KHIVA, Itchan Kala
la vieille ville

 


 


A PROPOS DE RELIGION(s)
l'Islam sur fond de Zoroastrisme.

 



Eléments sur l'ISLAM

UN HOMME, MAHOMET

Le fondateur, l'inspirateur est Mahomet (Mohamed, Mohammed, Muhammad, Mehmet, Mohand... du fait des variations possibles des transcriptions en alphabet latin puisque le lecteur doit connaître la structure de la langue arabe pour restituer les voyelles) qui vécut de 570 à 632 dans la péninsule arabique.
Dans la continuité monothéiste de la Bible la révélation divine qu'il reçut de l'archange Gabriel en 610, amena Mahomet à prêcher à La Mecque, sa ville natale où l'on continuait de vénérer des idoles dans la Ka‘ba. L'hostilité de la population le conduisit à s'installer à Médine ("l'hégire" en 622 devenu An 0 du calendrier musulman) où il fut bien accueilli et divers pouvoirs lui furent confiés. Il engagea et remporta une guerre contre La Mecque (630). Avec le ralliement d'autres tribus se forma ainsi un Etat arabe dont Mahomet fut brièvement le chef temporel.


UNE DOCTRINE, L'ISLAM

Venu après le judaïsme et le christianisme, l'islam se réfère au Dieu d'Abraham qui s'est révélé aux hommes par ses prophètes, Moïse, Jésus et Mahomet. Cette dernière révélation venant clore les temps prophétiques.

En un peu plus d'un siècle, l'islam s'est répandu au fur et à mesure des fulgurantes conquêtes arabes dans tout le Proche-Orient, autour de la Méditerranée, jusqu'au Maroc et même à l'Espagne (jusqu'à la fin du XVe s) à l'ouest mais aussi jusqu'à la péninsule Indienne à l'est. Il s'est diffusé encore plus loin, ponctuellement, à la faveur de migrations (Indonésie, Asie du sud-est, Chine...).
On compte aujourd'hui plus d'un milliard de fidèles à l'Islam, répartis sur les 5 continents.
Les Chiites forment une importante minorité de 200 millions de fidèles (un tiers en Iran, un autre tiers réparti entre Pakistan et Inde).


Le Coran et la Sunna


L'Islam repose sur le Coran, texte sacré contenant les révélations divines transmises par l'ange Gabriel à Mahomet, le prophète (en 610).
Il prône la foi en un Dieu unique, créateur et juge de la vie des hommes qu'il sanctionne par l'accès au jardin (paradis) ou par une sorte d'enfer mais différent de celui des Chrétiens car la géhenne n'y est pas éternelle.

La Sunna est une autre source essentielle de la foi aux yeux de beaucoup de musulmans. Il s'agit de recueils montrant l'exemplarité du prophète, les hadiths dont le contenu a été fixé par la tradition au IXe s.


Notions éparses sur le dogme et les institutions


A la base, l'islam est une religion sans clergé, où il n'y a pas de prêtre entre Dieu et l'homme. Le musulman est tout simplement "celui qui se soumet à Dieu".
Dans l'Islam, il n'y a pas de Démon mais un ange qui pousse aux mauvaises actions face à l'ange gardien qui incite aux bonnes actions. Le bilan de la vie écrit sur le livre est examiné par Dieu le jour du Jugement Dernier avec l'intercession de Mahomet. Les Mauvais iront en Enfer qui est plutôt un Purgatoire où après un séjour variable ils rejoindront les Bons au Paradis...


Outre la foi, l'absence de corruption et la charité sont des qualités fondamentales des croyants selon cette religion.
Même si le statut de la femme fut revalorisé par la nouvelle religion (interdit de l'infanticide des filles, fidélité des époux, droit à une demi-part d'héritage, polygamie limitée à quatre épouses), il apparaît aujourd'hui bien en retrait des concepts occidentaux.

Mais l'idéal islamique dépasse la seule sphère privée dans la mesure où il vise à l'établissement de "la Loi de Dieu sur Terre". Cette vision théocratique vient donc en opposition aux courants modernistes venant d'Occident et prônant la démocratie. Pourtant certains pays où l'islam est très présent ont institué des Etats laïcs comme l'Ouzbékistan (en premier la Turquie). Ailleurs, à des degrés divers, la Loi Islamique, la Sharia, sert de référence religieuse, morale et juridique. Evidemment, elle s'appuie sur le Coran et la Sunna mais aussi sur l'interprétation par raisonnement analogique de théologiens et juristes de l'islam et enfin sur le consensus de la communauté, lesquels peuvent être sujets à controverses.

Cinq écoles de la loi existent territorialement, quatre sunnites (Inde-Turquie, Afrique du Nord, Asie du sud-est et Arabie) et une chiite (Iran).
Le chiisme, outre ses divergences à propos des premiers califes (cas de Ali évoqué un peu plus loin), se distingue sur le plan du culte en reconnaissant des "saints" et en disposant d'un clergé structuré. Sa pratique se différencie également du sunnisme par l'utilisation d'images, les processions, le culte de Marie, au pouvoir intercesseur des prières et à l'idée de rédemption. En cela, on pourrait dire qu'il partage des caractéristiques avec le catholicisme.
Chez les sunnites, le courant salafiste prônant un retour à la pureté des origines est une forme d'intégrisme qu'il ne faut pas systématiquement assimiler à l'intégrisme violent que connaît notre époque.
Les sunnites revendiquent 85% des musulmans contre 15% pour les chiites (surtout présents en Iran, Irak et Liban).

Pratiquement tous les musulmans ouzbeks sont des Sunnites, adeptes d'un islam très modéré, l'Ouzbékistan étant un Etat laïc (cf .ci-dessous l'encart sur le Zoroastrisme).

A cela s'ajoute des courants que l'on pourrait dire marginaux voire sectaires tels que les confréries soufies, un courant mystique engageant le corps. Ou encore les Chiites alevis de Turquie, les plus hétérodoxes des musulmans.


La pratique


Les 5 piliers de la foi islamique sont

  • la profession de foi en Dieu et en son prophète Mahomet,

  • les cinq prières quotidiennes: aube (as-soubh ou al-fajr), début d'après-midi (adh-dhouhr ), milieu de l'après-midi (al-'asr), crépuscule (al-maghrib) et la nuit (al-'icha, avant le coucher) mais trois seulement pour les Chiites, dites en direction de La Mecque et selon un rituel (enchaînement de postures diverses: debout, génuflexion, prosternations, assis accompagnant la récitation de textes du Coran). Le vendredi, ces prières peuvent être dite dans une mosquée où elles sont complétées par le prêche d'un imam (chef estimé de la communauté et instruit dans les choses de la religion). Après le Ramadan (9ème mois du calendrier lunaire islamique commémorant la première révélation reçue par Mahomet) ou lors du pèlerinage à La Mecque, d'autres prières et dévotions s'ajoutent.

  • l'aumône, à l'origine un véritable impôt, est devenue un acte de charité volontaire

  • le jeûne et l'abstinence (privation de nourritures, boissons et relations sexuelles) pendant le mois du Ramadan, de l'aube au crépuscule. En cas d'empêchement, cette obligation peut être différée.

  • enfin, le pèlerinage à La Mecque où le croyant est tenu d'effectuer un certain nombre de rites.

"Les Occidentaux" retiennent surtout de l'islam un certains nombres d'interdits qui les étonnent voire les choquent en fonction de leur culture libérale, égalitaire et de plus en plus athée. Interdiction de consommer de la viande de porc ou de l'alcool (mot d'origine arabe !), de représenter Dieu et le Prophète. Obligation faite aux femmes de ne sortir qu'accompagnées d'un homme de leur famille, de cacher leurs cheveux voire leur visage...


