Le sud du YUNNAN  
 


 


LE YUNNAN,
une mosaïque ethnique.

 

A 92%, la Chine est peuplée par l'ethnie Han. Les 8% autres sont partagés entre 55 minorités ethniques dont 18 comptent plus d’un million de personnes.
Les Zhuang (vivant dans le Guangx) sont les plus nombreux avec environ 17 millions suivis par les Mandchous avec 11 millions.

 

Le Yunnan se distingue par une grande diversité ethnique et culturelle.
Au YUNNAN vivent  25 minorités ethniques
(26 ethnies avec les Han) représentant 38 % de la population de la province, face au 62%  de Han qui ici sont en maints endroits minoritaires et bien éloignés par leurs traditions de leurs frères du nord.

En jaune, les ethnies repérées pendant notre circuit.
  1 - Les Yi sont les plus importants (4 millions au Yunnan sur un total de 8 millions en Chine),  répartis en plus de 30 sous-groupes (dont les Sani) aux dialectes et traditions vestimentaires souvent bien différents. Ils étaient les fondateurs au 8ème siècle, avec l’ethnie Bai de Dali, du puissant royaume de Nanzhao.
  2 - les Bai (1,5 million),
  3 - les Hani (1,4 million) ou Aini, ils sont appelés Akha en Thaïlande et en Birmanie et Iko au Laos. Ils  vivent dans une société matriarcale.
  4 - les Zhuang (1 million),
  5 - les Dai (1 million), une population de type Thaï utilisant une écriture thaïe.
  6 - les Miao (1 million sur un total de 9 millions en Chine), ils sont aussi présents au Nord Vietnam, Nord Laos et jusqu'au Nord de la Thaïlande où ils sont appelés Hmong.
  7 - les Hui (500 000),
  8 - les Lisu (500 000 ou 640 000?),
  9 - les Lahu (400 000),
10 - les Wa (300 000),
11 - les Naxi (280 000 ou 320 000?) qui possèdent une langue et une écriture propres, les pictogrammes dongba,
12 - les Yao (180 000 ou 200 000 sur un total de 2,7 millions en Chine),
13 - les Jingpo (135 000),
14 - les Tibétains (100 000 ou 120 000?) avec une langue et une écriture particulières,
15 - les  Bulang (80 000),
16 - les Buyi (35 000)
17 - les Achang (27 000 ou 34 000?),
18 - les Moso (30 000) ou Mosuo   vivent dans une société matriarcale.
19 - les Nu (25 000),
20 - les De'ang (17 000),
21 - les Mongols (13 000),
22 - les Shui (7 000),
23 - les Dulong (7 000 ou 5 400?),
24 et 25 - les Pumi et les Mandchous

 

Malgré le folklore touristique, ces peuples minoritaires ont dans l’ensemble su maintenir leurs structures sociales, leurs traditions et leurs modes vestimentaires, voire leur langue et leur écriture.

Lors du rattachement du Tibet à la République populaire de Chine, une large partie des plateaux tibétains (région du Kham) a été rattachée au Yunnan, et avec eux une population de 120 000 Tibétains, la culture tibétaine est restée vivace: monastères, écoles (produisant des thangka) et médecins bouddhistes lamaïques, élevage du yak, langue et écriture...

De nombreuses chansons Zhuang se retrouvent dans les karakoés, connues et appréciées par la majorité des Chinois.

Dans le district de Lijiang, la culture dongba des Naxi (écriture pictographique, religion animiste et totémiste, mêlée de bouddhisme) est très présente. La musique purement acoustique reste très importante dans la culture Naxi, alors qu'elle est plus souvent mêlée à de la musique électrique ou électronique dans les autres cultures chinoises. On peut entendre différentes formations orchestrales composées d'une vingtaine d'instrumentistes.

Dans le district de Dali, les Bai majoritaires, sont vêtus de costumes composés de blanc et d'autres couleurs selon les branches de la culture bai.

Dans le Sud du Yunnan, à Xishuangbanna, près de 75% de la population est de la minorité Dai, d'origine thaïlandaise, le hulusi, instrument de musique dai, est très répandu. La production d'argenterie et de bijoux ornés de pierres précieuses est une spécialité des hommes dai qui doivent offrir des bijoux pour leurs futures ou actuelles épouses.



 

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Sud du Yunnan
 

Vendredi 27 mars  - Départ vers le sud

Sous un ciel incertain, nous avons quitté le Musée des Nationalités de Kunming vers 11H15 et nous allons emprunter environ 90 kilomètres d'autoroute. Delphine frémit toujours à la vue des balayeurs travaillant sur les autoroutes avec pou seule protection leur gilet fluorescent...
Nous partons en direction du sud-est, vers la forêt de Pierres (Shilin), via des gorges où des ingénieurs français (début XXe s.) créèrent de nombreux ouvrages d’art ferroviaire pour une voie métrique qui reliait Kunming à Hanoï, c'est-à-dire le Yunnan et l'Indochine...  Environ 60% de cette ligne, soit 460km, se trouvant au Yunnan dont les Français exploitaient les ressources minières.  Sur cette ancienne voie, le "trafic voyageurs" a cessé dans les années 1980.
Nous la reverrons souvent en  parallèle au réseau autoroutier. Par ailleurs cette ligne va être doublée par une voie ferrée moderne.  Bientôt nous apercevons les premières formations rocheuses de type karstique. Les Chinois n'ont guère d'égards pour elles, n'hésitant pas à les faire traverser par des routes tandis que des entreprises en extraient des blocs sans doute destinés à orner le parc des villas de nouveaux riches....

 

1 - La Forêt de Pierres Noires de Naigu


Nous allons déjeuner à 13H non loin du site principal de la Forêt de Pierres au restaurant Ashi Ma, un grand établissement sans charme, sale et bruyant, au service rapide... Seule originalité: le táozá, un fromage de chèvre frais délicieux.
Par contre, on peut trouver dans la boutique de délicieux gâteaux fourrés aux pétales de roses. On en trouvera même par la suite dans les grands sites touristiques du nord (Dali, Lijiang).
Delphine nous précise qu'ici on peut acheter les roses au kilo, lequel coûte moins cher qu'un kilo de brocolis!

A Lunan, nous laissons de côté la Forêt de Pierres du site central de Shilin et ses bruyantes meutes de touristes chinois pour nous rendre 10 kilomètres plus au nord,  à la Forêt de Pierres Noires de Naigu.

Mais avant d'y parvenir, nous sommes bloqués pendant une dizaine de minutes par une cérémonie funéraire qui se déroule sur la route tandis qu'une petite pluie se met à tomber. D'après Delphine
, il s'agit de Yi dont les coutumes funéraires sont différentes de celles de la majorité Han.  Des couronnes faites de papiers très colorés sont chargées dans un camion pour être brûlées avec le corps du défunt. Bientôt c'est une longue série de pétards disposés sur la route qui éclatent en dégageant une épaisse fumée. De la foule émerge la dépouille couverte de fleurs, placée sur un brancard et portée à l'épaule.  Une partie des gens présents ont le front ceint d'un bandeau de couleur claire. Puis ces membres proches de la famille s'agenouillent sur la route tandis que les porteurs font passer la dépouille au-dessus de leur tête. Quel étrange cérémonial...

La foule se disperse libérant le passage alors que la pluie à cesser. Nous allons pouvoir jouir d'un spectacle plus riant sur le site où nous arrivons à 14H15. Nous allons y passer deux heures et demie.

 

La Forêt de Pierres qui s'étend sur 350km² comporte deux sites qui forment, selon les guides, le plus haut paysage karstique du monde et l'un des plus beaux. Le relief ruiniforme comporte de nombreux rochers verticaux d'où l'image de la forêt. Ces pinacles ressemblent à des stalactites de 10 à 30 mètres de hauteur ayant "poussé" à l'air libre.
Pour nous, cela rappelle fortement une formation karstique encore plus spectaculaire et en tout cas plus sauvage, située bien loin d'ici, le site des Grands Tsingy de Bemaraha, à l'ouest de Madagascar.

