de la gare JR,  derrière le poste de police (Koban). Pour aller au terminus de Norikura, nous devrons prendre deux bus (4530¥ AR),   Hirayu / Shin-otaka line puis Norikura line, avec changement à Honokidaira. Un trajet d'environ une heure et demie.

Nous quittant Takayama en passant près de temples et pagode en prenant la direction de l'est par une petite vallée jusqu'à Honokidaira, au-dessus de laquelle on aperçoit quelques pistes de ski. Du parking de Hirayu Onsen, le second bus prend une route de montagne en direction du sud-est cette fois, sur près de 20 kilomètres. La route Norikura Skyline, la plus haute du Japon, a été ouverte en 1973. Sur notre gauche, vers le nord, on aperçoit de hautes montagnes à plus de 3000 mètres (Mae-Hotaka, Kita-Hotaka,  Karasawa-dake, Yarigatake, Oku-Hotaka) formant la crête des montagnes de Hida, dans les Alpes du nord  (Alpes Kita). Quand la vue n'est pas dégagée, nous sommes entourés de forêts qui commencent à prendre de jolis coloris d'automne en raison de l'altitude plus élevée et donc d'une atmosphère plus fraîche. Puis la végétation devient basse et l'on aborde les derniers lacets conduisant au terminus Tatami-daira, près du mont Norikura.

Il fait très beau, environ 7° sous abri mais la température ressentie est glaciale en raison d'un blizzard.  Au bord du parking, se dresse un bureau de poste, un petit sanctuaire shinto Hongu peu banal car à l'étage, les auberges Ginrei Zhuang et Baiyun Zhuang.



Avant de faire notre balade, il convient de prendre des calories surtout qu'il est midi. Un déjeuner où les sucres lents (soba ou udon) ont toute leur place.


13H45, on attaque la montagne, non sans avoir pris des vêtements appropriés et garni nos poches de sachets chauffants vraiment magiques fournis par notre Shige providentiel. Une fois froissés, ils vont dégager une douce chaleur pour nos mains pendant toute notre balade, même s'il n'est pas recommander de marcher en montagne avec les mains dans les poches en cas de chute.
Nous allons monter vers l'ancien observatoire du mont Marishiten-dake, en contournant le petit lac Tsurugaike (cf. plan). Le vent est terrible et nous ne risquons pas de transpirer.  A l'approche du sommet, on peut encore apercevoir en cette saison un névé sur le flanc nord du mont Norikura. Le Mont Norikura, ce qui signifie "selle de cheval", en raison de sa forme, dont l'altitude est de 3026 mètres, s'est formé lors d'éruptions survenues il y a plus de 7000 et 9000 ans. C'est l'un des plus hauts volcans du Japon et fait partie des 100 plus célèbres volcans du pays et c'est le plus facile à escalader des sommets de plus de 3000 mètres.



Nous avons mis une petite heure pour arriver tranquillement à l'observatoire du mont Marishiten-dake, à 2873 mètres d'altitude. En redescendant, nous sommes trois à avoir envie de rallonger la sauce en faisant un détour par le petit sommet voisin Fujimi-dake de 2817 mètres (cf. plan) que nous atteignons à 14H. Aux alentours de 2700 mètres d'altitude, le plateau au pied du Mont Norikura  comporte quelques petits lacs vers le nord.
 

 

Au parking, nous reprenons le bus pour Takayama, via Honokidaira, à 14H50.


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 Visite des quartiers traditionnels de Takayama

Takayama ou Hida-Takayama est une ville d'environ 100 000 habitants, à 570 mètres d'altitude. La ville, entourée de plusieurs montagnes culminant à plus de 3000 mètres, fut construite au 15ème siècle par le daimyô Kanamori.

A 16H30, nous commençons notre visite les anciens quartiers de Kami Nomachi, Kami Sannomachi aux maisons traditionnelles. Les rues sont bordées de maisons basses et d'échoppes (yataï) en bois. Celles qui font la célébrité de la ville sont les brasseries de saké repérables par leur enseigne sous forme d'une grosse boule (sakabayashi) faite de longues aiguilles sèches de cyprès. Sur le bord de la rue, on peut voir également de jolis barils de saké (sakadaru ou kazaridaru). A l'intérieur, on aperçoit les cuves de fermentation ainsi que des jarres émaillées tandis qu'une odeur d'alcool imprègne l'air. Devant d'autres échoppes une statue porte-bonheur du chat maneki-neko nous salue en levant la patte pour nous inviter à entrer. Nous arrivons devant le restaurant Zhuzhou Saki, près du pont Nakabashi ou "Pont Rouge". Nous passons sur l'autre rive, près de la Résidence des Gouverneurs.


Il est près de 17H15, et il est temps de récupérer nos bagages pour arriver à notre ryokan Seiryu avant la nuit complète. Un demi kilomètre de roulage de nos valise et nous y sommes vingt minutes plus tard, alors que la nuit tombe. Il n'y a aucun doute, on est au bon endroit à en juger par le panneau d'accueil placé devant l'entrée de l'établissement et portant en grand nos noms inscrits (en alphabet latin, évidemment). Le seuil franchi, il nous faut laisser nos chaussures comme il se doit et enfiler des pantoufles pour pouvoir circuler sur les planchers et tatamis de l'établissement. Nous avons trois washitsu, des chambres de style traditionnel.


Les washitsu sont séparées par des portes coulissantes appelées shōji et fusuma. Les fusuma sont couvertes des deux côtés de tissu ou de papier alors que les shōji , autrefois appelés fusuma shōji, sont formés d'un cadre en bois avec du papier japonais translucide (shōjigami) d'un côté. Les shōji sont aussi installés devant les fenêtres comme décoration. Les washitsu ont aussi fréquemment un tokonoma, une alcôve décorative  qui ajoute un espace formel de décoration. C'est l'illustration de ce qu'est "l'intérieur idéal" japonais, shibui. Au-delà de cette apparence sobre voire minimaliste, il faut apprécier la paix, l'élégance et l'abstraction.
Les sols des washitsu sont en tatamis faits de paille de riz et de jonc, par opposition aux sols du reste du logement. La taille des tatamis est standardisée même s'il y a quelques différences selon les régions. L'aire d'un tatami, le , sert d'unité de mesure de la taille des washitsu et même des pièces de style occidental. Un tatami mesure environ 0,90 m de large sur 1,80 m de long, ce qui permettait  jadis à un Japonais moyen de dormir. On calcule les dimensions d'une pièce d'après le nombre de tatamis.  Dans les vieilles maisons japonaises, le sol de toutes les pièces, à l'exception de l'entrée, de la cuisine et des sanitaires, est recouvert de tatamis.
Désormais, même dans une pièce traditionnelle, les Japonais ne dorment pas par terre. Le soir venu, ils sortent d'un placard (oshiire) leurs matelas, couvertures (futon) et oreillers remplis de cosses de sarrasin.




