KUNMING
 


 


QUELQUES DONNEES SOCIALES

Delphine nous livre quelques informations sur les conditions de vie en Chine.
 

LA SCOLARITE ET LES ETUDES

Après le Jardin d'enfants, l'école est obligatoire à partir de 7 ans.

Un premier cycle d'études de 6 ans doit permettre de maîtriser 3000 sinogrammes.
Le second cycle qui dure 3 ans et est également obligatoire, permet l'acquisition de 1000 sinogrammes supplémentaires ainsi que des connaissances en mathématiques, histoire et géographie et anglais.
Les enfants des campagnes sont souvent contraints de faire ces études dans le cadre de l'internat qu'ils rejoignent chaque dimanche soir.
Les classes peuvent comporter une cinquantaine d'élèves.

Après cela et sous condition de réussite aux examens, il est possible d'accéder au lycée pour un autre cycle très intense de 3 ans destiné à approfondir toutes les connaissances.
A la fin du lycée, le baccalauréat est très difficile et sert de sélection pour l'accès aux Universités. Toutefois le redoublement est possible.

Les études universitaires durent généralement 4 années (niveau master). Quasiment gratuites autrefois (300Y/an), elles sont aujourd'hui très onéreuses pour les familles:5000/10000Y/an, voire davantage.
Elles peuvent se prolonger par un doctorat et souvent avec des spécialisations en Occident mais les autorités sont devenues moins favorables à cette ouverture.

Avec cela, peut se combiner ou s'ajouter le service militaire dure 3 ans, qui est ouvert aux filles et aux garçons volontaires puisqu'il ne serait plus obligatoire selon Delphine.
 

SALAIRES, COUTS DE L'IMMOBILIER

Les disparités régionales de salaires sont importantes et s'ajoutent aux disparités sociales.
Un jeune sortant de l'Université de Kunming percevra un salaire mensuel de 4000Y alors que celui qui sortira de celle de Shenzhen aura 6000Y (et passera ensuite à 8000Y sachant que le loyer moyen dans cette ville est de 2000Y).
Une infirmière en maternité (10 000Y) ou un jeune médecin auront plus que cette moyenne et un ouvrier moins.
Un balayeur d'autoroute ne gagne pas plus de 2000Y. Le revenu mensuel des paysans ne dépasse pas 1000Y par actif.

En Chine, il n'y a pas de Sécurité Sociale sauf pour les fonctionnaires ou pour les employés des grandes sociétés.

En Chine, le sol est propriété de l’État qui gérait seul son utilisation depuis les années 1950 jusqu'à ce qu'il commence à autoriser la cession des droits d’utilisation du sol à des investisseurs privés à partir des années 1988 e surtout depuis 1995. Mais l'Etat reste propriétaire du sol ce qui explique mais ne justifie pas la brutalité des expulsions.
L'immobilier est très cher dans les villes
. A Guangzhou (Canton), le prix moyen du m² en appartement est de 10000Y/m2 (soit 1500€) mais peut atteindre le double ou le triple pour un logement neuf.


 

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Etape suivante: Sud du Yunnan
 

Jeudi 26 mars  - Début de circuit à Kunming

Embarqués pour un décollage prévu à 11H45, il est plus de midi et demi, lorsque notre vol CZ3415 décolle de Canton avec une heure de retard pour rejoindre notre destination, Kunming. Si bien que le service du déjeuner s'est déroulé pendant ce laps de temps où nous restions au sol. Longue, longue escale donc: environ 5 heures et demie...  Dommage que le catalogue du TO ait été établi il y a plusieurs mois et a donc prévu ce vol avec escale à Canton  car depuis le début de cette année, des vols directs Paris-Kunming ont été mis en place.

Nous volons sur un biréacteur Boeing 737 (185 places), le type d'avion le plus représenté dans la flotte de la compagnie China Southern.
Nous sommes surpris par le grand nombre de jeunes Chinois dans l'avion alors que le second semestre universitaire est commencé depuis près d'un mois.

Après 2 heures et demie de vol, nous arrivons au Changshui International Airport, l'aéroport de Kunming, à 14H45, avec trois quarts d'heure de retard sur le programme indicatif. Une satisfaction majeure, il fait une vingtaine de degrés et surtout le soleil est là tandis que nous avons laissé le crachin et la brume à Canton.