POUVOIR TEMPOREL, LES CALIFATS

Les premiers califes (632-661)

Les successeurs de Mahomet, dirigeants à la fois laïques et religieux en leur qualité de chefs suprêmes de la communauté musulmane, avaient le titre de califes et exerçaient leur pouvoir depuis l'Arabie.

L'unité dura seulement 24 ans, le temps des quatre premiers califats ("successeur" en arabe). En l'absence de directives, les chefs de tribus choisirent une personne apparentée au prophète: son beau-père. Il désigna un membre influent pour lui succéder. Puis ce fut au tour d'un gendre de Mahomet (mari de Fâtima, sa quatrième fille) mais voulant intervenir sur la doctrine, il fut assassiné par des troupes hostiles. Un cousin et gendre du prophète, Ali, fut désigné à son tour (quatrième calife) mais fut aussitôt contesté par Mu'awiya, un parent du précédent calife assassiné. Après affrontements et tentatives de conciliation, il fut assassiné par ses propres adeptes opposés à ses atermoiements. Ses fils Hassan et Hussein (petits-fils de Mahomet) furent assassinés en 669 et 680. Il en fut de même pour les 8 imams qui suivirent. C'est à ces derniers que le chiisme se rattache.


Les Omeyades (661-750)

Ce sont des sunnites installés à Damas. Au temps de ces califes issus d'une tribu nomade, l'expansion de l'islam fut fulgurante, grâce à la mobilisation de troupes indigènes (notamment les Berbères). Pourtant, sur le plan intérieur, les sunnites eurent à faire face à plusieurs révoltes des chiites. Le califat devint héréditaire.


Des Abbassides puissants et contestés (750-1258)

Les chiites réussirent enfin à coaliser les diverses oppositions aux Omeyades qui furent renversés. Mais le dogme resta aux mains des sunnites sous l'autorité d'un oncle du prophète qui fonda le plus long des califats, celui des Abbassides (du nom de Abu al-Abbas) qui devait durer cinq siècles et dont le centre était à Bagdad. Ce fut la période où l'islam connut son apogée sur le plan économique et culturel.

3 califats concurrents...
A la faveur du déclin des Abbassides et en raison de la grande étendue des terres islamisées, deux autres califats virent le jour parallèlement dans l'ouest de la Méditerranée et durèrent environ deux siècles.
L'un chiite, en Tunisie, en 909. Ce califat est dit Fatimide (de Fatima, la fille du prophète et épouse d'Ali). Ce califat rayonnait sur l'Afrique du Nord. Les Fatimides furent vaincus par Saladin, sultan d'Egypte, en 1171.
L'autre en Espagne, en 929. Ce califat sunnite fut institué par un descendant des Omeyades qui avaient fui en 755 le massacre perpétué par les Abbassides. La capitale en était Cordoue. En 1031, il éclata en plusieurs petits états.


Le pouvoir des califes Abbassides de Bagdad s'affaiblissant au fur et à mesure du développement d'une administration, il s'écroula sous la poussée des Turco-Mongols (prise de Bagdad et exécution du calife en 1258) convertis à l'islam sunnite au cours de leur longue migration vers l'Ouest.

Cependant des Abbassides réussirent à s'enfuir au Caire où ils n'eurent qu'un pouvoir des plus réduits, sans aucun pouvoir politique, sous le règne des sultans mamelouks.


Les Ottomans (1516-1924)


Le titre de calife fut par la suite pris par les sultans ottomans (les Ottomans sont des peuples asiatiques arrivés tardivement au Moyen-Orient) installés à Istanbul (ancienne Constantinople), évidemment sans que les règles originelles de liens de parenté avec le prophète n'entrent en ligne de compte. Ceci fut rendu possible par leur prise de contrôle des pays islamisés, y compris l'Arabie, et par le prestige ou une forme de légitimité, liés à la prise de Constantinople intervenue en 1453.

Après la Première Guerre Mondiale qui favorisa l'avènement de la jeune république laïque turque, le califat n'avait évidemment plus sa place en Turquie.


Le congrès musulman du Caire en 1926 ne permit pas de réinstaurer un nouveau califat. Certains auraient bien vu les fondamentalistes sunnites wahhabites d'Arabie Saoudite en prendre la tête, ce d'autant que cette mouvance riche de ses pétro-dollars est à l'origine d'une certaine propagation de l'islam (formation d'imams, financement de mosquées...) depuis quelques décennies.


SYMBOLES

Le croissant et l'étoile formaient le symbole de l'Empire Byzantin qui fut repris par l'Empire Ottoman après la chute de Byzance en 1453. Ce symbole qui était apparu bien avant en Egypte et en Mésopotamie était donc connu des tribus turques lors de leur migration à travers l'Asie. Il a été adopté par les paix islamiques bien après l'apparition de l'Islam.
La couleur verte est par contre vraiment associée à l'Islam car pour les peuples des déserts d'Arabie, elle évoque l'oasis, le jardin et pour les Musulmans, le Paradis. C'était la couleur préférée de Mahomet et elle fut celle des étendards des conquérants musulmans.
Quelques mots sur le Misbaha, le chapelet musulman, généralement formé de 99 grains évoquant les 99 noms d'Allah et qui est aussi une sorte de passe-temps.


5 prières
de l'Islam
Salat
en arabe
Namaz
en turc
Aube
Aurore
fajr
duhan
imsak
sabah (günes)
Midi dhur ögle
Après-midi asr ikindi
Soir maghrib aksam
Nuit isha'a yatsi

 
 

QUELQUES MOTS SUR L'ISLAM OUZBEK

En Ouzbékistan, les Arabes, arrivés en l’an 712, apportèrent avec eux leur religion, l’Islam sunnite. Ce qui explique qu'aujourd'hui que 90% de la population soit de confession musulmane m^me si seulement 20% se déclarent pratiquants.
Remplaçant l’ancien Zoroastrisme sans complètement en faire disparaître certaines traces, l’Islam ouzbèk est empreint de  tolérance car marqué par le Soufisme (un courant mystique reposant sur l'intériorisation) parvenu en Ouzbékistan vers les VIIIe-IX siècles. Ses différentes étymologies provenant de l'arabe font référence à la pureté, à la blancheur, à l'honnêteté... Dans la région, ce courant fut rejeté par l'Islam entre le IXe et le XIVe siècle. En revanche, il eut la faveur de Tamerlan au XIVe siècle, avant de connaître une décadence à partir du moment où il prit une orientation politique au XVIe siècle.

L'application rigoureuse de l'Islam s'est également trouvée dilué dans l'athéisme (et la vodka!) de rigueur pendant  les trois quarts du XXe  siècle où le pays a été intégré à l’empire soviétique.

A nuancer toutefois car une pratique plus rigoureuse existe dans la Vallée du Ferghana et au sud-est, près de l'Afghanistan (région de Termez) où l'intégrisme fait même des percées...

La religion est une affaire personnelle en Ouzbékistan. Jusqu'à ce qu'il soit interdit par les Soviétiques en 1927,  les femmes portaient encore la paranaja  semblable au  tchador (mot persan qui signifie "tente") porté en Iran ou à la burka portée en Afghanistan. C'était  une sorte de grande cape qui couvrait le corps de la tête aux pieds (alors que le niqab est un voile qui couvre le visage en ne laissant qu'une fente  pour les yeux). La partie en forme de fine grille qui couvrait le visage,  chachvan (ou chachvon), était faite de crin de cheval. La femme était donc ainsi bien plus dissimulée que les musulmanes d'autres contrées qui portent   le  hijab qui cache la chevelure et laisse le visage découvert.  Actuellement les femmes voilées sont très rares. La dernière lapidation de femme a eu lieu au XIXe siècle. De plus, comme on le verra,  la plupart des mosquées et mederssas sont devenues des musées, vendant des souvenirs pour les touristes… On n'a d'ailleurs pas entendu d'appel à la prière (adhâri) par les muezzins pour la bonne raison que cela est interdit dans ce pays depuis les attentats islamistes de 1999 à Tachkent. Le président se prénomme pourtant Islam mais le pays se veut "laïc", certes, et "démocratique", ça c'est moins évident... L'appel se borne à un simple appel, non sonorisé, dans la cour de la mosquée. La fréquentation des mosquées a encore diminué après les attentas de 2005 à Andijan, en vallée de Ferghana.

