Après un dernier
petit-déjeuner en commun nos chemins se séparent puisque la moitié du groupe va
reprendre l'avion dans la matinée tandis que deux collègues vont tout comme nous
prolonger leur séjour de 5 jours avec des amis tandis que nous, nous aurons la
chance de poursuivre ce voyage pendant encore 8 jours.
Départ très matinal de
l'hôtel Candeo, à 7H10. Deux bons kilomètres et demi nous séparent de
la gare
d'Asakusa d'où nous allons partir. La ligne Tōbu Nikkō est une des 2
lignes ferroviaires principales de la compagnie privée Tōbu à dans la région de
Kantō au Japon.
En taxi (1500 ¥), c'est l'affaire d'un
petit quart d'heure à cette heure-ci. Sur un projet préparé par Armel, nous
serons sans accompagnement pendant deux jours, jusqu'à ce qu'elle et son mari
nous rejoignent mercredi, après notre retour à Tokyo.
Belle journée en
perspective. Nous aurions pu retarder notre arrivée à la gare car nous devons
attendre l'ouverture des bureaux de l'agence Tobu Top Tours où nous
devons retirer nos pass de transport (2670 ¥ valable 48 heures), pour trajet aller-retour
en train "Rapid" et bus sur
les sites UNESCO de Nikkō. Un accueil comme les étrangers ne doivent pas souvent en
rencontrer chez nous.
Nous avons la chance de nous trouver dans une petite gare où il n'est pas
possible de se perdre. Pour accéder aux quais, les Japonais présentent leur
ticket magnétique aux bornes qui ne sont pas équipées de tourniquets. Nous
sommes quelque peu embarrassés avec nos pass papier car les bornes ne réagissent
pas. Nous passons outre et un employé nous court après, vérifie nos documents
sans maugréer. Avec Armel et Shige, nous apprendrons plus tard qu'avec ce genre
de titre de transport, il faut passer au comptoir d'un bureau de contrôle.
Pour aller à Nikko, il faut embarquer dans les voitures N°5 ou 6 car à un moment
donné le train est séparé et les voitures des numéros 1 à 4 s'en vont vers Kinugawa Onsen. Pas de souci, car les employés présents sur les quais
vérifient la destination des gaijins (étrangers) que nous sommes.
C'est un train dit "Rapid", du genre de nos vieux trains de banlieue, rien à voir avec un shinkansen,
d'ailleurs il met 2 heures 10 pour parcourir 140 kilomètres (les Express mettent
20 minutes de moins).
Départ à 8H10 de ce train omnibus. Pas de soute à bagages pour nos valises
qu'il faut garder à portée de main dans les courbes ou lors des changements
d'allure afin qu'elles ne s'en aillent pas plus loin.
|
La gare d'Asakusa étant située au nord de Tokyo, nous traversons
vite la banlieue (Koshigaya) avec quelques arrêts, pour nous retrouver dans
la
campagne et les nombreuses localités desservies (entre autres Kasukabe, Koga,
Toshigi, Kanuma). Après Kasukabe, la ligne franchit la rivière Tone corsetée par
des digues pour protéger les plaines voisines des inondations. Dans la région de
Kanuma, nous pouvons voir des traces des récentes inondations qui avaient
emporté la voie ferrée par endroits, voie provisoirement réparée mais nous
passons ces secteurs à petite vitesse car les travaux se poursuivent. Malgré
cela, le conducteur tiendra l'horaire. Des zones
ravinées et des toits bâchés témoignent aussi du passage dans la région du
typhon Etau, les 8 et 9 septembre (le désastre a surtout frappé la ville de Joso,
arrosée par la rivière Kinugawa, un affluent de la Tone). Il s'en est donc
fallu de peu que notre excursion à Nikko soit remise en cause.

LA VIANDE DE BOEUF WAGYU (de Kobe ou
de Hida)
La race des bovins japonais a été
préservée sous l'influence du bouddhisme qui interdit la consommation de viande
bovine. Destiné au travail agricole, cet animal fut protégé ainsi d'éventuels
croisements avec d'autres races et l'exportation en est interdite. La race
Japanese Black, à robe noire, cette ancienne race de trait, représente 90%
du bœuf japonais.