Notre réceptif: Yunnan Road Travel

Nous sommes accueillis par notre guide, de l'ethnie majoritaire des han, que nous nommerons par son pseudo français Delphine (un pseudo est attribué aux étudiants lors des études de langue française) plus pratique que son vrai nom Wang Yao Lin. Elle a étudié le français, qu'elle parle bien,  à l'Université de Langues Etrangères à Canton. Elle est guide francophone depuis 10 ans et jusqu'à maintenant elle avait surtout accompagné de plus petits groupes ou des familles sur des programmes privatisés ou à la carte de TO tels que Kuoni, Maison de la Chine... Comme on le verra par la suite, cette expérience l'amènera à renvoyer des décisions au groupe en allant jusqu'à mettre aux voix, par vote à main levée. Un super moyen de casser toute cohésion de groupe naissante car, dans une telle situation,  les plus timorés ou ceux qui n'ont pas la parole facile se taisent, ce qui aboutit à un faux consensus...
Pour elle, plusieurs nouveautés: première prestation pour notre TO, première fois qu'elle fait ce grand circuit, première fois qu'elle intervient en présence d'une accompagnatrice, ajoutons-y un programme chargé selon son point de vue (pourtant les départs ne seront pas très matinaux ni les arrivées tardives) avec des visites inédites pour elle...
On peut également émettre des doutes sur la qualité des services du réceptif qui l'emploie sur ce circuit. Apparemment, en dehors de l'hébergement, la restauration est laissée à l'initiative de la guide amenée à improviser souvent et on ne lui a rien "balisé" en ce qui concerne certaines "visites inédites" (elle ne trouvera pas
le village de Yunnanyi). Nous aurons l'impression que la guide aura "fait des économies" sur le budget restauration car nous avons eu des plats plutôt pauvres, avec très peu de viande. Au retour, plusieurs pèse-personnes en afficheront la preuve...

Une erreur à ne pas commettre: éviter de changer de l'argent à l'aéroport car le taux de conversion est défavorable (6,24Y, ne pas confondre Y  pour le yuan chinois avec ¥ pour le yen japonais) ce à quoi il faut ajouter une retenue de 60Y de frais fixes.
A la sortie de l'aéroport, la présence de nombreux militaires armés jusqu'aux dents est impressionnante.

Nous allons être à l'aise pour nos déplacements: 20 personnes (accompagnatrice et guide incluses) dans un autocar de 37 places de la marque chinoise King Long. Véhicule confortable si ce n'est une sono avec effet Larsen que le conducteur va être amené à changer le lendemain. Une vingtaine de kilomètres depuis le nord-ouest de la ville pour y rentrer et très vite un paysage urbain moderne s'impose avec voies aériennes, échangeurs et gratte-ciel...
Dans la ville, le nombre de belles berlines nous rappelle notre étonnement lorsque nous avions découvert Pékin en 2008. Quant aux motos et scooters, ils bénéficient de voies séparées sur les axes principaux.

On distingue deux types de plaques minéralogiques les plus courants pour des véhicules privés: fond bleus pour les véhicules transportant moins de 9 passagers et jaune, au-delà de ce nombre.
Le premier signe à gauche de la plaque est un sinogramme indiquant la province. Tout à côté la lettre en alphabet latin sert à désigner la préfecture (ci-dessous sur la plaque de notre autocar, le A pour Kunming). Les 5 caractères alphanumériques situés à droite correspondent au numéro du véhicule.
A noter que pendant 15 jours, les véhicules neufs circulent sans plaque.


 

KUNMING (Yunnanfu jusqu'aux années 1920), à 1894 mètres d'altitude est la capitale de la province du Yunnan et accueille 4 millions et demi d'habitants (6 millions selon le Petit Futé) dont un million et demi pour la ville centre.
La ville se situe sur la rive est du lac Dian lequel s'étend au pied des Monts de l'Ouest (Xi shan) surmontés de temples et de pagodes. C'est la Cité de l'Eternel Printemps puisque la ville jouit d’un climat agréable, avec une température moyenne de 10° en janvier, de 21° en juillet. Cette année, le printemps est en avance: la floraison des cerisiers se termine et les arbres se couvrent de leurs premières feuilles. De ce fait, la mousson est attendue dans un mois, vers la fin avril.


1 - Yuantong si, Temple de la Compréhension (VIIe-XIVe s.)

Notre première visite est consacrée au Yuantong si, le temple de la Compréhension de Toutes Choses. C'est le plus grand et plus ancien complexe bouddhique de la ville. Il se rattache au courant du bouddhisme mahayana, dit du Grand Véhicule.
 

