TACHKENT
 
  


La vie sociale...

Les éléments suivants proviennent pour l'essentiel d'informations fournies par Lora au fil du voyage, lors des longs trajet...
 

Des salaires et quelques prix

Le salaire minimum est fixé à l'équivalent de 100 $.
Les plus favorisés sont les employés de banques qui gagent 500$, les pilotes d'avions, les douaniers et inspecteurs du fisc peuvent gagner jusqu'à 700 $. Pour les derniers, bien sûr il ne s'agit pas  du seul salaire légal mais cela inclut les bakchichs. A côté d'eux, des professions comme celles de  médecins  ou d'enseignants (150$)  sont mal rémunérées. Les enseignants sont donc amenés à donner des cours particuliers (à 3 ou 4$/heure) tandis que les médecins prennent un supplément quand ils se déplacent chez les patients ou pour soigner les patients à l'hôpital. La corruption vient compléter le revenu des autres petits fonctionnaires...
Dans le privé, les salaires sont de l'ordre de 200 à 300$.
On voit que les gens se débrouillent pour avoir des revenus complémentaires et non imposés, dans un système d'économie parallèle non prise en compte dans les comptes de la nation.


Ces revenus sont à relativiser car il faut tenir compte d'une inflation galopante de l'ordre de 26% (même si officiellement elle est donnée à un peu moins de 7%).

Il faut au moins 120$ par mois et par personne pour vivre correctement. 


27% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et les revenus moyens sont à la baisse depuis 1997.
Les chômeurs ne perçoivent aucune indemnité.

L'Etat  est propriétaire du sol mais a pris de mesures en faveur de l'accession à la propriété. Une maison est vendue environ 100 millions de soums (40 000€).
Une berline neuve ou un minivan Chevrolet valent environ 8 ou 9000 $ (6 ou 7000 €).
Bien que le pays en produise, l'essence est très chère pour le pouvoir d'achat local puisqu'elle coûte 2500 Soums le litre, soit environ 1  Il faut savoir que 80% de la production est exportée...
U
n repas coûte environ 5000 soums.
Les loyers sont  bas et les transports ne sont pas coûteux.
Un timbre pour l'étranger vaut 1200 Soums, soit environ un demi €uro (mais cela ne garantit pas toujours qu'il sera effectivement acheminé).

Il faut au moins 120$ par mois et par personne pour vivre correctement. !).
 

Protection sociale, santé, retraite

Les chômeurs ne perçoivent aucune indemnité comme cela vient d'être dit.

Il n'y a pas de Sécurité Sociale. Les frais de santé sont supporté par la famille ou, à défaut, par la solidarité de voisinage.
Même si elle reste modérée, la forte progression de la consommation d'alcool ne va pas être sans conséquences

Les femmes fonctionnaires de l'Etat bénéficient d'un congé de maternité de 12 mois et perçoivent pendant 3 ans des allocations familiales dites "argent de l'enfant".
Les moyens de contraception modernes sont accessibles aux femmes mais pour recourir à l'avortement elles doivent obtenir l'accord de leur mari.
Précisons qu'avant 1940, les femmes avaient souvent une douzaine ou une quinzaine d'enfants. Le nombre a été ramené à 4 à 5 dans les années 1970 et se limite  maintenant à 1 ou 2.

Il n'y a pas non plus de système de retraite sauf pour les fonctionnaires qui la touchent à 55 ans pour les femmes et à 60 pour les hommes.

Dans une famille, lors du décès de l'un des conjoints, l'héritage bénéficie  pour moitié au conjoint survivant tandis que l'autre moitié est partagée entre les enfants.


Quelques étrangetés...

On peut encore observer parfois un comportement traditionnel, celui de l'homme marchant devant la femme. Diverses explications sont parfois avancées. Une qui ne justifie rien car elle devrait être universelle, c'est que l'homme étant plus grand marche donc automatiquement plus vite. Observons que  dans ce cas l'écart entre eux ne cesserait de croître. Une autre repose sur des bases religieuses qui accordent la prééminence à l'homme. Un peu dans la même veine, dans l'Islam (vrai aussi dans le Judaïsme), l'homme ne doit pas être induit en tentation par le corps féminin placé devant ses yeux..

