TOKYO et NAGOYA
2 jours...
 


QUELQUES DONNEES SOCIALES

AUX ETUDES
 - de 3-6 ans: jardin d'enfants facultatif et payant
 - 6-12 ans: école primaire obligatoire gratuite dans les établissements relevant de l'Etat sinon payante dans le privé
 - 12-15 ans: école secondaire obligatoire soit dans le public soit dans le privé. A la fin de ce cycle, 10% des élèves interrompent leurs études.
 - 15-18 ans: lycée public ou privé payant mais l'Etat étudie la possibilité d'instaurer une gratuité
 - au-delà de 18 ans, environ 60-65% des jeunes accèdent à l'Université qui est payante.

AU TRAVAIL
Au Japon où la vie professionnelle passe généralement avant la famille et les Japonais ne réclament pas une rémunération pour les heures supplémentaires car les employés travaillent souvent 50 ou 60 heures par semaine  alors que la durée légale hebdomadaire est de 40 heures, à raison de 5 journées de 8 heures. La durée légale n'est pas respectée et personne ne se plaint  car on reste à son poste jusqu'au départ du "chef" et on fait en sorte d'y arriver avant lui, même si l'on n'est pas débordé... Ce qui laisse entrevoir une productivité médiocre.
Traditionnellement, au Japon on est embauché "à vie", jusqu'à l'âge de la retraite, on fait partie d'un sorte de "nouvelle famille". C'est l'entreprise qui verse les prestations sociales.
Il n'existe pas de salaire minimum unique car il varie selon les régions. Il est de l'ordre de 700 à 900¥.
Officiellement, les salariés bénéficient de 21 jours de congés par an auxquels s'ajoute un quinzaine de jours fériés (s'ils tombent le dimanche, ils sont reportés au lundi). En pratique, les Japonais ne prennent que deux semaines de vacances soit 10 jours de congés (et éventuellement et à titre exceptionnel, quelques jours sans solde en plus) et le gouvernement envisage de faire adopter une loi pour obliger les travailleurs à prendre 5 jours de congés minimum. 75% des Japonais restent chez eux pendant les vacances ou retournent  au village d'origine de la famille à l'époque d'Edo aux XVIIe-XIXe siècles (furusato) notamment en été à l'occasion de la fête des ancêtres O-bon. Seulement 10% vont à l'étranger. Toutefois, les jeunes aspirent davantage aux loisirs.
A l'embauche, le salarié perçoit un salaire de l'ordre de 220 000 à 250 000¥. Les salaires stagnent depuis 20 ans.
 Ce revenu oblige à se loger en location (60 000 à 80 000¥ de loyer mensuel pour un T3) ou dans un meublé de l'entreprise (8 000 à 10 000¥ par mois). Même lorsque la progression de carrière permettrait l'accession à la propriété, le statut de locataire est assez recherché pour faire face à la mobilité professionnelle qui se développe et au risque de perdre son patrimoine à la suite d'un tremblement de terre.
Le Japon représente un paradoxe économique avec un taux de chômage très faible à 3,5% (avec des retraités encore au travail et un développement de l'emploi précaire et à temps partiel pas forcément choisi) malgré un taux de croissance également faible, à 1,3%.
Mais il y a aussi un autre chômage caché, celui qui résulte de la fréquente "non activité" des femmes mariées surtout si elles sont mères de famille. A ce titre,  le Japon se distingue  des autres pays. C'est le fruit d'une longue tradition qu'un système fiscal inéquitable ne fait que renforcer.
En cas de chômage, une allocation est versé pendant 240 jours, sous condition de justifier d'une recherche effective d'emploi.