La roche  dont sont faits ces relief est composée de calcaire et de dolomite  qui s'étaient déposés sous forme de sédiments dans les fonds marins il y a environ 350 millions d'années (ère Paléozoïque). Cet ancien socle a émergé en plusieurs phases de soulèvement pour former ce plateau, désormais à près de 2000 mètres d'altitude, soumis à l'érosion. La roche fut au fil du temps polie, sculptée, rongée par le temps et l’érosion. Des grottes, des forêts de pierres, des falaises, des cavernes semblent apparaître par magie.

Delphine nous précise que la population de l'ethnie Sani (comptant 100 000 individus) qui occupait le site a été déplacée lors de sa mise en valeur touristique et en vue de son classement. Cette population vit aujourd'hui largement du tourisme autour du site central de la Forêt de Pierres. Les Sani sont un sous-groupe de la grande ethnie des Yi (encore appelés Lolo, ce qui signifie "dénudé" dans les pays voisins du sud-est asiatique) qui, elle compte environ 8 millions d'individus au Yunnan.

Extraits du Petit Futé:
«
Ces paysages chinois surprenants sont aujourd’hui classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'UNESCO
[...] les formations karstiques du Sud de la Chine s’étirent des célèbres pains de sucre de Guilin, à travers la province du Guizhou jusqu’au Yunnan. Aux portes de Kunming, elles se transforment en un relief ruiniforme des plus fascinants: la forêt de pierre, ou Shilin. Cette forêt est un endroit magique, un véritable musée naturel, une sorte de chaos fantastique de rochers aux formes plus étranges les unes que les autres. Vues de loin, ces formations de pierre ressemblent bel et bien à une immense forêt. A l'origine, ces éminences rocheuses étaient sous l'eau: une simple partie des fonds sous-marins, formée de couches calcaires façonnées par une érosion vieille de 270 millions d'années et subissant les déformations de la croûte terrestre pour devenir ce grand ensemble de colonnes de pierres. Les étranges formations de ce labyrinthe de rochers, parfois hautes de 30m, s’étendent sur 27 000ha. Seuls 80ha sont accessibles aux touristes, qui incluent la forêt de pierre voisine de Naigu, plus petite mais aussi plus sauvage. Dans ce dédale pétrifié, il est facile de se perdre si  l'on sort des chemins aménagés dans le roc. Au milieu de ces paysages singuliers de pics, de caves, d'étangs et de roches parfois en équilibre instable, quelques pavillons chinois construits ici et là sur des points relevés permettent  d'embrasser une vision plus globale du site. L'imagination chinoise trouve alors matière à vagabondage, et les noms poétiques et évocateurs abondent: l'épouse attendant son mari, la cloche de pierre, les deux oiseaux se donnant mutuellement à manger, les escaliers qui montent au ciel, le phénix lissant son aile…
Près de la Forêt de pierre habite la minorité ethnique des Sani. Un grand nombre d’entre eux viennent vendre leur artisanat fait de jolies broderies à l’entrée de la forêt. Chaque 24e jour du 6e mois lunaire (fin juillet-début août), lors de la fête des Torches, les jeunes gens Sani chantent et dansent au clair de lune dans un amphithéâtre naturel [...] Si la forêt des pierres de Shilin est incontestablement un site de toute beauté, l'exploitation touristique à outrance, le prix très prohibitif, les voyages organisés, les installations qui ne servent pas à grand chose, les navettes incessantes et la grande musique ont pour effet de dénaturer l'ensemble, et en agaceront plus d’un. C’est malheureusement une tendance qu’on retrouve trop souvent dans les sites les plus attractifs du pays, avec exploitation sans aucun respect (pour la nature et, plus encore, pour les habitants) par une grosse entreprise au mépris de la beauté des lieux. On pourrait même, en toute franchise, se demander comment Shilin peut rester au patrimoine mondial de l'UNESCO avec tous ces ajouts superflus et monstrueux, et tout simplement si son inscription à cette liste tant convoitée n'est pas finalement une malédiction. En clair, passez à Shilin si vous êtes dans la région, mais si le tourisme à la chinoise et son côté Disneyland n'est pas pour vous, passez votre chemin. Vous voila prévenus
.»

 

Une définition également tirée du Petit Futé:
«
Le mot "karst" vient de "kras", nom d’une région de Slovénie au modelé caractéristique. Le terme fut germanisé et devint "Karst", lorsque le pays fut absorbé par l’Empire austro-hongrois. Le karst est un paysage façonné dans des roches solubles carbonatées. Ce n’est pas une roche mais bien un paysage qui peut se développer dans le calcaire principalement, mais aussi dans le marbre, la dolomie ou encore la craie. Les paysages karstiques sont caractérisés par des formes de corrosion de surface, mais aussi par le développement de cavités dus aux circulations d’eaux souterraines. »
 

 

 

La saison pour visiter le site est plaisante avec les superbes azalées japonaises (avec leurs feuilles persistantes) et les azalées dites de Chine fleuries avant que leur feuillage apparaisse. Une floraison en avance d'un mois et demi par rapport à chez nous!
Autre plaisir floral avec l'immense terrain de plusieurs hectares qui précède les premières formations du site de Naigu. C'est une mer de fleurs de couleur mauve-lilas de ce qui me semble être de la Monnaie du Pape ou Lunaire (Lunaria annua).
Et agréable surprise, il n'y a pratiquement personne sur ce site en dehors de notre groupe. En fin de parcours nous rencontrerons seulement une dizaine de Chinois.
 

 


En se promenant par les sentiers très aménagés, Delphine nous invite à découvrir des formes humaines ou animales évocatrices comme adorent le faire les Chinois: "la famille" (deux adultes de profil accompagnés de leurs deux enfants), "les lions amoureux", "les deux cochons affrontés", "le Bouddha à quatre faces", "la tortue"...
Par moment, le sentier se fait labyrinthique, passant sous de petites arches, empruntant des marches, conduisant à des belvédères d'où la vue s'étend à des kilomètres ou longeant de petits étangs formant de merveilleux miroirs....
 

 
 
 

Peu après avoir quitté le site, nous traversons un hameau où une foire un marché semblent s'être tenus car on voit de nombreux paysans s'en allant en tenant un buffle, corde à la main...
 

Nous reprenons la route vers le sud, en direction de Mile, ville distante d'environ 80km, où nous ferons étape ce soir, la ville qui donne son nom au Bouddha du Futur, Milefo...
C'est une région de culture de tabac mais on est encore trop tôt en saison pour le voir planté. Comme les théiers (plantations que nous ne verrons pas), le tabac apprécie les sols calcaires de cette région.

Nous allons dîner dans un petit restaurant populaire Jing Hua Shi Fu. Un bon repas copieux (11 plats dont haricots rouges en panure épicée, fèves... et en dessert de fines nouilles sucrées!) mais dans un environnement sale comme souvent en Chine et dans une atmosphère très bruyante et enfumée de cigarette.

Nous logeons à l'hôtel Hong Yan ("Fleuve Rouge"), un 3-4* qui appartient au riche manufacturier de tabacs et cigarettes Honhe. L'endroit est calme car voisin d'un parc et d'une zone résidentielle pour une population aisée.
En revanche, la formule de petit-déjeuner sera exclusivement chinoise (divers sautés, nouilles, riz, raviolis...). La confiture est chichement présentée et Delphine assure le ravitaillement en pain brioché. En outre, il faut s'armer de patience si l'on veut se faire servir du thé...