Chaque veau japonais est nourri au lait de leur mère et à l’herbe pendant 6 à 8
mois. Il est ensuite sevré puis castré à l’âge de 10 mois lorsque c'est un mâle.
Ainsi, passé leur première année, les animaux ne pâturent plus. Moins ils
bougent, moins ils sont stressés, mieux c’est pour avoir une viande bien grasse.
Les éleveurs japonais nourrissent alors les animaux avec de la paille de riz,
des céréales et, en complément de la bière de riz, autrement dit de saké, ou des
résidus de bière. L’alcool aiderait à mieux répartir la graisse. Ils sont
abattus entre 28 et 32 mois. Mais il semble que la tradition ne soit pas
toujours respectée car certains élevages les nourrissent avec du soja américain.
La production reste faible, environ 10 000 têtes de "pure race" par an. En 2013,
sur 350 000 tonnes produites au Japon, seules 900 avaient été vendues à
l’étranger, dont 90% en Asie de l’Est. C'est une viande chère, le prix au kilo
varie entre 28 000 et 72 000 yens au Japon (comptez 10 000 yens soit 70€
pour un steak de 100g) ou environ 300€ (de 200 jusqu'à 1000€) le kilo arrivée en
France. Un met plus cher que le foie gras.
Agréable paysage champêtre et petits villages, rizières parfois moissonnées ou
avec des
gerbes encore en train de sécher. Nous apercevrons de rares paysans
récoltant leur riz à la faucille mais plus souvent des petites
moissonneuses-batteuses. Cultures maraichères (taro, choux, salades...),
vergers de kakis qui, de loin, pourraient être pris pour des mandariniers,
champs de maïs,
champs de sarrasin aux fleurs blanches... Le sarrasin, originaire de Chine
(Sichuan et Guangxi), est connu depuis plus d'un millénaire au Japon (ère Jomon)
mais son utilisation en farine pour faire les nouilles soba ne remonte
qu'aux XIIe-XIVes siècles avec l'introduction des moulins à vent depuis la
Chine.
Des deux semaines que
nous passons au Japon, ce sera la seule région où nous apercevrons des bovins
(couleur noire) maintenus en stabulation, probablement un élevage de fameux
boeufs japonais wagyu, dits boeufs de Kobe, de Hida et d'ailleurs. Dans
notre périple n'ayant aperçu que cet élevage, on se demande bien d'où peu provenir
toute la
magnifique viande de boeuf persillée que l'on voit sur les marchés et dans les
restaurants...
N'oublions pas les champs
high-tech de panneaux photovoltaïques...
Parfois un temple au coeur d'un village et souvent de petits cimetières un peu à
l'écart et parfois tombes familiales dans des parcelles.
Temples et sanctuaires de
NIKKO: Temple Rinno-ji, Sanctuaire Tosho-gu

, Mausolée Taiyuin-byo
,
Sanctuaire Futara-san
Arrivés à la gare Tobu de
Nikko à 10H20 et après s'être orientés, nous gagnons l'hôtel tout proche qui
nous a été réservé et qui se situe face à la gare de la compagnie JR (Japan
Railways), au sud-est de la petite agglomération. Il est trop tôt pour
prendre possession des chambres mais cela ne fait aucune difficulté pour laisser
nos bagages à la réception jusqu'à notre retour en soirée.
Nikkō est une ville de 90 000 habitants
mais on a peine à le croire tant la localité est tranquille. Il
est vrai que le territoire est étendu et les habitants installés dans divers
secteurs. Peu d'hôtels et restaurants, quelques guesthouses...
Munis de notre pass,
nous prenons le bus qui en
10 minutes nous rapprochera des 3 sites (103 bâtiments répartis sur 3400
hectares) classés au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO
depuis 1999, sites distants d'environ 2,5km de la gare. Arrêt au n°83.
Temple Rinno-ji

Notre première visite est
consacrée au Temple Rinnō-ji, l'un des trois sites inscrits au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO
depuis 1999.
La construction du temple a été commencée en 766
par le moine bouddhiste Shōdō Shōnin. Depuis le temple a été régulièrement
agrandi, notamment au début de l'ère Edo. En 1653, le mausolée du shogun Iemitsu
Tokugawa y a été construit.