A LA RETRAITE
Le régime national de pension japonais a été créé en 1959.
L'âge de départ en retraite qui avait été de 55-58 ans a été repoussé à 60 ans en 2013 et va progressivement être repoussé à 65 ans à l'horizon de 10 à 15 ans.
Les résidents âgés de 20 ans à 59 ans, qu’ils travaillent ou non, peuvent bénéficier d’une pension de retraite. Les retraités qui peuvent toucher la pension de base (kosei nenkin)  complète perçoivent 804 200 ¥, l’équivalent moyen de 7 211 €.
Il s'avère que la poursuite d'activité à l'âge de la retraite résulte soit d'une habitude de vie laborieuse et de sentiment d'utilité sociale soit de la nécessité financière pour compléter une retraite parfois maigre car les Japonais savent s'accommoder de la frugalité. En effet,  plus de 4 millions de personnes de 65 ans ont une activité professionnelle.
Au-delà de 60 ans, la Sécurité sociale couvre 70% des frais de santé. La prise en charge à 100% pour les plus de 70 ans a été ramenée à 90%.


FISCALITE, RICHESSE ET EPARGNE
L' impôt  sur le revenu est prélevé à la source. Il est progressif selon  six tranches allant de 5% à 40% (un peu comme chez nous), une fiscalité qui dans sa globalité accroît pourtant la pauvreté.
La fiscalité sur les revenus joue contre le travail des femmes mariées. En effet, une épouse qui gagne moins de 1 million de yens par an (soit au maximum un revenu annuel de 7820€ ), fait partie du foyer fiscal de son mari. Une telle disposition incite de nombreuses femmes à limiter volontairement leurs revenus en travaillant à temps partiel (le cas de 55% des femmes contre 20% pour les hommes) voire en restant "femme au foyer".

Le PIB par habitant se situe un peu après la France avec 38 468 $ en nominal (24e rang) et 36 654 $ en PPA, à parité de pouvoir d'achat (26e rang). La richesse par habitant n'est stabilisée que par la baisse de la population.
Le développement de l'activité des femmes serait pourtant un puissant stimulant pour l'économie (le PIB augmenterait de 13%) d'autant que les jeunes femmes d'aujourd'hui sont plus diplômées que les hommes (59% ont un diplôme universitaire contre 52%).

En 2013, le montant moyen de l'épargne par ménage (d'au moins 2 personnes) s’élevait ainsi à plus de 17 millions de Yens, soit  plus de 130 5000€. Mais cette capacité à épargner est en forte baisse: le taux d'épargne de 20% (ou 15% selon d'autres sources) dans les années 1980, ne serait plus maintenant que de l'ordre de 6% (voire 1 ou 2% selon d'autres sources), en raison du vieillissement de la population, les retraités ayant un taux d’épargne moins élevé que les actifs...Haut de page

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Etape précédente: Nikko et Lac Chuzen-ji

Etape suivante: les Alpes japonaises

 Une très petite journée à TOKYO et des retrouvailles familiales

Jeudi 1er octobre

Une bonne nuit à bien requinqué après nos deux jours à Nikko.
9H, ciel gris et menaçant une fois de plus.  De l'hôtel on a une vue sur la tour Skytree. Nous descendons au salon où est servi le petit-déjeuner en utilisant un ascenseur très moderne, qui ne fonctionne que si l'on a une carte magnétique idoine.

11H05, les retrouvailles.
Armel, que nous n'avions pas revue en chair et en os depuis plus d'un an, arrive à la réception par l'escalator accompagnée de Shige, son mari japonais que nous n'avions jusqu'à présent rencontré qu'en deux brèves occasions. Ils sont frais et dispos alors qu'ils se sont envolés de Hong Kong au milieu de la nuit. Privilège de la jeunesse!

 Nous laissons nos valises à la garde de la réception jusqu'à cet après-midi. Armel et Shige ont laissé les leurs dans une consigne de gare.
A partir de maintenant, on va se la couler douce. On nous guide et on est complètement pris en charge: déplacements, visites, restaurants...
 

 Quartier d'Asakusa: temple Senso-ji

Cette redite sur Tokyo va en pratique se limiter à une demi-journée et à deux visites.
La première visite ne nécessite pas un long déplacement puisqu'il s'agit du Temple Senso-ji que nous avions visité avec le circuit en groupe il y a trois jours.