Les étonnantes dents couronnées en or jaune ou rouge que l'on voit s'afficher au milieu de sourires aussi bien féminins que masculins, surtout chez les quadragénaires et plus âgés, s'explique par différentes raisons:
- remédier aux caries fréquentes à la suite de carence. Il se trouve que pour ce faire, l'or a la faveur car jugé plus beau que le métal, moins cher que la céramique et lors de leur mariage, les gens reçoivent de l'or en cadeau et peuvent l'utiliser pour faire ces ornements
- pour une jeune fille, c'est un moyen d'afficher sa richesse au regard de prétendants
- cela rappelle le soleil et le feu, survivance du culte zoroastrien.

Traditionnellement les hommes sont vêtus de longs manteaux matelassés (khalat) noués par une ceinture de couleur vive. En hiver, c'est le telpek, un manteau de fourrure.
Les femmes s'habillent de robes en ikat (tissu obtenu par un procédé de teinture du fil aux nœuds) de couleur vives qui descendant jusqu'au genoux et sont portées sur des pantalons du même tissu.

Les femmes mariées ont une ou deux tresses dans la chevelure tandis que le femmes célibataires  en ont davantage.
Par souci esthétique, les sourcils ne sont pas épilés car l'idéal veut qu'ils se rejoignent au-dessus du nez, avec le renfort d'un trait de crayon noir s'il le faut...

Autres pratiques originales dans la manière familière et amicale de se saluer. Les femmes se font la bise en donnant d'abord une bise sur la joue droite puis trois de suite sur la joue gauche. Les hommes leur serrent la main et, avec d'autres hommes, se donnent l'accolade.


...et la
scolarité

98% ou 99%de la population ouzbèke est alphabétisée.

A l'époque soviétique, la scolarité se déroulait sur 3 années en primaire et se poursuivait pendant 5 ans au collège en secondaire (notre premier cycle).

Actuellement, la scolarité dure 12 années et s'applique à égalité de genre aux garçons comme aux filles et les établissements sont mixtes. Les élèves doivent porter l'uniforme comme dans de nombreux pays à travers le monde.

Le taux de scolarisation préscolaire (maternelle), avant 7 ans, est de 20% et 7000 établissement y sont affectés.
L'enseignement primaire commence vers l'âge de 6-7 ans et se déroule sur 4 années.
L'enseignement secondaire dure 5 années (notre premier cycle). Jusqu'à ce niveau d'études, l'enseignement est obligatoire et gratuit, tout comme les fournitures.

Les études peuvent se poursuivre soit par l'enseignement supérieur (lycée) conduisant au baccalauréat en 4 années soit par l'enseignement technique sur 3 ans.
Au delà, après admission sur concours, l'Universtité conduit au magistère   en 2 ans puis le doctorat. Les frais d'études sont pris en charge par l'Etat pour les étudiants méritants qui ont obtenu  au moins 80% des points du concours d'admission.
 

Les grandes vacances se déroulent sur le trimestre d'été: juin, juillet et août. Pour les étudiants, elles sont décalées d'un mois. Pour profiter librement du mois de septembre, il leur  faut avoir des relations ou payer un bakchich à quelque fonctionnaire pour échapper aux "travaux forcés" de la récolte du coton. Un travail obligatoire qui s'appliquait même aux collégiens avant 1993.

Les manuels d'éducation se font de plus en plus en caractères latins depuis le retour officiel en 1992 à cet alphabet (remanié depuis mai 1995, avec une translittération de certains caractères).
Les livres sont fournis gratuitement aux enfants des familles pauvres.




 

Dimanche 14 septembre, après-midi

Petit rappel: ce saut en avant dans le calendrier, du 12 au 14,  s'explique par le fait que l'excursion à Chakhrisabz (le 12) s'est intercalée entre les deux jours et demi consacrés à la visite de Samarcande (le 11, le 13 et la matinée du 14).


1 - Trajet de Samarcande à Tachkent (320 km)

Destination Tachkent, la capitale du pays... soit environ 320 km de trajet.

On quitte Samarcande définitivement vers 13H30.
On repasse à nouveau par le centre, le quartier du Bazar et de l'Afrasiab (où l'on voit un autocar "St Cyr Tourisme"
 !), puis près de l'aéroport. 