Tarif combiné avec le Mausolée Daiyin à 900 ¥.
Mais pas de chance, l'édifice principal, le hondō construit en 1646,
est
en reconstruction totale depuis 2011. Le chantier devrait se terminer en 2019,
juste avant les JO de 2020... Il abrite trois fameux Bouddhas d'où son
surnom de Sanbutsudō (Hall des trois Bouddhas), de grandes statues en bois
laquées d'or d'Amida, Senju-Kannon ("Kannon aux mille bras") et Bato-Kannon ("Kannon
à tête de cheval"). Les trois divinités sont considérées comme des
manifestations bouddhistes de trois divinités de la montagne qui
sont consacrées au mont Futarasan ou mont Nantai.
L'édifice en reconstruction est
enveloppé sous une immense structure métallique bâchée, à l'abri de
laquelle des ouvriers s'affèrent. Le chantier doté d'un pont roulant est aménagé
de telle sorte que par des escaliers et galeries ont peu atteindre le niveau du
futur toit, au 7e étage, d'où on a une vue plongeante sur les travaux et, par
des ouvertures, sur l'extérieur. Le monument est un chantier-musée où les
statues entreposées sont visibles (mais non photographiables).
Près de ce bâtiment, se trouve un jardin paysager, le Shōyō-en. Au-delà, se
dresse un pilier de bronze, le Sorinto, près du Homotsuden (Pavillon du trésor).
Déjà
11H45. Une visite faite en une quarantaine de minutes...
Sanctuaire Tosho-gu




Moins de 400 mètres et 5
bonnes minutes nous séparent du site suivant, le sanctuaire Tōshō-gū
(tarif élevé de 1300 ¥ mais le site en vaut la peine). Nous ne
sommes pas les seuls visiteurs. On y trouve un groupe d'écoliers en uniforme et
coiffés de bob jaune poussin...
C'est l'un des trois sites inscrits au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO
depuis 1999.
Le sanctuaire fut construit en l'honneur de Tokugawa Ieyasu par son fils
Tokugawa Hidetada alors shogun, en 1617 pendant l'époque d'Edo. Plus tard, durant
le shogunat de Tokugawa Iemitsu, le temple fut agrandi.
Plusieurs édifices ou monuments remarquables sont à signaler.
- L'Ishidorī en granite est le premier torii marquant l'entrée du
sanctuaire. Il fut construit en 1618.
- Le Gojūnotō, don d'un daimyio (seigneur) est une pagode à cinq niveaux
(symbole des cinq éléments: terre, eau, feu, air et ciel) se situant à gauche de
l'entrée du parc, construite en 1648 (ou 1650), détruite par un incendie, puis
reconstruite en 1818. C'est un parfait exemple du syncrétisme religieux puisque
cet édifice bouddhique se trouve inclus dans un sanctuaire shinto.
- L'Omote-mon ou Nio-mon est une porte marquant l'entrée proprement dite du
sanctuaire gardée par deux terrifiants guerriers Nio.
- Le Shinyosha est une écurie sacrée se situant à gauche de l'omote-mon.
Cet édifice en bois brut abritait les chevaux destinés aux cérémonies. On peut
lire qu'il abriterait un cheval offert par la Nouvelle-Zélande (?). En tout cas,
ce sont ses sculptures qui intéressent, notamment celle des trois singes de la
sagesse chinoise qui, de droite à gauche, se couvrent avec leurs mains leurs yeux (Mizaru),
leur bouche (Iwazaru) et leurs oreilles (Kikazaru) pour traduire la maxime: " Ne
rien voir, ne rien entendre et ne rien dire". Cette sculpture date du début du
XVIIe siècle.
- L'Omizuya, la Fontaine Sacrée qui fait suite est un bassin couvert permettant
de se laver les mains et la bouche pour se purifier avant de rentrer dans
certaines parties du sanctuaire.
- Après un torii et une terrasse portant deux tours, celle de la cloche
(beffroi) et celle du tambour, le Yomei-mon (en travaux) est une
porte
marquant l'entrée dans le cœur du sanctuaire. Datant de 1636, c'est l'un
des plus beaux exemples de ce type avec son abondant décor de fleurs et animaux
sculptés et peints. De part et d'autre on peut admirer une clôture très
ouvragée. Au-dessus d'une porte du corridor est, on peut voir l'amusante
sculpture du" Chat endormi" (nemuri-neko) dû au même sculpteur des trois singes.