Petit moment amusant avec les bâtons de divination, O-Mi-Kuji, "bâtons chanceux" ou "honorable loterie des dieux". Cette méthode divinatoire d'origine chinoise s'est répandue depuis le début du XXe siècle. Elle est  pratiquée dans les temples bouddhistes et les sanctuaires shinto et on l'utilise traditionnellement durant les premiers jours de janvier, à l'occasion du Nouvel An.
Après avoir mis une offrande, il faut agiter la boîte contenant les bâtonnets puis la retourner en espérant qu'il en sortira un bon. Le bâtonnet renvoi à un numéro de casier où se trouve le textes de la prédiction. A ce stade, il faut savoir lire le japonais pour savoir quelle fortune le sort vous réserve. Si la prédiction est bonne, tout va bien. Si elle est néfaste, elle peut être contrée par un voeu si l'on noue le papier sur un fil du support voisin destiné à cet usage...

Après la visite du temple, nous passons devant le petit sanctuaire shintô Asakusa-jinja appelé populairement Sanja Sama (les Trois sanctuaires) et situé sur la droite Hondo. Il fut construit par ordre du troisième Shogun Tokugawa à la mémoire des trois pêcheurs à l'origine du temple de Sensoji. C'est le point de départ de la grande fête de Sanja Matsuri, qui se déroule à partir du troisième vendredi de mai et pour trois jours et attire près de 2 millions de personnes dans les rues.
Shige nous précise que c'est ici que sa soeur s'est mariée.
 


Il est déjà midi. Nous partons à pied pour 20 petites minutes de marche, en passant par le pont sur la Sumida et près du siège de la brasserie Asahi pour nous rendre dans un bon restaurant Sugimoto, réputé pour ses sukiyaki, la fondue japonaise (nabemono), péché mignon d'Armel.  Pour consommer ce plat, il suffit de cuire sur un réchaud  de fines de tranches de boeuf et des légumes dans un bouillon en ébullition. D'autres mois gourmets ou moins gourmands se contenterons de udon, des nouilles rondes et larges, assez élastique, et à base de farine de blé.Haut de page
 

Musée Edo Hakubustukan

Après cela nous revenons vers la rivière Sumida avec aperçu de la tour Skytree, bateaux sur la rivière. Le stationnement doit être parfois problématique comme on peut l'imaginer en voyant une boutique d'articles de literie occupée aux trois quarts par le monospace du commerçant.




A quelques centaines de mètres et en quelques minutes, nous voici à 14H au
Musée Edo Tokyo Hakubustukan (tarif 600 ¥), voisin du Ryōgoku Kokugikan, stade où se situe l'arène (dohyo) des combats de sumos. C'est le musée de la ville de Tokyo, ville dont l'ancien nom est, rappelons-le, Edo jusqu’en 1869. Dans un bâtiment original dû à l'architecte Kiyonori Kikutake, on peut voir la réplique grandeur nature du Nihonbashi, le pont construit en 1603 qui servait traditionnellement de point de départ de toutes les routes du Japon en sortant d'Edo, le théâtre kabuki Nakamuraza, le siège d'un journal, la tour d'Asakusa Ryounkaku qui faisait 60 mètres de haut et était équipée d'un ascenseur jusqu'à son effondrement lors du grand séisme de 1923, des maquettes de la ville et de bâtiments des ères Edo, Meiji et Shōwa, la généalogie des shogun Tokugawa, des chronologies des catastrophes (incendies, inondations, tremblements de terre, famines et épidémies) ayant affecté Edo, des gravures (pompiers en action), des maquettes de cortèges et chars de festivals (matsuri), un livre illustré des bonnes manières pour jeunes filles... On y voit aussi des costumes, armures de samouraïs, palanquins...
On apprend qu'alors que les seigneurs (daimyos) devaient entretenir à Edo une résidence, y demeurer une année sur deux (ou six mois par an) et y laisser en otage leur famille et des vassaux, les guerriers et vassaux en poste à Edo devaient quant à eux y résider seuls, laissant leur famille en province.
Des reconstitutions d'habitats sont présentées, des plus simples maisons d'autrefois à l'arrivée de la modernité avec l'intrusion dans l'habitat de la télé, du réfrigérateur, et de la machine à laver, "les trois nouveaux trésors sacrés" des Japonais. A cela s'ajoute l'automobile, Ford A  modèle 1929, et la petite japonaise Subaru 360 née en 1958.

