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Vendredi 27 mars - Départ vers le sud
Sous
un ciel incertain, nous
avons quitté le Musée des Nationalités de Kunming vers 11H15 et nous allons
emprunter environ 90 kilomètres d'autoroute.
Delphine
frémit toujours à la vue
des balayeurs travaillant sur les autoroutes avec pou seule protection leur
gilet fluorescent...
Nous partons en direction du sud-est, vers la
forêt de Pierres (Shilin), via des gorges où des ingénieurs français (début XXe
s.) créèrent de nombreux ouvrages d’art ferroviaire pour une voie métrique qui
reliait Kunming à Hanoï, c'est-à-dire le Yunnan et l'Indochine... Environ
60% de cette ligne, soit 460km, se trouvant au Yunnan dont les Français
exploitaient les ressources minières. Sur cette ancienne voie, le "trafic
voyageurs" a cessé dans les années 1980.
Nous la reverrons souvent en parallèle au réseau autoroutier. Par ailleurs
cette ligne va être doublée par une voie ferrée moderne. Bientôt nous
apercevons les premières formations rocheuses de type karstique. Les Chinois
n'ont guère d'égards pour elles, n'hésitant pas à les faire traverser par des
routes tandis que des entreprises en extraient des blocs sans doute destinés à
orner le parc des villas de nouveaux riches....
1 - La Forêt de Pierres Noires de Naigu
Nous allons
déjeuner à 13H non loin du site principal de la Forêt de Pierres au
restaurant Ashi Ma, un grand établissement sans charme, sale et bruyant,
au service rapide... Seule originalité: le táozá, un fromage de chèvre frais délicieux.
Par contre, on peut trouver dans la boutique de délicieux gâteaux fourrés aux
pétales de roses. On en trouvera même par la suite dans les grands sites
touristiques du nord (Dali, Lijiang).
Delphine nous précise qu'ici on peut
acheter les roses au kilo, lequel coûte moins cher qu'un kilo de brocolis!
A Lunan,
nous laissons de côté la Forêt de
Pierres du site central de Shilin et ses bruyantes meutes de touristes chinois pour nous rendre
10 kilomètres plus au nord, à la Forêt de Pierres Noires de Naigu.
Mais avant d'y parvenir, nous sommes bloqués pendant une dizaine de minutes par
une cérémonie funéraire qui se déroule sur la route tandis qu'une petite pluie se
met à tomber. D'après
Delphine,
il s'agit de Yi dont les coutumes funéraires sont différentes de celles de la
majorité Han. Des couronnes faites de papiers très colorés sont chargées
dans un camion pour être brûlées avec le corps du défunt. Bientôt c'est une
longue série de pétards disposés sur la route qui éclatent en dégageant une
épaisse fumée. De la foule émerge la dépouille couverte de fleurs, placée sur un
brancard et portée à l'épaule. Une partie des gens présents ont le front
ceint d'un bandeau de couleur claire. Puis ces membres proches de la famille
s'agenouillent sur la route tandis que les porteurs font passer la dépouille
au-dessus de leur tête. Quel étrange cérémonial...
La foule se disperse libérant le passage alors que la pluie à cesser. Nous
allons pouvoir jouir d'un spectacle plus riant sur le site où nous arrivons à
14H15. Nous allons y passer deux heures et demie.
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La Forêt
de Pierres qui s'étend sur 350km² comporte deux sites qui forment, selon les
guides, le plus haut
paysage karstique du monde et l'un des plus beaux. Le relief ruiniforme comporte
de nombreux rochers verticaux d'où l'image de la forêt.
Ces pinacles ressemblent à
des stalactites de 10 à 30 mètres de hauteur ayant "poussé" à l'air libre.
Pour nous, cela rappelle
fortement une formation karstique encore plus spectaculaire et en tout cas plus
sauvage, située bien loin d'ici, le site des Grands Tsingy de Bemaraha, à l'ouest de Madagascar.