A avoir en tête et à constater dans la position du mihrab des mosquées, c'est que  l'ouest est la direction de La Mecque pour les contrées musulmanes d'Asie centrale, la direction vers laquelle sont orientés les corps des défunts. C'est pourquoi on ne dort jamais les pieds ou le visage tournés vers l'ouest.

Lora nous signale que dans ces régions, on ne voit pas de fontaine dans la cour des mosquées pour les ablutions. On se lave chez soi avant d'aller à la mosquée et, traditionnellement, on portait des vêtements à longues manches que l'on déroulait pour garder las mains à l'abri de toute pollution et, pour la même raison,  on rabattait l'extrémité du turban sur la bouche..

Ici, traditionnellement, on n'enterrait pas le corps des défunts car on considérait que cela souillerait la terre et l'eau (deux éléments sacrés pour les anciens zoroastriens). Sans cercueil et  simplement enveloppés dans un linceul, le corps, les yeux ouverts car l'âme part par les yeux, est  posé à même le sol puis protégé par une tombeau en brique édifié au-dessus de lui.
 Autrefois, les hommes  étaient ensevelis dans leur turban  dont, pour ce faire,  la grandeur devait correspondre à 2 fois  leur taille. A ce sujet, Lora nous précise encore qu'à la différence des Musulmans du Moyen-Orient, ici les morts ne sont pas enterrés le jour même ou le lendemain (selon que le décès à eu lieu le matin ou l'après-midi) mais au bout de deux ou trois jours. Si les femmes peuvent marquer le deuil par des cris et des pleurs, elles ne peuvent pas accompagner la dépouille car on considère que le défunt les verrait toute nues. Selon Lora, elles ne peuvent se rendre au cimetière qu'un an après les funérailles, bien que ce soit une pratique proscrite (péché majeur) par des hadiths de la Sunna.



Des traces du  Zoroastrisme, l'ancienne religion

Le zoroastrisme est une ancienne religion monothéiste qui  a supplanté l'animisme (du moins en bonne part) en Asie centrale. Selon cette croyance, Ahura Mazdâ est le responsable de l'ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre, le créateur de l'Univers à partir du néant. Par certains côtés, cette religion a des points communs avec l'hindouisme et par d'autres avec le judaïsme. Son prophète est Zarathoustra, dont le nom a été transcrit en Zoroastre par les Grecs, personnage mi-légendaire et mi-historique qui a figé cette religion à une période qui se situe entre  les XVe et XIe siècles av. J-C. Des textes écrits en avestique (une langue ancienne proche du sanskrit archaïque du Rig-Véda hindou) l'évoquent.

Zoroastre prêchait un dualisme reposant sur le combat entre le Bien et le Mal, la Lumière et les Ténèbres, dualisme présent dans l'islam chiite. Selon Zoroastre, Ahura Mazdā a donné naissance à deux fils jumeaux, l'un est l'esprit du Bien (Spenta Mainyu), et l'autre l'esprit du Mal (Angra Mainyu), tous deux opposés car représentant le jour et la nuit, la vie et la mort. Ces deux esprits coexistent dans chacun des êtres vivants. Dans le zoroastrisme, le pire péché est le mensonge.

Les zoroastriens respectent le feu comme symbole divin de vie et d'énergie qui leur rappelle le soleil,  l'un des quatre éléments créés par Ahura Mazdā, avec l'eau, la terre et l'air. Comme les Musulmans, ils prient cinq fois par jour.
La vie étant conçue comme un don d'Ahura Mazdā, la mort ne peut être considérée qu'avec horreur et la décomposition du corps est l'œuvre d'un démon. Chez les Parsis vivant en Inde et pratiquant une confession dérivée du zoroastrisme, les membres d'une sorte de caste, les Nasālāsar, sont chargés d'emmener les morts dans des tours du silence, appelées dakhmā. En effet dans cette partie de l'Asie, le décharnement des corps par les oiseaux charognards remonte à un lointain passé. L'âme du mort reste trois jours dans la tour avant d'accéder soit au Paradis, soit à une sorte de Purgatoire, en attendant la résurrection dans un paradis terrestre lorsque Ahura Mazdā aura vaincu l'Esprit du Mal. En Iran, cette pratique est interdite depuis les années 1930 (mais elle subsiste sous une forme voisine sur les hauts plateaux tibétains et himalayens).

Le zoroastrisme a été la religion officielle des Iraniens à trois reprises, la dernière sous les Sassanides, pendant plus de quatre siècles, entre 224 et 651. L’Eranshahr ("le pays des Iraniens") est alors l’une des principales puissances en Asie occidentale et centrale, aux côtés des empires romain puis byzantin. Le dernier monarque sassanide disparut sans successeur, en 651, après sa défaite contre le califat arabe.
A la suite de la conquête arabe, les Perses restés fidèles au zoroastrisme ont fui vers l'est et se sont installés en Inde, où ils sont désignés sous le nom de Parsis.

Malgré l'arrivée de l'islam, la religion zoroastrienne a réussi à se fondre dans le patrimoine culturel, en Iran comme dans les pays voisins qui ont été à divers moments sous l'influence de la Perse, comme en témoigne la survivance de fêtes zoroastriennes.
Ainsi, la grande fête de Norouz  (mot qui vient de l'avestique signifiant "nouveau jour" ou sens de "nouvelle lumière")  est largement célébrée en Asie depuis au moins 3000 ans et est profondément enraciné parmi les rituels et les traditions du zoroastrisme  de nombreux pays qui ont été influencés par l'Empire perse : Kurdistan (les ex-républiques soviétiques du Tadjikistan, de l'Ouzbékistan, de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan et du Kirghizistan),  l'Afghanistan, des parties du Moyen-Orient, chez les Parsis et hindous zoroastriens et de la vallée du Cachemire ou encore par  les Salars, dans la province de Qinghai, en Chine... Cette fête a lieu à l'occasion de l'équinoxe de printemps, dont la date varie entre le 19 et le 21 mars.
Aujourd’hui, il reste moins de 200 000 zoroastriens en Iran et dans le monde. La moitié d’entre eux vit dans le nord de l’Inde.



 

Menu OUZBEKISTAN


Etape suivante: BOUKHARA et ses environs
 

Samedi  6 septembre

Nous avons quitté l'aéroport d'Ourghentch à 8H30. C'est la capitale de la province du Khorezm, qui a détrôné Khiva.
Il y a une trentaine de kilomètres à parcourir.


Khiva est rapidement en vue.