L'ESTAMPE JAPONAISE (ukiyo-e) et le SCEAU (inkan ou hanko)

La peinture chinoise classique, depuis la formation de l'Empire jusqu'à sa chute au début du XXe siècle, est constituée d'un ensemble de genres typiques de l'Extrême-Orient, et qui sont à l'origine des techniques de peintures que l'on trouve aussi en Corée et Japon. La technique la plus ancienne, l'estampe obtenue par le procédé de la gravure sur bois était pratiquée dès le VIIe siècle.
Bien avant l'estampe japonaise telle que nous la connaissons au travers de l’ukiyo-e, existaient donc au Japon des gravures sur bois d'origine bouddhiste, comportant des images sacrées et des textes, réalisées selon une technique importée de Chine. La toute première estampe imprimée au Japon fut réalisée en 1225, pour le temple Kōfuku-ji situé à Nara. L'impression d'estampes, s'est développée à Kyōto, du XIIIe au XIVe siècles. A la fin du XVIe siècle, le style et l'inspiration changent avec les "ukiyo-e" qui sont utilisés pour illustrer des livres, puis de simples feuilles (ichimai-e) ou des affiches pour le théâtre kabuki. Les sources d’inspiration étaient à l’origine les contes et les œuvres d’art chinois. L'essor de cet art va culminer du tournant du XIXe siècle jusqu'à la restauration Meiji en 1868 apportant la concurrence de l'imprimerie, de la photographie et des sujets propres à l'Occident. Deux artistes de cette époque sont universellement connus: Hokusai et Hiroshige.
Parler de l'estampe qui est signée à l'aide du sceau du maître est l'occasion d'évoquer plus précisément ce fameux sceau. Comme en Chine, le sceau est utilisé  par les particuliers comme par les entreprises, pour signer, valider tout type de document ou estampe, ou correspondance (même personnelles) après avoir fait authentifier et enregistrer son hanko par des services administratifs, pour s'en servir ensuite de façon officielle comme "signature" car la signature manuscrite n'a pas de valeur juridique au Japon.
En Chine, le sceau est apparu  au IIIe siècle avant J.-C. et est arrivé au Japon au VIe siècle, avec l'écriture des idéogrammes chinois apportée par les moines bouddhistes. D'abord utilisés par les empereurs puis par la noblesse et puis par les samouraïs, l'usage s'est répandu en même temps que la population accédait à l'écriture. Le hanko peut être en différents matériaux: bois, pierre, ivoire, corne de buffle... que l'on encre avec de l'encre rouge (à l'origine une pâte à base de poudre de cinabre). En fait, les Japonais peuvent utiliser plusieurs versions de hanko, en fonction de leur usage plus ou moins formel. Le cadre contenant la signature peut être ovale, rond, ou carré et de dimensions variées. Les sceaux à  impression en positif, c'est-à-dire, avec les caractères ressortant en rouge sur fond blanc, sont plus onéreux car cela implique un enlèvement de matière plus important et plus délicat à réaliser.
 

Nous avons la plus grande washitsu, de 12 tatamis, car elle va servir de salle à manger pour notre petit groupe de cinq. Outre le tokonoma et les étagères voisines et placards (oshiire), le seul meuble est la table basse chabudai  utilisée dans foyers japonais traditionnels. Les quatre pieds d'une chabudai sont généralement pliables afin que la table puisse être déplacée et rangée facilement. La hauteur de de ce mobilier varie de 15
 cm à une hauteur maximale de 30 cm.  En hiver, la chabudai est souvent remplacé par un kotatsu, un autre type de table court sur pattes, équipé d'un système de chauffage par en dessous .Les gens assis autour  d'une chabudai ou d'un kotatsu peuvent s'asseoir sur des  zabuton (de "za" et "futon"), de  grands coussins de 45-49 cm de côté, ou sur des zaisu ("za" veut dire "assis" et "isu" veut dire "siège"), des chaises japonaises sans pieds.  C'est ce dernier genre de siège que nous avons. On peut espérer que tout à l'heure cela nous rendra la position assise par terre moins inconfortable...
Outre la washitsu dont il est séparé par des panneaux coulissant fusuma, nous avons un minuscule salon qui donne sur l'extérieur. L'appartement comporte aussi une entrée où l'on trouve serviettes et yukata (kimonos légers) et une salle de bain.

Mais qui dit ryokan dit onsen, le bain japonais traditionnel en commun. On décide de se baigner avant le dîner, ce qui permet au personnel de préparer la table. Dans ce ryokan, il n'y a qu'un bassin pour chaque sexe. L'expérience que nous avons eue une semaine plus tôt permet que l'on ne paraisse pas trop empoté aux yeux de notre fille et de notre gendre. Déjà avant de se rendre au onsen, un petit rappel. Il ne faut mettre le yukata n'importe comment: rabattre le pan gauche sur  le pan droit et non l'inverse. Ici l'eau du bassin me semble particulièrement chaude. Le bassin est remplit à ras bord et l'eau déborde aussi ne faut-il pas déposer sur le rebord la petite serviette qui a servi à se laver et l'on s'en fait un couvre-chef. Ca donne un air pas très inspiré et ça vaudrait une photo. Bientôt un Japonais nous rejoint et je me trouve encadré par lui et mon gendre qui engagent alors une conversation par dessus ma tête. Pendant ce temps, de l'autre côté de la cloison, on peut entendre pouffer de rire... au sujet de quoi? Mystère.

Lavés, détendus, tous les bons moments vécus cet après-midi nous ont ouvert l'appétit. Il est bien agréable de marcher sur le sol souple en tatami mais ça l'est beaucoup moins de s'asseoir même avec les chaises zaisu  faites pour nous faciliter les choses.  Ces chaises n'ont pas de pieds et doivent normalement nous éviter les douloureuses postures assises en tailleur (agura wo kaku) ou sur les talons (seiza).
Même avec ces chaises nous avons du mal à trouver une position confortable. Nous tenterons des positions dissymétriques peu  orthodoxes mais guère plus confortables, assis sur une fesse, une jambe repliée sous soi, l'autre un peu de côté ou encore assis sur une fesse, les jambes jointes sur le côté. A la vue de nos contorsions non synchronisées, Shige ne pourra pas s'empêcher de rire franchement. Quant à nous, malgré tout, nous ne regretterons pas cette expérience.


Mais venons-en au positif. un repas impérial comme Shige et sa famille nous y ont déjà initiés: petits légumes marinés (tsukemono), sashimi de saumon et de thon, grosse crevette, morceaux de boeuf, fondue shabu shabu avec de fines tranches de hida gyû, le boeuf persillé de Hida et de légumes... et un dessert sophistiqué.   Nous avons passé près d'une heure et quart à table, malgré un certain inconfort.
 