Selon le Petit Futé:
«Le temple Yuantong est l’un des plus anciens temples bouddhiques de Kunming. Initialement construit sous la dynastie Tang (618-907) sous le nom de Putuoluo, il est agrandi par les Yuan (1276-1368) et prend alors son nom actuel : le temple de la Compréhension de Toutes Choses. Yuantong est en fait l’une des 32 appellations de la déesse Guanyin, dont une statue aux mille bras repose dans un petit pavillon au toit octogonal, au milieu d’un bassin d’eau.»

La curiosité de ce temple vient du site choisi, un relief en creux avec un étang , contrairement aux sites habituels qui occupent plutôt des lieux élevés. D'après
Delphine, cela repose sur une légende selon laquelle l'endroit à été choisi afin d'apaiser les 9 dragons qui s'y disputaient et dont l'agitation avait pour conséquence d'engendrer un climat perturbé dans toute la région...

Un premier temple est dédié au Bouddha de Mile (ville où nous ferons étape le 27 avril), Milefo. En sanskrit, il est désigné sous le nom de Maitreya, un Bodhisattva qui serait le prochain Bouddha à venir lorsque le Dharma, l'enseignement du Bouddha Shakyamuni, aura disparu, d'où son nom populaire de "Bouddha du Futur" ou "Bouddha de l'Avenir".

Le temple octogonal situé au milieu d'un bassin est celui dédié à Guanyin, le seul bodhisattva incarné sous une forme féminine qui est parfois surnommée Bouddha aux Mille Bras. En fait, ici, la statue en compte 24.
Delphine nous conte la légende qui s'attache à cette déité: «Le père de trois jeunes filles ayant perdu l'usage d'un bras alla consulter un sage. Celui-ci lui conseilla de demander à l'une de ses filles de lui donner un bras. L'ainée refusa car elle allait se marier. La seconde opposa le même refus car elle comptait bien se marier or cela ne serait pas possible si  elle  n'avait plus qu'un bras. La troisième accepta sans opposer la moindre réserve. La chose faite, le père s'en alla remercier le sage. Ce dernier lui fit comprendre que ce n'était pas lui qu'il fallait remercier mais sa fille et sans plus tarder. De retour chez lui, le père vit que sa benjamine n'avait pas qu'un seul bras mais désormais mille bras...»

Par ailleurs
Delphine
nous donne une définition imagée des deux principaux courants du Bouddhisme.
Dans l'Hinayana, le Bouddhisme du Petit Véhicule très présent en Asie du Sud-est mais peu représenté en Chine, les hommes assurent leur salut individuellement. L'image proposée est celle du "petit bateau" que l'on construit" en séjournant au monastère. Les femmes en sont donc exclues sauf si elles épousent des hommes qui ont été moines et qui donc  peuvent les "emmener en bateau".
Dans le Mahayana, le Bouddhisme du Grand Véhicule largement présent en Chine (mais aussi en Corée, au Japon et au Vietnam),  le salut résulte de la compassion et de la solidarité que permet l'usage d'un "grand bateau" qui peut même transporter des femmes, d'ailleurs "le" Bodhisattva Guanyin n'est-il pas une femme?
 

 

Tout au fond du parc, un temple récent de couleur blanche pour accueillir une statue du Bouddha a été offert par des bouddhistes birmans, pratiquants du bouddhisme hinayana dit du Petit Véhicule. Le temple étant fermé, nous ne la verrons pas...

Il n'y a pas foule de fidèles. Nous apercevrons seulement trois moines mais d'assez nombreux jeunes gens.
Un renouveau est perceptible par la présence de nombreux jeunes même si leur pratique n'est pas toujours exécutée de manière parfaitement conforme au canon bouddhique. En effet, la prosternation doit se faire en trois temps: d'abord on joint les mains, puis on se met à genoux, on pose enfin le front à terre, les coudes également posés sur le sol.  Le geste est habituellement répété par séries de trois (sampai, "trois prosternations").
Delphine précise que l'offrande de cierge correspond à une demande pour que Bouddha éclaire la voie, guide dans les choix de la vie. Celle d'encens est destinée à porter les voeux auprès des divinités.

 


2 - Quartier ancien et Marché aux Fleurs et aux Oiseaux

Après cela, nous nous rendons dans la vieille ville où se situe le Marché aux Fleurs et aux Oiseaux. Cette balade dans cet ancien quartier et ce marché est l'occasion de voir des culottes fendues encore  portées traditionnellement en Chine par les jeunes enfants et même, plus curieusement, une culotte fende portée par dessus une couche! Les décorations du Nouvel An chinois sont encore en place et l'on peut voir ici que l'on célèbre l'Année du Mouton (celle de la Chèvre au Japon).
 