 


15H45, nous avons consacré une heure trois quarts au musée sans voir le temps passer et sans s'attarder.  Si nous voulons arriver à Nagoya à une heure raisonnable, il ne faut pas trop traîner. Il faut déjà repasser à l'hôtel récupérer nos bagages puis, pour gagner du temps, on prend un taxi pour  aller à la gare centrale et récupérer les valises des "jeunes" dans leur consigne. Et il nous faut encore valider nos Japan Railpass (valable 7 jours sur la plupart des services JR).
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Une belle journée à NAGOYA et une rencontre avec une famille japonaise

Nagoya est la troisième ville du Japon par sa superficie et la quatrième par la population (2,3 millions d'habitants), derrière Tokyo, Yokohama et Osaka. Quant à l'agglomération   qui compte environ 9 millions d'habitants, c'est la troisième du pays.

Nous voici à Nagoya vers 19H15 après une heure quarante en Shinkansen. Avec plus de 400 000 m² de superficie, incluant les bureaux de la compagnie JR Central et les "twin towers", deux tours cylindriques d’une cinquantaine d’étages, la gare de Nagoya est la plus vaste station ferroviaire au monde. Elle voit passer plus d'un million de passagers par jour.
Près de la gare, sur l'artère principale à Nagoya, la tour spiralée de  l'Ecole de mode et de design  Mode Gakuen de l'architecte Nikken Sekkei est un gratte-ciel de bureaux de 170 mètres de hauteur et d'une surface de plancher de 49 000 m
² mis en service en 2008.

 


La ville a vu naître trois personnages importants dans l'histoire du Japon shogunal:
- Minamoto no Yoritomo, fondateur et premier shogun du shogunat de Kamakura au Japon (règne de 1192 à 1199).
- Oda Nobunaga, seigneur de guerre qui a conquis une grande partie du Japon avant de se donner la mort en 1582, suite à une trahison. C'est le premier des "Trois héros" de l'unification.
- Toyotomi Hideyoshi, neveu d'Oda par alliance et adjoint, sera le second héros. Il vengea Oda et poursuivit l'unification en s'emparant notamment des îles Shikoku et Kyushu et du nord de Honshu. Il échoua par contre à deux reprises dans sa conquête de la Corée. Il est connu aussi en Occident du fait qu'il persécuta les chrétiens (notamment de Nagasaki). Après sa mort, profitant de rivalités entre les vassaux du clan Toyotomi, Tokugawa Ieyasu, l'un des régents  remportera la victoire et se fera nommer shogun en 1603, parachevant l'unification.

 

Le samouraï ou bushi est un membre de la classe guerrière qui a dirigé le Japon féodal durant près de 700 ans. Auparavant, on désignait les guerriers plutôt par les termes mono no fu (jusqu'au VIIIe siècle) que l'on peut traduire "homme d'armes". À l'origine, bushi  désigne les guerriers japonais soumis au bushidō (code de l'honneur du bushi). Le terme apparaît pour la première fois dans le livre d'histoire japonaise, Shoku Nihongi écrit sous l'ère Heian vers l'an 800. Il provient du chinois wushi.
Le terme samouraï, mentionné pour la première fois dans un texte du Xe siècle, vient du verbe saburau qui signifie "servir". L'appellation est largement utilisée dans son sens actuel depuis le début de la période Edo, vers 1600. À partir de la période Edo, les termes bushi et samouraï ne sont pas tout à fait synonymes, il existe une différence subtile et ils sont souvent confondus mais ils correspondent à des périodes et des fonctions différentes.
Concernant la noblesse, on trouve aussi parfois le terme buke qui désigne la noblesse militaire attachée au bakufu (gouvernement militaire), par opposition aux kuge, la noblesse de cour attachée à l'empereur. Les buke sont apparus durant l'ère Kamakura (1185–1333).