- La Kara-mon est une petite porte marquant
l'entrée dans la dernière partie du sanctuaire. Elle est parfois appelée « porte
chinoise » à cause de son style particulier notamment avec des décorations et
ornements blancs. Au-delà se trouve le sanctuaire proprement dit avec les salles
du Haiden et du Honden. Une cérémonie s'y déroule et les photos sont interdites
dans cette enceinte sacrée. Dans les sanctuaires comportant peu d'ornements et
aucune statue, le miroir circulaire rappelle que la
divinité, qui même si elle est présente, demeure invisible.
Un escalier de pierre de plus de 200 marches conduit au mausolée érigé en 1617
à la mémoire de Ieyasu Tokugawa, premier des Shogun Tokugawa. Dans le
sanctuaire, on peut voir le disque argenté symbolisant le miroir de la déesse
Amaterasu. En arrière du
sanctuaire shinto qui lui est dédié, une petite tour de bronze contenant les
cendres de Ieyasu est précédée d'une sculpture de bronze inspirée de la
tradition chinoise représentant une grue (symbole céleste de longévité et de
véhicule âmes des morts vers le Ciel) perchée sur la carapace d'une tortue (symbole terrestre de l'immortalité). Tout près de là, un énorme cèdre est marqué
de signes sacrés: shimenawa (corde en paille de riz) et shide
(serpentins de papier en zig-zag).
Il est un peu plus de 13H15 lorsque nous sortons du sanctuaire et nous
avisons de trouver où déjeuner. Redescendre à Nikko serait une grosse perte de
temps mais par chance, sur le site même, la boutique de souvenirs Kishino fait
aussi office de restaurant et fera donc notre affaire... Pour 1000 ¥, nous
avalons un sansai soba, un bol de nouilles de sarrasin (soba) avec
des "légumes de montagne" et rouleaux de yuba , rouleaux de peau de tofu
(ou de lait de soja).
Mausolée Taiyu-in-byo


Dès 14H nous avons repris
les visites. Cette fois il s'agit du site le plus à l'ouest, le Mausolée Daiyin
ou Taiyu-in-byo. Ce monument a été érigé en 1652-53 à la mémoire de Tokugawa Iemitsu, le petit-fils du fondateur du clan Tokugawa Ieyasu. Iemitsu fut le
shogun qui ferma le Japon au commerce avec les étrangers, attitude qui dura
jusqu'à Meiji.
Le sanctuaire situé au milieu d'une forêt de cèdres n'a pas les mêmes dimensions que
le Tosho-gu, où la dépouille d'Ieyasu repose, mais l'égale en beauté.
Après la porte Nio-mon aux deux guerriers, on arrive à l'Omizuya ou fontaine
sacrée.
Un escalier conduit à la Niten-mon avec ses quatre gardiens célestes du
bouddhisme: Jikoku, en bleu à l'est, Komoku en blanc à l'ouest, Bisha-mon
gardien du vent, en vert au nord et Zocho gardien du tonnerre, en rouge au sud.
Un grand escalier à angle conduit à la terrasse des tours (beffroi avec la
cloche et tambour).
Quelque marches est c'est la troisième porte, la Yasha-mon
ou Botan-mon ("Porte des Pivoines"), une porte avec quatre statues bouddhistes
de quatre démons féminins Umarokya (bleue), Kendara (blanche),
Abastumara (verte) et
Bidara (rouge).
Encore quelques marches devant la Kara-mon marquant l'entrée dans la
dernière partie du sanctuaire dit avec les salles du Haiden et du Honden,
salle de prière fermée au public.
Sur le côté droit du Honden on peut voir la porte Koka-mon donnant sur un chemin qui
mène jusqu'au Okunoin qui abrite la tombe de Iemitsu Tokugawa mais n'est ouverte
qu'en de très rares occasions.
Pendant que nous
redescendons, nous voyons des femmes accroupies en train d'enlever des
brindilles d'herbe aux ciseaux.
Petit mais bien pénible boulot...