Bientôt nous franchissons la rivière Sarafshon (ou Zéravchan) que nous avons vue presque épuisée lorsqu'elle atteint Bouhkara. On remarquera l'abondance des stations-service, souvent sans le moindre client, au long de cette voie de circulation importante puisqu'elle relie la capitale aux villes principales d'Ouzbékistan et assure la liaison vers les destinations extérieures au pays.  Certaines stations-service ont des noms imprononçables pour nous comme AYOQSH. Cet axe traverse une région agricole qui profite de l'eau de la rivière encore proche: céréales, coton, vergers et vignes.
Il y a une demi-heure que nous avons passé la rivière et le paysage aride ressurgit déjà. De l'autre côté de la route un bus européen sans doute de grand âge est arrêté, mal en point, tandis que le chauffeur s'affère auprès du moteur. Tout à l'heure, on verra encore un autocar "exotique" (Raudé tourisme). La circulation se densifie plus on avance mais il s'avère que la retenue est surtout occasionnée par un convoi d'autocars de cueilleurs de coton qui s'est arrêté sur le bas côté, dans notre sens de circulation Peut-être s'agit-il du convoi croisé en fin de matinée lorsque nous revenions déjeuner à Samarcande ce midi... Plus loin, il s'agit de grands travaux avec un contournement de chantier de construction d'un pont afin d'élargir la route (gabarit à 2x2 voies). Nous arrivons dans une région spécialisée dans la culture des pommiers et l'on voit bientôt au bord de la route des vendeurs qui présentent de jolies cagettes de pommes multicolores. On croise des transports de voitures Chevrolet neuves, probablement en provenance de l'usine de la vallée du Ferghana (usine anciennement sous la marque Daewoo).  Après G'allaoraol, nous arrivons aux "Portes de Tamerlan", le  défilé de Djailanouti, qu'empruntent toutes les voies de circulation (route, rivière, chemin de fer électrifié et même ligne aérienne). Ce défilé qui  sépare les massifs montagneux Nurautau et Turkestan fut le lieu de nombreuses batailles dont une menée par Ouloug Beg et une autre par Abdullah Khan, aux XVe et XVIe siècles. Une grotte se trouve à cet endroit mais le site est défiguré par les graffitis qui couvrent le pied de la falaise. Plus loin, seul le fond de l'étroite vallée est fertile.

 

A Djizak ou Jizzax, en coupant la voie ferrée, nous quittons la  route autrefois directe vers Tachkent mais dont aujourd'hui un tronçon d'une bonne vingtaine de kilomètres se trouve en territoire kazakh dans ce que l'on nommait autrefois "la Steppe de la Faim" (Golodnaïa Step). Le Kazakhstan suite à une brouille avec son voisin ne permet plus le transit par cette route depuis 2003. Il est plus simple et plus économique de faire un petit détour plutôt que d'acquitter des frais de visa pour si peu...
Nous passons par Xovos et Guliston pour retrouver l'ancienne route à Chinoz.

La région est agricole. On y voit un artisanat de fabrication de briques d'adobe (terre crue), des marchands de melons. Beaucoup de vieilles Ladas stationnées au long de la route sont recouvertes d'une bonne couche de poussière. Nous faisons le plein dans une petite station-service au même moment qu'un "collège", un autocar des Transports Casteran du Lot-et-Garonne, mais l'illusion s'efface vite à la lecture du numéro de téléphone encore à 8 chiffres
 ! Peu après, nous croiserons un autre autocar recyclé, des" Ets Charpentier "cette fois. Puis un train de wagons-citernes rouillés nous tient un moment compagnie sur la voie ferrée parallèle à la route.

Il est bientôt 16H et nous sommes encore à 110
 km de Chinoz et à 170 km de Tachkent. Comme la circulation se densifie, il faut que la maréchaussée se manifeste... au moins par de fausses voitures de police !  Cette voie expresse rappelle un peu celles que l'on voit en Inde, avec ici toutefois beaucoup moins de circulation et de gens mais quand même... On peut y rencontrer par ici une vache  et par là une famille qui traverse avec une poussette  et un autre enfant sur un tricycle. Les postes de contrôle de la police se font plus impressionnants par ici car ils disposent de casemates semi enterrées avec une large meurtrière orientée vers la route. Il est vrai que nous approchons de la capitale et sur un axe vital puisque reliant la proche vallée de Fergana.
Plus paisiblement, la récolte du coton va bon train dans certaines parcelles et nous croisons, circulant sur l'autre chaussé, encore un autre convoi d'autocars venant de Tachkent. Plus étrange, on voit un avion biplan qui semble abandonné au bout d'un champ (traitement aérien du coton
 ?). Les bords des canaux d'irrigation sont couverts de tamaris en fleurs. Maintenant nous passons près d'un train dont les wagons sont spécialement aménagés pour le transport du coton  puis nous croisons un convoi de récolteuses automotrices dudit coton, toute neuves, qui vont certainement être mises en services sous bref délai.