 

Vers 20H15, dîner au restaurant Rakuzo avec edamame (fèves de soja), omelette (tamagoyaki) sucrée-salée et roulée, sashimi de saumon et de thon,  filet de poulet et korokke (boulettes ou croquettes de purée de pommes de terre). Et u une heure plus tard, arrivée à l'hôtel Sanco Inn 3* (à un kilomètre de la gare), chambres petites et sentant la vieille fumée de cigarette. Manifestement, c'est une adresse connue des employés de bureaux et hommes d'affaires en déplacement.
Dans notre chambre, moment plus intime où l'on remet à nos hôtes de tout petits cadeaux ramenés de notre Bretagne. Il est déjà 21H30 donc pas question de les retenir davantage alors qu'ils ont pratiquement passer une nuit blanche la veille.

 

Vendredi 2 octobre
 

Rencontre avec une famille japoanise

Aujourd'hui est un jour important. Nous allons faire la connaissance de la belle-famille de notre fille Armel puisqu'elle s'est mariée dans la plus stricte intimité il y a un an et demi, nous n'avions pas encore eu l'occasion de les rencontrer.

Départ de l'hôtel à 9H. Quelle chance, aujourd'hui grand soleil. Parmi les allées et venue des gens dans cette gare, on a l'occasion de voir deux hommes d'affaires se saluer au moment de leur rencontre ou au moment de se séparer, manifestement de deux rangs hiérarchiques différents en fonction de leur inclinaison. Prenons-en de la graine car nous aussi, nous devrons l'étiquette tout à l'heure...


Le salut (o-jigi) est probablement l'attribut de l'étiquette japonaise qui est le plus connu.  Il s'effectue le buste incliné vers l'avant à partir de la taille, le dos droit et les mains sur les côtés (pour les hommes) ou plaquées sur les genoux (pour les femmes), tête en avant et regard baissé. Plus il est long et bas, plus l'émotion et le respect exprimés sont grands, avec une graduation en fonction de l'angle d'inclinaison: 15°, 30° voire 45° ou plus...

Un petit bout en métro suivi d'une marche de quarante minutes, sans nos valises il est vrai  mais avec quelques paquets. Dans le quartier de Tsuruma ou Tsurumai (" Danse de la grue"), nous traversons un petit et joli parc  puis c'est encore de la marche dans le quartier Gokiso. Nous passons devant le petit sanctuaire shinto Biyo, tout près du domicile des parents de Shige. Il est 11H10.
Justement, son père nous attend au bas de leur petit immeuble pour nous conduire vers leur appartement en attique.
 



Nous considérons comme un privilège d'être invités à déjeuner dans la famille, ce qui n'est pas coutume au Japon, même lorsque la taille du logement le permet, comme c'est le cas ici. Dans l'esprit des Japonais, le domicile est un rare espace de liberté et d'intimité auquel seuls les très proches ont accès alors que les amis sont reçus à l'extérieur.
Arrivés à l'appartement, après avoir échangé nos chaussures contre des pantoufles comme il se doit, nous rencontrons la mère et la grand-mère. Les modes de salutation s'entremêlent un peu, poignées de mains et courbettes. Le dialogue va être difficile car la famille parle très peu anglais, encore moins que nous, ce n'est as peu dire. Notre fille parle assez couramment japonais et anglais, tout comme son mari lequel assurera quand même parfois un relais du japonais à l'anglais lorsque les discussions iront sur des sujets difficiles ou complexes.
Puis c'est la remise des cadeaux,  reçus avec les deux mains, ce qui est une marque de politesse. Après cela, petit conciliabule car traditionnellement le cadeau ne sera pas ouvert sauf si le donateur invite le destinataire. Nous invitons donc nos hôtes à de procéder à l'occidentale, c'est-à-dire de les ouvrir devant les invités. Ainsi nous saurons si notre service à thé en faïence est bien arrivé entier, si les bouteilles de vins ne se sont pas brisées. On délivre nos conseils à propos de ce breuvage: laisser reposer plusieurs semaines, température de service...  On n'ira pas jusqu'à voir en quel état sont les biscuits dans leurs boîtes métalliques...