Sanctuaire Futara-san

Il est un peu
plus de 14H30 lorsque nous arrivons au sanctuaire Futara-san jinja ("Corps Sacré"), proche du précédent,
c'est l'un des trois sites inscrits au Patrimoine
Mondial de l'UNESCO
depuis 1999.
Fondé en 782 par le moine bouddhiste Shodo Shonin, ce sanctuaire est
dédié à trois divinités principales Ōkuninushi, Takiribime et Ajisukitakahikone,
chacune d'elles correspond à une montagne respectivement le mont Nantai (mâle),
mont Nyotai ou Nyohōsan (femelle) et mont Tarōyama (leur enfant) qui dominent
la vallée.
Sanctuaire très particulier car on peut le décomposer en quatre parties
distantes les unes des autres. Ici, le sanctuaire principal où l'on vénère Ōkuninushi, dieu du mariage et de la chance..
Deux autres sanctuaires existent, l'un au Lac Chuzen-ji
et l'autre au Mont Nantai, enfin n'oublions pas le Pont sacré Shinkyo.
Un nombre impressionnant de barils de saké (sakadaru ou
kazaridaru) ont
été offerts au sanctuaire.
Le sanctuaire semble un peu désordonné et fait un peu ambiance "Kermesse" ou "Foire du Trône". En
passant trois fois dans un grand anneau de chaume en effectuant un parcours en
forme de huit, on efface ses fautes des six derniers mois, à condition de tenir
une poupée qui en sera chargée (la pauvre). Un peu plus
loin, on trouve une sorte de jeu consistant à mettre trois anneaux de corde
autour de trois des cinq quilles de couleur pour avoir de la chance en amour,
amitié, santé et argent...
A une fontaine, on peut aussi laver son argent...
Le honden construit en 1619 fut installé ici en 1645.
Il est un peu plus de 15H
lorsque nous quittons le Futara-san pour redescendre tranquillement vers la
ville. Nous sommes à plus de 2,5 kilomètres du quartier des gares. Nous
repassons au temple Rinno-ji où nous avons la (demi) surprise de retrouver nos
collègues Fabien(s) et leurs amis japonais. Ils ne visitent que ce site avant de
se rendre dans un hôtel, plus haut, vers Chuzen-ji...
Par le pittoresque chemin Nagasaka, nous continuons notre descente jusqu'au
petit sanctuaire qui fait face au Pont Sacré.

Shinkyo, le Pont sacré
Le Shinkyō
("pont sacré"
parfois aussi appelé Yamasugeno-jabashi "Pont des serpents")
fait aussi partie du sanctuaire précédent, il enjambe la rivière Daiya, à
l'endroit où, selon la légende, Shodo Shonin voulant se rendre au Mont Nantai avec ses disciples
le traversa sur le dos de deux énormes serpents.
Il s'agit d'un pont en bois laqué qui daterait de l'époque de Muromachi (1336 -
1573). Il fut rénové en 1636 dans sa forme actuelle et pour l'usage
exclusif du Shogun et des messagers impériaux. En 1902, une partie du pont a été
emportée par une crue du de la rivière Daiya et fut complètement restauré
en 1904 (ou 1907). Son accès a été ouvert au grand public depuis 1973, moyennant
300 ¥ quand même...
Pour y accéder et obtenir un ticket d'entrée, il faut passer le pont moderne
construit en parallèle, à 30 mètres de là.
Le Shinkyo mesure 28 mètres de long, 7,40 mètres de large et passe à 10,60
mètres au-dessus de la rivière Daiya. Il est considéré comme l'un des trois plus
beaux ponts du Japon.
Après cela, puisque nous
retrouvons l'itinéraire des bus nous le prenons à l'arrêt n°7 puisqu'il nous
reste encore 1,5 kilomètre pour arriver aux gares.
Sur la place de la gare Tobu, petit coup d'oeil
aux boutiques et nous laissons tenter par des petits gâteaux ressemblant à des
petites brioches blanches cuites à la vapeur. Ce serait des daifuku, ce qui signifie "grande
chance", à moins qu'il s'agisse de manju... C'est une confiserie japonaise composée de pâte de riz fourrée d'une pâte de haricots rouges azuki
sucrés.