Le Khwarezm (Xorazm en ouzbek), également appelé  Kharezm, Kharism, Khorezm, ou encore Khwarizm (noms issus du vieux perse signifiant "pays du soleil", est une région historique située au sud de la mer d'Aral, entre Ouzbékistan, Turkménistan et Iran. On y trouve notamment les villes historiques de Kounya-Ourguentch et de Khiva. Le Khwarezm était le fief de la dynastie des Khwârezm-Shahs, appelés parfois Khorezmiens, entre 1077 et 1231.
La fondation de Khiva est née d'une légende: Sem, le fils de Noé, s'arrêta son chemin, fit un somme et rêva d'un puits et de 300 torches allumées. Immédiatement, il fit creuser sur place et l'eau jaillit. Khiva est née autour de ce puits appelé Keivah. La région particulièrement aride a développé un système d'irrigation complexe à partir du IIe millénaire av. J-C. et a été visitée par différents conquérants: Perses, Grecs,Arabes, Mongols, Ouzbeks. Khiva fut, du XVIe siècle jusqu'au début du XXe siècle, la capitale d'un khanat, longtemps vassal de la Perse, et un important marché aux esclaves. Le khanat de Khiva (1512-1920) était l'un des trois khanats ouzbeks issus de la dislocation du khanat de Djaghataï, avec ceux de Boukhara (qui englobait Samarcande) et de Kokand. La Russie établit un protectorat du khanat de Khiva en 1873 avec le traité de paix de Guendema.
Khiva est située dans une oasis à 470 kilomètres de Boukhara et à 40 kilomètres du fleuve Amou-Daria, au bord du canal Palvan-Yap, à un tout petit peu plus de 100 mètres d'altitude. Au nord-ouest, elle confine à la région de Kouchkoupir, au nord à la région d’Ourguentch, au nord-est à la région de Yanguiarik, au sud-est au Turkménistan. La partie sud de la ville est limitrophe du désert du Karakoum. Le climat est continental, marqué par la chaleur d'un long été, la rigueur de l’hiver court et la rareté des précipitations. La température moyenne est 4,5° au mois de janvier et 27,5° en juin, mais elle peut atteindre 44°. La quantité de précipitations annuelles s'élève à 90-100 mm. La population de Khiva, dont le territoire est de 883 hectares, dépasse 55 000 habitants dont 2000 qui sont revenus s'installer dans la vieille ville.
 

A 9H45, nous arrivons près de vestiges de la seconde ceinture de fortifications de la ville, puis nous longeons un moment l'imposante première enceinte de 2,2 kilomètres dont l'origine remonte au Ve siècle, renforcée au XVIIe, et qui englobe le chakhristan, le cœur de la ville couvrant 26 hectares. Sur l'énorme talus qui appuie les remparts, on peut apercevoir de petites constructions qui sont en fait des tombeaux. En effet, dans la tradition, si quelqu'un mourrait hors des murs, il ne pouvait pas être inhumé à l'intérieur de l'enceinte.

1 - Madrassas Mohammed Amin Khan (1851-1853) et Matiniaz Divanbegi (1871), Porte ouest (Ota Darvoza)

Les monuments de la vieille ville de KHIVA sont classés au patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1990.

Notre découverte de la vieille ville de Khiva commence avec notre hôtel de caractère, l'Orient Star, situé près de la porte ouest.

En fait, ce superbe hôtel de charme est une ancienne madrassa (ou médersa), c'est-à-dire une ancienne école coranique, la Madrassa Mohammed Amin Khan. Elle porte le nom d'un puissant khan qui après une série de conquêtes au Karakoum (Turkménistan actuel) dut affronter l'hostilité des peuples conquis réunis, ce qui aboutit à sa décapitation en 1855, tandis que la ville subit 70 ans de pillage turkmène.

Le titre de khan était un des nombreux titres utilisés par les sultans de l'empire ottoman  ainsi que par les grands chefs mongol et par  les dynasties turques seldjoukides  pour désigner le dirigeant de plusieurs tribus, clans ou nations.
La générosité que les khans montrent pour la chose religieuse à travers la construction de madrassas (ou médersas) n'était pas qu'une marque de piété  désintéressée car les familles des étudiants (sauf les plus démunis) devaient acquitter des frais de scolarité qui parfois rentabilisaient largement leur investissement.


Cette école coranique (établissement islamique sunnite d'enseignement supérieur à vocation principalement théologique) construite sur deux niveaux au milieu du XIXe (1851-53) est la plus vaste que comptait la ville puisqu'elle pouvait accueillir 250 étudiants, à raison de 2 par cellule, et aujourd'hui elle peut accueillir 138 touristes. Pour la construire, il avait fallu détruire une partie des fortifications. Fait inhabituel, les cellules ont des ouvertures sur l'extérieur, celle de notre chambre ouvre sur un balcon donnant sur la porte ouest et la statue d'al-Khorezmi. Le coté nord du quadrilatère formé par les bâtiments de la madrassa est pratiquement adossé au  Kalta Minor, "le minaret inachevé" dont nous reparlerons.

Après avoir pris possession de notre chambre, il est 10H et il est bien temps de penser à un petit déjeuner tardif. L'hôtel n'a pas de salle de restaurant et c'est dans une madrassa voisine  transformée que nous nous rendons. Le Restaurant Khiva résulte de la transformation de la Madrassa Matiniaz Divanbegi construite en 1871.

Nous apprécions, mais la transformation de ces deux monuments en hôtel et en restaurant n'est pourtant pas du goût de l'UNESCO.

 
 

Lora, notre accompagnatrice, nous confie pour la journée à Samira, une guide locale, une guide qui doit encore travailler sa pratique du français car elle a un débit extrêmement lent et même haché. Ses phrases sont correctes mais au prix d'une grande lenteur due au fait qu'elle cherche ses mots ou les tournures qui concviennet.


Nous nous rendons à la Porte ouest ou Ota Darvoza. La porte du XVIIe siècle avait été détruite  en 1920 afin de faciliter la circulation des automobiles. Sacrilège et grossière erreur car pour redonner un semblant d'authenticité, il a fallu en reconstruire une vague copie il y a une quarantaine d'années (1975).

Arrivés, hors les murs, on a une vue sur l'imposante fortification d'une dizaine de mètres de hauteur, faite de briques recouvertes de pisé.
En longeant la façade  ouest de l'hôtel, nous arrivons au pied de la statue d'al-Khorezmi (Abou Abdallah Muhammad Ben Mūsa 'al-Khuwārizmī), célèbre personnage natif de la ville qui a vécu de la fin du VIIIe au milieu du IXe siècle, à l'âge d'Or de l'Islam ouvert à la science. Ce célèbre mathématicien khorezmien, surnommé "le père de l'algèbre"  était aussi géographe, astrologue et astronome à la Cour Perse et membre de la Maison de la Sagesse de Bagdad. Son nom est à l’origine du mot algorithme. Il fut le premier à répertorier et à classer les méthodes de résolution d'équations. Le titre de l'un de ses autres ouvrages est à l'origine du mot algèbre ("Kitâb al-jabr wa al-muqâbala", "Le livre du rajout et de l'équilibre") publié vers 825). Par ailleurs, l'utilisation des chiffres arabes et leur diffusion dans le Moyen-Orient et en Europe sont dues à l'un de ses autres livres qui traite des mathématiques et de  l'arithmétique indiennes (ce livre porte d'ailleurs le titre "Hisab Al-Hind"). A partir de Cordoue, Gerbert d'Aurillac, futur pape Sylvestre II diffuse ses méthodes en Occident afin de remplacer les archaïques techniques de calcul à l'aide d'abaques et de jetons. Rapidement les marchands vénitiens en tirent partie  et le mathématicien Pisan Fibonacci en perfectionne les applications (calcul du profit des transactions, conversion entre monnaies... et ses travaux sont toujours très utilisés en finances de marché). Ces algorithmes s'imposent définitivement à la fin du XVIe siècle ,puisque intégrés au corpus d'enseignement des Jésuites..