 

Justement pour digérer et se dégourdir les jambes, Shige nous propose une balade en ville. Mais attention, pas n'importe comment. Nous sortons vêtus de nos yukata, vêtement informel, sans doublure, généralement en coton. En été, aux festivals,  femmes, hommes et enfants les revêtent. Ils sont également portés aux onsen  où ils sont souvent fournis par l'établissement comme c'est le cas ici, on parle alors de yukatabira. Comme il peut faire un peu frais, nous enfilons par dessus un haori de couleur bleue, une veste qui tombe à mi-cuisses. À l'origine le haori était porté seulement par les hommes, jusqu'à la période Meiji, où il a été adopté par les femmes. Ici les haori sont standards mais normalement ceux portés par les femmes sont plus longs que ceux des hommes. Pour que notre tenue soit complète, il reste à se chausser. Le ryokan met à notre disposition  des  zori. Ce sont  des chaussures genre tongs,  formées d'une semelle plate et de deux lanières rondes passant entre le gros orteil et le second orteil, puis cousues sur le côté de la semelle. Les zōri sont souvent portées avec des chaussettes à séparant le gros orteil des autres orteils, les tabi. Traditionnellement, la semelle supérieure des zōri était faite de paille de riz ou en jonc igusa (Juncus effusus) comme les tatamis.   La semelle inférieure est généralement en caoutchouc ou en plastique, parfois recouverte de plastique brillant (imitant la laque) Les zōri à semelle de paille ne sont plus guère portées qu'à la campagne ou dans le cadre des arts martiaux, pour éviter de se salir les pieds durant le trajet entre le vestiaire et le tatami. Les zōri contemporaines, portées avec des tabi (chaussettes à pouce) en général blanches, sont en revanche l'accessoire indispensable du costume traditionnel porté dans les grandes occasions, voire dans la vie quotidienne, spécialement par les femmes âgées, peu habituées aux chaussures fermées. Pour notre part, nous serons pieds nus dans nos zori.

C'est ainsi accoutrés que nous referons un tour de trois quarts d'heure dans les quartiers traditionnels, en passant par le pont Nakabashi, sans voir un chat. Nous apercevons quelques décors préparés en vue du très prochain festival Takayama Matsuri qui aura lieu dans à peine une semaine, les 9 et 10 octobre. C'est l'un des trois plus beaux festivals du Japon avec le Gion Matsuri et le Chichibu Matsuri à Kyoto . De retour au ryokan, on voit que des fées sont passées par là, la table est nette et rangée tandis que nos deux futons ont été disposés sur les tatamis.



Un petit thé puis  une nuit confortable et même douillette...

Un site à visiter: Traditions & Us et coutumes médiévales Japonaises (http://gctm.free.fr/bushido/jpcoutumes.htm)


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Habitat traditionnel des hameaux de Ogimachi (village de Shiragawa-go) et Sugaruma (région de Gokayama)

Dimanche 4 octobre

Ce matin pas de choix de formule de petit-déjeuner. C'est un excellent petit déjeuner japonais (kaiseki) qui est servi dans notre washitsu dès avant 7H car nous aurons  encore un départ matinal, 7H30. Au menu salade de laitue, tomates... soupe miso, plateau de 9 petits bols de tsukemono et namasu, les légumes émincés ou fruits (comme l'umeboshi, la prune salée)  macérés, le "onsen tomago" (l'oeuf servi froid après avoir été poché dans l'eau thermale)  et un inévitable (ou plutôt "classique") bol de riz.

Aujourd'hui le temps semble bien maussade. Dommage, on devrait pourtant être habitué à ce régime "un jour sur deux".

Aujourd'hui, nous allons découvrir l'architecture et la vie traditionnelle des villages de montagne. En effet, les montagnes et les forêts occupent 96 % du territoire dans les régions de Shirakawa et Gokayama.
Dans les trois hameaux de Ogimachi dans la préfecture de Gifu,  Suganuma  et Ainokura   dans la préfecture de Toyama, il reste des groupes de fermes (noka) historiques de caractère architectural unique, les maisons "Gassho-zukuri ". Le nom signifie "construction en mains jointes", comme pour une prière, se référant aux toits pentus qui empêchent la neige de s'y accumuler l'hiver.  Pour ce caractère,  ils ont été classés Patrimoine mondial de l'UNESCO
le 9 décembre 1995. Nous visiterons les deux premiers cités.
Les trois villages, qui sont tous des villages agricoles situées dans une zone montagneuse escarpée, conservent une grande partie du caractère historique du paysage  ainsi que du milieu naturel environnant. En termes d'histoire architecturale, la maison de style Gassho-zukuri  est l'un des types de ferme les plus importants au Japon, en raison de sa rareté et du fait que les exemples survivants sont regroupés dans des villages entiers. Les maisons Gassho-zukuri ont été construites entre le XVIIème siècle et le début du XXe siècle. Il y avait environ 1800 maisons  Gassho-zukuri dans 93 hameaux, mais maintenant seulement 150 maisons subsistent, dont plus de la moitié dans les trois hameaux cités. Beaucoup de ces maisons datent de 300 ans voire davantage.
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Ogimachi

De Takayama, nous partons donc en bus vers le village traditionnel de Shiragawa-go ("le village de la rivière blanche") dont la population s'élevait en 2013 à 1710 habitants répartis sur une superficie de 356 km², soit moins de 5 habitant au km².  En 1875, alors que le système d'administration des municipalités du Japon se met en place, des villages de la province de Hida sont fusionnés pour former le village de Shirakawa.
Ici, le climat est du type continental humide avec quatre saisons, l'hiver étant la plus marquée avec ses importantes chutes de neige (il tombe plus de 10 m de neige chaque année).

Nous nous rendons plus précisément au hameau d'Ogimachi, situé à 500 mètres d'altitude environ. Il compte 152 ménages avec une population de 634 habitants et  59 maisons de style gassho-zukuri  y subsistent, reliées par des chemins étroits et des canaux d’irrigation, s'étendant du Nord au Sud le long de la rivière Shokawa.
C'est un paysage noyé dans la brume qui se révèle à nos yeux. A défaut de soleil, apprécions cette atmosphère étrange et un brin romantique.

Les maisons sont toutes alignées selon l'axe de la rivière, présentant donc les versants des toits à l'Est et à l'Ouest. Le soleil est essentiel au maintien au sec de la paille des toitures et cette orientation garantit la meilleure insolation au sein de la vallée. En outre, de forts vents soufflant couramment au Nord et au Sud le long de la rivière, particulièrement durant la saison des typhons,  les grandes surfaces de toiture ne doivent donc pas être exposées. Chaque maison est pourvue d'un autel bouddhiste adossé à l'un des pignons, au nord ou au sud.
Ces maisons sont beaucoup plus grandes que les fermes de la plupart des autres régions et leur toit à deux versants est en pente raide. Ce toit de chaume a une pente d'environ 60° permettant à la neige de glisser et d'évacuer rapidement la pluie afin d'éviter le pourrissement du chaume. Les ouvertures sont percés dans les grands pignons pour l'éclairage et la ventilation naturelle des combles et évacuer la fumée. L'espace intérieur de la structure est  utilisé non seulement pour l'habitation mais aussi comme un espace de travail, par exemple, pour l'élevage des vers à soie et la fabrication du papier japonais traditionnel washi, connu pour sa légèreté, sa flexibilité et sa solidité.

Le papier  washi est obtenu à partir des longues  fibres naturelles de l'écorce du mûrier à papier  entrelacée.  On voit qu'il y avait dans ces villages toute une activité reposant sur la culture de deux sortes de mûriers: mûrier blanc ou mûrier commun (Morus alba L.) avec le feuillage duquel on nourrissait les vers à soie et le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera) dont on utilisait l'écorce pour en faire du papier. La sériciculture est un domaine qui a prospéré depuis longtemps au Japon suite à une mission conduite en Chine trois siècles avant l'ère chrétienne. Quant à la technique de fabrication du papier, elle est aussi venue de Chine mais plus tardivement,  à travers le bouddhisme au VIIe siècle.