 


2 - Villages de minorités sur la route du sud vers Yuanyang

Samedi 28 mars

Nous quittons Mile à 8H45 et bientôt nous passons près d'un grand terrain que l'on pourrait qualifié de cimetière en raison du grand nombre de tombeaux Han qui y sont érigés. Puis ce sont des champs de vigne en plein vent ou sous voile protecteur.
Nous passons bientôt aux abords de la ville de Kaiyuan (260 000 hab.) aux industries chimiques et minières (manganèse, hydrocarbures, papier...).

Arrêt à Malipo,  village de l'ethnie Miao

Delphine nous conduit dans le village de Malipo habité par l'ethnie Miao. C'est une ethnie importante avec plus de 10 millions d'individus (à laquelle appartiennent les Hmong du Vietnam et du Laos) dont 9 millions dans diverses provinces du sud de la Chine et plus précisément 1 million au Yunnan.

Nous allons consacrer une bonne demi-heure à visiter le village qui compte 220 familles.
Petit tour dans le village où l'on voit d'un coup d'oeil les différences de richesse. Les maisons traditionnelles sont en terre sous forme de pisé et couvertes de tuiles jolies rondes flammées qui s'effacent devant des tuiles vernissées couleur bleu pervenche tandis que les murs de briques cuite et de parpaing de ciment ne sont pas rares. Une "école de l'espoir" a été offerte au village par la ville de Shanghai. Ecole fermée aujourd'hui samedi, dommage!
On y verra une vieille dame près de sa modeste masure mais fière de se présenter dans on costume du tous les jours brodés de couleurs vives et avec sa jupe aux mille plis et ses guêtres. Traditionnellement les femmes portent sur elle leur fortune sous forme de bijoux pour parer à l'éventualité d'une catastrophe naturelle provoquant la destruction de leur maison.
Non loin de là on trouve deux petites épiceries. Nous intéressons les enfants plus ou moins dépenaillés et certains encore dotés de la culotte fendue. Là, une femme rentre au village lourdement chargée d'une hotte remplie de fourrage.
 
 

Une cour a l'air particulièrement animée du fait que plusieurs villageois s'y sont retrouvés pour les cochonnailles sous le regard du policier municipal. On a sacrifié un cochon et une dizaine de volailles. Sous un abri, les femmes, dont une partie porte le costume traditionnel, épluchent, hachent ou pilent les légumes (force piments, oignons rouges, ail...) tandis que les hommes sont répartis en deux groupes: les uns débitent la carcasse sous un hangar tandis que les autres sont installés en plein air et occupés à hacher menu la viande. Sur un foyer, deux grandes marmites chauffent tandis qu'un barbecue attend un peu plus loin.  Il s'agit de préparer les festivités pour l'anniversaire du père selon les informations recueillies par Delphine. Sur la place les enfants jouent et une fillette retient l'attention avec son costume de fête et sa coiffure.

 

Arrêt à Shadian,  village de l'ethnie Hui

Il est 11H15 quand nous quittons Malipo avec devant nous une petite heure de route pour arriver à notre étape suivante, le village de Shadian (8000 habitant) habité par la minorité musulmane des Hui Delphine a longuement hésité à nous conduire.

Les Hui sont des musulmans sinisés. D'origine perse ou arabe, ils se sont mêlés aux Han et en ont les caractères physiques. Dans la capitale des Tang, régnant depuis Chang'an (actuelle Xi'an), des Arabes se sont installés au cours de la seconde moitié du VIIe siècle: des mercenaires recrutés pour combattre dans l'armée impériale et des marchands de la Route de la Soie. D'autres musulmans sont arrivés sous les Song (Xe-XIIe) et sous la dynastie mongole de Yuan (XIIe-XIVe). Le plus célèbre des Hui est l'amiral Zheng He qui, de 1405 à 1433, mena 7 expéditions vers le Moyen-Orient et la côte est de l'Afrique.

A l'approche de la ville, nous passons plusieurs contrôles de police. Une fois, l'agent procède au contrôle systématique de tous les passeports. Une autre fois, seuls les passagers situés à l'avant y sont soumis et les autres fois, les policiers se bornent à échanger avec le chauffeur et la guide. Enfin, en arrivant en périphérie de la ville, on peut voir des dizaines de véhicules de police sur un grand parking. Pourquoi toute cette agitation ? Delphine nous indique que les autorités craignent l'infiltration de terroristes Ouighours depuis la lointaine province musulmane du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine. Cela en raison de l'exécution récente de trois terroristes qui avaient commis un attentat à Kunming en 2013.
En outre, cette ville a un passé douloureux car la pratique religieuse y a été réprimée lors de la Révolution Culturelle. La révolte populaire a été violemment réprimée par l'armée en 1975. Le bombardement de la ville se traduisit par le massacre d'un millier de personnes tandis que la ville se retrouvait en ruines, ce qui explique l'aspect de ville nouvelle qu'elle présente aujourd'hui.

Nous nous bornerons à un arrêt devant la grande mosquée (de style arabe), la plus grande du sud de la Chine puisqu'elle peut recevoir 10 000 fidèles (6 000 hommes et 4 000 femmes). On ne sens pas particulièrement d'hostilité de la part des habitants qui passent dans notre voisinage. Il est vrai que nous n'y sommes moins d'un quart d'heure.
 

 

Nous allons rouler pendant une vingtaine de minutes, toujours cap au sud, vers la ville de Gejiu (200 000 habitants, capitale mondiale de l'étain) directement sur le tropique du Cancer. C'est à ses abords  que nous allons déjeuner au restaurant Yan Zhu. On appréciera les paillassons de pomme de terre et Delphine saura s'en souvenir pour ses commandes futures. Nos tablées voisinent avec celles de familles ou de groupes de Chinois. Tandis qu'un homme fume avec sa pipe à eau, dans une ambiance bon enfant des gamins s'enhardissent à venir jouer avec nous ou à nous photographier avec leur smartphone. 
 


Arrêt à Abang,  village de l'ethnie Dai

Route à nouveau vers le sud à travers vallées et montagnes, en franchissant de nombreux tunnels de bonne facture. Nous allons nous arrêter dans le petit village d'Abang peuplé par la minorité Dai. C'est un peuple d'origine Thaï qui compte 1,2 millions d'individus au Yunnan. Les Dai très présents dans le sud-ouest de cette province, dans la région du Xishuangbanna et ils pratiquent le bouddhisme du Petit Véhicule.

Au petit marché forain de Long Bon, les vendeurs de fruits ont installé leur étal au bord de la route.
Nous faisons d'abord honneur aux délicieux ananas, mangues, petites bananes... En revanche nous évitons les malodorants durians. On y voit aussi du tamarin, des racines de lotus... La présence de ces types de fruits s'explique par le climat tropical qui règne dans cette région et par les échanges avec le Vietnam tout proche.

Non loin de là quelques villageois s'affèrent à la construction d'un portail en béton peint à l'entrée du village d'Abang où nous allons passer une demi-heure.
Dans le village, à cette heure chaude de la journée (15H30), plusieurs villageois se reposent à l'ombre des litchis (les arbres dont les fruits ne sont pas mûrs) sur la place du village. Certaines femmes portent encore le costume traditionnel et une sorte de calot relativement, vêtements  sombres sauf des broderies colorées aux encolures et aux manches.... Ce qui n'est pas incompatible avec l'usage du téléphone mobile! Un tour du village permet d'observer l'utilisation de briques de terre crue (adobe) pour la construction des murs. Une technique valable tant que les toitures protègent efficacement les bâtiments. Ce n'est pas le cas partout à en juger par les ruines que l'on peut voir. Dans les cours, on peut apercevoir quelques cochons noirs bien en chair.
 

 

Nous quittons le village  pour retrouver la route au bord de laquelle des femmes cantonnières reconstruisent le trottoir. On rejoint bientôt le rivage du fleuve Yuan Jiang (le Fleuve Rouge qui rejoint la Baie d'Halong au Vietnam) sur lequel est construit un petit barrage. Nous ne sommes plus qu'à 126 mètres d'altitude et en ce début d'après-midi la température atteint les 30°. La frontière avec le Vietnam est à une centaine de kilomètre au sud-est (ville vietnamienne de Lào Cai).