Pour ce déjeuner, nous ne souffrirons pas car la salle à manger où nous sommes reçus dispose d'une table et de chaises occidentales. Sur un chemin de table brodé au fil rose de motifs folkloriques européens, deux grand plateaux de sushis d'une dizaine de variétés nous attendent comprenant 44 pièces chacun (nous sommes 8 convives). Il s'agit plus précisément de nigirizushi (littéralement "sushi tenu") constitués d'une boule de riz vinaigré (shari) sur laquelle est posée un neta  une tranche de poisson cru (de diverses espèces), mais aussi une crevette, des oeufs de poissons... Ils pourraient aussi être garnis de tranche de poisson cuit, d'oursin, de crabe, d'omelette, de légumes. Souvent en Occident, on connaît davantage l'autre variété de sushi, le makizushi  obtenu en prenant une feuille d'algue séchée (nori) sur laquelle est étalée  une couche de riz et un morceau de poisson et en enroulant le tout.



Ces plateaux sont fournis par traiteur Gin no sara ("Plat d'argent") en formule livré à domicile (demae zushi). Après un peu de saké, le repas est accompagné de bière pour ceux qui dédaignent l'eau. Un repas délicieux dont nous ne parviendrons pas tout à fait à bout tant il était copieux.
Arrive la fin du repas et c'est le moment pour nous de recevoir des jolis paquets de friandises japonaises superbement emballés comme seuls les Japonais savent si bien le faire. A ce moment là nous ignorions que peu après notre retour, nous recevrions d'autres présents...
Le père de Shige qui est aussi un artiste à ses heures, nous remet une douzaine de copies de ses reproductions au fusain de portraits d'acteurs de films célèbres (Clint Eastwood dans "L'inspecteur Harry", Peter O'Tool et Omar Sharif dans "Lawrence d'Arabie"...). Les parents de Shige sont des retraités de l'enseignement qui ont autrefois exercé à l'étranger et qui ont beaucoup voyagé en autonomie, avec voitures de location, comme le montre la carte manuscrite des itinéraires déjà empruntés en Europe. En retraite, ils ont des activités bénévoles et aiment encore voyager, aussi avons-nous espoir de les voir en Bretagne dans un proche avenir. Ils sont aussi collectionneurs et amateurs d'art. Ainsi on peut voir une belle sculpture en bois représentant un
tanuki ou chien viverin (Nyctereutes procyonoides), une sous espèce de canidés, animal de la mythologie japonaise, l'un des yōkai (esprits) de la forêt, symbole de chance et de prospérité auquel les Japonais attribuent des pouvoirs magiques.

 


Avant de partir se balader, depuis l'attique, coup d'oeil depuis la vaste terrasse de l'appartement d'où l'on jouit d'une vue exceptionnelle sur le centre de Nagoya.
 

 


A l'initiative du père de Shige, nous en venons sur un terrain inattendu avec un échange sur nos sentiments réciproques concernant la relation qui s'est établie entre nos enfants et les a conduits à se marier, évènement qui a semblé ravir cette famille japonaise. Malgré les barrages linguistiques contournés par nos "traducteurs-interprètes", il s'est produit là une émouvante incursion dans le domaine de l'inter culturalité, des sentiments et de l'intime.   Aussi bien Français que Japonais, nous avons tous été profondément remués...
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A 14H30, en taxis, nous nous rendons tous, y compris la grand-mère, au château de Nagoya  (tarif 500 ¥) qui se trouve dans le quartier Honmaru, en plein centre.


Visite du  château de Nagoya

Un premier château avait été construit en 1525 (en 1532, le clan Oda s’en empara mais l’abandonna par la suite), remplacé en 1612 à l'initiative du shogun Tokugawa Ieyasu pour devenir le siège de la branche Owari du puissant clan Tokugawa. Durant l’époque Edo, sous le règne d’une branche cadette de la famille shogunale des Tokugawa, la ville de Nagoya devint un des principaux centres économiques du pays grâce à sa position à l’intersection des routes Tokaido et Nakasendo qui reliaient Edo (l’ancien nom de Tokyo) à Kyoto.