Ces activités domestiques pratiquées au long de l'hiver ont fourni une importante source de revenus dans ces régions reculées et montagneuses aux productions agricoles limitées. 

Avant de visiter quelques maisons, nous faisons un tour dans le hameau. Cela nous permet de découvrir les jardins et les cultures. On y voit du sarrasin pas encore assez mûr car il reste encore beaucoup de fleurs blanches. Bien sûr le riz teint une bonne place. Les variétés très répandues  koshihikari et akitakomachi sont issues de l'espèce japonica à grains courts destinées à produire le riz ordinaire (uruchimai). Cet aliment de base  des Japonais se présente sous forme de grains courts et translucides qui une fois cuits ont une texture collante telle qu'il peut facilement être saisi avec des baguettes. On le qualifie aussi de riz à sushi. Quant au riz gluant, connu au Japon sous le nom de mochigome, il est utilisé pour la fabrication de mochi, un dessert se présentant sous forme d'une pâte blanche assez compacte souvent fourrée avec une pâte sucrée à base de azuki ,  haricots rouges du Japon (Vigna angularis). 


   

 
 

Ici, certaines rizières ont été moissonnées manuellement à la faucille, ce que l’on nomme inekari (littéralement" coupe des plants de riz") et les gerbes protégées de la pluie par des plastiques finissent de sécher sur les barres des "étendoirs" pendant une dizaine de jours. Ces gerbes sont faites à partir de 5 touffes comportant chacune de 15 à 20 tiges. En revanche d'autres parcelles ne sont pas encore récoltées, notamment pour atteindre un plus grand degré de maturité afin d'être moissonnées mécaniquement. C'est ce dont nous allons être témoins. Un bruit étrange attire notre attention. Il est 9H et un paysan sillonne un petite rizière asséchée depuis quelque temps avec une souffleuse du genre de celle dont les employés de voirie se servent chez nous à l'automne pour rassembler les feuilles mortes. Lui s'en sert faire faire tomber les gouttelettes d'eau et sécher les épis. Après cela,  il procède à la récolte avec une mini moissonneuse-batteuse à chenilles en caoutchouc car le sol reste très humide. Lorsque la trémie de stockage est pleine, à l'aide d'une vis sans fin qu'il a déployée, il verse le riz récolté dans une camionnette garée au bord du champ. A ces grains de riz brut ou riz paddy sera enlevée la cosse (momi) pour obtenir un riz brun appelé genmai à l'aide de la décortiqueuse installée dans la camionnette. Ensuite ils seront polis pour enlever le surface brune et ainsi obtenir un riz bien blanc appelé  hakumai, c’est le riz standard japonais.
Une expérience intéressante dont Shige discute avec son père par smartphone interposé. En effet, cela intéresse beaucoup son père qui a vécu son enfance dans une ferme de cette région (Toyama).


Connue en Chine depuis le Ve millénaire et en Corée depuis le XVe siècle avant J.-C., un millénaire plus tard, entre 300 av. J.-C. et 250 après J.-C. (période Yayoi),  la riziculture fournit un complément de ressources alimentaires précieux dans certaines régions du centre et du sud-ouest du Japon où l’un des plus anciens sites agricoles a été identifié  près de Fukuoka.
Cette culture occupe 30% des terres arables. Aujourd'hui, la très grande majorité de la riziculture japonaise est aquatique (3000 à 4000 litres d'eau sont nécessaires pour produire 1kg de riz). Néanmoins une faible partie du riz est produite en culture sèche, une technique qui a vu ses surfaces doubler depuis la fin de la guerre. Près de 85% des 2,3 millions d'exploitations agricoles au Japon plantent du riz annuellement. La superficie rizicole moyenne que cultive un agriculteur japonais est modeste (environ 0,8 hectares) mais la productivité élevée car hautement mécanisée. Pour un kilo de riz récolté (riz brut ou "paddy"), il ne restera que 750 grammes de riz décortiqué (riz complet ou riz brun ou riz "cargo" débarrassé de sa "balle" ) et au final 600 grammes de riz blanc (ou riz usiné ou riz blanchi ou riz pli, dont le péricarpe et le germe ont été enlevé)....
Le Japon produit annuellement 11 millions de tonnes de riz (données 2009), ce qui le place au dixième rang mais  avec une haute productivité (6,5 tonnes/ha) ce qui permet le plus souvent au Japon d'être autosuffisant en riz.  Mais c'est une production  fortement subventionnée, pour des raisons politiques et sociales. Ainsi le riz japonais est payé 2 à 3 fois le prix des cours mondiaux.

Dans le village, outre les anciennes fermes,  on peut voir divers bâtiments: des granges, la fontaine, le beffroi (tour de la cloche), le sanctuaire dédié à Hachiman (dieu shinto de la guerre et protecteur divin du Japon) avec ses annexes: le trésor  et une salle où une jeune femme entame un récital de chansons à la mode. Cette salle est aussi l'endroit où se donne les spectacles lors de Doburoku Matsuri qui a lieu les 14 et 15 octobre et au cours duquel les gens prient le dieu de la montagne pour la sécurité et une bonne récolte et offrent du doburoku (saké non raffiné) au sanctuaire. De petits bassins et canaux accueillent de jolies carpes koï (en japonais koï signifie "carpe"), une espèce introduite lors des tentatives d'invasion du Japon par les armées sino-mongoles au XIIIe siècle. On peut aussi voir une belle sculpture en bois représentant un tanuki ou chien viverin (Nyctereutes procyonoides), une sous espèce de canidés, animal de la mythologie japonaise, l'un des yōkai (esprits) de la forêt. Ici, il est représenté de la façon la plus classique, portant un chapeau de paille conique et une gourde de saké, avec un ventre rebondi utilisé comme un tambour et des testicules hyper dimensionnés traînant à terre. C'est un symbole de chance et de prospérité auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques.

Nous visitons deux maisons. La première est un écomusée. Le foyer est allumé dans une partie en maçonnerie dans un évidemment du plancher, au centre de la pièce. La fumée se disperse dans toute la maison y compris à l'étage en passant par la partie du plancher à clairevoie et par l'escalier. A l'étage enfumé, on peut voir divers outillages et matériels pour la culture et pour l'élevage des vers à soie et le travail de la soie (dévidoirs, métiers). La charpente est faite de troncs d'arbres noircis assemblés sans clou mais attachés avec des cordes de paille. Notons que la fumée qui se répand à l'étage a un pouvoir de conservation de la toiture végétale en éloignant parasites et vermine.
Avant de visiter une seconde maison, nous nous rendons sur un belvédère dominant le village dont on a alors une belle vue d'ensemble, près du petit sanctuaire érigé ici.
La seconde maison ("Wanda House") que nous visitons est partiellement habitée et nous visitons seulement la partie musée. Ici pas de feu allumé dans le foyer et donc pas de fumée mais à l'étage des vers à soie bien vivants sur des supports alvéolés pour qu'ils puissent y installer  plus facilement leur cocon.
 