La roche dont sont
faits ces relief est composée de calcaire et de dolomite qui s'étaient
déposés sous forme de sédiments dans les fonds marins il y a environ 350
millions d'années (ère Paléozoïque). Cet ancien socle a émergé en plusieurs
phases de soulèvement pour former ce plateau, désormais à près de 2000 mètres
d'altitude, soumis à l'érosion. La roche fut au fil du temps polie, sculptée, rongée par le temps
et l’érosion. Des grottes, des forêts de pierres, des falaises, des cavernes
semblent apparaître par magie.
Delphine
nous précise que la population de
l'ethnie Sani (comptant 100 000 individus) qui occupait le site a été
déplacée lors de sa mise en valeur touristique et en vue de son classement.
Cette population vit aujourd'hui largement du tourisme autour du site central de
la Forêt de Pierres. Les Sani sont un sous-groupe de la grande ethnie des Yi
(encore appelés Lolo, ce qui signifie "dénudé" dans les pays voisins du sud-est
asiatique) qui, elle compte environ 8 millions d'individus au Yunnan.
Extraits du Petit Futé:
«Ces paysages chinois surprenants sont aujourd’hui classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité de l'UNESCO [...] les formations karstiques du Sud de la Chine s’étirent des célèbres pains de sucre de Guilin, à travers la province du Guizhou jusqu’au Yunnan. Aux portes de Kunming, elles se transforment en un relief ruiniforme des plus fascinants: la forêt de pierre, ou Shilin. Cette forêt est un endroit magique, un véritable musée naturel, une sorte de chaos fantastique de rochers aux formes plus étranges les unes que les autres. Vues de loin, ces formations de pierre ressemblent bel et bien à une immense forêt. A l'origine, ces éminences rocheuses étaient sous l'eau: une simple partie des fonds sous-marins, formée de couches calcaires façonnées par une érosion vieille de 270 millions d'années et subissant les déformations de la croûte terrestre pour devenir ce grand ensemble de colonnes de pierres. Les étranges formations de ce labyrinthe de rochers, parfois hautes de 30m, s’étendent sur 27 000ha. Seuls 80ha sont accessibles aux touristes, qui incluent la forêt de pierre voisine de Naigu, plus petite mais aussi plus sauvage. Dans ce dédale pétrifié, il est facile de se perdre si l'on sort des chemins aménagés dans le roc. Au milieu de ces paysages singuliers de pics, de caves, d'étangs et de roches parfois en équilibre instable, quelques pavillons chinois construits ici et là sur des points relevés permettent d'embrasser une vision plus globale du site. L'imagination chinoise trouve alors matière à vagabondage, et les noms poétiques et évocateurs abondent: l'épouse attendant son mari, la cloche de pierre, les deux oiseaux se donnant mutuellement à manger, les escaliers qui montent au ciel, le phénix lissant son aile…
Près de la Forêt de pierre habite la minorité ethnique des Sani. Un grand nombre d’entre eux viennent vendre leur artisanat fait de jolies broderies à l’entrée de la forêt. Chaque 24e jour du 6e mois lunaire (fin juillet-début août), lors de la fête des Torches, les jeunes gens Sani chantent et dansent au clair de lune dans un amphithéâtre naturel [...] Si la forêt des pierres de Shilin est incontestablement un site de toute beauté, l'exploitation touristique à outrance, le prix très prohibitif, les voyages organisés, les installations qui ne servent pas à grand chose, les navettes incessantes et la grande musique ont pour effet de dénaturer l'ensemble, et en agaceront plus d’un. C’est malheureusement une tendance qu’on retrouve trop souvent dans les sites les plus attractifs du pays, avec exploitation sans aucun respect (pour la nature et, plus encore, pour les habitants) par une grosse entreprise au mépris de la beauté des lieux. On pourrait même, en toute franchise, se demander comment Shilin peut rester au patrimoine mondial de l'UNESCO avec tous ces ajouts superflus et monstrueux, et tout simplement si son inscription à cette liste tant convoitée n'est pas finalement une malédiction. En clair, passez à Shilin si vous êtes dans la région, mais si le tourisme à la chinoise et son côté Disneyland n'est pas pour vous, passez votre chemin. Vous voila prévenus.»