La profondeur des douves entourant le donjon Honmaru et les fortes portes attestent de l’étendue du pouvoir de la famille Tokugawa.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le château était utilisé comme quartier général de l'armée et comme camp de prisonniers de guerre. Au cours des bombardements américains en mai 1945, le château a été incendié et la plupart des décorations du château ont été détruites. La reconstruction du donjon en béton (avec climatisation et ascenseur) a été terminée en 1959.
Au sommet du donjon, haut de 48 mètres,  se trouvent des dauphins à tête de tigre en or, appelés kinshachi ou shachihoko utilisés comme talismans pour la prévention des incendies, une pratique issue de la mythologie chinoise ( Chiwen, l'un des neuf fils du dragon). Ils symbolisent l'autorité du seigneur féodal.

 


Depuis 2009, un projet de grande envergure a vu le jour, en utilisant les plans d'archives, la ville reconstruit le Palais Honmaru jouxtant le château, au sud du donjon, avec les techniques et les matériaux d'autrefois. Avec le Palais Ninomaru du Palais de  Nijo à Kyoto, le Palais Hommaru a été considéré comme le meilleur chef-d'œuvre de l'architecture du château  de l'architecture Shoin de palais de style samouraï au Japon. Les murs et cloisons à panneaux coulissants de l'ancien palais avaient été peints par des maîtres tels que Kano Sadanobu et Kano Tanyu de l'école Kano, la plus grande école de peinture dans l'histoire de la peinture de style japonais. Depuis 1992, des artistes s'emploient à restaurer et à reproduire ces magnifiques décors de bambous, tigres et léopards sur fond doré.
Si la fin de cette restauration est prévue pour 2018, une partie du palais est d'ors et déjà accessible aux visiteurs. On peut admirer les magnifiques peintures sur les fusuma (portes coulissantes) des différents halls (Nakanokuchibeya, Genkan) et du grand corridor (Oroka) du palais.

 

Nous poursuivons la visite par celle du donjon reconverti en musée. Il renferme de précieuses pièces (tableaux, sabres, fusils) autour de l’histoire du clan Tokugawa et du Nagoya-jô. Du septième et dernier étage, on a  une vue saisissante sur la ville.
Au pied du donjon, on peut admirer le travail de maçonnerie cyclopéenne, certains blocs portent la marque distinctive de tel ou tel ou ouvrier. Dans le petit parc attenant, on peut voir des pierres, vestiges des tours détruites en 1945 et un énorme et étrange abri monolithique au sujet duquel je n'ai pas trouvé d'explication (s'agirait-il de la chambre funéraire d'un ancien tumulus aujourd'hui disparu?).

Nous quittons le château à l'heure de la fermeture, 17H, au son de la mélodie du standard  "Ce n'est qu'un au revoir" (Auld Lang Syne de son titre original en gaélique écossais). Dans d'autres sites et sur d'autres airs, les Japonais ont ainsi coutume de prendre congé de leurs visiteurs.
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Dîner gastronomique

Un saut en taxi jusqu'au restaurant gastronomique Kisoji Nishiki, une chaîne présente dans sept villes du pays,  où Shige nous offre un dîner impérial. De charmantes hôtesses en kimono nous accueillent et nous conduisent à l'étage où une salle nous est réservée. Des tables basses nous attendent mais heureusement pour nous ce sont des tables normales car il nous aurait été difficile de  tenir pendant plus de deux heures assis à des tables basses...