17H30, la nuit tombe et nous
allons prendre possession de nos chambres au Nikko Station Hotel Classic
4* (16 000 ¥ la nuitée avec le petit-déjeuner). Un hôtel moderne, récent, très confortable et aux chambres
spacieuses puisque l'on a aucun problème pour y tenir 2 valises ouvertes sans
devoir faire des acrobaties pour se déplacer.
Le
dîner à l'hôtel nous semblant trop cher (5 000 ¥), nous partons
dans la petite ville à la recherche d'un restaurant vers 18H30. Trop tard !
Il fait complètement nuit,
pratiquement aucune lumière aux fenêtres car les volets sont clos. Les
boutiques sont fermées et les restaurants aussi, sauf un, Asian Grill où nous entrons.
L'établissement est sombre, pas très net et désert hormis le patron prosterné
sur un tapis et en train de faire la prière Icha, la prière islamique du soir.
On peut supposer qu'il s'agit d'un Pakistanais. Nous regrettons de ne pas avoir
acheté un peu plus tôt quelques denrées dans la supérette voisine.
Maintenant nous n'avons guère d'autre solution ni de choix puisque les belles
tranches de boeuf persillé que l'on voit sur le menu ne sont pas disponibles.
Notre choix étant des plus limité, nous optons pour des menus morceaux de boeuf
ou de poulet sautés et accompagnés de riz. La viande déjà hachée et enveloppée
d'une feuille de plastique est sortie d'un
congélateur avant d'être poêlée.
A un moment donné du repas, je tombe sur une bouchée
coriace que je finis par recracher. Surprise, il s'agit de la feuille de
plastique qui enveloppait la viande hachée et qui était passée à la poêle avec
son contenu.
Après le voyage, en regardant les appréciations sur TripAdvisor, on se rend
compte que bien des convives ont eu, eux aussi, une mauvaise appréciation de l'endroit.
Donc un conseil, pour dîner dans un restaurant à Nikko, il faut impérativement
s'y prendre à 18H, au plus tard. L'endroit est touristique mais ne compte p as
tant que çà de séjours. Certains touristes ne viennent qu'à la journée ou s'en
vont loger à Chūzen-ji
où nous devons aller demain.
Après un tel repas, on pouvait s'attendre à passer une mauvaise nuit et à se
gâcher la journée suivante. Que nenni!
Les inquiétudes liées au
dîner de la veille sont dissipées. La nuit fut excellente dans cet hôtel
confortable et tranquille. Petit-déjeuner buffet d'une extrême variété dans les
trois gammes: continental, american breakfast et asiatique.
Après avoir laisser nos
bagages aux bons soins de la réception de l'hôtel, départ de l'hôtel tôt, à 8H,
avec en perspective une longue et belle journée. Il fait beau, il fait un
peu frais encore (12°).
Mais là, seconde erreur de
notre passage à Nikko. Pour se rendre au Lac Chūzen-ji,
il faut acheter le ticket (2 000 ¥ pour l'aller-retour) dans la boutique
de la gare Tobu (pas de vente dans le bus). Donc si l'on veut partir avant 9H
(le premier bus part dès 6H12), il faut prendre la précaution d'acheter le
ticket la veille car le bureau n'ouvre qu'à 9H.
Nous laissons donc partir le bus de 8H32 et devrons attendre bêtement une heure
de plus.
Le bus N°3 tant attendu est
à l'heure. Nous quittons la ville en passant au pied des sites visités la
veille, d'une église et de quelques entreprises et quartiers résidentiels. Puis
nous abordons une route de montagne. A une fourche, elle devient à sens unique.

A
Akechidaira, arrêt n°23, nous descendons pour prendre le téléphérique (730 ¥
pour l'aller-retour) conduisant au belvédère situé à 1172 mètres d'altitude,
d'où l'on a une vue superbe sur les chutes Kegon comptées parmi les trois plus
importantes chutes du Japon. Elles sont issues de la rivière Daiyagawa qui
plonge de 97 mètres peu après sa sortie du lac Chūzen-ji (Chuzenji-ko)que
l'on voit en arrière plan, avec sur sa droite le Mont Nantai. Tout à fait au
pied des chutes, on peut voir les terrasses d'observations accessibles depuis le
lac.
De l'autre côté la vue s'étend vers la vallée et vers Nikko.