Nous poursuivons jusqu'au pied d'un grand panneau disgracieux mais pédagogique qui présente la carte de la Route de la Soie, ou plus exactement DES routes.
On voit clairement que l'Ouzbékistan, la Bactriane il y a deux millénaires, se trouvait au milieu du réseau en X qui reliait l'Extrême-Orient à l'Europe par des itinéraires caravaniers, en passant par Samarcande et Boukhara. Khiva, se trouvait sur le rameau partant vers le nord-ouest, via le contournement de la mer d'Aral, en direction de l'Ukraine, des Balkans et de l'Europe du sud.

Haut de page


2 - Kalta Minor, "le minaret court" (1852-1855) ***
   

Revenus dans la ville ancienne, sur la rue principale ouest est, Palvan Oori, nous nous intéressons au Kalta Minor, le "minaret court", haut de 26 mètres, puisque inachevé du fait du la mort du Khan Mohammed Amin en 1855.

Le monument commencé en 1852 devait être le plus haut minaret du monde musulman en s'élevant à plus de 70 mètres.  La légende dit que son architecte aurait trahi le khan en ayant accepté secrètement de construire un minaret encore plus élevé pour l'émir de Boukhara. En raison de cette trahison, la légende dit que le traître fut précipité du haut du minaret lorsque le khan en fut informé.
Une variante dit que le khan avait prévu de l'assassiner de cette façon mais seulement une fois la dernière pierre mais l’architecte ayant appris ce qu'on lui réservait se serait enfuit laissant la tour inachevée...
C'est une magnifique tour conique revêtue de céramique d'une douce couleur vert jade, le vert étant une couleur que l'on retrouve souvent à Khiva.

Sur la rue, les marchands ont installé leurs étals: marchands de vestes et toques en fourrure, de  jouets  en terre cuite représentant des scènes de la vie quotidienne, de sifflets en forme d’animaux mythiques...
Parmi les badauds, ils n'y a pas que des touristes étrangers comme nous mais aussi des touristes autochtones qui portent leurs tenues traditionnelles: hommes coiffés d'un calotte carrée de couleur foncée, femmes en ample robe longue à manches courtes portée sur un pantalon arrivant au-dessus de la cheville  et fichu fleuri noué derrière la tête recouvre leurs cheveux. Tous arborant un plus ou moins grand nombre de dents dorées dans les sourires dont ils ne sont pas avares.
Nous croisons un couple de jeunes mariés en tenues occidentales: costume et robe blanche. Nous en verrons plusieurs autres dans les villes en cours de circuit. Ici, la mariée n'a pas adopté le traditionnel port de tête baissée avec le  voile baissé comme on le verra dans les autres cas. Il est vrai que nous tombons en pleine "saison des mariages", après les canicules estivales et juste avant la récolte du coton et les temps de froidure.

 

 


A PROPOS DE MINARETS...

La construction de minarets (dérivé du turc ottoman manâra signifiant "phare"), ce type d'architecture à vocation religieuse est bien antérieur à l'Islam. On peut évoquer les ziggourats (de l'akkadien signifiant "très haute") en Mésopotamie  à partir du IIIe millénaire avant l'ère chrétienne. Les tours à feu servaient de point de repère aux caravaniers dans le désert et aux marins en Méditerranée (Phare d'Alexandrie) et aussi pour y élever des idoles. Bien plus tard, les premières églises chrétiennes syriaques s'en sont inspirées.
En Asie centrale, on peut citer deux autres sources d'inspirations pour ce type de construction. Ce sont les tours du silence (tours funéraires) des anciens Zoroastriens mais aussi les stupas des Bouddhistes qui étaient présents dans ces régions avant l'arrivée des Arabes.  Des vestiges de la première catégorie subsistent dans le Khorezm (Nukus) et de la seconde dans la région de  Termez (stupa de Zurmala remontant au IIe siècle av. J-C).
Les Musulmans se sont approprié le concept bien que Mahomet n'en ait pas fait mention. Ces tours servant à la fois de "phares" dans le désert, à affirmer sa puissance, constituaient aussi un moyen commode pour appeler les fidèles aux cinq prières quotidiennes, ce qui explique leur présence à proximité des mosquées. Leur forme tout comme leur nombre (un à six, un seul servant à l'appel) est variable selon les contrées. Le plus vieux minaret que l'on connaisse est celui de Kairouan en Tunisie, commencé en 670.
Les minarets d'Ouzbékistan sont en brique et renferment un escalier en colimaçon qui conduit à la "lanterne". C'est une prouesse d'architecture de voir que certains de ces édifices ont pu défier le temps dans des régions soumises à de fréquents désordres sismiques. Le plus beau et ancien minaret dont il subsiste la section inférieure (12,5 mètres de hauteur) est celui de  Jarkurgan (province de Surkhondaryo, à une quinzaine de kilomètres au nord de Termez). Il a été construit au tout début du XIIe siècle et se distingue par son parement cannelé qui n'est pas sans rappeler celui du Yivli Minare d'Antalaya en Turquie, plus récent d'un siècle. Ce type de forme cannelée ou colonnaire s'est retrouvé dans d'autre édifices: mausolées du Khorasan en Perse, palais de Varakhsha près de Boukhara (il date du VIe siècle) et, d'une certaine façon, le mausolée d'Ismaïl Samani que nous verrons dans quelques jours, près de Boukhara. La construction de minarets s'est vraiment répandue en Asie centrale aux XIV-XVe siècles.
Le minaret le plus haut et le plus ancien que nous verrons dans ce voyage est le Kalon (ou Kalyan) de Boukhara, haut de 47 mètres (ou 48?), orné de 16 ceintures de briques décoratives et surmonté d'une lanterne en rotonde percée de 16 fenêtres avec arc. Un monument édifié au XIIe siècle qui inspira le respect au dévastateur Gengis Khan lors de sa conquête de ces territoires au siècle suivant. On peut encore parler de minarets, moins hauts et plus récents. Citons Islam-Khoja de Khiva, haut de 45 mètres, mais construit il y a seulement un siècle (vers 1910) en remplacement de minarets antérieurs. Toujours à Khiva, il faut faire une mention particulière au Kalta Minor, "le minaret court" car inachevé. Il devait être le plus haut et le plus gros du monde islamique en atteignant 70 mètres. La mort du maître d'ouvrage
pendant la construction, au milieu du XIXe siècle, l'a laissé avec ses 26 mètres (ou 29?) de haut, pour un diamètre considérable de 14,50 mètres à la base. A Samarcande, au début du XVe siècle, Tamerlan est à l'origine de la construction du Gour-Emir qui possédait quatre minarets, deux ont disparu à la suite du tremblement de terre au XIXe siècle et les deux que l'on voit ont été restaurés en 1996 mais ils n'ont plus que la moitié de leur hauteur initiale. Toujours à Samarcande, il faut citer ceux des trois madrassas du Reghistan, madrassas construites, la première, au  XVe siècle et, les deux autres, au XVIIe. De leurs dix minarets initiaux, six subsistent (deux dans chaque madrassa). A noter ici, qu'il y a un glissement de fonctionnalité, certains minarets prennent la place des tours d'angles des citadelles, forts et caravansérails, non plus avec un rôle défensif mais avec un rôle purement décoratif...
 