Une définition également tirée du Petit Futé:
«Le mot "karst" vient de "kras", nom d’une région de Slovénie au modelé caractéristique. Le terme fut germanisé et devint "Karst", lorsque le pays fut absorbé par l’Empire austro-hongrois. Le karst est un paysage façonné dans des roches solubles carbonatées. Ce n’est pas une roche mais bien un paysage qui peut se développer dans le calcaire principalement, mais aussi dans le marbre, la dolomie ou encore la craie. Les paysages karstiques sont caractérisés par des formes de corrosion de surface, mais aussi par le développement de cavités dus aux circulations d’eaux souterraines. »
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En se promenant par les sentiers très aménagés, Delphine nous invite à découvrir des formes humaines ou animales évocatrices comme adorent le faire les Chinois: "la famille" (deux adultes de profil accompagnés de leurs deux enfants), "les lions amoureux", "les deux cochons affrontés", "le Bouddha à quatre faces", "la tortue"...
Par moment, le sentier se fait labyrinthique, passant sous de petites arches, empruntant des marches, conduisant à des belvédères d'où la vue s'étend à des kilomètres ou longeant de petits étangs formant de merveilleux miroirs....
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Peu après avoir quitté le
site, nous traversons un hameau où une foire un marché semblent s'être tenus car
on voit de nombreux paysans s'en allant en tenant un buffle, corde à la main...
Nous
reprenons la route vers le sud, en direction de Mile, ville distante d'environ
80km, où nous ferons étape ce soir, la ville qui donne son nom au Bouddha du
Futur, Milefo...
C'est une région de culture de tabac mais on est encore trop tôt en saison pour
le voir planté. Comme les théiers (plantations que nous ne verrons pas), le
tabac apprécie les sols calcaires de cette région.
Nous allons dîner dans un petit restaurant populaire Jing Hua Shi Fu. Un bon repas copieux (11 plats dont haricots rouges en panure épicée, fèves... et en dessert de fines nouilles sucrées!) mais dans un environnement sale comme souvent en Chine et dans une atmosphère très bruyante et enfumée de cigarette.
Nous
logeons à l'hôtel Hong Yan ("Fleuve Rouge"), un 3-4* qui appartient au
riche manufacturier de tabacs et cigarettes Honhe. L'endroit est calme car voisin
d'un parc et d'une zone résidentielle pour une population aisée.
En revanche, la formule de petit-déjeuner sera exclusivement chinoise (divers
sautés, nouilles, riz, raviolis...). La confiture est chichement présentée et
Delphine assure le ravitaillement en pain brioché. En outre, il faut s'armer de
patience si l'on veut se faire servir du thé...
2 - Villages de minorités sur la route du sud vers Yuanyang
Samedi 28 mars
Nous quittons Mile à 8H45 et
bientôt nous passons près d'un grand terrain que l'on pourrait qualifié de
cimetière en raison du grand nombre de tombeaux Han qui y sont érigés. Puis ce sont
des champs de vigne en plein vent ou sous voile protecteur.
Nous passons bientôt aux
abords de la ville de Kaiyuan (260 000 hab.) aux industries chimiques et
minières (manganèse, hydrocarbures, papier...).
Arrêt à Malipo, village de l'ethnie Miao
Delphine nous conduit dans le village de Malipo habité par l'ethnie Miao. C'est une ethnie importante avec plus de 10 millions d'individus (à laquelle appartiennent les Hmong du Vietnam et du Laos) dont 9 millions dans diverses provinces du sud de la Chine et plus précisément 1 million au Yunnan.
Nous allons consacrer une
bonne demi-heure à visiter le village qui compte 220 familles.
Arrêt à Shadian, village de l'ethnie Hui
Il est 11H15 quand nous quittons Malipo avec devant nous une petite heure de
route pour arriver à notre étape suivante, le village de Shadian (8000
habitant) habité par la minorité musulmane des Hui où
Delphine a
longuement hésité à nous conduire.
Les Hui sont des musulmans sinisés. D'origine perse ou arabe,
ils se sont mêlés aux Han et en ont les caractères physiques. Dans la capitale
des Tang, régnant depuis Chang'an (actuelle Xi'an), des Arabes se sont installés
au cours de la seconde moitié du VIIe siècle: des mercenaires recrutés pour
combattre dans l'armée impériale et des marchands de la Route de la Soie.