Une demi-heure plus tard nous reprenons le bus au niveau de la station basse du
téléphérique.
A l'arrêt suivant, n°24,
nous sommes à Chūzen-ji
Onsen, à la sortie du lac, à 1230 mètres d'altitude, au coeur du parc national
de Nikkō. Le lac est alimenté par le torrent Yukawa.
Le Mont Nantai se dresse sur
la droite, haut de 2826 mètres. Nous commençons nos visites en lui tournant le dos en part, sur la
rive est du lac.
Nous allons
visiter le Temple Chuzen-ji distant d'un peu plus
d'un kilomètre. Nous passons bientôt près des villas d'été des ambassades de
France et de Belgique.
Le temple a été fondé en 784
par Shodo-shonin au pied du mont Nantai, et plus tard déplacé en ce lieu sacré
de Utaga-hama (en face du lac Chuzenji). Il fait partie du circuit de pèlerinage
du Bandō (ancien nom du Kanto) Sanjūsankasho comprenant 33 temples dédiés
à Kannon. Ce circuit n'est que l'un des soixante-dix circuits de pèlerinage
consacrés à Kannon existants au Japon depuis le XIIe siècle et qui comprennent tous 33
temples. Shodo-shonin, le fondateur du temple, après avoir vu
l'image de Kannon sur le lac Chuzenji, aurait sculpté une superbe statue de six
mètres de haut dans un arbre de Judée (Cercis siliquastrum) entier d'où
le nom de la statue Tachiki Kannon, "Kannon-arbre debout".
|
Après achat du ticket
(500 ¥), nous voici devant la Nio-mon, la porte principale avec ses gardiens
dans leurs niches grillagées.. La porte passée, sur la droite se dresse, le Shoro, la tour de la cloche ou beffroi. Ici on peut y monter et arriver à la
cloche recouverte de petits papiers collés.
A noter que dans les pavillons que nous visitons ensuite, les photos sont interdites.
Revenus sur l'allée, nous gagnons le pavillon Aizen-do où l'on vénère
Aizen
Myōō sous la forme irritée de Maha Vairocana du bouddhisme
tibétain. Malgré son apparence féroce, avec
son troisième œil vertical entre ses deux autres yeux, c'est le dieu
japonais de l'amour, adoré par les prostituées, les chanteurs et les musiciens.
Le pavillon suivant, le Hondo, est dédié à Kannon, bodhisattva
de la compassion aux onze visages et mille bras. Les deux assistants qui
l'encadrent ne mesurent que deux mètres de haut.
Nous passons ensuite dans le
pavillon du Godai-do, dédié à 5 déités bouddhistes (Fudo, Kosanze,
Gundari, Daiitoku et Kongoyasha-myōō) qui seraient jadis apparues en rêve à Shodo-shonin.
Leurs statues sont au fond du choeur tandis que le plafond du hall réservé aux
fidèles est orné d'un grand dragon peint. D'ici, on a une vue superbe sur le
lace et ses abords boisés qui prennent de jolies couleurs d'automne car il fait
plus frais en altitude, ce qui avance un peu la saison.
Après trois quarts d'heure de visite, nous quittons le temple en passant devant
la Fontaine sacrée (Kongosui-mizuya) et divers petits autels et sanctuaires
car le syncrétisme est présent ici tout comme il l'est dans l'autre sens, dans
les sanctuaires shinto .
De petites statues de pierre portent étrangement un bonnet rouge et une sorte de
bavoir également rouge. Elles représentent Jizô, aussi appelé Ôjizô-sama,
le gardien des enfants morts avant leurs parents. Selon la croyance Shinto, ces
enfants morts ne peuvent pas traverser la rivière Sanzu, n’ayant pas accompli
suffisamment de bonnes actions et ayant fait souffrir leurs parents en décédant
avant eux. Ôjizô-sama les protège alors de leur punition qui serait
d’empiler des pierres sur les bords de la rivière en les cachant sous sa robe.
Tout près de là, un énorme arbre est marqué de signes sacrés, des
serpentins de papier en zig-zag ou shide .