Deux heures de banquet jusqu'à 19H30, avec un défilé de plats plus délicieux les uns que les autres, amuse-gueule de légumes marinés et vinaigrés, entrée de petits roulés fourrés, sashimis de thon, de seiche, de buri (poisson Seriola lalandi) avec feuille d'algue, fondue shabu-shabu au boeuf très persillé et légumes variés (champignons enoki (longs et blancs du genre collybie), eringi du genre pleurote, fameux shiitake joliment ciselés), potiron, chou, yuba (rouleaux de peau de tofu), tiges de poireau genre oignon, légumes-feuilles servis avec deux sauces l'une dense de couleur jaune était au sésame, l'autre était du ponzu ,à base de shoyu (autrement dit de sauce de soja) et d'agrumes. Sans oublier les kishimen (nouilles udon plates, en forme de tagliatelles), le tofu et le riz, évidemment.
Les différents ingrédients sont plongés dans le bouillon de boeuf et de légumes porté à ébullition dans une marmite (nabe) posée sur un réchaud puis, avant d'être dégustés, ils sont trempés dans une sauce, l'une ponzu, à base de sauce soja et de yuzu (sorte de citron) et l'autre gomadare à base de sauce soja et de sésame, sans oublier le wasabi. Lorsque le plat de viande et les légumes sont terminés, dans le reste de bouillon, on fait cuire les udons.  Boule de glace au thé macha pour terminer le repas.

 

 

Shabu shabu et sukiyaki" sont toutes les deux sont des fondues où l'on plonge des morceaux de boeuf et des légumes. La plus grosse différence c'est que le bouillon du sukiyaki est à base de sauce de soja sucré (très reconnaissable au goût) et souvent on trempe ensuite  les morceaux dans de l'oeuf cru.
Le shabu-shabu serait une variante de la fondue sukiyaki, un plat traditionnel japonais pendant l'ère Meiji et proposé en 1862 dans  restaurant de Yokohama. Le shabu-shabu serait d'origine mongole. Cette recette de fondue pékinoise de l’époque de la dynastie Yuan s'appelait shuan yangrou ("viande de mouton trempée dans l'eau bouillante"), utilisant des tranches fines de mouton. En 1952, un restaurant d’Osaka, le Suehiro, importa ce plat en l'adaptant au goût japonais. Le mouton n’étant pas très courant au Japon, il a donc été remplacé par le bœuf. Le nom de cette fondue proviendrait de l’onomatopée japonaise correspondant au bruit de la viande plongée dans le bouillon chaud... et l'humour français ose un assez nul "Ça boue! Ça boue!"


La famille nous quitte un peu après 19H30 et regagne son domicile en taxi.

De notre côté, pour faire la digestion, petite balade  dans le quartier animé de Sakae, avec ses enseignes lumineuses, lolitas,  restaurants, karaokés et surtout son immanquable centre commercial Oasis 21, oeuvre de Hideki Casai d'Obayashi Corporation, un immense toit en verre flottant dans l'air, en forme de vaisseau spatial aquatique ("Spaceship Aqua") qui ne passe pas inaperçu. Cet équipement a été ouvert au public en 2002.
 


Sur plusieurs étages, il héberge également la gare routière d'où partent la plupart des bus de la ville, des salles accueillant des expositions et des concerts, des commerces et restaurants, une patinoire sans glace, un marché bio le samedi. Nous accédons à la terrasse à 14 mètres du sol. Son plancher de verre supporte au centre un bassin à débordement d'un mince voile de l'eau coulant sur la surface du verre en formant d'innombrables ondulations de lumière réfractée depuis les espaces publics situés en dessous tandis que les édifices des alentours s'y reflètent, notamment la grande roue ou la tour TV.
La Nagoya TV Tower est une tour de 180 mètres de haut dont la forme rappelle vaguement celles de la Tour de Tokyo ou notre Tour Eiffel. Elle date de  1954 et elle est d'ailleurs la première du genre édifiée au Japon. On peut accéder à deux plates-formes d'observation installées à 90 et 100 mètres de hauteur.
Dans le centre commercial, on peut s'amuser des noms d'enseignes utilisant plus ou moins heureusement notre langue: "Vie de France", "Fontaine couture", "Boncoin", "Quatre chaussures", "Epi-Ciel, soyez un gourmet dans votre vie"...

21H, une heure raisonnable pour regagner l'hôtel Sanco Inn.


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