 



3 - Les rizières en terrasse de YUANYANG

 On remonte le cours du fleuve jusqu'à Nansha, plus connue sous le nom de Yuanyang, nouveau chef-lieu de la région, à 240 mètres d'altitude.  La suite, c'est une route de montagne en bon état mais sinueuse qui se dirige vers le sud, sur les flancs de la crête Ailao (qui culmine à 3000 m.), aux environs de 1570 mètres d'altitude.

Les rizières le soir

Après une zone de cultures sèches en terrasses, un peu en dessous de 1000 mètres, apparaissent les premières rizières en terrasses qui vont devenir de plus en plus spectaculaires comme nous allons pouvoir les contempler durant une heure. La traversée la ville de Xinjie, l'ancien siège administratif de la région,  où nous viendront dormir est laborieuse. Enfin, nous arrivons dans le secteur des terrasses de Qingkou après être passés au poste de contrôle où Delphine a pris un billet valable jusqu'au lendemain.

Le Petit Futé parle de ce site dans les termes suivants:
«[...] Yuanyang est une petite bourgade entourée de paysages époustouflants. Le petit bourg ne mérite pas en soi le déplacement dans ces contrées du Sud. Mais les rizières valent bien à elles seules des dizaines d’heures de bus! Réputées pour être les plus belles de Chine, les rizières de Yuanyang se dressent à moins de 10km du petit bourg. Le spectacle est grandiose! Cet immense escalier se dessine sur le relief escarpé, l’eau scintille sous la lumière du soleil et les premières pousses pointent leur nez dès l’arrivée du printemps. Le paysage semble avoir été sculpté comme par magie. La région de Yuanyang est marquée par la forte présence de la minorité Hani. L’histoire raconte qu’ils furent les premiers cultivateurs de riz de la région, on leur doit d’ailleurs les magnifiques rizières en terrasse de Yuanyang. Au fil du temps, les Hani sont devenus de véritables spécialistes en matière d’irrigation. Ils mirent au point d’ingénieuses méthodes qui permettent d’évacuer le surplus d’eau ou bien de la maintenir en cas de sécheresse. La récolte du riz se fait dès l’entrée de l’automne. Tous les villageois sont alors mobilisés. On compte environ 1,25 million de Hani en Chine, ils sont pour la majorité installés dans des villages dans le Sud du Yunnan. Pour ceux qui veulent découvrir un véritable village Hani traditionnel, vous pourrez vous rendre à Qinkou (environ 7km de Yuanyang).
[...]
Vision fantastique que ces rizières en terrasse s’étendant à perte de vue… D’aucuns assurent que ce sont les plus belles rizières de Chine! Selon la saison, le paysage peut être complètement différent. Entre les mois de mars et d’avril, les rizières sont remplies d’eau et semblent briller comme des miroirs. Au mois de mai, les petites pousses sortent la tête de l’eau. La récolte se fait au mois d’août. On conseille cependant de vous y rendre assez tôt le matin afin de profiter du soleil qui se lève sur ce magnifique paysage digne d’un film. Les rizières se superposent les unes au-dessus des autres comme un véritable escalier. Une fois au sommet, vous serez à près de 2000m d’altitude, et d’ici vous verrez l’eau s’écouler à l’aide de canalisations en bambou le long des sentiers. L’endroit est féerique. Les paysages que vous offrent les rizières de Yuanyang ressemblent aux images que l’on imagine avant de partir en Chine. L’espace d’un instant, le temps s’arrête. Vous pourrez vous imbiber des odeurs et des couleurs… Elles vous rappelleront sans doute les peintures des plus grands artistes chinois. »


C'est la bonne (la meilleure?) période sur le plan esthétique pour admirer les terrasses mise en eau depuis la fin de l'année, formant des miroirs tortueux. C'est aussi un moment de la journée très favorable car leur l'aspect change de minute à la lumière du soleil déclinant: bleutés, argenté, opales, blancs, rougeâtres (présence de micro algues). Sans oublier le vert tendre des zones de semis car le repiquage va bientôt commencer. Elles épousent les courbes de niveau en gros avec une différence de niveau d'un mètre qu'assurent les murs et diguettes. Elles couvrent plus de 11000 hectares et sont alimentées par 4650 canaux. Les Hani sont à l'origine de la construction des terrasses, il y a de cela 1200 an selon certaines sources (700 selon Wikipédia)... Leur exploitation relève actuellement à parts égales de populations Yi et Hani.
S'agit-il des plus belles rizières en terrasses de Chine? En tout cas, elles offrent un autre spectacle que celles de Longji ("l'Echine du Dragon") situées dans la  région du Guangxi, non loin de Guilin, que nous avions admirées lors de notre voyage en 2008.
Evidemment, un tel site est classé au Patrimoine de l'Humanité de l'UNESCO mais seulement depuis 2013.
 

 

Près de là, on peut voir des hommes Hani rentrant quelques buffles tandis que les femmes suivent portant sur le dos de gros fagots de bûches en s'aidant d'une sangle passée sur le front. Delphine nous dira que les femmes Hani ont souvent encore un statut très dévalorisé. Leur costume sombre, noir ou bleu nuit, en est le reflet.  

 

La ville de XINJIE

17H30, il est temps de gagner Xinjie et d'aller déposer nos bagages à l'hôtel Yunti.

Dans une salle un banquet de mariage se termine. On peut voir que les ethnies se brassent dans ses occasions comme on peut en juger par les costumes sombres de femmes Hani et par les broderies colorées des Yi avec leurs étranges pans "en cravates" qui couvrent le bas du dos. En revanche, les ados ont adopté des tenues plus ou moins éclectiques de style occidental. Nous faisons les curieux, ce qui n'est pas du tout mal vu ici, on nous offre même quelques confiseries et les mariés nous invitent même à trinquer. L'heure des au revoir et donc des remerciements étant venue, la mariée a quitté la robe blanche occidentale pour revêtir la robe rouge traditionnelle.
Compte tenu de l'état de la salle après les agapes, Delphine n'a pas tenu à ce que nous dînions à l'hôtel...

Justement, en attendant le dîner, c'est l'occasion de faire un tour en ville puisque l'hôtel est parfaitement situé, en plein centre. Nous allons passer une petite demi-heure sur la grande place voisine qui surplombe la vallée encore baignée par les rayons du soleil couchant (il est 18H).  L'ambiance est agréable: des jeux sont installés sur des bâches et même des pataugeoires en structure gonflable pour les jeunes enfants. Les culottes fendues sont présentes évidemment. Des plus grands profitent d'un trampoline ou jouent avec des cordes. Les adultes déambulent ou sont assis à prendre le soleil.  Les ethnies Hani et Yi de la région sont bien sûr mêlées sur cette place.
 

 

19H, l'heure où Delphine nous regroupe à l'hôtel pour aller dîner dans le tout petit restaurant Lao si chuan situé au bord de la place. Cela pourrait être un endroit sympathique mais un groupe d'hommes chinois (certains étant torse nu) est vraiment trop bruyant, sans parler de la saleté sous leur table. Delphine avait retenu que  nous apprécions le paillasson de pomme de terre...

En sortant du restaurant, on profite de l'animation nocturne avec des villageois, hommes et femmes, jeunes et vieux, Hani ou Yi,  effectuant des sortes de danses gymniques tout en tournant en rond  à la queue leu leu sur plusieurs cercles.

La nuit à l'hôtel Yunti ne sera pas dérangée par le voisinage mais par un orage assez violent. Il ne restait qu'à espérer  que le ciel retrouve sa couleur azur pour le lendemain.