D'autres musulmans sont arrivés sous les Song (Xe-XIIe) et sous la dynastie
mongole de Yuan (XIIe-XIVe). Le plus célèbre des Hui est l'amiral Zheng He qui,
de 1405 à 1433, mena 7 expéditions vers le Moyen-Orient et la côte est de
l'Afrique.
Petit tour dans le village où l'on voit d'un coup d'oeil les différences de
richesse. Les maisons traditionnelles sont en terre sous forme de pisé et
couvertes de tuiles jolies rondes flammées qui s'effacent devant des tuiles
vernissées couleur bleu pervenche tandis que les murs de briques cuite et de
parpaing de ciment ne sont pas rares. Une "école de l'espoir" a été offerte au
village par la ville de Shanghai. Ecole fermée aujourd'hui samedi, dommage!
On y verra une vieille dame près de sa
modeste masure mais fière de se présenter dans on costume du tous les jours
brodés de couleurs vives et avec sa jupe aux mille plis et ses guêtres. Traditionnellement les
femmes portent sur elle leur fortune sous forme de bijoux pour parer à
l'éventualité d'une catastrophe naturelle provoquant la destruction de leur
maison.
Non loin de là on trouve
deux petites épiceries. Nous intéressons les enfants plus ou moins dépenaillés
et certains encore dotés de la culotte fendue. Là, une femme rentre au village
lourdement chargée d'une hotte remplie de fourrage.
 
Une cour a l'air particulièrement animée du fait que plusieurs villageois s'y
sont retrouvés pour les cochonnailles sous le regard du policier municipal. On a
sacrifié un cochon et une dizaine de volailles. Sous un abri, les femmes, dont
une partie porte le costume traditionnel, épluchent, hachent ou pilent les
légumes (force piments, oignons rouges, ail...) tandis que les hommes sont
répartis en deux groupes: les uns débitent la carcasse sous un hangar tandis que
les autres sont installés en plein air et occupés à hacher menu la viande. Sur
un foyer, deux grandes marmites chauffent tandis qu'un barbecue attend un peu
plus loin. Il s'agit de préparer les festivités pour l'anniversaire du
père selon les informations recueillies par
Delphine. Sur
la place les enfants jouent et une fillette retient l'attention avec son costume
de fête et sa coiffure.
A l'approche de la ville, nous passons plusieurs contrôles de police. Une fois,
l'agent procède au contrôle systématique de tous les passeports. Une autre fois,
seuls les passagers situés à l'avant y sont soumis et les autres fois, les
policiers se bornent à échanger avec le chauffeur et la guide. Enfin, en
arrivant en périphérie de la ville, on peut voir des dizaines de véhicules de
police sur un grand parking. Pourquoi toute cette agitation ?
Delphine nous
indique que les autorités craignent l'infiltration de terroristes Ouighours
depuis la lointaine province musulmane du Xinjiang, au nord-ouest de la Chine.
Cela en raison de l'exécution récente de trois terroristes qui avaient commis un
attentat à Kunming en 2013.
En outre, cette ville a un passé douloureux car la pratique religieuse y a été
réprimée lors de la Révolution Culturelle. La révolte populaire a été violemment
réprimée par l'armée en 1975. Le bombardement de la ville se traduisit par le
massacre d'un millier de personnes tandis que la ville se retrouvait en ruines,
ce qui explique l'aspect de ville nouvelle qu'elle présente aujourd'hui.
Nous nous bornerons à un arrêt devant la grande mosquée (de style arabe), la
plus grande du sud de la Chine puisqu'elle peut recevoir 10 000 fidèles (6 000
hommes et 4 000 femmes). On ne sens pas particulièrement d'hostilité de la part
des habitants qui passent dans notre voisinage. Il est vrai que nous n'y sommes
moins d'un quart d'heure.
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Nous allons rouler pendant une vingtaine de minutes, toujours cap au sud, vers
la ville de Gejiu (200 000 habitants, capitale mondiale de l'étain)
directement sur le tropique du Cancer. C'est à ses abords que nous allons
déjeuner au restaurant Yan Zhu. On appréciera les
paillassons de pomme de terre et
Delphine
saura s'en souvenir pour ses commandes
futures. Nos tablées voisinent avec celles de familles ou de groupes de Chinois.