17H45, courte pause TYAПET (indication en cyrillique des "toilettes") bien méritée... A 17H45, en arrivant à Chinoz,  nous franchissons le fleuve Syr Darya. C'est donc là que nous rencontrons le second fleuve qui irrigue le pays mais seulement dans son cours médian, lorsqu'il traverse la vallée du Ferghana. Son cours supérieur traverse le Kirghizistan voisin tandis  que le reste de son cours se développe au Kazakhstan où il va mourir dans la Petite Mer d'Aral. Nous avons encore 75
 km à parcourir et il fait presque nuit, ce qui n'empêche pas les carrioles d'être encore sur la route.

Il est 18H45 lorsque nous entrons dans la ville de Tachkent, Тошкент en ouzbek, "la ville en pierre", à 440 mètres d'altitude, au pied du massif du Chalka. Une ville dont l'origine remonterait à environ 2000 ans. La ville-État de Tchatch (aussi appelée Chach-tépa), composée de plusieurs sites fut établie au Ier siècle. Elle devient rapidement une grande oasis prospère sur la Route de la Soie dont le roi sassanide perse Shapur Ier fait mention dans ses écrits en 262, puis les conquérants, les périodes de prospérité et de déclin se succédèrent.
Tachkent est devenue la capitale du pays en 1936 (ou 1930?), à la place de Boukhara. C'est aujourd'hui une ville de 2,7 millions d'habitants. Sa surface a doublé depuis 1946 et son développement s'est accentué après le tremblement de terre de 1966.

En février 1999,  six explosions attribuées à la mouvance islamique se produisent, dont une devant le Parlement, peu avant l’arrivée du président Islom Karimov. On déplore alors seize morts et cent trente blessés. En 2004, deux autres attentats attribués au mouvement islamiste Hizb ut-Tahrir ont lieu: fin mars, une explosion visant les forces de l’ordre se produit sur le bazar de Tchorsu et, fin juillet, des attentats suicides sont perpétrés simultanément contre les ambassades des États-Unis et d’Israël.

Après le stade Pakhtatkor , c'est la place de l'Indépendance.

A 19H, nous arrivons à l'hôtel City Palace (4* que le TO nous "vend" pour 5 !), anciennement hôtel Markaziy, bien situé par rapport au centre de la ville, à l'angle des avenues Amir Temur et Navoiy, avec pour voisin le Hyatt Regency et comme vis-à-vis le Dedeman Sylk Road...
Construit en 1998, c'est un hôtel confortable, certes, mais un peu "usine" quand même avec ses 16 niveaux sur lesquels se répartissent 251 chambres (dont 7 suites). Nous avons le plaisir d'utiliser un ascenseur extérieur panoramique bien que la vue n'ait rien d'extraordinaire.

 


 
 

Une demi-heure plus tard nous allons dîner  non loin de là au restaurant al-Aziz (rue Abdulla Qodiriy)  sur une terrasse en plein air, près du canal Burdjar. On y mange bien et j'y ai apprécié les manty, ces gros raviolis cuits à la vapeur et fourrés de viande et d'oignon.
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2 - Visite de Tachkent: Monument du Courage, complexe autour de la Place Kast-Imam (Xe-XXe s.), Bazaar Chorsu

Lundi 15 septembre

Désagréable surprise en ouvrant les rideaux, dans ce pays normalement écrasé sous le soleil, le ciel est complètement gris et bien gris. Cela ne va pas aider à apprécier les monuments qui à priori n'ont rien d'exceptionnels.
Au loin, à 2 bons kilomètres vers le nord, on aperçoit la tour de télévision. Avec ses 375 mètres de hauteur, c'est la 9e plus haute tour du monde.

 

 

A 9H30, avec notre minibus et une Lora morose et mutique, nous quittons l'hôtel par un itinéraire qui nous fait passer près de la Bibliothèque nationale Ma'Rifat Markasi ("Centre de la Lumière") Simpoziumlar Saroyi.
 

Peu après, nous arrivons au Mémorial du tremblement de terre ou Monument du Courage qui commémore le tremblement de terre catastrophique survenu le 26 avril 1966. L'effet destructeur du séisme (magnitude 7,5) serait dû aux ondes verticales (ondes S). La statue de facture très soviétique montre une famille qui fuit par dessus une fracture du sol tandis qu'un bloc de granit noir fracturé montre une horloge arrêtée à l'heure du séisme, 5H22. 300 000 personnes se retrouvèrent sans toit mais à l'époque la solidarité des républiques soviétiques fonctionna pleinement.