 

Dimanche 29 mars

Le marché de XINJIE

Chez nous, c'est le passage à l'heure d'été. Ici, c'est à 8H, heure locale, que nous commençons nos visites. L'orage et la pluie ont cessé mais l'atmosphère est remplie de brume. Un peu de brume peut donner une touche romantique au paysage mais point trop n'en faut. 

 


La journée commence par la visite du marché de Xinjie. Celui-ci est proche du centre ce qui est commode pour s'y rendre à pied. C'est un marché couvert sur deux niveaux. Après avoir gravi un raide escalier métallique fait avec des fers à béton soudés, nous commençons par l'étage disposé en mezzanine périphérique qui est affecté au commerce des fruits, légumes et céréales.  C'est l'affaire des femmes et on reste admiratif devant leur force quand on les voit emporter sur leur dos des sacs de 50 kg de riz et ainsi chargées descendre le raide escalier métallique.
 

 


Nous passons au rez-de-chaussée où sont installés les étals de viande ainsi que les vendeurs de volaille. Ce n'est qu'à moitié rassurant quand on sait que cette partie de l'Asie est l'incubateur des épidémies de grippe.
Pas d'équipements réfrigérés et cependant pas d'odeurs désagréables ni de mouches en cette heure matinale.

 

Les rizières le matin

La brume s'est estompée et le soleil est au rendez-vous!

Nous reprenons la route de montagne qui donne des points de vue sur les terrasses qui s'étagent en contrebas. Nous allons nous arrêter à 5 ou 6 points de vue à partir d'une route qui passe par les lieux-dits Bada, Luomadian, Sheng et Duoyishu. Nous commençons nos visites à 9H45, un horaire encore favorable avant que la lumière du soleil n'écrase trop les paysages.

 


Les plus motivés peuvent même s'aventurer dans les rizières. Certains sentiers sont bien aménagés avec des pavés mais jouer aux équilibristes sur des diguettes boueuses est plus risqué surtout avec les chaussures peu appropriées que l'on a aux pieds. En fait, l'orage de la nuit a apporté pas mal de terre glaiseuse qui rend glissants même les sentiers dallés. Lydie en fera la douloureuse expérience en piquant la tête la première dans un canal. Plus de peur que de mal mais quand même des bleus, un appareil photo inutilisablen sans parler des vêtements salis et la nécessité d'un bon shampoing...
 

 

Comme perdue au milieu des rizières, on aperçoit une sorte de petite chaumière au loin tandis que plus près de nous trois hirondelles viennent boire au bord d'une rizière. En dehors du spectacle esthétique des rizières, on peut y voir quelques paysans au travail. Les uns conduisent leur buffle paître ou travailler la rizière, d'autres parcourent les diguette avec une hotte. Sur la route qui surplombe les rizières, des femmes Hani effectuent un travail de forçat en transportant sur le dos et avec une sangle au front, de lourds paquets de briques.

 
 

Mais il est déjà midi et on ne peut pas s'attarder plus longtemps dans ce site merveilleux. Dommage, il aurait sans doute été intéressant d'aller d'un autre côté, aux terrasses de Laohuzui... de même que de visiter des villages typiques comme le programme le mentionne. Par exemple le village Hani de Qingkou aux maisons typiques fabriquées en pierre, en brique ou bien en bambou. L’habitat des Hani comprend deux, voire trois étages, le toit des maisons est souvent recouvert d’herbe... Mais il y a environ 100 km à pour rejoindre Jianshui, notre prochaine étape.

Au lieu de cela, nous allons dans le village moderne de Shengcun où, comme elle en est coutumière, Delphine se met à la recherche d'un restaurant. Une recherche difficile, puisque en attendant nous avons une demi-heure pour nous balader. Apparemment c'est un village majoritairement peuplé de Yi. Même des fillettes et de jeunes enfants portent l'habit traditionnel (sans la coiffe toutefois). Nous déjeunons au restaurant Wangdian, un petit restaurant tenu par les Yi. Pour compléter la ribambelle de plats habituels, Delphine nous a apporté des gâteaux.

 



4 - JIANSHUI

Trajet vers JIANSHUI

Nous reprenons la route vers 14H.  Il faut d'abord redescendre à Nansha, au niveau du Fleuve Rouge, longer sa rive gauche pendant un petit moment (extraction de sable et gravier) puis reprendre de l'altitude.
Cap au nord cette fois. Un plein s'impose. Le litre de l'essence indice 92 coûte environ 6,50Y soit 1€, l'essence indice 97 ainsi que le gasoil coûtent 5,50Y soit 0,85€.
Peu à peu le paysage s'aplanit et devient plus cultivé avec des cultures maraîchères, oignons rouges notamment. Il est vrai que nous approchons d'une ville.

Afin d'éviter des allées et venues et compte tenu du programme chargé pour le jour suivant, Delphine avait envisagé que nous effectuions  la visite de la Grotte aux Martinets en anticipation. Dommage, il est presque 18H et les employés nous en refusent l'accès.

 



A JIANSHUI, un hôtel de charme, Zhu Family Garden Hotel, dans la Maison de la Famille Zhu (XIXe s.)

Nous arrivons à Jianshui après 4 heures de route puisqu'il est 18H.

Malgré sa ceinture d'immeubles modernes, Jianshui est l'une des plus belles et plus anciennes villes du Sud du Yunnan avec de nombreuses constructions anciennes: des maisons traditionnelles, sa mosquée, ses multiples monastères bouddhiques et un temple de Confucius (temple de la littérature)  datant de 1285.

Présentation de la ville par le Petit Futé:
«Jianshui est située à un peu moins de 220km de la grande ville de Kunming, et pourtant la bourgade est encore peu connue des touristes occidentaux. Voici peut-être une ville dans le Yunnan où vous ne croiserez pas un "grand nez" à chaque coin de rue! Malgré son urbanisation croissante, Jianshui a su intimement conserver de magnifiques vestiges qui témoignent de son riche passé. Située sur la Route de la soie, l’ancienne région de Butou fut le théâtre de nombreux affrontements. Eloignée du pouvoir central, elle devient très vite un centre politique et militaire. Au XVIe siècle, des soldats musulmans arrivèrent et s’installèrent dans la petite ville. Très vite, Jianshui fut également influencée par la dynastie mongole Yuan qui firent édifier le superbe temple de Confucius. Au XIXe siècle, les autorités décidèrent de faire passer à Jianshui la ligne de chemin de fer entre Kunming et Haiphong. Au départ réticents, les villageois n’eurent finalement pas le choix. Mise en service en 1936, la voie de chemin de fer (étroite de moins d’un mètre!) attire les curieux et les amateurs de trains. Même si aujourd’hui, la ville vit à l’heure du nouveau millénaire, elle conserve néanmoins une ambiance particulière qu’il serait dommage de manquer. Depuis 1994, Jianshui est reconnue comme "ville historique".
[...]
La tour face au soleil marque l’entrée de la vieille ville de Jianshui. La vieille ville s’organise autour du temple de Confucius. Vous pouvez vous balader à pied dans les ruelles pavées de Jinli Nanjie. Les jardins de la famille Zhu se situent à l’est du centre-ville, l’accès se fait par Jianxin Jie. Nous vous conseillons de découvrir la ville à pied ou à bicyclette. Vous ne manquerez pas de croiser sur votre chemin de petites maisons traditionnelles, de vieux temples et plein d’autres curiosités.»

Wikipédia donne une population de 485 000 habitants pour le district mais le chiffre se réfère à l'année 1999! Delphine nous donne le chiffre de  650 000...
 