Tandis qu'un homme fume avec sa pipe à eau, dans une ambiance bon enfant des
gamins s'enhardissent à venir jouer avec nous ou à nous photographier avec leur
smartphone.
Route à nouveau vers le sud à travers vallées et montagnes, en franchissant
de nombreux tunnels de bonne facture. Nous allons nous arrêter dans le petit
village d'Abang peuplé par la minorité Dai. C'est un peuple
d'origine Thaï qui compte 1,2 millions d'individus au Yunnan. Les Dai très
présents dans le sud-ouest de cette province, dans la région du Xishuangbanna et ils
pratiquent le bouddhisme du Petit Véhicule.
Au
petit marché forain de Long Bon,
les vendeurs de fruits ont installé leur étal au bord de la route.
Nous faisons d'abord honneur aux délicieux ananas, mangues, petites bananes...
En revanche nous évitons les malodorants durians. On y voit aussi du tamarin,
des racines de lotus... La présence de ces types de fruits s'explique par le
climat tropical qui règne dans cette région et par les échanges avec le Vietnam
tout proche.
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Nous quittons le village pour retrouver la route au bord de laquelle des femmes cantonnières reconstruisent le trottoir. On rejoint bientôt le rivage du fleuve Yuan Jiang (le Fleuve Rouge qui rejoint la Baie d'Halong au Vietnam) sur lequel est construit un petit barrage. Nous ne sommes plus qu'à 126 mètres d'altitude et en ce début d'après-midi la température atteint les 30°. La frontière avec le Vietnam est à une centaine de kilomètre au sud-est (ville vietnamienne de Lào Cai).
3 -
Les
rizières en terrasse de YUANYANG
On remonte le cours du fleuve jusqu'à Nansha, plus connue sous le nom de Yuanyang, nouveau chef-lieu de la région, à 240 mètres d'altitude. La suite, c'est une route de montagne en bon état mais sinueuse qui se dirige vers le sud, sur les flancs de la crête Ailao (qui culmine à 3000 m.), aux environs de 1570 mètres d'altitude.
Les rizières le soir
Après une zone de cultures sèches en terrasses, un peu en dessous de 1000 mètres, apparaissent les premières rizières en terrasses qui vont devenir de plus en plus spectaculaires comme nous allons pouvoir les contempler durant une heure. La traversée la ville de Xinjie, l'ancien siège administratif de la région, où nous viendront dormir est laborieuse. Enfin, nous arrivons dans le secteur des terrasses de Qingkou après être passés au poste de contrôle où Delphine a pris un billet valable jusqu'au lendemain.
Le Petit Futé parle de ce site dans les termes suivants:
«[...] Yuanyang est une petite bourgade entourée de paysages époustouflants. Le petit bourg ne mérite pas en soi le déplacement dans ces contrées du Sud. Mais les rizières valent bien à elles seules des dizaines d’heures de bus! Réputées pour être les plus belles de Chine, les rizières de Yuanyang se dressent à moins de 10km du petit bourg. Le spectacle est grandiose! Cet immense escalier se dessine sur le relief escarpé, l’eau scintille sous la lumière du soleil et les premières pousses pointent leur nez dès l’arrivée du printemps. Le paysage semble avoir été sculpté comme par magie. La région de Yuanyang est marquée par la forte présence de la minorité Hani. L’histoire raconte qu’ils furent les premiers cultivateurs de riz de la région, on leur doit d’ailleurs les magnifiques rizières en terrasse de Yuanyang. Au fil du temps, les Hani sont devenus de véritables spécialistes en matière d’irrigation. Ils mirent au point d’ingénieuses méthodes qui permettent d’évacuer le surplus d’eau ou bien de la maintenir en cas de sécheresse. La récolte du riz se fait dès l’entrée de l’automne. Tous les villageois sont alors mobilisés. On compte environ 1,25 million de Hani en Chine, ils sont pour la majorité installés dans des villages dans le Sud du Yunnan. Pour ceux qui veulent découvrir un véritable village Hani traditionnel, vous pourrez vous rendre à Qinkou (environ 7km de Yuanyang).
[...]