A 10H, nous posons le pied sur la Place Kast-Imam, au nord-ouest de la ville, pour visiter le complexe dominé par les deux minarets de 50 mètres de la nouvelle mosquée Hazrati Imam ou Khazrat Imam, la Grande Mosquée (Jome Masjidi) de Tachkent construite en 2007. Pour sa construction, les matériaux employés  sont d'origine internationale: tuiles bleues d'Iran, pilier en bois de santal d'Inde, marbre vert de Turquie... Dans le parc qui l'entoure, on peut voir quelques malheureuses cigognes que leurs plumes rognées empêchent de voler.

 

 
 
 

 

Nous longeons l'Institut islamique de l'Imam al-Boukhari, créé en 1970 et également reconstruit en 2007, qui jouxte l'ancienne  mosquée Nomzgokh construite par le Kokand Khan Mirza Ahmed Kushbegi en 1856-1857.

Nous commençons par la visite du Mausolée d'Abou Bakr  Mohammed Kaffal Chachi, philosophe, poète et docteur de l'Islam qui vécut au Xe siècle. Le portique, le dôme et le portail remontent au XVIe siècle. L'édifice restauré a été bâti en 1541 et comporte une inscription sur majolique.

A quelques pas de là, sur la place, nous poursuivons par la visite de la madrassa Barak Khan de la même époque mais en partie rebâtie il y a un siècle et restaurée en 2008. De jeunes ouzbèkes qui visitent le monument nous adoptent pour faire moult photos et "selfies" souvenirs.
 


Nous arrivons devant l'édifice voisin, la petite mosquée Tellia Cheikh (ou Teliachaïakh) dont la construction remonte au Xe siècle. Dans sa bibliothèque Muyie Mubarak ("moustache d'or"), on peut voir le plus ancien Coran du monde, en écriture coufique sur peau de cerf, taché du sang d'Osman, assassiné en 655. Tamerlan s'empara de ce trésor détenu depuis des siècles par les califes arabes lors de sa conquête de la Mésopotamie et il l'exposa  sur le grand lutrin de pierre que l'on a vu à la mosquée Bibi-Khanoum à Boukhara. Confisqué par la Russie tsariste lors de la conquête du pays au XIXe siècle, il a été restitué au Mufti d'Ouzbékistan (un mufti est un religieux musulman sunnite qui interprète la loi musulmane et émet des avis juridiques, appelés fatwas) par les Soviétiques en 1989. D'autres Coran sont également exposés.
Photos interdites.
Nous terminons en contournant la nouvelle Grande Mosquée.

 

Deux kilomètres plus au sud, après être passé devant le Centre National des Arts (Ozbek Liboslari Galereyasi), et après avoir aperçu le bâtiment en forme de colimaçon du Centre pour les Enfants, Barkamol Avlod, notre minibus nous dépose à 11H30 devant le Bazar de Chorsu (ou Tchorsou ou Torzou ce qui signifie "Quatre chemin") qui est aussi appelé "Marché d'octobre" et "Marché de la vieille Tour" (Eski Iouva).

 

Ce bazar a été établi à l'emplacement de l'ancien Reghistan ("place des sables"), point de rencontre des commerçants et place dédiée aux événements qui rythmaient la vie de la ville avant le grand tremblement de terre de 1966. En effet, les Soviétiques, lors de la reconstruction, ont transformé le Reghistan en un carrefour de grandes rues, très fréquentées. Sous un vaste dôme, le bazar se répartit sur deux niveaux: en haut, fruits secs et oléagineux, viande, pâtes, en bas: riz, fruits, épices et légumes frais.
Du bazar on aperçoit les dômes gris de la mosquée Khodja Akar Vali Ozbek. Sortant du marché au niveau inférieur, on débouche sur un parvis occupé par des marchands ambulants et vendeurs de brochettes (chachliks), de fruits, d'articles textiles bon marché. Le marché se poursuit pendant quelque deux cent mètres sur une allée orientée au sud, vers l'hôtel Chorsu, à la forme caractéristique. Sur l'allée sont installés des marchands de pain, de maïs bouilli, d'espadrilles, d'articles de papeterie et scolaires... Les châssis de vieux landaus leur servent d'étals mobiles.
 