 

Il est près de 13H et il est donc bien temps de déjeuner car le repas du matin est déjà bien loin. Au restaurant Caffe Karyudo nous déjeunons de soupe miso, sauté de poulet et légumes, nouilles udon pour les uns et soba pour d'autres, puisque ne cultive-t-on pas le sarrasin par ici ?
 

Sugaruma

Vers 13H30, nous quittons le hameau d'Ogimachi en prenant un bus qui nous conduit vers Suganuma,  un hameau de la région de Gokayama qu'Armel et Shige ont privilégié à Ainokura (où il reste 20 maisons Gassho-zukuri) situé dans l'ancien village de Taira), un hameau d'importance intermédiaire entre Ogimachi et Sugaruma, qu'ils avaient déjà visité à d'autres occasions.  Sagaruma faisait partie du village de Kamitaira (956 habitants en 2003) jusqu'à sa fusion avec d'autres hameaux, villages et localités (dont Ainokura) en 2004, afin de former la ville de Nanto.
Une heure plus tard, on nous dépose à l'arrêt de bus sur la route qui passe au-dessus du hameau. 
Suganuma  compte 8 ménages avec une population de 40 habitants et  9 maisons de style gassho-zukuri  y subsistent
.

 


En une heure, nous effectuons le tour du village, sans omettre le petit sanctuaire shinto. Sur la façade de certaines maisons on peu voir de curieuses guirlandes de fruits séchés de couleur orangées qui selon toute vraisemblance sont des kakis séchés.
Nous complétons par la visite d'une maison. Outre les matériels liés à l'activité agricole, on peut y voir des objets de la vie domestique: boulier, oreillers traditionnels makura sous forme de petites sellettes en bois recouvertes d'un coussinet rempli de graines de sarrasin. Là, c'est un binzasara, un instrument de musique à percussion fait de plaques de bois reliées par un cordon en coton et muni de poignées aux deux extrémités pour agiter les plaques en bois en faisant des vagues. Dans un coin, une poupée de chiffons est installée dans un panier fait d'un enroulement d'anneaux de paille de riz. Lorsque les parents s'en allaient aux champs et laissaient leurs jeunes enfants à la maison, cette poupée leur servait de nounou...  On voit également toutes sortes d'accessoires également en paille de riz, sacs, sandales (waraji), manteau (mino)...
Des photographies intéressantes retiennent notre attention, l'une nous montre la beauté du paysage automnale plein de couleurs tandis que l'autre nous révèle l'incroyable chantier que constitue la réfection d'un toit de chaume: plus d'une centaine de personnes s'affèrent sur un seul versant de toiture et plusieurs dizaines sont au sol en train de préparer le chaume.

Bientôt 15H30 et Shige se préoccupe déjà de nous faire prendre un autre bus pour gagner la ville de Kanazawa vers 16H45. Le temps passe et le bus ne se présente pas. Shige redescend au hameau pour se renseigner et il apprend alors qu'il y a deux arrêts de bus desservant ce village. Nous aurions dû être à l'autre arrêt pour 15H45 mais maintenant il est trop tard. La chance permet de bâtir un plan B car il serait difficile de trouver à se loger ici. En effet, un dernier bus passe à l'arrêt où nous sommes mais il ne se rend pas à Kanazawa. Vers 17H, nous le prendrons cependant  pour aller jusqu'à la ville de Takaoka où nous pourrons attraper l'un des nombreux trains qui desservent Kanazawa.

Le shinkansen de 18H09 fera parfaitement notre affaire puisque nous serons à bon port à 18H34.


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KANAZAWA: marché Omicho  - Kazue-machi  - Higashi  - Kenroku-en et château  - Naga-machi

Kanazawa ("Marécage de l'or") est une ville d'un peu plus de 450 000 habitants, située au bord de la mer du Japon (mer de l'Est) et  bordée par les Alpes japonaises. Le climat est assez pluvieux et frais. A ce propos et heureusement pour nous, ce n'est absolument pas le cas aujourd'hui. Pendant un siècle, le XVIe siècle, sous l'influence de moines bouddhistes de la secte Hongan-ji, la région autour du château constitua une sorte de royaume paysan échappant au pouvoir shogunal.

Notre hôtel Mystays 4* est à 500 mètres de la gare modernisée en 2015, avec ses panneaux solaires, son dôme de verre,  son Tsuzumi-mon, un grand portail ou torii moderne et sa fontaine dont les mini-jets font fonction d'horloge digitale. Nous allons dîner au Danmaya Suisan,  l'un des restaurants installés dans le centre commercial du sous-sol de la gare: tempura de calamar, friture de petits poissons, grill (genre shichirin) pour cuire des morceaux de poisson "eihire" (famille de la raie).... avec un excellent vin rouge japonais millésime 2009 ("Grande Polaire, esprit de vin japonais Aya").


Lundi 5 octobre

Départ de l'hôtel à 8H30 car un gros programme nous est encore réservé.  Beau temps en perspective. On reste dans la statistique de ce voyage, avec un météo très agréable un jour sur deux...
Notre balade va se faire dans les quartiers situés à l'est de la gare. Après avoir traversé celle-ci et passé sous son torii géant, nous marchons tout droit sur un kilomètre en direction sud-est vers le quartier Aokusa-machi jusqu'au marché Omicho-Ichiba où nous pénétrons à 9H pile.

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Le marché Omi-cho a été créé vers le milieu du XVIIIème siècle, depuis l'époque d'Edo, et est réputé dans tout le Japon. Depuis lors, il a été à la base de la culture gastronomique de Kanazawa. Ce n’est qu’en 1904 que le lieu deviendra un marché public. Dans un réseau animé et coloré d'arcades couvertes, on trouve pas moins de 170 échoppes et étals, y compris un grand nombre de commerces de poissons frais et fruits de mer pêchés dans la mer du Japon, commerces de produits marins séchés, commerces de légumes et fruits, épiceries. On trouve également des fleurs, des vêtements, des ustensiles de cuisine... sans compter des restaurants.
Ce qu'on peut apprécier dans un marché japonais, c'est la grande propreté et l'absence d'odeurs fortes, même aux environs d'étals de produits de la mer, il est vrai que certains sont présentés sous vitrine ou sous emballage soudé. Les huitres sont géantes, les crabes jaunes sont présentés retournés sur le dos. De belles et vraies coquilles Saint-Jacques (pas des pétoncles) nous font penser à celles de notre région. Mentionnons encore, calamars, impressionnants tentacules de poulpes, laitance de poisson (sperme contenu dans les glandes génitales des poissons mâles), petites crevettes, têtes de thon (rien ne se perd)... Aux étals de légumes, ce sont des racines de lotus (kaga renkon) avec leur structure creusée d'alvéoles, racine violettes de taro, pousses de bambou (takenoko), potirons, champignons (shiitake et autres), navets longs blancs, légumes feuilles divers. Pour les fruits, on verra des châtaignes, raisins, agrumes, kakis, pommes... Au Japon, une pomme ou une poire s’achète à l’unité (et on peut tout à fait offrir des fruits en cadeaux), plutôt chère, mais au moins elle a vraiment le goût du fruit. Les rayons de viande méritent le détour. Pour les plats de sukiyaki et shabu shabu, on peut y voir les fameuses tranches fines de boeuf persillé, non pas de Kobe dont nous sommes loin, mais de Hida, région agricole proche d'ici. Sans voir le temps passé, on s'est baladé plus de trois quarts d'heure dans ce superbe marché.