Il est temps d'y arriver car l'activité s'y réduit après 18H30.  Cette partie ancienne de la ville est en pleine transformation: quelques restaurations et pas mal de démolitions. Depuis plusieurs années, l'existence même de ce marché à cet endroit est en question.  Ce qui surprend, au sens propre des mots, ce sont les motos électriques totalement silencieuses qui circulent dans les ruelles aux abords du marché. De cet endroit, on aperçoit un clocher et non loin le dôme et le minaret d'une mosquée car la ville compte des représentants d'une vingtaine de minorités dont les musulmans Hui.


Selon le Petit Futé: «Autrefois, la ville possédait un grand quartier Hui; désormais, il n’occupe qu’une infime partie de la ville. Cependant, cinq mosquées sont encore actives à Kunming. La plus ancienne a été détruite et reconstruite dans un style beaucoup plus moderne. Elles ne sont certes pas des exemples de beauté architecturale comme celle de X’ian (province du Shaanxi), mais certaines peuvent tout de même se visiter. N’oubliez pas de demander l’autorisation avant de rentrer. Autour des lieux de culte se dresse un petit quartier musulman avec de petits restaurants. Aujourd’hui, la communauté Hui compte environ 10 millions d’individus en Chine. L’islam influence au quotidien cette communauté respectueuse des préceptes du Coran. Les femmes portent le voile et les hommes portent également une calotte blanche. Les musulmans débarquèrent en Chine dès le Ve siècle av. J.-C., mais ce n’est qu’à partir du VIIe siècle apr. J.-C. que des foyers de populations vinrent commercer et s’établir dans le pays, notamment à Canton, Quanzhou ou bien encore Xi’an. On retrouve une plus forte concentration de Hui sur l’ancienne Route de la soie, dans les provinces du Nord-Ouest de la Chine. L’histoire montre que les Hui se sont toujours bien intégrés à la population chinoise. Ils apportèrent de nombreuses contributions au pays surtout dans le domaine des sciences et de la médecine. De nombreux lettrés musulmans marquèrent l’histoire de Chine et occupèrent des fonctions importantes en politique. Zheng He, l’amiral aux commandes de sept grandes expéditions maritimes sous les Ming, était l’un d’entre eux».


Certes il y a des fleurs et des oiseaux sur ce marché, notamment des oiseaux colorés, chanteurs ou parleurs: perruches, canaris, menâtes. Mais on trouve aussi des fossiles et surtout toute une Arche de Noé avec poissons multicolores, tortues, escargots, lézards, écureuils rayés, hérissons blancs (!), lapins, cochons d'Inde,  souris, insectes noirs genre cafards, des poussins colorés en rouge, jaune, vert fluo... pour offrir aux bambins, vers à soie et autres larves, scorpions, serpents, grosses araignées velue genre mygale. Encore plus étonnant, un secteur est consacré aux chatons et aux chiots (de compagnie).
 

 


Selon le Petit Futé:
«Difficile d’échapper à la foule, mais les cris des passants mêlés aux harangues des marchands et aux piaillements des oiseaux donnent au marché une ambiance très particulière. Il s’agit là de l’un des lieux de promenade les plus agréables de Kunming. Plusieurs rues abritant les dernières vieilles maisons en bois de la ville délimitent ce marché de plus en plus varié, où l’on trouve non seulement des fleurs et des oiseaux, mais également des antiquités (ou prétendues telles), des jouets, des cd-roms et objets en tout genre».

Pendant ce temps, des hommes jouent aux cartes ou devisent en mangeant sur le pouce devant des cuisines de rue.

Nous retrouvons le bus sur le parking situé devant le lourd édifice du Palais du Gouvernement Provincial qui n'est utilisé que lors de sa réunion annuelle. Le bus a quelques difficultés à regagner les grands axes après être passé par des ruelles.

Nous dînons au 7e étage de l'hôtel Long Way, le groupe se répartissant autour de deux tables rondes munies de traditionnels plateaux tournants. Au menu, entre autres, sorte de Parmentier, porc aux champignons, poisson (d'eau douce), purée épicée, potiron, légumes feuilles bouillis, poulet aux noix de cajou, boulettes faites d'un mélange de tofu et de viande, tranches de fruits et minis tomates et enfin "gâteau" de sarrasin de couleur moutarde (mélange avec potiron ou carotte?) fourré de lardons...