A midi, ayant rejoint l'avenue Beruniy, nous sommes au pied de la madrassa Koukeldach (du nom de son fondateur le vizir Kouleldach), située à l'entrée de la vieille ville. La façade du bâtiment construit au milieu du XVIe siècle est décorée de majoliques et les inscriptions islamiques ornent la voûte de l'une des entrées (pishtak) de la madrasa. Les fenêtres sont faites avec des treillis traditionnels (pandjara) protégeant les pièces du soleil ardent d'été. Désaffectée par les Soviétiques, la madrassa a retrouvé sa fonction et ses 38 salles accueillent 250 étudiants.
L'architecture de l'édifice voisin nous surprend car il ferait davantage penser à une église orientale qu'à une mosquée, ce qui est pourtant sa fonction puisque c'était même la mosquée principale (Juma) de la ville jusqu'à la construction de celle de la place Khast-Imam que nous avons vue tout à l'heure. A l'origine, la mosquée Khodja Akar Vali Ozbek fut construite par un pieux personnage descendant du Prophète et philanthrope,  en 1432. Un puissant tremblement de terre en 1868 l'a presque entièrement détruite. En 1888, elle a été restaurée à l'aide des fonds octroyés par le tsar Alexandre III ce qui valu à l'édifice d'être nommé mosquée impériale à cette époque. En  1997, la mosquée étant en mauvais état, il a été décidé de la démolir et une nouvelle mosquée en style moderne avec trois coupoles a été érigée à son emplacement.

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3 - Visite de Tachkent: tour panoramique du centre ville, Musée des Arts Appliqués, Métro et Place Amir Timur

Nous reprenons le minibus pour faire un tour panoramique du centre ville: sur la gauche le Théâtre Khamza, la salle de concert Turkeston. Puis, c'est la grande place, rebaptisée place de l'Indépendance, Mustakillik Maidoni (ancienne place de la cathédrale  devenue un temps la plus grande des Places Rouges soviétique avec la statue de Lénine, maintenant disparue) avec le long bâtiment du Sénat (2005), les jets d'eau et le portique aux cigognes (porte-bonheur) au-delà desquels se dressent "les biscottes ou les briques" du Ministère des Finances (Moliya Vazirligi). Le  Musée des peuples de l'Ouzbékistan, se situe en face, de l'autre côté de la rue Sharof Rashidov.
 

 

Nous faisons un arrêt devant la salle d'Opéra ballet Alisher Navoï qui fait face au Lotte City Hotel Tashkent Palace. Ce théâtre a été construit  en 1947 par de prisonniers de guerre japonais.

 

Nous nous rendons à pied vers le quartier d'affaires Zaravshan, quartier d'affaires où, pour faire bonne mesure,  l'on trouve le joli siège de syndicat de travailleurs !
Après avoir jeté un coup d'œil dans un restaurant coréen dont Lora connaît la patronne, nous passons devant le Théâtre Dramatique de l'Académie Militaire d'Ouzbékistan  Nous poursuivons jusqu'à la rue Matbuotchilar (n°17). Le restaurant Agat occupe le rez-de-chaussée tandis que nous montons à l'étage, au restaurant hongrois Lewckuu, une bonne adresse. Nous avons la surprise de voir que notre Lora est doublée par une sorte de dragon de notre réceptif ouzbek. Cette dame peu accorte vient se pointer dans le restaurant et règle la note pour le groupe. On va la retrouver ainsi et pour la même raison lors des deux autres repas qu'il nous reste à prendre à Tachkent...

 
  

Après le déjeuner, on va se dégourdir dans le Parc de Tamerlan tout proche et où les peintres exposent leurs œuvres sur l'allée Mustafa Kema Ataturk (ou rue Zarafshan).


A 14H15, on embarque dans le minibus en direction du Musée des Arts Appliqués (ou des Arts Décoratifs), rue Rakatboshi. Il est installé depuis 1938 dans la résidence de Polovtsev, un diplomate russe du XIXe siècle, qui n'en vit jamais l'achèvement.

A l'entrée, on a le plaisir de rencontrer un jeune couple en habits traditionnels.
Pastiche et kitsch ce musée comme en témoigne le mihrab de la salle de réception placé à l'est ! Pendant trois quarts d'heure, on va y admirer des collections de tissus brodés (suzani), de mobiliers, de céramiques, de ferronnerie et d'instruments de musique...