 

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Quelques centaines de mètres nous séparent de l'étape suivante, le quartier Kazue-machi Chaya. En cours de route, arrêt devant l'atelier d'un fabricant de tatamis dont la vitrine pédagogique explique assez bien la technique de fabrication.


Autrefois, le centre de Kanazawa était parsemé de nombreuses maisons de thé mais elles ont été déplacées dans quatre quartiers éloignés du centre en 1820
Kazue-machi Chaya est l'un de ces quartiers. La construction de maisons à deux étages était interdite à l’époque d’Edo, excepté pour les maisons de thé. Une maison de thé se caractérise par son magnifique treillis appelé kimusuko du côté extérieur du rez-de-chaussée, et ses salles de réception des invités à la japonaise au premier étage.


L’apparition du tatami se situerait autour des années 710 et 794 soit il y a plus de 1300 ans. Les tatamis étaient alors utilisés comme lit à la cour de l’empereur du Japon. L'épaisseur du tatami, la couleur et les motifs sur ses bords étaient variables. A cette époque, le tatami est considéré comme un produit de luxe. Entre les années 1300 et 1600, les classes supérieures japonaises diffusent le tatami plus largement et l’utilise pour agrémenter leur intérieur. Le tatami reste un lit mais peut également être utilisé en tapis de sol sur lequel on reçoit ses proches pour certaines occasions comme la traditionnelle cérémonie du thé et même certains rites religieux. L’usage du tatami devient commun à toutes les couches sociales japonaises durant les XVIIIième et XIXième siècle.
Les matériaux qui constituent le tatami sont une natte en paille de riz tressé recouverte d'une enveloppe lisse de joncs japonais igusa (Juncus effusus, "Jonc épars "). Un tissu de soie  permet de réaliser les bordures appelées heri.  La coutume veut que ce soit malpoli de marcher sur les bordures du tatami, c'est en effet la partie la plus fragile.
Aujourd'hui, la taille des tatamis est standardisée même s'il y a parfois de menues différences selon les régions. Un tatami mesure environ 0,90 m de large sur 1,80 m de long, ce qui permettait jadis à un Japonais moyen de dormir. L'aire d'un tatami, le , sert d'unité de mesure de la taille des washitsu (pièces d'habitation) et même des pièces de style occidental. On calcule les dimensions d'une pièce d'après le nombre de tatamis.


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Kazue-machi Chaya est un quartier situé le long de la rivière entre le pont d'Asanogawa Ohashi et le pont de Naka-no Hashi et c'est l’un des trois quartiers de maisons de thé de Kanazawa. Les Chaya, "les maisons de thé", étaient des lieux traditionnels ou les Geisha assuraient le divertissement  des convives lors de banquets  par leurs danses et leur interprétation musicale avec des instruments traditionnels tels le shamisen, la flûte ou le tambour. Un indéniable charme se dégage de ces ruelles parfois très étroites, bordée de maisons en bois.
 

 

De retour au pont Asanogawa Ohashi, nous voyons en face un bistro ("Bistro Kanazawa Todoroki-Tei") devant laquelle un drapeau français est déployé. Ayant passé la rivière et un peu plus vers l'Est, nous voici dans un autre quartier des plaisirs, Higashi Chaya. C'est le plus grand quartier des Chaya, les maisons de thé. Aujourd'hui on trouve des restaurants, des galeries d'artisanat...
A l’arrière des anciennes maisons de thé, on peut découvrir un labyrinthe d’étroites ruelles. Coup d'oeil dans la maison Kyukeikan. Bientôt un petit pavillon abritant une cloche de bronze.



Puis nous arrivons au magasin Hakuza Hikarigura utilisant la feuille d'or. Une exposition présente le travail du métal, selon la méthode traditionnelle, notamment les phases de battage,  jusqu'à aboutir aux feuilles épaisses de seulement un 10 000ème de millimètre (0,0001 mm). Au Japon, la ville produit 99% des feuilles d'or et la totalité des feuilles d'argent et de laiton. On pense qu'il y avait des artisans batteurs d'or dans l'ancienne région de Kaga  avant même que Toshiie Maeda, le seigneur du domaine de Kaga, aménage des ateliers dans le château de Kanazawa en 1583. L'attraction de la boutique est la maison de thé recouverte intérieurement et extérieurement  de 40 000  feuilles d'or mesurant chacune 10,9cm x 10,9cm. C'est la reconstitution du pavillon de thé du shogun Hideyoshi Toyotomi de la période d'Edo. Cela rappelle aussi le fameux Pavillon d'Or du temple Kinkaku-ji  de Kyoto. On trouve l'or sous différentes dorme et pour divers usages: parures et bijoux, plateaux décorés, gâteaux recouvert d'or alimentaire (additif E175), cosmétiques...


Il n'est pas loin de midi. Nous repassons le pont Asanogawa Ohashi pour nous diriger vers le sud par l'avenue Ohori-dori en direction du jardin et du châteaux (distants d'un kilomètre) et au passage déjeuner au restaurant Takeda.
Dans le quartier environnant, on peut voir des boutiques où l'on trouve des glaces à la feuille d'or, des "parapluies magiques" qui lorsqu'ils sont mouillés révèlent de beaux motifs de sakura, des fleurs de cerisier...

Vers les 13H, nous passons devant la porte Est du château pour commencer par la visite du fameux jardin Kenroku-en.Haut de page

Le site le plus célèbre à Kanazawa est le jardin Kenroku-en, ce qui signifie "le Jardin des six attributs ou des six aspects" (espace, isolement, intemporalité, ingéniosité, eau et perspective) qu'il peut offrir simultanément en un même lieu. De par son ampleur et sa beauté, il est considéré comme  l’un des trois plus beaux jardins du Japon (avec celui de Mito et celui d'Osaka). Il représente l'un des sommets dans l'art due jardin d'agrément japonais. D'une superficie de plus de 11  hectares, plantés  avec 8750 arbres et de 183 espèces de végétaux, il est situé sur les hauteurs de la partie centrale de Kanazawa et à proximité du Château. L'eau est canalisée sur des kilomètres en amont pour alimenter les ruisseaux et les étangs de ce jardin avant de passer dans les fossés du château voisin. Bel exploit d'ingénierie de la période Edo.
Le Kenroku-en a été créé des années 1620 aux années 1840 par la famille Maeda qui était à la tête de l'ancienne province de Kaga (régions actuelles d’Ishikawa et de Toyama) à l’époque féodale et l'a entretenu génération après génération pendant plus de 280 ans.  On peut lire un peu partout que "le jardin a été détruit en 1759 par un incendie et restauré en 1774"... J'ai du mal à imaginer comment un incendie pourrait détruire un jardin. Le Kenroku-en a été ouvert au public le 7 mai 1874 (ou 1871).