Nous découvrons que nous n'allons pas dormir au New Camellia Hotel, établissement appartenant aux pouvoirs publics qui l'ont "réquisitionné" pour une réunion officielle. Selon Delphine, nous n'allons pas perdre au change en profitant des 4* du Jin Jiang Hotel situé au sud de la ville. Pourtant l'établissement est quelque peu défraîchi: moquettes sales, mobiliers abimé, nuisances sonores dues aux sanitaires. Il ne vaut guère plus de 2 ou 3*...
Ce qui est le plus appréciable dans cet hôtel, c'est de pouvoir y prendre le petit-déjeuner au dernier étage dans la salle panoramique à 360°.

 


Vendredi 27 mars

Départ à 8H30.
Aujourd'hui le ciel semble un peu menaçant.

3 Musée des Nationalités (les minorités ethniques)

Une quarantaine de minutes de trajet pour nous rendre au Musée des Minorités ethniques de Haigeng, à une dizaines de kilomètres au sud de Kunming, près du lac Dian. Un lac d'une vingtaine de kilomètres de longueur pour une dizaine de mètres de profondeur et couvrant 340 km². Un lac pollué où l'on pratique pourtant la pisciculture.
Nous avons tout loisir de voir les quartiers neufs périphériques avec des publicités immobilières. Pendant un long moment nous roulons sur une file parallèle à des dizaines d'autobus verts transportant des scolaires également en uniformes verts. Ils se rendent en visite au Village des Nationalités, un parc de 6000 ha où sont reconstitués des villages de minorités. Pour notre part, nous allons visiter le musée des nationalités qui se trouve près de là, après un rond-point orné de 3 cors himalayens géants et dorés. 


Le musée construit sous la forme d'une étoile et sur deux niveaux constitue une excellente introduction pour découvrir costumes et coiffes, arts populaires, fêtes et traditions, outils, masques, tambours de bois (le secteurs des instruments de musique est fermé pour cause de travaux), totems et statues gardiennes, armes, poteries utilitaires et statuettes ...

Les costumes retiennent longuement notre attention puisque c'est un moyen de reconnaissance et qu'ils font partie de l'identité d'un peuple,  et ce musée montre combien le Yunnan est une région composite en termes d'ethnies. D'après
Delphine, 52 des 55 minorités chinoises sont présentes au Yunnan dont 25 majeures car comptant plus de 150 000 individus, la principale étant celle des Yi. A cela, il faut ajouter que les particularismes de chacune donnent naissance à plusieurs centaines de groupes de populations différents. 38% de la population du Yunnan appartient à une minorité.
 

 

Vers 11H30, nous quittons la ville en direction du sud...

 


Pendant cinq jours, du 27 au 31 mars, notre circuit nous conduit vers le sud du Yunnan avant que nous repassions à Kunming.
 


 

Mardi 31 mars - De passage à Kunming au milieu du circuit

En milieu d'après-midi, après quelques jours passés dans le sud de la province, nous revoici à Kunming, juste pour y faire étape avant de monter vers le nord. A nouveau les Monts de l'ouest, le lac Dian et les gratte-ciel en construction noyés dans un smog de brume et de pollution.
 

4 - Luyu Tea Wholesale Centeralta, Centre du thé Luyu (thé Pu'erh)

Delphine a prévu de nous conduire dans une boutique de thé haut de gamme, le Centre du Thé Luyu (Luyu Tea Wholesale Center), dans le quartier Panlong au nord de la ville.
On nous y présente la spécialité de la maison, le fameux thé Pu'erh obtenu à partir  de feuilles d'une variété de théier poussant au Yunnan et nommé Camellia sinensis  type assamica ou "théier de l'Assam " ou "théier à grandes feuilles"  de 10–15cm de long, dont les caractéristiques différent suivant que la cueillette s'effectue au printemps, en été ou en automne. A l'état sauvage, ces théiers se présentent sous forme d'arbres dépassant les 15 mètres de haut dans le sud-ouest du Yunnan, dans les régions de Pu'er-Simao et de Xishunagbanna. C'est un thé post-fermenté qui doit son nom à la ville de Pu'er Cette ville fut longtemps un important centre commercial situé sur l'ancienne Route du Thé et des Chevaux reliant le Yunnan au Tibet. Le thé produit dans la région était compressé pour pouvoir être plus facilement transporté par des caravanes jusqu'au Tibet.