A 15H45, programme de visites terminé pour aujourd'hui, nous quittons le musée et un quart d'heure plus tard le minibus nous dépose à l'hôtel.
Le ciel devenant plus lumineux,  depuis les hauts étages de l'hôtel, nous en profitons pour jeter un coup d'œil sur les avenues Amir Timur et Novoiy.
Donc quartier libre jusqu'au dîner...


Pour employer un peu notre temps libre,  nous décidons de faire un petit tour au marché voisin (à 200 ou 300 mètres de l'hôtel), l'Alay Bazaar (ou Alaisky Bazar) dit également Oloy Bozori. De quoi s'y perdre avec toutes ces variantes dues aux différentes langues et modes de transcription.
En s'y rendant, passant devant l'hôtel Dedeman, c'est l'occasion de voir une fois de plus des jeunes mariés avec grosses berlines (Mercedes) et limousine. En face, occupant un autre angle du carrefour, les bâtiments d'opérateurs de téléphonie mobile Ucell (groupe finno-suédois) et du groupe russe Mobile TeleSystems-MTS  (lequel a défrayé la chronique en 2012 lorsque ses dirigeants ont  été poursuivis et l'entreprise astreinte à une amende de 600 millions de dollars et menacée d'expropriation).

Quelle heureuse idée que d'avoir prévu un passage souterrain pour éviter aux piétons la périlleuse traversée de l'avenue Amir Timur.

Nous voici arrivés au bazar Oloy Bozori qui se présente sous forme d'une suite de halls où nous allons flâner pendant une petite heure. Ce marché couvert a été créé il y a 150 ans dans la partie russe de la ville. On y trouve classiquement des produits alimentaires frais (fruits, légumes, œufs), graines, céréales et fruits secs, épices et plantes aromatiques, plats cuisinés, fleurs coupées et plantes, bijoux orientaux, articles de vannerie (paniers, balais)...

Retour au City Palace dont le hall est envahi par un couple de mariés suivi d'une meute de techniciens, n'exagérons pas quand même,  accompagnant photographe et caméraman. 
Pour nous, plus simplement, ce sera encore quelques photos sur la ville au soleil couchant puisque le soleil a fini par se montrer bien tardivement.

 


 

Nous devions "dîner chez l'habitant" mais pour cause de deuil dans la famille de nos hôtes, ce sera un repas au restaurant Tarona (13, rue Kari Niyazov ou Qori-Niyazi).  Départ en  minibus à 19H30, direction le  nord-est de la ville, à 3 km environ de l'hôtel.

Le Tarona est un restaurant dans le style ethnique avec mobilier en rotin, décoré avec des instruments de musique et des ustensiles de cuisine traditionnels ainsi que de broderies suzani.  On y retrouvera deux autres groupes de touristes déjà rencontrés plusieurs fois dans des restaurants pendant le circuit. Une seule tablée d'autochtones, 7 ou 8 jeunes filles très enjouées.
Repas ouzbek classique: crudités, somsa ou samoussa (en forme en pain au chocolat) fourré à la courge ou au potiron  et ,immanquable pour le dîner d'adieu, le plov national . Pour conclure,  gâteau de confiserie halva (sorte de nougat à base de fruits secs, miel et farine de riz). Sans oublier au cours du repas, vin rouge ouzbek et vodka...
L'animation est plutôt minable: un chanteur sur un fond de musique enregistrée, trois danseuses qui exécutent 5 ou 6 danses, et un passage éclair d'un musicien jouant de la doyra ou dayereh, un tambour sur un cadre épais dont l'arrière est garni d'anneaux métalliques faisant grelots. Petite sauterie pour terminer et retour à l'hôtel vers 21H. Lora a retrouvé son humeur joyeuse malgré la présence de "Madame KGB"...      

 

Mardi 16 septembre

Le soleil est de nouveau radieux ce matin.

Pour notre dernier bout de journée en terre ouzbèke, notre programme prévoit la visite du Métro, visite frustrante puisque les photos y sont strictement interdites .

Pire que chez "l'ancien grand frère soviétique", dictature s'il en est  pourtant, et malgré tout, depuis la fin de l'URSS, malgré les attentats terroristes qui ont affecté la Russie, on peut faire des photos dans le métro de Moscou.