 


Le jardin comporte un grand étang artificiel au centre et est parsemé de collines et de pavillons où les visiteurs peuvent s’arrêter pour admirer l’ensemble des lieux. Le grand bassin nommé Kasumigaike a été aménagé tel un océan, et l’île placée en son milieu, sur laquelle on croyait qu’un sage ermite immortel vivait, symbolise l’espérance de la longévité et de la prospérité. Au bord de l’étang Kasumigaike se trouve la lanterne de pierre Kotoji, la première lanterne à pieds courbes,  réalisée à l’image des hauts chevalets placés sous les cordes des instruments traditionnels pour les accorder (tel le koto, la harpe japonaise) qui est devenue le symbole de ce jardin. On trouve également la plus ancienne fontaine du Japon qui jaillit  en exploitant la pression naturelle résultant de la différence de niveau de l’eau entre les bassins de l’étang. En plus de la beauté des fleurs et arbres, comme les pruniers et cerisiers en fleurs au printemps, les azalées et iris au début de l’été, les feuilles teintées de rouge à l’automne, les visiteurs peuvent profiter pleinement des charmes des quatre saisons et notamment admirer le paysage d’hiver enneigé à l’ambiance féerique produite par le  yukitsuri,  une technique de suspension des branches des arbres, tels les pins, avec des cordes afin d’éviter qu’elles ne se brisent sous le poids de la neige. Justement, les jardiniers étaient en train d'installer ces cordes.


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Après un tour complet du jardin qui était autrefois le jardin privé extérieur du château, nous traversons l'avenue Kenrokumachi pour entrer dans le parc du Château par la  porte de l'Est,  Ishikawa-mon, qui date de 1788.
Avant la Deuxième Guerre Mondiale, le site du château servait de quartier général à la 9e division de l'Armée impériale japonaise. Puis, jusqu'en 1989, l'Université de Kanazawa s'y était installée (le père de Shige y avait étudié) avant d'être déplacée à la limite de la ville. On ne peut plus parler vraiment de château mais de vestiges. Ainsi, la tour maîtresse du château brûla dans un incendie par le passé et ne fut jamais reconstruite.


Ce vaste château a été fondé en 1583 quand le clan Maeda s'installa à Kanazawa pour établir le domaine de Kaga. Il fut par la suite plusieurs fois agrandi, incendié et reconstruit au cours des XVIIe et XVIIIe siècles.  Les murs de pierre  d’un type différent suivant les lieux témoignent qu'ils ont été construits à des périodes distinctes, certains d’entre eux datant de plus de 400 ans.  Jusqu'à l'incendie de 1881 qui l'a en grande partie détruit. L’endroit a été réaménagé comme parc en 1996. Deux tours de guet (yagura) et un long hall  de liaison (Sanjikken nagaya) d’une quarantaine de mètres de long et servant d'entrepôt, ainsi que la porte Hashizume-ichi-no-mon ont été restaurés tels qu'ils étaient en 1809 et le parc ouvert au public en 2001. Les belles tuiles blanches en plomb qui décorent le toit et les murs en mortier blanc dans lesquels des tuiles ont été coulées, permettent au château de conserver toute sa splendeur. Quant à la  Porte de Kahoku,  après 130 ans, elle a été reconstruite en 2010 selon les techniques de construction traditionnelles respectant fidèlement son modèle historique. Située après la grande porte d’entrée du château, en haut de la montée Kahokuzaka, elle constitue en fait la porte principale du château et est l’une de ses trois grandes portes. D'autres travaux se poursuivent encore.  Au pied des  murs d'enceinte et douves, un joli jardin a été aménagé d'où l'on a des vues vers le sud, sur les quartiers proches de la rivière Saigawa.

 
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Dernière visite, après un nouveau "saut" d'un kilomètre, vers l'ouest cette fois. C'est l'occasion de traverser des secteurs modernes avec des immeubles de bureaux aux façades de verre et des quartiers résidentiels où le stationnement des particuliers est géré de différentes façons: ici, une microvoiture et là , une berline que l'on a casée on se demande bien comment entre les deux murs d'une petite cour, devant la maison, à moins que ce soit la maison qui a été construite après que la voiture fût posée là...   Une enseigne sympa près d'un petit canal: "Le pont de chocolat Saint Nicolas".
Nous voici arrivés au
quartier des samouraïs de Naga-machi. Nous allons y passer une heure et demie.

 

Les résidences de deux des huit vassaux en chef du Domaine de Kaga se trouvaient dans le quartier de Naga-machi où vivaient les samouraïs (guerriers japonais au service d'un daimyo) des hautes et moyennes. Il s'agit des Nomura et des Takada.

 

NINJA ET SAMOURAI

La séparation entre samouraï et ninja est difficile à établir, d'ailleurs certains personnages furent et samouraï et ninja.

Ninjas...
Aux yeux de la population, les ninjas, par leur activité criminelle et leurs méthodes peu orthodoxes, faisaient partie des classes sociales inférieures eta (paria) ou hinin (non-humain). Ces castes comprenaient les criminels, mendiants, vagabonds et tanneurs, activités et états indésirables de la société japonaise, aujourd'hui regroupés sous le terme burakumin. Les ninjas ont été notamment influencés par les yamabushi, ascètes vivant dans la montagne et adeptes du shugendō (expériences de pouvoirs spirituels (gen) par la pratique () vertueuse de l'ascèse (shu) à travers une étroite relation de l'Homme et de la Nature).
Les ninjas proviennent à l'origine de troupes formées entre le VIIIe et le IXe siècle, et de bushi vaincus sans seigneurs (rōnin), qui se sont réfugiés dans les provinces d'Iga et de Kōga (maintenant les préfectures de Mie et de Shiga, du côté du lac Biwa), dans la région de Kyoto, ces provinces étant alors indépendantes. Ils n'étaient redevables d'aucune taxe et jouissaient d'une liberté de mouvement que n'avaient pas les bushi (ou samouraïs), qui étaient eux inféodés aux daimyō (seigneurs féodaux). Ils n'étaient pas non plus soumis au bushidō (code de l'honneur du bushi), et pouvaient donc pratiquer des techniques de guerre non-orthodoxe (espionnage, guérilla, embuscades, assassinats) et utiliser toutes sortes d'armes non conventionnelles  pour leur époque. N'étant pas subordonnés aux grandes familles, à l'occasion celles-ci faisaient appel à eux  pour exécuter de basses besognes (pillages, assassinats). Une des grandes spécialités des ninjas était de s'introduire de nuit dans les châteaux et camps militaires et d'allumer un incendie, afin de faciliter l'assaut par des troupes classique...

... Samouraï et Bushi
Le samouraï ou bushi est un membre de la classe guerrière qui a dirigé le Japon féodal durant près de 700 ans. Auparavant, on désignait les guerriers plutôt par les termes mono no fu (jusqu'au VIIIe siècle) que l'on peut traduire "homme d'armes". À l'origine, bushi  désigne les guerriers japonais soumis au bushidō (code de l'honneur du bushi). Le terme apparaît pour la première fois dans le livre d'histoire japonaise, Shoku Nihongi écrit sous l'ère Heian vers l'an 800. Il provient du chinois wushi.
Le terme samouraï, mentionné pour la première fois dans un texte du Xe siècle, vient du verbe saburau qui signifie "servir". A l'origine au service de l'empereur, les samouraïs sont passés par la suite au service du shogun pendant la période féodale correspondant au déclin du pouvoir impérial. L'appellation est largement utilisée dans son sens actuel depuis le début de la période Edo, vers 1600. À partir de la période Edo, les termes bushi et samouraï ne sont pas tout à fait synonymes, il existe une différence subtile et ils sont souvent confondus mais ils correspondent à des périodes et des fonctions différentes.
Concernant la noblesse, on trouve aussi parfois le terme buke qui désigne la noblesse militaire attachée au bakufu (gouvernement militaire), par opposition aux kuge, la noblesse de cour attachée à l'empereur. Les buke sont apparus durant l'ère Kamakura (1185–1333).