Les feuilles de thé Pu’erh se conservent plus d’un demi-siècle comme un grand cru. On accorde à ce thé de nombreuses vertus médicales, comme celles de faciliter la digestion, de perdre du poids, de réduire la tension, le mauvais cholestérol et la glycémie (dans le diabète) et de lutter contre des maladies par son caractère antioxydant. Bref, on pourrait s'étonner qu'il ne soit pas encore remboursé par la Sécu!
Le thé vert compressé, sheng cha ("thé cru") suivant la méthode traditionnelle de fabrication du pu'erh, est fabriqué comme un thé vert puis compressé en briques, en galettes ou en nids (couronnes). Ce thé doit donc être râpé avant d’être consommé.
Il peut être vendu immédiatement (thé sheng bing) ou après un temps de vieillissement plus ou moins long (thé lao bing) au cours duquel se produit une fermentation lente, les feuilles se bonifient, perdant leur astringence et évoluent vers un bouquet subtil. Ces derniers sont rares et chers. Mais pour se faire une opinion, il faut déguster.


 

 

Pour 2 personnes, il faut détacher un fragment de la brique de thé compressé, "un demi doigt",  soit environ 4 ou 5 grammes. Pour apprécier le thé Pu'erh, il faut d'abord effectuer un rinçage avec une eau chaude non bouillante (80°). Après ce rinçage, on verse de l'eau chaude que l'on laisse infuser pas plus de 2 minutes. On peut réinfuser à 5 ou 6 reprise voire davantage et le même thé peut ainsi accompagner l'amateur tout au long de la journée. Une autre façon consiste à prolonger l'infusion jusqu'à 10 ou 15 minutes mais avec une grande quantité d'eau. Le thé ainsi obtenu pourra être emporté dans une bouteille thermos pour la journée.
 

La dégustation de pu'erh de 3 ans, 8 ans ou 13 ans d'âge est édifiante: amertume, saveur forestière puis douceur. La reine Elisabeth  aurait qualifié ce dernier de "Beauté orientale"... Nous goûterons également un thé vert au jasmin (la saveur ne provient pas directement de l'incorporation de fleurs mais par imprégnation), puis le "Dragon Noir",  un thé wulong à l'osmanthus et enfin un thé rouge aux litchis.
Evidemment, la brique de 250 grammes de thé de 13 ans (millésime 2002) n'est pas donnée: 75€, ce qui donne droit en cadeau à un pot de thé wulong ou oolong (thé partiellement oxydé, pauvre en théine qui se présenter sous forme de feuille enroulées en "perles") et à une théière...

A noter le comble que pendant notre circuit nous n'aurons pas le loisir de visiter une manufacture de thé et même pas de s'arrêter dans une plantation... Dommage!

 


5 - Yunnan Art Theatre, spectacle de danse Yunnan Dynamic

Nous dînons rapidement au restaurant Qingxiangyuan en périphérie nord de la ville car il faut être arrivé avant 20H au Yunnan Art Theatre pour un spectacle qui dure une heure et demie. Delphine nous fourre rapidement dans des taxis pour se rendre à ce théâtre situé en pleine ville.

Le spectacle Dynamic Yunnan est dirigé par Yang Liping (née en 1958), une ancienne danseuse de ballets classiques originaire du Yunnan. Elle a parcouru le Yunnan à la recherche d'une soixantaine de jeunes danseuses talentueuses issues de minorités qu'elle a ensuite formées.

Le spectacle dont certaines parties ont été produites  lors de la cérémonie d'ouverture des J.O. de 2008, fusionne la beauté des danses et chants traditionnels des minorités ethniques  du Yunnan (évoquant la vie quotidienne, le bouddhisme tibétain) et des danses très modernes. On peut aussi y voir des danseurs porteurs de masques traditionnels et entendre les battement d'une soixantaine de tambours...

Un seul regret, les photos sont interdites sauf pendant le final et les resquilleurs sont pourchassés... Les photos présentées ici ont donc pour la plupart été récupérées sur le web...

 

Retour au New Camellia Hotel,en empruntant un bus urbain.

 


Pendant une semaine, du 1er au 7 avril, notre circuit nous conduit vers le nord du Yunnan avant que nous repassions à Kunming.
 


 

Mardi 7 avril  - Fin de circuit à Kunming

Le Boeing 737 de la compagnie Lucky Air venant de Zhongdian se pose à Kunming vers 10H.
 

Un nouvel autocar est à notre disposition pour le bout de journée que nous allons passer dans la ville.
 