Avant de visiter la citadelle, un petit tour par le Zindan, la prison, un édifice de 1910. On y voit menottes, fers et autres instruments de torture ainsi que des gravures explicitant les divers châtiments (bastonnade, exposition au soleil...).  Le condamné est conduit au palais du khan  et la sentence s’exécute à la porte de ce palais, ou devant la salle du conseil.
En ce qui concerne les exécutions, elles ont parfois lieu dans les carrefours et les marchés.
S'il s'agit d'exécution par pendaison, le corps du supplicié reste pendant plusieurs jours attaché à la potence et exposé à la vue du peuple avant d'être remis à sa famille pour être enterré. Variante: les criminels sont quelquefois pendus  par les pieds et laissés ainsi jusqu’à ce qu’ils expirent.
Autre exécution-supplice, l'empalement. Le pal  est un pieu à pointe peu effilée, afin qu’il ne tue pas sur-le-champ let s'enfonce lentement dans le corps du condamné dont on a d'abord liés les bras et les jambes en croix. Introduit dans le "fondement", le pal  pénètre dans les entrailles puis on délie les membres du supplicié afin d’augmenter les souffrances par les mouvements spontanés qu'il fait. Le condamné meurt à petit feu, le supplice pouvant durer  quelquefois jusqu’à 48 heures, la mort ne survenant parfois que lorsque  le pieu ressort à l’extérieur, au niveau des épaules,  de la nuque ou du dos...
Méthode plus expéditive, moins raffinée et donc moins cruelle, le coupable est  précipité du haut d'un minaret. Pour une femme, on peut faire preuve d'un grand raffinement de cruauté: on l'enferme dans un sac avec un chat puis on frappe le tout avec un bâton. Bien plus que le bâton, ce sont les griffes du chat qui défigurent la coupable.
Cela est décrit au temps présent mais, évidemment et heureusement, cela se déroulait de la sorte dans un passé bien révolu.


Haut de page



3 - Koukhna Ark, la forteresse (Ve-XIXe siècles)

 
 

Face à la madrassa Mohammed Amin, sur l'autre côté de la rue principale, s'élève un mur aveugle de la forteresse, Koukhna Ark.  Elle remonte aux origines de la ville, au Ve siècle et les différents khan l'ont agrandie et transformée jusqu'au XIXe siècle.
Son accès se fait sur la façade est.
Nous commençons par la mosquée d'été (1838) aux carreaux de céramique bleus et blancs, aux motifs en arabesques, et aux écritures coraniques en style coufique.  Le bleu est souvent dans les tons turquoise, "la couleur des Turcs".
 Les motifs floraux du plafond en marqueterie introduisent des coloris plus chauds. On distingue les céramiques d'origine de celles qui ont été restaurées par une différence de coloris, les pièces anciennes sont plus pâles et portent une numérotation.
Au fond de la cour, l'ancien Hôtel des Monnaies est devenu un musée où sont exposées diverses collections: pièces, médailles, billets en soie, maquette de forge où l'on frappait la monnaie.
 

Majoliques de Khiva et mosaïques de Boukhara et de Samarcande

La majolique est un assemblage de carreaux de céramique, souvent de l'ordre de 3 cm d'épaisseur, qui était utilisée ici, à Khiva, au XIXe siècle. C'est une technique postérieure à celle de la mosaïque (et plus simple) que l'on verra sur les édifices plus anciens à Boukhara et Samarcande.
Ici, chaque carreau a été peint, numéroté et et recouvert d'un émail qui a été vitrifié lors de la cuisson. Pour la pose, chaque carreau  doit être fixé sur le mur support  avec un clou en son centre. Elles ont tenu jusqu'à nos jours. Elles sont l'œuvre d'un artisan doué, dont on connaît le nom: Abdullah Djinn. Il utilisait trois couleurs : le blanc, le bleu et le vert. L'ocre est arrivée plus tard. Les motifs sont floraux (des pétales, des feuilles, des tiges qui s'enroulent en spirale), appelés
islimi (qui a été traduit en Europe en "arabesque"), ou géométriques (étoiles, svastikas, dessins en "S", losanges à crochets) et dans ce cas le motif s'appelle ghirih (d'un mot arabe qui signifie "nœud"). Ces motifs sont d'origine perse et on les retrouve dans toute la décoration y compris sur les tapis et les tissus. L'artisanat était subventionné par le gouverneur, et les artisans bénéficiaient d'ateliers ou kitabkhana où ils pouvaient former leurs élèves et chercher des innovations techniques ou artistiques. Les artisans voyageaient et pouvaient être appelés à travailler pour d'autres mécènes. L'art musulman de ce fait est assez homogène dans toute l'Asie centrale.
On peut voir les parties restaurées par une différence de nuance de couleur, en partie volontaire et aussi en partie du fait que les anciens artisans protégeaient jalousement leurs secrets.
A Boukhara et Samarcande, sur des édifices plus anciens, aux XVe-XVIIe siècles, la technique utilisée de mo'arraq était très différente et plus complexe. Il s'agissait de réaliser des mosaïques à partir de fragments de faïence ou tesselles de différentes couleurs qui sont taillés à la demande  et assemblés comme un puzzle sur un lit de mortier pour former des panneaux aux motifs complexes. On retrouve cette technique dans les zelliges au Maroc.

Nous poursuivons par la Kourinich Khana (1804-1806), la salle du trône où le khan accordait des audiences. Sur le côté nord, se trouve un iwan ouvert, typique de l'architecture turco-moghole (on en trouve aussi   dans les palais moghols du nord de l'Inde) supporté par des piliers de bois dur sculpté (noyer, orme...) et aux murs ornés de céramiques où il s'installait en été, à l'abri de la chaleur. Une plate-forme circulaire en maçonnerie de brique construite dans la cour supportait une yourte  où se déroulaient les audiences en hiver. Dans la salle contiguë, on peut voir un mihrab et une copie du trône en bois recouvert d'argent (l'original de 1816 dérobé par les Russes au XIXe siècle se trouve à Saint Petersbourg, au Musée de l'Hermitage).
De la cour, un accès (tarif 1€) par un escalier raide conduit à une tour, le bastion Akchikh-Bobo, appuyé aux fortifications ouest de la ville. C'est l'édifice de la ville dont l'origine est la plus ancienne (antérieure à l'ère chrétienne): tout à tour ermitage, tour de garde ou arsenal. La plate-forme aménagée à son sommet offre une belle vue panoramique sur le nord et l'est de la ville.

De retour dans le quartier, on peut voir des fours en terre cuite tandyr ou tandoor,  en forme de jarre, servant à la cuisson du pain ouzbek.

 
 

Haut de page


4 - Madrassa Mohammed Rakhim Khan (1871)

La  madrassa Mohammed Rakhim Kan, tout comme la Madrassa Matiniaz Divanbegi, a été construite en  1871. Elle est dotée de lourdes tours d'angle coiffées de céramiques vertes. La façade a été restaurée il y a 20 ans à l'occasion du 150e anniversaire de Mohammed Rakhim Khan (1864-1910). Ce khan, monarque cultivé, poète et compositeur à ses heures, était connu sous le nom de plume de Ferouz. Dans le musée qui y est aménagé, on peut voir des collections de coiffes et vêtements princiers ainsi que des portraits photographiques qui datent d'un siècle.

En ressortant, on se trouve face à l'entrée austère de la Madrassa Arab Mohammed Khan.
 

 

 
 

 

14H, il est bien temps de penser à manger mais il est vrai que le petit-déjeuner n'a été pris qu'à 10H !
Nous déjeunons, non pas chez l'habitant comme indiqué sur le programme, mais dans une tchaikhana, la Tea House Farrukh dont la cour est occupée par des yourtes. C'est donc touristique mais on y sert des plats traditionnels. Pour notre part, le repas est servi dans une salle. Premier repas avec des salades de légumes bien appétissantes et on prend donc le risque mais Lora nous dit qu'en buvant du thé pendant le repas durant une petite période d'acclimatation, on peut éviter les ennuis digestifs. On aura également un ragoût de légumes.