Nous faisons connaissance avec les trésors de la ville en commençant par la résidence de la Famille Zhu (sur Jianxin Jie) transformée en hôtel de charme où nous avons la chance d'être hébergés pendant deux nuitées. L'autocar ne pouvant accéder à cette partie de la ville, c'est avec une mini camionnette que nos valises sont convoyées.
Après que la Famille Zhu eut été dépossédée de ce patrimoine, il servit d'école et d'hôpital notamment lors du conflit armé entre la Chine et le Vietnam lors de la guerre civile au Cambodge. A la fin des années1970, le Viêt Nam  soutenu par l'URSS luttait contre les Khmers rouges tandis que ces derniers étaient soutenus par la Chine qui attaqua le territoire vietnamien en représailles pour son invasion du Cambodge. Le conflit avec la Chine n'a duré que quelques semaines et s'est achevé par le retrait des troupes chinoises, chacun des deux camps revendiquant la victoire.

En dehors des résidents, l'endroit est ouvert aux visiteurs entre 8H et 22H (tarif 50Y). C'est un plaisir de passer de passer d'une cour à l'autre (il y en a 40 disposées sur 2ha), d'y revenir et de s'y perdre,  en empruntant des galeries et des passages circulaires typiques. Des lieux agrémentés de sculptures dorées, d'estampes, de bonzaïs, de fenêtres paysagères...
Nous en complèterons la découverte le lendemain matin avec Delphine qui nous donnera des explications historiques.

Mais déjà voici ce que le Petit Futé en dit:
«Après le temple de Confucius, il s’agit de la deuxième attraction principale de Jianshui. La résidence fut construite par Zhu Weiqing et ses frères, la 31e année de la dynastie de l’empereur Guangxu sous la dynastie des Qing (fin XIXe siècle). L’ensemble s’étend sur près de 2ha et se compose de pavillons de différentes tailles, de jardins et de kiosques… Chaque pavillon incarne l’architecture typique de Jianshui. Même si les jardins de la famille Zhu subirent quelques dégradations lors de la Révolution culturelle, ils conservent toute leur authenticité de l’époque. Le dernier pavillon au fond du jardin possède une très jolie exposition de photographies qui racontent l’histoire extraordinaire de la famille Zhu (traduction en anglais). La famille Zhu était originaire de la province du Hunan, elle s’est enrichie grâce à l’industrie et au commerce en ouvrant des boutiques dans le Yunnan, le Sichuan, le Guangdong, le Guangxi ainsi qu’à Hong Kong. Les Zhu étaient de grands notables très connus dans le Sud du Yunnan. Les deux frères, Zhu Chengzhang et Zhu Chengzao, achetèrent avec leurs enfants plusieurs hectares dans la ville de Jianshui, où ils commencèrent à construire leur résidence. Cela leur prit trente ans pour la finir intégralement. Les frères Zhu décidèrent par la suite d’investir dans les mines. En quelques années, ils devinrent les capitalistes les plus connus dans l’industrie minière du Sud de la Chine et leur fortune ne cessa de croître. A partir de 1903, le destin glorieux de la famille Zhu commença à faillir. En 1903, leurs mines furent confisquées, et une dizaine d’années plus tard les deux frères durent prendre la fuite, leurs boutiques étant successivement pillées par des bandits. En 1916, leurs biens furent saisis en raison de leur soutien au général Yuan Shikai. La ville de Jianshui tomba alors aux mains de l’armée, et la propriété des Zhu fut confisquée. En 1927, les deux frères furent emprisonnés. Le destin tragique de cette famille suscita de nombreuses polémiques. Depuis 1999, les jardins de la famille Zhu sont ouverts à la visite: une balade qui vous plongera dans l’histoire de la Chine et vous fera découvrir l’une des résidences traditionnelles les mieux préservées du pays. Un hôtel a été aménagé au coeur de la résidence
 

 

A 19H, nous partons dîner en ville, au restaurant Xiangmanglou situé dans une rue voisine. Nous sommes installés à l'étage dans de petits boxes qui n'isolent pas de l'ambiance bruyante qui se dégage des tablées chinoises. Une cuisine un peu trop épicée et grasse.

Retour à l'hôtel Zhu Family Garden. Les 120 chambres de l'hôtel sont aménagées dans les bâtiments traditionnels disposés autour des cours. Ces chambres ont beaucoup de charme avec un mobilier à l'avenant de l'architecture. Le détail a été poussé jusqu'à mettre dans les penderies des vêtements chinois qui peuvent servir de robes de chambre...
 


Lundi 30 mars

Kǒng miào, le Temple de Confucius ou Temple de la Culture (XIIIe s.)

Après la visite de la Maison Zhu, notre hôtel, Delphine nous conduit au Temple de Confucius situé un peu au sud de la vielle ville, distant d'à peine un kilomètre soit 10 minutes de marche dans le centre ville.
Arrivés sur les lieux, c'est par les installations kitchs restées en place après le Nouvel An chinois que les regards sont détournés au détriment des monuments...

Le Temple de Confucius fut construit vers 1285 pendant l'occupation mongole. Il est le deuxième plus grand lieu dédié à Confucius en Chine, après le temple de Qufu,  la ville natale du grand maître Confucius, dans la province du Shandong. C’est à cet endroit que la famille impériale de la dynastie Jin déchue dû s’exiler en abandonnant le trône à la nouvelle dynastie mongole des Yuan qui voulait s'assurer que l'ancienne famille régnante  ne troublerait pas leur règne. Les membres de cette famille, lettrés et cultivés, tenaient à conserver leur identité face à l'occupant. C’est la raison pour laquelle  le temple qu'elle avait construit a gardé cette vocation culturelle.

 

On entre dans le temple par le sud, qui donne directement sur un étang, "la mer des Etudes", symbole de l’immensité du savoir confucéen. Un ensemble de cours intérieures comporte de superbes portiques et pavillons. Les portes du temple telles que celles de l’Etoile du talent littéraire ou de la Grande Perfection sont très importantes dans l’architecture chinoise. Cette dernière, décorée de couleurs éclatantes, est le temple principal  et a donc été construite à l’époque mongole.
Les temples de Confucius avaient deux objectifs: rendre hommage à Confucius et fournir aux enfants un enseignement de qualité afin d'en faire des fonctionnaires intègres et compétents. A Jianshui, ce temple a également servi à représenter le pouvoir impérial et à organiser les examens mandarinaux. Aujourd’hui s’y trouve encore un ensemble scolaire à proximité du temple. Le site est très prisé des personnes âgées qui s’y retrouvent pour faire de la gymnastique, bavarder ou jouer au Mah-jong.
 


Shiqikong qiao
, le Pont du Double Dragon ou Pont aux Dix-sept Arches (XVIIe s.)

Ce site se trouve à moins de 5 km du centre-ville où notre chauffeur a vite fait de nous conduire.


La partie la plus ancienne de cet ouvrage aux noms poétiques, si typiquement chinois, date du XVIIe siècle, pendant la dynastie Qing. Le Pont du Double Dragon ainsi nommé à cause des deux rivières asséchées  Tachong et Lujiang  qui ondulent comme 2 dragons qu'il  enjambe. Il est également appelé le pont aux Dix-Sept Arches. A l’origine,  la structure possédait seulement 3 arches. Plus tard, furent rajoutées 14 arches à cause du changement de trajectoire de la rivière Tachong. Avec ses 17 arches, le pont mesure 148 mètres de long et il est surmonté de deux tours à étages. Ce pont est considéré comme un chef-d’oeuvre d’architecture autant pour ses qualités de structure que pour ses qualités esthétiques. Comme un pont antique, un des plus vieux ponts de Chine, il a une place très importante dans l'histoire des ponts de Chine.

 


Village de TUANSHAN (XIVe-XIXe s.)

A nouveau un trajet de quelques kilomètres...
 

La visite du superbe village de Tuanshan qui  semble s’être arrêté dans le temps s'impose. Il occupe le site d'une petite colline entourée de montagnes (à une bonne douzaine de kilomètres de Jianshui), ce qui est à l'origine de son nom donné: Tuan signifie "rondes", "circulaire" et Shan "montagne".

