RELIGIONS
En 2005, selon l'Agence pour les affaires culturelles du Ministère de
l'éducation, la culture, des sports, des sciences et des technologies japonais,
on comptabilisait :
- 107 millions de shintoïstes (84 % de la population) ;
- 91 millions de bouddhistes (71 % de la population) ;
- près de 3 millions de chrétiens (2 % de la population) ;
- 10 millions de Japonais pratiquant d'autres religions (8 % de la population).
Il existe de nombreuses religions au Japon mais les deux principales sont le
shintoïsme et le bouddhisme. Ces deux religions peuvent s'exprimer
simultanément sous la forme d'un syncrétisme ancien appelé shinbutsu shūgō.
La plupart des Japonais ont une vision neutre de la religion et en pratiquent
plusieurs dans leur vie. Une même personne peut aller prier au sanctuaire
shinto au nouvel an pour une bonne année et avant les examens d'entrée à l'école
pour implorer son succès, puis plus tard avoir un mariage à l'occidental dans
une église plutôt qu'un mariage shinto, et enfin des funérailles dans un temple
bouddhiste. D'ailleurs n'a-t-on pas coutume de dire: "Le Japonais naît et se
marie shinto, vit confucianiste et meurt bouddhiste" ?
LE SHINTOÏSME
Le shintoïsme ou shinto ("la voie des dieux") est né au Japon d’un
mélange entre animisme, chamanisme, et culte des ancêtres. Parfois il est
qualifié de "version japonaise du taoïsme chinois". Avec la culture Yayoi, au
début de l'ère chrétienne (entre 300 av. J.-C. et 300 ap. J.-C.), commence
à apparaître une iconographie shintoïste nettement marquée. L'introduction de
la culture du riz semble avoir apporté avec elle des rites liés aux semailles et
à la moisson. Peu à peu, tous ces cultes de la fertilité, ces vénérations de
la nature, parfois capricieuse, se sont mêlés et les dieux, les kami vénérés par les
ancêtres de la famille impériale sont devenus prééminents par rapport à ceux
d'autres tribus.
Au sommet du panthéon shinto figure Amaterasu, la déesse du Soleil. Le
mythe dit que la déesse sortant d'une caverne où elle s'était cachée fut
éblouie par un miroir qui lui renvoya sa lumière. Amaterasu aurait introduit la
riziculture, la culture du blé et les vers à soie (en réalité "empruntés" à la
Chine quelques siècles avant l'ère chrétienne). Selon cette religion, tous les
empereurs japonais l'auraient comme ancêtre. Amaterasu
figure sur le drapeau japonais sous l'apparence du disque solaire.
Avec la refonte de la Constitution en 1868, sous l'ère Meiji, le shinto
devint une religion d'État: le Kokka shinto, mettant l’accent sur le
patriotisme et l’obéissance à l’empereur en tant que descendant direct de la
déesse du soleil Amaterasu. En 1945 le shinto d'État fut alors démembré, mettant
un terme au principe de la religion officielle au Japon.
On dénombre environ 80 000 sanctuaires (jinja) shinto
dans le pays.
Les sanctuaires sont généralement entourés d'une clôture de pierre ou de
bois appelée tamagaki et son approche est appelée sandō. Les
entrées sont symbolisées par des portes appelé torii. L'enceinte d'un
sanctuaire regroupe plusieurs bâtiments. Parmi eux, le haiden, oratoire
ou salle de culte, accessible aux profanes, où il peut y avoir des sièges
pour les fidèles. Il est souvent relié au sanctuaire proprement dit situé à
l'arrière, le honden où
sont consacrés les kami, par un heiden, ou salle d'offrandes. Le honden, habituellement beaucoup plus
petit et sans ornements, est le bâtiment qui contient le shintai,
littéralement, "le corps sacré du kami" et normalement fermé au
public. Autre édifice à noter, le
temizuya, la fontaine où les visiteurs se lavent les mains et la bouche.
Dans tous les sanctuaires on peut voir des miroirs (verre argenté, parfois
en bronze argenté ou en argent poli) symbolisant Amaterasu. Le miroir est tourné vers
le public tandis que la divinité reste invisible.
Pour une sorte de "baptême", les enfants sont présentés au sanctuaire shinto à
l'âge de 3 ans pour les filles et de 5 ans pour les garçons.
LE BOUDDHISME
Vers les Ve-VIe siècles, on assiste à l'introduction du bouddhisme
(originaire de l’Inde) et du confucianisme (originaire de Chine) depuis la
Chine et la Corée.
En 592, après des luttes d'influence avec le shinto, le bouddhisme fut
déclaré religion d'État. Le bouddhisme s'est introduit par le haut, dans les
classes sociales dominantes, avant d'atteindre le peuple, car ses enseignements
étaient relativement difficile. Au VIIIe siècle, le bouddhisme devient la
principale religion du Japon.
L'unité de tradition entre le bouddhisme et le shintoïsme a été initiée par
le maître Kūkai (774-835) qui expliqua qu'il n'existait aucune différence
essentielle entre les deux croyances ou entre kamis et bodhisattvas, ce qui
donna un mélange syncrétique des deux systèmes appelé Ryōbu shintō.
A la fin du XIIe siècle le bouddhisme Zen est adopté par la classe des
samourai favorisant la pratique quotidienne, au lieu des rituels
cérémonieux, et recherchant la paix intérieure par la méditation.
Jusqu'à l'interdiction du mélange des kami et des Bouddhas en 1868, un
sanctuaire shinto était également un temple bouddhiste et réciproquement.
A noter que l'on désigne souvent et abusivement les
moines japonais sous le terme de "bonzes" (il est vrai mot issu du japonais
bozu signifiant "maître de temple")utôt usité en Asie du sud-est.
LE CONFUCIANISME
Le confucianisme est une
philosophie et un code social et non pas une religion.
Arrivé au Japon en même temps que le bouddhisme, aux Ve-VIe siècles, le confucianisme trouve son expression dans la
Constitution des dix-sept articles, le premier code de loi écrit du Japon en
604.
La finalité du
confucianisme est la noblesse spirituelle, dont le concept central est
ren, la bienveillance, qui se base sur li, la moralité.
C'est un bon outil politique pour les gouvernants, permettant la constitution
de barrières hermétiques entre les divers groupes sociaux. Instituant un ordre
hiérarchique très marqué, une classification verticale très poussée des couches
de la société, il érige en tant que dogme l'obéissance aux puissants
À partir du IXe siècle, le néo-confucianisme se diffuse en Corée, au Vietnam et
au Japon. Il affirme la prééminence des vertus confucéennes (humanité ren,
droiture yi, correction li, sagesse zhi, fidélité xin,
sincérité cheng), et la conformité de l’ordre social.
Le confucianisme japonais se révéla, en effet, un défenseur beaucoup plus
enthousiaste du régime en place que ne le fut le confucianisme. Au cours de
la période Tokugawa, il joua le rôle d'une idéologie reconnaissant la légitimité
du régime militaire des bakufu en ce qu'il était approuvé par l'empereur.
Tokugawa exigea que tout le monde s’inscrive au temple local, connu comme le
danka seido, qui associait chaque demeure à un temple. De plus, on trouve
plusieurs aspects du confucianisme dans le bushido, le code des
samouraïs. Au cours de l'ère Meiji, son rôle
fut de justifier ce que l'on appelle le "régime impérial" (tennösei).
De nos jours,
le confucianisme exerce encore une influence latente (respect des
ancêtres, piété filiale, obéissance aux aînés, patriarcat, etc.).
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