6 - Jin Dian, le Temple d'Or (XVIIe s.) et vol de retour en France

Nous allons visiter le Jin Dian, le Temple d'Or situé à une dizaine de kilomètres au nord du centre de la ville au sommet de la colline de Mingfeng (du "phoenix chantant"). Il est situé au milieu de magnifiques jardins qui abritaient autrefois la maison du Général Wu Sangui, sous la dynastie Qing. Le gouverneur du Yunnan, Chen Yongbing, décida d’utiliser pour cette construction le bronze que la région du Yunnan devait envoyer  en Chine centrale pour fabriquer des pièces de monnaie lorsque ces échanges furent rendus impossibles par les guerres.
C'est un temple dédié à Zishi, un héros qui est aussi un dieu taoïste. Des 5 "temple d'or" existant en Chine, avec ses 260 tonnes, c'est le plus important, précédant le Pavillon Baoyun  dans le Palais d'Eté de Pékin (207 tonnes).

A propos de ce monument, le Petit Futé nous dit:
«
Datant de 1671, le temple actuel est en fait une reproduction du pavillon principal d’un premier sanctuaire construit en 1602, sous la dynastie des Ming. En 1637, ce temple original fut déménagé vers la montagne sacrée Jizu, près de Dali. Il fallut attendre l’ordre du général Wu Sangui pour qu’une réplique du Temple d’or revienne sur son site d’origine. Dans  un premier temps appelé palais de l’Harmonie Suprême (Taihe Dian), il fut plus tard nommé temple aux Tuiles de bronze (Tongwa). Ses piliers en bronze et ses tuiles recouvertes de feuilles d’or expliquent son nom actuel. A l’intérieur du temple, tout est en bronze: les statues des dieux, les panneaux d’inscriptions, les charpentes, les colonnes et les murs, soit en tout plus de 250 t de métal».

Un accès plus direct évite de grimper les centaines de marches conduisant au sommet de la colline. Nous franchissons la Porte Lingxing au portail peint ave ses poutres et chevrons sculptés.
 
À l'intérieur du temple sont exposés de nombreux objets anciens, parmi lesquels une épée à double tranchant, d’un poids de 20kg ou encore un sabre pesant 12kg, doté d’un manche en bois. Dans un pavillon, on peut voir la  Grande Cloche de l'ère Ming, qui était autrefois à Xuanhua (dans la province du Hubei, au nord-est de la Chine). Ancienne de plus de 560 ans, elle a été fondue en 1424 sous l’ère Yongle. Elle pèse 14 tonnes et fait 2 mètres de haut et 7 mètres de circonférence, ce qui en fait la quatrième de Chine en importance. Près de là, on peut aussi admirer de superbes estampes notamment celle représentant le général et sa jolie femme.
 

 

Delphine nous raconte leur histoire:
«Le général Wu Sangui qui était chargé de défendre la Grande Muraille contre les Mandchous qui l'assiégeaient  était tombé follement amoureux d'une femme qui vivait hors de l'enceinte de la Grande Muraille. Sachant cela, les Mandchous enlevèrent cette femme. Le général négocia sa délivrance contre l'ouverture des portes permettant ainsi aux Mandchous de destituer l'empereur Ming.  Mais les Mandchous  ne se contentèrent pas de cette destitution de l'Empereur Chongzhen et s'emparèrent du trône impérial donnant naissance à la dynastie Qing en 1644. Assez peu reconnaissant pour le traitre, l'Empereur Shunzhi l'exila dans le sud de la Chine».

A proximité du temple, on peut profiter de la fraîcheur et de l'agrément d'un parc qui s'étend sur 32 hectares avec ses fleurs, bonzaïs, arbres (palmiers, ginkgos, camélias...), arbustes (azalées) et des pavillons se reflétant dans des bassins. Près de la sortie, attirés par les coups de maillets frappant en rythme, on peut se laisser tenter par la sorte de nougatine ainsi produite, à base de farine d'orge, cacahuètes et de graines de sésame. On peut aussi être tenté de se faire faire une calligraphie de fantaisie avec son prénom.

12H30, il est temps de songer à déjeuner. Au moment de quitter le site, on se rend compte que l'on a perdu Simon. Coups de téléphones à droite et à gauche et finalement on le retrouve nous attendant sagement au bas de la colline en train de trier ses photos.