L’architecture et l’ambiance qui règnent dans ce village sont dignes d’un film. C'est un trésor architectural du Yunnan, un rare exemple des villages traditionnels du Yunnan, entourés d'un mur d'enceinte. Comme figées dans le temps, les bâtisses traditionnelles de Tuanshan et leurs toits gris n'ont pas changé. L'abondance et la richesse des lieux se fait encore sentir dans le dédale de ruelles. Rare exemple de village fortifiée au Yunnan, Tuanshan a été fondée comme un centre minier à la fin du XIVe siècle avec l'arrivée en 1382 de la famille du Chinois  Zhang Fu, de Poyan, de l'ethnie majoritaire Han (entre 1392 et 1398, 300 000 migrants chinois Han venus des provinces de l'Est de la Chine se sont installés dans différentes parties du Yunnan).
Le village  qui était à l'origine un village de la minorité Yi a été renommé Tuanshan en chinois de "Tushou", un mot de la langue ethnique Yi qui signifie "un bel endroit avec de l'or et de l'argent". Mais il ne devint réellement prospère que cinq siècles plus tard, avec le développement du commerce. La plupart de ses résidences bien conservées, ses passerelles, ses temples  datent du XIXe siècle et au début du XXe siècle, quand le village a prospéré du commerce avec l'Asie du sud, rendu possible par le chemin de fer reliant le Yunnan au Vietnam lorsque le traité sino-français de 1887 a permis la création de liens d'affaires avec les colonies françaises en Indochine à proximité. 
Bien que Tuanshan ait survécu au tumulte de la Révolution culturelle en raison de ses liens politiques avec le Parti communiste, la ville est aujourd'hui menacée par le réaménagement incontrôlé de cette destination touristique avec des  programmes de conservation et de réparation envahissants qui ont beaucoup fait pour endommager le tissu historique existant. 80% des familles, qui vivent en bonne harmonie avec les Yi, portent le nom de "Zhang" et 26 résidences de l'ancienne famille Zhang sont habitées tant par des Han que par des Yi.
 

Le village est souvent désigné comme "le jardin de la famille Zhang", car cette famille originaire de la province du Jiangxi avait immigré ici  depuis la période Hongwu de la dynastie des Ming et ses affaires avaient prospéré dans le commerce du sel avec Hong Kong et le Vietnam. Avec cet argent, Zhang Fu fit construire un temple et améliorer les maisons du village, dont on admire encore aujourd’hui les somptueux ornements malgré l’usure du temps.  On en retrouve encore trace de sa descendance dans ces anciennes demeures. Depuis 2006, la résidence de la famille Zhang est un monument préservé et certains bâtiments accueillent même aujourd’hui une école primaire.
L'impression est encore plus forte, une fois passée la porte de la résidence de la famille Zhang, véritable village au sein du village de Tuanshan. L'ensemble, entouré d'une enceinte, s'étend sur 1 hectare! La résidence de la famille Zhang de Tuanshan est constituée de plusieurs bâtisses auxquelles le visiteur accède par un réseau de ruelles. Les demeures sont reliées entre elles par des cours intérieures, le tout donnant vraiment un sentiment de richesse et d'abondance. Cette résidence de la famille Zhang est un grand trésor architectural traditionnel. Cette riche famille marchande vouait en effet à l'époque une grande fascination pour la sculpture sur bois. Il est donc encore possible d'admirer de somptueuses gravures sur les piliers et les frontons des bâtisses. Le culte prenant également une très grande place dans la vie de cette famille, la résidence contient un magnifique hall des ancêtres ainsi qu'un temple bouddhiste privé. Cependant certaines cours sont occupées depuis la Révolution Culturelle par des familles pauvres ce qui favorise la dégradation des édifices. Avec ces constructions faites largement de bois, le risque d'incendie est grand. 

Pendant une bonne heure, nous aurons le loisir de le parcourir et de visiter quelques cours carrées. Une est occupée par des familles modestes installées ici depuis la Révolution Culturelle, ce qui ne favorise pas l'entretien de constructions largement édifiées en bois (risque d'incendie). La suivante, organisée autour d'un bassin,  est en revanche parfaitement entretenue. Une autre résidence convertie en boutique de souvenirs est habitée par des descendants de Zhang.
Delphine se désole de ne pas pouvoir nous faire rencontrer la dernière vielle "dame aux petits pieds" qui, comme le lui indiquent les villageois, est "partie dans la montagne". Métaphore pour dire qu'elle n'est plus de ce monde.
Nous retrouvons attablés en bonne compagnie nos collègues Martine S., Christian et Michel C. que nous avion s perdu à un moment pendant notre balade dans le village et nos visites de maisons...
 

 

 

Il est 13H donc bien temps de déjeuner. Un trajet de quelques minutes pour nous rendre au restaurant Huang Lory Yuan, dans un grand bâtiment fonctionnel et propre (y compris les toilettes). Pour les voyageurs ne parlant pas le mandarin, une immense carte illustrée est affichée présentant pas loin de 50 plats! Nous, on se contentera d'une dizaine de plats, outre le riz. A noter en dessert, un délicieux gâteau à l'apparence d'un épais palais. Les faces vertes sont faites à base de farine de haricot vert (!), le fourrage est à base de tarot et la tranche est parsemée de graines de sésame. Un délice que nous retrouverons parfois dans la suite du circuit.

Finalement, nous aurons tout loisir de visiter la Grotte aux Martinets ratée la soirée de la veille. Elle se trouve à une vingtaine de kilomètres à l'est  de Jianshui, dans la vallée de la rivière de Lujianghe ou Lu Jiang.

 

La Grotte aux Martinets

Nous passerons même deux heures et demie sur ce site de l
a Grotte aux Martinets, y compris l'agréable petite marche d'approche.
C'est une des plus grandes cavités karstiques qui existent en Chine. Elle est exploitée et développées en 1986, et a été ouverte au public l’année suivante. En janvier 1989, la grotte a été explorée par un groupe de spéléologues chinois et bulgares.

Du fait que beaucoup de martinet vivent dans cette grotte, elle est surnommée "la grotte aux martinets".  La grotte a plus de 4000 mètres de long, 50 mères de haut  et 30 mètres de large et elle est parcourue par la rivière souterraine surmontée de jolies stalactites. Les formes surréalistes issues de l'érosion karstique et des concrétions de calcite invitent l’imagination poétique: "le Pilier de Jade soutenant le ciel", une colonne de 40 mètres de hauteur et "le Monde de Rêve", dont les reliefs sont éclairés de couleurs lui donnant un air féerique selon les uns mais vraiment trop kitchs à mon humble avis.
Mais son attrait pour les visiteurs de voyageurs tient aux martinets qui y font leur nid. Chaque jour, de jeunes grimpeurs sont capables de faire une escalade  de démonstration de récolte de nids sans aucune sécurité. Au début du printemps, plusieurs milliers de martinets élisent domicile dans cette grotte pour y construire leurs nids. Lorsqu'ils repartent en été a lieu le Festival du Nid d’Oiseau, le 8 août. C’est le seul jour où les hommes de toute la région sont autorisés à grimper dans la grotte pour récupérer ces nids très convoités pour leurs qualités nutritives.
On la visite sur deux niveaux. Après la démonstration, nous commencerons la visite par la partie haute est sèche et effectuerons le retour en bateau dans la partie basse.
 

 


En ressortant du site, on aperçoit un petit attroupement autour de deux moins, d'une nonne et d'un villageois. L'animal a avalé un hameçon dans un piège sans doute placé à cet effet et les moines ont demandé au villageois de lui retirer l'hameçon et de libérer l'animal. Mais l'opération est vaine car l'hameçon est trop loin...