Bien sûr, on fera aussi connaissance avec le fameux pain ouzbek, célèbre en Asie centrale. Le non ou nân (comme en Inde) ou naan (khlièb en russe) est un pain plat et rond, en forme de grande galette, fait d'une pâte à base de farine de blé et sans levure, orné au centre d'un motif propre à chaque boulanger et imprimé avant cuisson à l'aide d'un tampon de bois munis de petites broches serrées, avant d'être enfournées et collées aux parois chaudes du four tandyr (ou tandoor) Traditionnellement, ce pain était servi dans les tchaikhanas, des maisons de thé, qui mettaient leurs cuisines à la disposition du client, chacun y apportant sa viande ou ses légumes. Ces maisons de thé que l'on trouve dans les bazars et au bord des routes  sont aujourd'hui devenues le plus souvent des restaurants comme c'est le cas ici.  Les menus y sont toujours les mêmes, mais l’éventail des spécialités d’Asie centrale est suffisamment important pour permettre de varier les plaisirs.

   

Haut de page


5 - Palais Tach Khaouli (1830-34)

  
A 15h15, nous repartons en visite vers la partie orientale de la vieille ville. Nous commençons par le Palais dont l'enceinte comporte des   tourelles d’angle  garnies de perches. On n'y accrochait pas quelques étendards ou oriflammes et il ne s'agit pas de potences. Ce hérissement menaçant est destiné à tenir à distance "l’œil du diable".
Ce palais fut bâti dans la première moitié du XIXe siècle par Alla Kouli Khan (1794-1842). En effet les Khans, ne résidaient dans la forteresse Koukhna Ark qu'en cas de nécessité.  Le Khan voulait que son architecte réalise en trois ans, un vaste ensemble comportant 163 pièces réparties autour de trois cours. Mal lui en pris de suggérer que le délai serait trop court. Il fut aussitôt empalé. Pourtant, il avait raison car son remplaçant ne put mener le projet à bien qu'en huit années, malgré le labeur d'un millier d'esclaves.

Nous commençons la visite par le côté sud, avec la salle de réception, Ichrat Khaouli (1832-1834) avec son iwan au plafond soutenu par des piliers de bois sculptés et aux murs recouverts de céramiques et au plafond richement peint où le khan s'installait pendant la saison chaude.  Dans la cour, une plate-forme circulaire servait à y installer une confortable yourte pour les banquets ou les audiences en hiver. A l'étage des chambres étaient destinées aux invités.

Nous poursuivons par la cour du harem (1830-1832). Sur la gauche, au sud, cinq iwans servaient de demeure au Khan et à ses quatre épouses légitimes. On peut voir des détails intéressants au niveau de la base des piliers des iwans, avec des socles en marbre parfois ornés du svastika et avec un  épais disque de feutre en poil de chameau intercalé entre le poteau de bois et le socle.  Ce dernier dispositif est destiné à amortir les variations de dilatation des matériaux (forte amplitude thermique) et les ondes de chocs des tremblements de terre.

 

A propos de Svastika

 Le (plutôt que "la" comme on est tenté de dire) svastika dextrogyre (pointant vers la droite mais tournant vers la gauche)  représente le char solaire, symbole religieux panthéiste d'origine aryenne et indo-européenne (voire chinoise?) omniprésent dans l'hindouisme où il est associé au dieu-éléphant Ganesh. Il est repris dans la symbolique jaïne et bouddhique (signe présent sur le thorax du Bouddha) pour signifier également la prospérité, la chance (en Chine pour symboliser l'éternité). Il s'est répandu de l'Extrême-Orient à l'Europe qui en ont fait un  porte-bonheur et même des Musulmans imprégnés de zoroastrisme  ont représenté ce symbole solaire comme on le voit ici. La réputation de ed symbole est entachée depuis le siècle dernier lorsqu'il fut détourné et adopté par les nazis sous le nom de croix gammée.
C'est un symbole cosmique autour duquel gravitent de nombreuses interprétations. Evoquant le mouvement perpétuel de rotation autour d'un point fixe, celui de l'univers, cette croix représente le développement dans le multiple, en partant du point central représentant l'unité cosmique et ses 4 branches rappellent les quatre éléments sacrés (eau, terre, feu et air) vénérés par les Zoroastriens, les quatre domaines dans lesquels l'homme peut renaître: le monde animal ou végétal, l'enfer, la terre et le monde de l'esprit. Elles pointent aussi vers les quatre points cardinaux et leur forme coudée évoque le monde en mouvement tout en signifiant que la vérité, l'absolu, ne sont pas faciles d'accès et qu'il faut déjouer les illusions pour atteindre la réalisation. Pour les Hindous, les branches aux extrémités incurvées et les quatre points ajoutés près du centre évoquent aussi les quatre étapes de la vie (jeunesse, activité, retraite et renoncement) et  les quatre Vedas.
 

Sur le côté nord de la cour, s'alignent les 47 appartements plus modestes destinés aux servantes et aux concubines. La partie basse est quasiment aveugle, à part quelques portes et fenêtres à  moucharabieh, tandis que l'étage présente une alternance de loggias et de parties pleines.
Une partie des salles a été transformée en musée. On peut notamment y voir un carrosse en assez mauvais état qui avait été offert par le Tsar.

Haut de page


6 - Mosquée Ak (1838-42), Madrassas  Koutloug Mourad Inak (1804-18) et Alla Khouli Khan (1834) et Mosquée Juma (1788)

Arrivés près de la porte Est, sur notre droite on voit la petite Mosquée Ak ou Mosquée blanche (1838-1842) aux portes finement ciselées.


Sur notre gauche, nous arrivons sur les plates-formes surélevées de madrassas koch, donc en vis-à-vis, sans pour autant  être symétriques, ce qui est interdit par l'Islam.

A l'Ouest, avec son austère façade dans l'ombre à cette heure-ci, la Madrassa Koutloug Mourad Inak (1804-1818). Ses tourelles d'angle sont coiffées de céramiques. C'est la première médersa de Khiva à posséder deux niveaux de cellules. Une réserve d'eau (sardoba) a été aménagée sous sa cour intérieure. A droite, l'enceinte du Palais voisin forme un angle surmonté d'une tour (gulsasta) dans lesquelles sont fichées des perches destinées à  éloigner "le mauvais oeil". Une venelle sépare ce mur du palais  de celui du caravansérail et du bazar (tim) Alla Kouli Khan.


La madrassa Alla Kouli Khan (1834) s'élève face à la précédente madrassa. Son haut portail (pishtak), le plus haut de la ville, est  décoré  classiquement de majoliques de couleurs dominantes bleu et blanc.  Cette madrassa royale comptait 99 cellules  et sa construction avait nécessité la démolition partielle des fortifications (comme près de la porte ouest avec la madrassa Mohammed Amin Khan, notre hôtel). Elle est due à l'un des plus puissants khans de Khiva, fils de Mohammed Rakhim Khan.

 

 
 

 

  
Revenant sur nos pas dans la rue principale, nous arrivons dans l'édifice le plus étrange de Khiva, l'ancienne mosquée du vendredi, Juma Masjid qui date de 1788.

Une atmosphère apaisante y règne comme dans une grotte. La pénombre est seulement percée par deux puits de jour. Bien que très différente, cette mosquée me fait penser à la cathédrale-mosquée de Cordoue par cette pénombre et par la forêt de colonnes, ici 313 (ou 218 ou 221, selon d'autres sources) piliers en orme sculptés. Quatre de ces piliers ont plus de mille ans puisque provenant de Kath, l'ancienne capitale du Khorezm au Xe siècle. D'autres ont également été récupérés à différentes époques (Xe, XIe, XIVe, XVe siècles). Elles s'appuient généralement sur des socles en marbre. Le travail de sculpture a parfois fait appel à des artisans indiens qui ont apporté une touche syncrétique discrète puisque sur un pilier, là où l'on pense voir un feuillage, ce serait en fait une silhouette du Bouddha...
Dans cette atmosphère naturellement religieuse, on ne songe même pas à chercher le discret mihrab. Au pied de la mosquée est érigé un minaret de 33 mètres.