Départ en minibus à 9H30 pour rejoindre la station Alisher Navoi. Nous allons emprunter la ligne Chilonzor sur deux stations, jusqu'à la station Amir Temour Khiyoboni.
La première ligne de ce métro a été construite entre 1972 et 1977 faisant de ce métro un cas unique en Asie centrale. Le réseau actuel comporte trois lignes qui se déploient dur une quarantaine de kilomètres. Chaque station est somptueusement décorée dans un esprit Art Déco selon un thème particulier concernant l'histoire et la culture du pays. Par exemple, le coton à la station Alisher Navoi.

Nous regagnons l'air libre sur la Place Amir Timur. Cette ancienne place servit de place d'armes puis de champ de courses jusqu'à la fin du XIXe siècle avant que  les Soviétiques en fassent une Place de la Révolution avec une statuaire évoquant successivement l'emblème de la faucille et du marteau, Lénine, Staline et enfin Karl Marx. La page nationale a été tournée et un autre despote d'un autre temps, Tamerlan, a est honoré tandis que la place jadis ombragée par des platanes centenaires est devenue tristement minérale depuis 2009. Un endroit quand même approprié pour y faire une photo-souvenir de notre groupe.

La place est bordée par le Palais des Congrès à colonnades construit en 2009 et dont le dôme de 48 mètres de haut est surmonté de sculptures de cigognes. On peut encore citer les Tours de l'Horloge, l'ancienne construite en 1947 et la nouvelle qui date seulement de 2009. Quant à l'ancien Lycée des Filles, il a cédé la place à l'Université de Droit. En périphérie on trouve encore la Maison de la Radio, le Jardin de l'Hôtel de Ville et bien sûr l'Hôtel Uzbekistan (4*), surnommé Uzbetchka, en forme de livre ouvert vers la place. Construit à l'époque soviétique, il a été rénové en 2010 et  comporte 243 chambres.
On retraverse la place pour se rendre à l'opposé près du Musée Amir Timur, Musée de l'histoire des Timourides (aussi appelé Amir Timur Museum) qui a été créé à Tachkent en 1996 pour commémorer le 660e anniversaire de la naissance du héros  national. L'édifice  circulaire que nous ne visitons pas, est réalisé dans un style d'architecture orientale est surmonté d'un immense dôme bleu. La collection du musée se compose de manuscrits anciens, notamment d'un ancien Coran de Syrie du XIVe, de peintures et gravures de l'époque timouride.

 

A 11H, nous retrouvons Oleg et notre minibus qui nous transporte vers le restaurant Bek (rue Mirzo Ulug'Beg), au nord-est de la ville et non loin de l'aéroport. Il n'y a pas que le Métro à Tachkent car sur le trajet on longe une importante ligne de tramway. 
Nous avons à peine pris place au restaurant  que déjà "Madame KGB" se pointe. On s'habitue, elle nous aurait manqué....

Comme qui dirait "Ça sent l'écurie".
12H30, départ vers l'aéroport. 7 kilomètres et 10 minutes de trajet au cours duquel nous passons près de la cathédrale orthodoxe de la Dormition ou de l'Assomption construite en 1871, fermée de 1933 à 1945 puis agrandie au début des années 1990 et dont le clocher a été reconstruit en 2010.
12H45, nous sommes dans la zone aéroportuaire où nous subissons pas moins de 6 contrôles. Du jamais vu. Cela se justifie-t-il par des menaces terroristes, par une volonté d'affichage du pouvoir autoritaire, par la nécessité d'occuper du personnel ? Dieu seul le sait ou plus exactement Islom Karimov...


Nous décollons à 16H, avec une heure de retard, sur le vol Uzbekistan Airways HY251 avec le même type d'appareil qu'au vol aller. Deux heures et demie plus tard, nous survolant le nord de la Mer Caspienne avec une série d'îles dont une très jolie, étonnement en forme de colombe. Une  colombe que l'on souhaiterait voir s'envoler vers une autre petite mer (la Me Noire), plus à l'ouest,  pour déposer  sur les rivages de l'Ukraine un rameau en signe de paix...
Justement,  le plan de vol s'incurve nettement au nord, évitant la zone de conflit dans l'est de l'Ukraine (Donetz, Kharkov)  et même passant au nord de Kiev. La suite, c'est Brest-Litovsk, Wroclaw, Dresde et Francfort.
Pendant les 7 heures de vol, on nous servira un déjeuner et une collation.
5400 km plus loin, compte tenu du décalage horaire, il est 20H15 lorsque nous arrivons à Paris où la une température très ouzbèke nous attend. Rendez vous compte, 23° ! Promesse d'un superbe été indien...

 


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