De retour à Jianshui, Delphine nous donne la possibilité d'être déposés près de l'imposante "Tour Face au Soleil" (Chao Yang Lou), autrement dit la Tour de l'Est et de retourner à l'hôtel au gré d'une balade dans la ville. Edifiée en 1389, cette ancienne porte fortifiée de couleur pourpre (cela rappelle la Cité Interdite!) est la seule des quatre  portes d'origine encore debout en raison des nombreux séismes survenus dans la région.
Nous parcourons l'artère animée Jinliman à laquelle aboutissent des voies transversales marquées par des portails monumentaux. On y rencontrera une fois encore de jeunes mariés et l'on ne manquera pas de nous offrir quelques bonbons ou cigarettes...

Nous dînons au restaurant Xianmon, non loin de l'hôtel.



Mardi 31 mars

Nous avons environ 200km de routes de montagne à parcourir en direction de Kunming  où nous ferons étape pour la nuit avant de notre commencer notre découverte du nord du Yunnan. Le trajet sera émaillé de trois visites. Il faut savoir que la vitesse des autocars est généralement limitée à 100km/h (120 pour les voitures) et même à 80km/h en montagne. Des portiques très fréquents assurent ces contrôles. Les Bonnets Rouges bretons auraient fort à faire par ici mais les sanctions infligées aux fauteurs de troubles seraient aussi sans rapport.

Le village de XINGMENG de la minorité mongole

Première étape au bout de 75km dans le village de XINGMEN après une heure et quart de trajet. Sur cet itinéraire de montagne, on peut apprécier les grands travaux d'infrastructure qui sont réalisés: double chaussé la plupart du temps, tunnels, viaducs... A remarquer qu'ici, la charge des poids lourds est autorisée jusqu'à 55 tonnes !
Traversée de petits hameaux. Quelques dômes de  mosquées aperçus çà et là...  Puis c'est Xingmeng.

Le village de Xingmeng situé  au pied de la montagne Fenghuang, dans le district de Tonghai, est à 15km à l'ouest de la ville de Tonghai, à mi-chemin entre Jianshui et Kunming distante de 129km plus au nord. Ce village est unique car il est le seul village mongol préservé à l'intérieur du Yunnan. En effet, il est habité par la minorité ethnique des Mongols qui représente 90% de la population (5000 habitants en tout). Ce sont les descendants de la troupe de Kubilai Khan sous la Dynastie des Yuan. En 1253, après la conquête du Yunnan, des soldats s'y fixèrent. Depuis plus de 750 ans, les Mongols vivent en harmonie avec les ethnies locales et se sont métissés, tout en gardant leurs traditions, langage, vêtement, danse, coutume et gastronomie. Ils parlent une langue qui s'apparente au langage mongol. Les maisons sont en pisé, un mélange d'argile et de végétaux. Les mongols de Xingmeng vivent grâce à la culture de légumes.

En 651 de notre ère un calife abbasside Ibn Affan vint présenter les bases de la loi islamique à la dynastie Tang  dans la capitale de l'époque (Xian). Les Chinois étaient en contact avec les arabes et les perses déjà 500 ans  avant J-C.  mais ce fut  cette visite qui  date officiellement les échanges commerciaux entre les Chinois, le monde musulman et les Perses.
La dynastie mongole  des Yuan se maintint entre 1279 et 1368 avec pour capitale Pékin.  A l'époque, les échanges étaient importants (voyages de Marco Polo 1275-1292). Les religions étaient toutes tolérées sauf quelques sectes. A la mort de Kubilai Khan en 1294 (famines, sociétés secrètes, corruption, etc), la Chine était très agitée et fragile. Un moine Zhu Yuanzhang  devenu soldat allait mettre fin à ce régime. Il refoula hors de Chine le dernier prince mongol et devint en 1361 le premier empereur de la dynastie Ming...

 

Nous arrivons sur une place située au sud du centre ancien. En bordure se dresse un grand portail et une colonne, monuments surmontés de sorte de tridents et ornés de têtes de chevaux, symboles mongols. Au fond de la place, un grand édifice moderne que l'on pourrait prendre pour un lieu de culte est à usage de salle polyvalente. Mais c'est vers un kiosque voisin d'une stèle que notre curiosité nous pousse. 
La stèle couverte d'inscription en chinois et en mongol commémore l'arrivée des Mongols. Sur les marches du socle ainsi que sous le kiosque voisin, plusieurs habitants se prélassent et se montrent particulièrement disposés à se prêter aux photos. Les femmes, plutôt âgées, portent le costume traditionnel de  tous les jours, leur coiffe noire surmontée d'un chapeau de paille et certaines s'occupent de leurs petits-enfants. Quant aux hommes, ils ont des tenues hétéroclites, souvent coiffés d'une casquette Mao si ce n'est d'un chapeau de paille.


Delphine nous conduit dans le centre ancien à travers des ruelles bordée de modestes, mais naturellement tempérées, maisons en terre. Deux techniques ont été mises en oeuvre, soit des murs édifiés avec des blocs de terre crue (adobe), soit avec des levées de pisé (mélange de terre et de paille). Une maison  s'impose davantage au regard par le motif peint au-dessus de sa porte, une sorte de yin yang  entouré des huit (ba) trigrammes de divination (gua) du Yi Jing (ou Yi King). Cela correspond à la profession de celui qui en est l'auteur, un médecin pratiquant la médecine traditionnelle reposant sur le taôisme.
Retour sur la place puis petite marche jusqu'à un grand carrefour où l'on peut voir un grand surmonté de six yourtes. Un petit air de Mongolie...



NAJIAYING,
village musulman de la minorité Hui

Delphine consent à un petit détour d'une vingtaine de kilomètres pour aller voir le village musulman de Najiaying habité par la minorité Hui. Avant d'y arriver, on peut voir parallèlement à la route des villages au-dessus pointent des dômes et des minarets de mosquées. Toujours des équipements étonnamment modernes comme ces lampadaires hyper adapté au développement durable puisque alimentés par panneaux voltaïques parfois doublés de mini éoliennes!

 

Dans le village, près d'un parking, l'oeil est attiré par un grand bâtiment moderne à trois niveaux dont la façade revêtue de céramique blanche. C'est une école musulmane dont l'arrière ouvre sur le parvis d'une mosquée tout aussi neuve financée par un pays du Golfe Persique. Elle est fermée. Non loin de là, l'ancienne mosquée désormais dévolue aux femmes voisine avec une crèche. La présence des "longs nez" constitue pour les bambins un divertissement inattendu et rare.

 

Le Musée de YUXI

Une cinquantaine de kilomètres nous séparent de la troisième étape, Yuxi, dont nous allons visiter le Musée.  C'est une ville de près de 2,5 millions d'habitants dont l'activité repose en partie sur l'industrie du tabac. Sa spécialité est la fabrication de cigarettes Hongtashan, "Pagode Rouge". Ce groupe cigarettier a été longtemps leader (avant d'être dépassé par le groupe Panda) dans toute l'Asie et troisième au monde.
La prospérité qu'apporte cette activité a permis à la firme de financer ce musée aussi impressionnant que vide de visiteurs.

 


Pendant l'heure qu'on va y passer, on pourra pourtant y voir quantité de choses intéressantes.
On commence logiquement par la section paléontologique avec de beaux fossiles remontant à l'ère primaires (des trilobites entre autres). Chemin faisant, nous arrivons évidemment aux aspects archéologiques de l'anthropologie. Les différents âges au travers des vestiges laissés par les premiers occupants: bronzes (un fameux buffle), armes, poteries... Avançant dans le temps, nous arrivons aux fameuses porcelaines "blanches et bleues"  apparues sous la dynastie mongole des Yuan. Puis ce sont des calligraphies et des estampes, des instruments de musique (orgue à bouche en bambou par exemple), des masques...
 


La soirée se termine à KUNMING, par une dégustation de thé et un spectacle, avant que  notre périple vers le nord reparte demain.


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