Haut de page


7 - Minaret (1910) et madrassa Islam Khodja (1908),  Mausolée Pakhlavan Mahmoud (1810-1835)

 
 

La madrassa Islam Khodja est l'un des plus importants et  récents monuments de Khiva est dû au Grand Vizir Islam Khodja , au service des khans Mohammed Rakhim puis de son fils Isfandyar, devenu khan par la suite. Il fit réaliser  sur ses deniers personnels non seulement cette école coranique et le minaret mais aussi de grands équipements (filatures, dispensaires, poste et télégraphe) et impulsa des réformes notamment en développant des écoles publiques. Ce dernier volet de son action fut mal vu des religieux qui, avec l'assentiment du khan, le firent assassiner en 1911 par le Ministre de la Guerre Nazar Beg. Isfandyar fit complètement le ménage en faisant enterrer vivant l'architecte d'Islam Khodja...

La madrassa qui compte 42 cellules date de 1908 et sert de musée de Arts Appliqués.
Quant au minaret construit en 1910, c'est le plus haut de la ville avec ses 45 mètres. Sur son tronc conique des bandes de céramiques bleues et blanches alternent avec des briques de couleur ocre. Outre sa fonction religieuse, il servait de tour de garde pour parer à d'éventuelles attaques des Turkmènes, en quête d'esclaves, et il a aussi servi de tour radio par les occupants soviétiques assiégés en 1924.

L'édifice que nous visitons ensuite est un mausolée célèbre, celui de Pakhlavan Mahmoud. A l'est de l'édifice monumental, près d'un ancien ossuaire zoroastrien, on peut voir une série de sépultures voûtées en brique et superposées sur plusieurs niveaux. En effet, bien que la région soit désertique, la nappe phréatique est peu profonde et les défunts ne sont pas enterrés afin de ne pas la polluer. Cela est un souci qui fait écho à l'ancien culte des quatre éléments par les Zoroastriens: eau, terre, air et feu.

 
 

Le personnage vénéré ici comme Saint Patron de la ville est nimbé de légende puisqu'il a vécu aux XIIe-XIIIe siècles. Pakhlavan Mahmoud était un fourreur, lutteur, guerrier et poète en langue perse. Il a aussi introduit le soufisme dans cette cité. Un premier mausolée fut édifié sur l'emplacement de son atelier et ses disciples ont été "enterrés" près de là du XIVe au XIXe siècle. Entre 1810 et 1835, Mohammed Rahim Khan Ier et son fils Allakouli Khan ont été à l'origine de l'édifice actuel.

Le portail situé au  sud (1701) donne accès à une cour. Du côté gauche se situent des cellules (hujra). Au fond, se trouvent l'auberge des pèlerins (khanagha) et les mausolées. Sur la droite, se trouve la mosquée ainsi qu'un puits où les jeunes filles en quête de mari ou encore les jeunes couples en mal d'enfant viennent boire.
Le dôme turquoise qui surmonte l'édifice a été restauré suite aux dégâts provoqués par les tempêtes de neige de 1993. La grande salle  carrée surmontée d’une haute coupole couverte de carreaux bleu vernissés abrite les sarcophages de trois khans, deux du XVIe (Abulghazi Bahadur et de son fils et successeur Anoucha), et ceux d'Alla Khouli  et de Mohammed Rakhim qui ont régné au   XIXe siècle. Le sarcophage du dernier cité est placé dans une niche.
La pièce de gauche que l'on peut voir au travers d'un panneau incrusté d'ivoire est somptueusement décorée de céramiques mordorées est le saint des saints avec le tombeau de Pakhlavan Mahmoud.
Le mausolée fut fermé par les Soviétiques en 1959 et transformé en musée révolutionnaire...

Dans le quartier, on peut voir ces fameux fours à pain en terre cuite tandyr en forme de jarre.

  Haut de page


8 - Ateliers de tissage de tapis et de fabrication de lutrins.
Un petit tour au crépuscule puis dîner en ville

Sur le chemin de retour vers la porte ouest...


Ici, les habiles menuisiers font des lutrins magiques, pouvant s'ouvrir en 3,6, 9, voire 12 positions différentes. C'est un jeu astucieux d'emboîtements que le maître réalise d'un coup de main magistral. Je ne vois pas d'utilité à ce genre d'objet, malheureusement.
Et là, on teint le fil de coton tandis que dans les salles entourant la cour, des jeunes femmes assises côte à côte par 2 ou par 3, à ras de sol, fabriquent des tapis sans modèle sous les yeux et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire font un double nœud sur les fils de chaîne et coupent prestement le fil
Plus loin, nous pénétrons dans une petite cour où se trouve un atelier de travail du bois pour la fabrication de petits objets utilitaires ou décoratifs: dessous de plats, saladiers dépliables et les fameux lutrins qui servent à présenter le Coran ou tout autre livre. Ils sont astucieusement taillés dans une seule pièce de bois qui est sculptée. En fonction de la taille du lecteur et du livre, ceux-ci peuvent être ouverts en 3, 6, 9 (et paraît-il jusqu'à 12 positions), symétriques ou non. Selon la taille et la complexité, le prix peut aller de 10 à 50€

A 18H, nous sommes de retour à l'hôtel où Samira nous quitte.
Il est bien trop tôt pour regagner notre chambre malgré la fatigue du voyage qui se fait sentir. Il faut encore profiter du charme de cette petite ville à une heure où les touristes la désertent tandis que les marchands des rues rangent leurs étals.

On a alors l'impression de se promener presque seuls dans un musée à ciel ouvert et l'on a peine à croire que 2000 habitants vivent intra-muros. Nous reparcourons la rue principale éclairée par la chaude lumière du soleil couchant: de la Madrassa Mahommed Rakhim Khan à la Madrassa Alla Kouli Khan. Puis l'envie nous vient de franchir la porte est, Palvan Darvoza ("porte orientale de la cité" dite aussi "porte géante") qui se présente sous la forme d'une longue voûte de 60 mètres de long où peuvent passer de petits camions. Les niches sur les côtés, après voir servi de cachots pour les esclaves ont été transformées en boutiques au XIXe siècle. Jadis, c'est à cette porte que l'on faisait les annonces, et aussi là que les exécutions se déroulaient.
Au-delà de la porte, sur la droite est édifiée la Mosquée Saïd Niaz Cheliker Bey (1842) avec ses neufs dômes et le minaret Palvan Kari. C'est maintenant la mosquée principale (Jama Masjid) pour la grande prière du vendredi, en lieu et place de l'ancienne Juma devenue musée dans la ville close.

Nous rentrons en suivant un itinéraire au sud de la rue principale: Mosquée Ak, madrassa et minaret Islam Khidja, Mausolée Pakhlavan Mahmoud, Mausolée Saïd Allauddin (XIV e), Kalta Minor et  enfin à la porte ouest, la Madrassa Mahommed Amin Khan, notre hôtel...

 

Nous dînons en ville, sur la terrasse du Toza Bogh Palace, avec un environnement de madrassas (Koubai Khidza, Chirgazi Khan). Délicieux repas traditionnel, arrosé d'un petit verre de vodka si l'on veut: 4 assortiments de salades, soupe tchutchvara tchorba avec des morceaux de légumes et de petites boulettes de viande, 4 raviolis (2 chuchvara à la courge et 2 manty à la viande) et un biscuit pour finir.

Fatigués et l'estomac ainsi rempli, on va pouvoir dormir du sommeil du juste !
 


 

Menu OUZBEKISTAN