Le canal d'Onosho qui coule autour de la zone est l’un des plus anciens canaux de Kanazawa et constituait une voie d'eau importante pour l’acheminement des marchandises du port jusqu’à la ville, au pied du château. Avec l'arrivée de la modernité, l’aspect des résidences a changé mais les sinueuses et étroites ruelles bordées de murs de terre de couleur ocrée surmontés de tuiles rappellent l'atmosphère d'autrefois. Les murs ont été bâtis avec des pierres et de la boue mêlée de paille (technique du torchis) coulée dans un coffrage jusqu'à ce que la terre pâteuse ait durci. Bien que certains murs vieux de plus de 100 ans soient encore debout, la majeure partie a été reconstituée. Afin d'empêcher que les murs de terre ne s’effritent au moment du dégel au printemps, des nattes de paille appelées komo sont utilisées pour les protéger chaque année à partir du début décembre jusqu’à la mi-mars.



Quelques résidences de samouraïs  vieilles de plus de 200 ans, sont visitables, dont la Maison Nomura
(tarif 550¥), résidence d'une famille qui a successivement occupé des fonctions élevées génération après génération sous le règne de la famille Maeda. La maison a un plafond décoré entièrement réalisé en cyprès japonais et des Fusuma-e (peintures sur des panneaux de portes coulissantes) créés par le peintre personnel de la famille Maeda. Le jardin à l'intérieur de la résidence abrite un myrica rubra (famille du laurier) vieux de plus de 400 ans et un bassin aux méandres ponctués de rochers aux formes étonnantes qu'il faut observer depuis divers points de vue, notamment de la chambre du premier étage, avec vue plongeante sur le jardin.



Poursuivant la balade dans le quartier, le regard s'invite par delà les portails dans les jardins de nombreuses autres maisons qui bordent les ruelles.

15H30. Maintenant nous avons deux bons kilomètres à parcourir car il est temps de regagner le quartier de la gare et de récupérer nos valises pour prendre le shinkansen de 17H09 qui doit nous  ramener à Tokyo, car demain matin nous allons quitter le Japon. Sur le trajet, nous dépassons de très jeunes écolières en uniforme, cartable sur le dos, coiffées d'un fameux bob jaune poussin. Un symbole du Japon sécuritaire et une image rassurante que l'on a peine à imaginer possible chez nous. Et encore un dernier clin d'oeil de la francophilie japonaise qui se manifeste dans les enseignes comme celle-ci "Maison de Toi et Moi".


Deux et demie de trajet en train nous attendent car le tracé ferroviaire contourne les Alpes japonaises du nord en passant par Takaoka, Toyama et  Nagano (site des XVIIIes Jeux olympiques d'hiver en 1998).

Nous débarquons à Tokyo vers  19H45 et arrivons vers 20H15 pour dîner au restaurant Shoya dans le quartier de Ginza, à 500 mètres au sud de la gare centrale: tempura de légumes, sashimi de tentacules de poulpes, petites brochettes, noix de ginko, frites (il faut préparer nos palais pour le retour) fins copeaux hanakatsuo de bonite (genre de thon) séchée, fermentée et fumée (karebushi). S'ils étaient taillés plus épais, en tranche, on parlerait de kezurikatsuo.

Il est près de 22H lorsque nous ressortons de table, toujours avec nos valises. Bien qu'il n'y ait pas très loin pour gagner l'hôtel Sunroute Ginza3*, il paraît plus raisonnable de faire appel à deux taxis pour s'y rendre.


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Mardi 6 octobre

Départ très matinal, à 6H30, trop tôt pour prendre un petit-déjeuner à l'hôtel. C'est dans une boutique à sympathique enseigne ("Boulangerie La Terre - Café") située sous-sol de la gare que l'on fait provision de viennoiseries et boissons.

Utilisant une dernière fois notre Japan Rail Pass et accompagnés jusqu'au bout par Armel et Shige, nous prenons le train N'EX (Narita Express) pour rejoindre l'aéroport. Pendant le trajet d'une heure cinq minutes avec ce train direct, nous aurons le temps de manger nos petit-déjeuner tout en regardant la campagne défiler car nos sommes rapidement sortis de l'agglomération. Le train est très confortable et bien équipé avec écran affichant "le plan de route" mais aussi les prochains vols au départ de Narita avec leur horaire.

Au moment de partir, c'est une immense gratitude que nous exprimons à Shige et Armel pour l'accueil merveilleux qu'ils nous ont accordé et pour avoir concocté un si judicieux programme de visites original et complémentaire de celui  du groupe, en première partie. Il faut se séparer mais les adieux ne sont pas tristes. Un petit tour en duty free pour dépenser nos derniers yens pour l'achat de quelques souvenirs. Nous laisserons-nous tenter par quelques gadgets comme les maneki-neko, ces chats dorés qui agitent la patte en signe d'au revoir?.

A l'heure prévue nous embarquons sur le vol Air France AF275 qui décolle  à 10H50. La journée sera longue... Le plan de vol diffère un peu de celui utilisé en venant. En effet, nous prenons franchement la direction du nord en passant par Niigata puis le nord de la Mer du Japon avant de mettre le cap à l'Ouest. Pour la suite nous survolerons la Sibérie par une route plus au nord pour arriver au sud de la Finlande... 9850 kilomètres.

Après 12 heures de vol, arrivée à Paris à 15H55 par 18°.



PETITES CONSIDERATIONS PHILOSOPHICO-ETHNOLOGIQUES AU TERME DE CE VOYAGE...

De nos petites expériences de voyages express, c'est l'un des deux ou trois voyages qui nous ont le plus confrontés à un décalage culturel. Pourtant il s'agit de pays bien différents...
Avec l'Inde  (et dans une moindre mesure, l'Indonésie), on plonge dans un monde d'odeurs, de couleurs et de sons ou de bruits, dans un monde où la hiérarchie sociale (castes) s'affiche au grand jour, notamment dans sa composante la plus pauvre, dans un monde de diversité et de foisonnement religieux (panthéon protéiforme de l'hindouisme)... Bref, 90% de la complexité de ce monde nous saute à la figure...
Le Japon semble tout à l'opposé, tout en discrétion et retenue. Illusion ! Sa façade occidentalisée et lisse n'est que la partie émergée de l'iceberg. 90% de la complexité socio-culturelle de ce pays échappe complètement au touriste de passage ou n'est perçue que très superficiellement, qu'il s'agisse des rapports humains au sein des familles, dans les espaces publics ou dans les entreprises, du rapport (syncrétique) aux religions, de la profondeur du sentiment lié à l'insularité et à la précarité des choses...


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