Il est midi et
nous
déjeunons près de là, dans un restaurant au nom étrange de Katsura (ou かつら)
signifiant "Perruque", spécialisé dans les nouilles de sarrasin
(soba)
faites à la main, après mise en bouche de petits légumes vinaigrés. Autre
option: le tonkatsu (porc pané frit) accompagné d'oeufs brouillés. Repas bon et économique pour 1000 ¥, avec une superbe vue
depuis la table-comptoir donnant directement sur le lac. Les seuls sont autres
convives sont des locaux.

12H45, nous retournons vers
notre point où le bus nous a déposés en cours de matinée. Il fait très beau temps bien qu'en raison
de l'altitude la température n'est que d'environ 13°. Nous allons au-delà de
l'arrêt N°24 afin de voir
les chutes Kegon
de plus près. Elles sont
partiellement visibles d'en haut mais pour descendre aux terrasses construites à
leur pied, il faut utiliser un ascenseur qui vous descend en quelques instants
100 mètres plus bas (550 ¥, aller/retour). Superbes vues depuis les
terrasses-belvédères.
Nous manquons évidemment de temps pour
nous rendre sur la rive nord jusqu'au sanctuaire Futarasan Chugushi fondé à la
fin du 8e siècle, pourtant à un quart de marche seulement. Un chemin, ouvert du
5 mai au 25 octobre, permet d'accéder au sommet du mont Nantai en 3 à 4
heures...

En effet, nous souhaitons prendre le bus N°2 de 14H10 qui passe à l'arrêt N°43
tout proche. Comme nous avons encore une bonne demi-heure, nous en profitons
pour aller prendre un bon café italien, payable en Euros (3,80€). Sur la partie
la plus montagneuse, la route est à sens unique et ne repasse donc pas à Akechidaira, jusqu'au moment où elle rejoint la route de montée.
Nous sommes devant la gare
Tobu à 14H50. Il faut maintenant aller récupérer nos bagages à la réception de
l'hôtel.
Départ du train pour
Tokyo-Asakusa à 15H25. Nous retrouvons le paysage vu la veille, à la différence
près des couleurs qui prennent bientôt des teintes dorées à l'approche du
crépuscule. Il fait bien nuit à Tokyo où nous arrivons à 18H05.
Nous sommes à un kilomètre de l'hôtel Keihan Asakusa qu'Armel nous a réservé.
Nous sommes tout de suite sur des arcades commerciales perpendiculaires à la Nakamise-dori qui mène au temple Senso-ji visité il y a quelques jours.
Arcades
très tranquilles, la plupart des boutiques sont fermées car les touristes sont
partis. C'est très commode pour faire rouler nos valises pendant un petit quart
d'heure. C'est aussi l'occasion de voir des SDF sur le trottoir ainsi que
quelques vieux emballages qui traînent...

Il est 19H30 et pour
dîner,
nous sommes un peu ennuyés de voir des restaurants déjà bondés du côté des
arcades d'Asakusa, y compris en terrasses et il y a un peu trop de touristes à notre
goût. Nous finissons par dénicher le restaurant idéal, dans une petite rue
tranquille, un minuscule établissement tenu par une seule personne et ne
recevant sans doute guère plus d'une douzaine de convives. Cerise sur le gâteau,
le restaurant Asakusa Ginshachi est spécialisé dans les poissons grillés. Après nous, il ne reste
qu'une petite table pour deux couverts... Avec la soupe miso et le plat de
poisson (la carte est riche en choix) accompagné de riz, la moyenne de prix pour
trois est de 1100 ¥, ce à quoi nous ajoutons une bouteille d'un excellent vin
blanc à 550 ¥. Les seuls sont autres convives sont des locaux, des hommes
d'affaires ou employés dont une femme. S'ils arrosent leur repas de saké, cela
reste sans doute dans des proportions raisonnables car ils restent très
discrets, ce qui n'a pas toujours été le cas lors de certains dîners les jours
précédents.
A 20H30, par les arcades
nous regagnons l'hôtel distant d'un demi-kilomètre. Elles sont pratiquement
désertes et on a la surprise d'y voir trois sumos se chamaillant comme des
gamins.
Bonne nuit dans le
très
confortable Hotel Keihan Asakusa 3* (tout à fait méritée). Nous aurons le temps
de récupérer car le rendez-vous avec Armel et son mari est fixé au lendemain en
milieu de matinée.