Les JIAOZI ou "raviolis chinois"

On connaît les JIAOZI (jiao: boule et zi: petite) sous le nom de raviolis chinois. Les jiaozi sont une des principales nourritures de la Fête du printemps ou Nouvel An chinois. 
De petites boules de pâte sans levure sont aplaties en cercles de 5-6 cm qui, une fois garnis d'une farce, sont repliés. Ils sont généralement bouillis  mais il existe des préparations à la vapeur ou même en friture. Au moment de les déguster, on les trempe généralement dans du vinaigre ou un mélange vinaigre et sauce soja. 


 

Non loin du restaurant "Dengwen Western Restaurant" à l'allure de brasserie bavaroise, nous déjeunons dans un petit restaurant dont la spécialité très appréciée de Delphine est celle des raviolis à base de farine de froment comme dans le nord de la Chine et non pas comme dans le sud, à base de farine de riz.  Ce repas remplace donc le déjeuner qui devait être libre, en compensation de celui que nous avions "sauté" il y a quatre jours de cela. Nous nous rattrapons puisque les 20 convives engloutissent 400 raviolis dont la farce est un mélange de viande hachée et de légumes, au chou, aux oignons, à l'anis...

 

Après cela, comme il reste un peu de temps avant de se rendre à l'aéroport, Delphine nous conduit dans un magasin d'articles vestimentaires en soie "Sylk Country" où nous passons une demi-heure.
 

Puis c'est un court trajet d'une vingtaine de minutes que Delphine, qui s'est bien promise de ne plus guider de groupes pour notre T.O. et sans doute tout à la joie d'être débarrassée de nous, met à profit pour pousser la chansonnette, bien jolie ma fois... mais le temps presse car il est déjà 15H30 et le décollage prévu à 17H05.  

Retour en France: vols Kunming/Canton puis Canton/Paris

Et c'est à l'aéroport que se produit un incident majeur dans la mesure où seulement 9 passagers sur 19 (y compris l'accompagnatrice) sont enregistrés sur le vol. Pour couronner le tout, Elisabeth, l'accompagnatrice munie du visa collectif pour tout le groupe fait partie des 9 privilégiés qui abandonnent leurs collègues aux seuls bons soins de Delphine  qui, heureusement, était restée jusqu'à l'enregistrement. Elle a dû maudire une nouvelle fois notre T.O. pour ce "bouquet final". A la dernière minute, elle a pu leur obtenir des cartes d'embarquement seulement pour le vol Kunming-Canton et les valises non enregistrées ont dû être gérées comme des bagages de cabine, ce qui a fait perdre (confiscation) à l'un cinq bouteilles de vin (150€, n'est-ce pas Michel C. ?), à l'autre un couteau tibétain... Et il  leur restait à parcourir pas loin d'un kilomètre de couloirs avec  leurs grosses valises car le vol était affecté à l'une des portes les plus éloignées. Et pour finir, les places pour le groupe se situaient en queue de l'avion et la plupart des valises ne pouvaient pas être logées dans les coffres...
Après tous ces épisodes, le vol CZ3408 est effectué dans les temps (envol de Kunming à 17H05 et arrivée à Canton à 19H20) avec un biréacteur Boeing 737-800 de la compagnie China Southern comme celui que nous avions eu pour le vol Canton-Kunming au début du circuit.

Heureusement que l'escale de  quatre heures et demie à Canton, laissait plus que le temps nécessaire aux 10 "rescapés" pour se faire enregistrer correctement sur le vol Canton-Paris.
Que ce serait-il passé si nos malheureux collègues n'avaient pas pu embarquer in extremis et s'il n'y avait pas eu d'autre vol vers Canton durant notre temps d'escale?

Avec un quart d'heure de retard, nous avons décollé un peu après minuit trente sur le vol CZ347, avec un biréacteur Airbus A330-200 de la Compagnie China Southern.  Le plan de vol a curieusement fait monter l'avion vers le nord de la Chine avant de se diriger logiquement vers l'ouest, ce qui a fait que nous avons emprunté une route très au nord, passant par Saint-Pétersbourg et la Mer Baltique.

Après 12H15 de vol et un parcours de 6200 miles (10 000km), nous arrivons à Roissy à 7H15, avec un quart d'heure d'avance sur l'horaire théorique et avec un curieux commentaire en français du chef de bord "l'atterrissage s'est déroulé sans encombre" (!) comme s'il s'agissait d'une exception. Sans doute un trait d'humour franco-chinois...
Toujours est-il qu'il fait bien beau en France en ce début d'avril, ce qui rend le retour un peu moins nostalgique.


 

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