Vision fantastique que ces rizières en terrasse s’étendant à perte de vue… D’aucuns assurent que ce sont les plus belles rizières de Chine! Selon la saison, le paysage peut être complètement différent. Entre les mois de mars et d’avril, les rizières sont remplies d’eau et semblent briller comme des miroirs. Au mois de mai, les petites pousses sortent la tête de l’eau. La récolte se fait au mois d’août. On conseille cependant de vous y rendre assez tôt le matin afin de profiter du soleil qui se lève sur ce magnifique paysage digne d’un film. Les rizières se superposent les unes au-dessus des autres comme un véritable escalier. Une fois au sommet, vous serez à près de 2000m d’altitude, et d’ici vous verrez l’eau s’écouler à l’aide de canalisations en bambou le long des sentiers. L’endroit est féerique. Les paysages que vous offrent les rizières de Yuanyang ressemblent aux images que l’on imagine avant de partir en Chine. L’espace d’un instant, le temps s’arrête. Vous pourrez vous imbiber des odeurs et des couleurs… Elles vous rappelleront sans doute les peintures des plus grands artistes chinois. »
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Près de là, on peut voir des hommes Hani rentrant quelques buffles tandis que les femmes suivent portant sur le dos de gros fagots de bûches en s'aidant d'une sangle passée sur le front. Delphine nous dira que les femmes Hani ont souvent encore un statut très dévalorisé. Leur costume sombre, noir ou bleu nuit, en est le reflet.
La ville de XINJIE
17H30, il est temps de gagner Xinjie et d'aller déposer nos bagages à l'hôtel Yunti.
Dans une salle un banquet de mariage se termine. On peut
voir que les ethnies se brassent dans ses occasions comme on peut en juger par
les costumes sombres de femmes Hani et par les broderies colorées des Yi avec
leurs étranges pans "en cravates" qui couvrent le bas du dos. En
revanche, les ados ont adopté des tenues plus ou moins éclectiques de style
occidental. Nous faisons les curieux, ce qui n'est pas du tout mal vu ici, on
nous offre même quelques confiseries et les mariés nous invitent même à
trinquer. L'heure des au revoir et donc des remerciements étant venue, la mariée
a quitté la robe blanche occidentale pour revêtir la robe rouge traditionnelle.
Compte tenu de l'état de la salle après les agapes,
Delphine
n'a pas tenu à ce
que nous dînions à l'hôtel...
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19H, l'heure où Delphine nous regroupe à l'hôtel pour aller dîner dans le tout petit restaurant Lao si chuan situé au bord de la place. Cela pourrait être un endroit sympathique mais un groupe d'hommes chinois (certains étant torse nu) est vraiment trop bruyant, sans parler de la saleté sous leur table. Delphine avait retenu que nous apprécions le paillasson de pomme de terre...
En sortant du restaurant, on profite de l'animation nocturne avec des
villageois, hommes et femmes, jeunes et vieux, Hani ou Yi, effectuant des sortes de danses gymniques tout en
tournant en rond à la queue leu leu sur plusieurs cercles.
La nuit à l'hôtel
Yunti ne sera pas dérangée par le voisinage mais par un
orage assez violent. Il ne restait qu'à espérer que le ciel retrouve sa
couleur azur pour le lendemain.
Dimanche 29 mars
Le marché de XINJIE
Chez nous, c'est le passage à l'heure d'été. Ici, c'est à 8H, heure locale, que nous commençons nos visites. L'orage et la pluie ont cessé mais l'atmosphère est remplie de brume. Un peu de brume peut donner une touche romantique au paysage mais point trop n'en faut.
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Nous passons au rez-de-chaussée où sont installés les étals de viande ainsi que
les vendeurs de volaille. Ce n'est qu'à moitié rassurant quand on sait que cette
partie de l'Asie est l'incubateur des épidémies de grippe.
Pas d'équipements réfrigérés et cependant pas d'odeurs
désagréables ni de mouches en cette heure matinale.
Les rizières le matin
La brume s'est estompée et le soleil est au rendez-vous!
Nous
reprenons la route de montagne qui donne des points de vue sur les terrasses qui
s'étagent en contrebas. Nous allons nous arrêter à 5 ou 6 points de vue à partir
d'une route qui passe par les lieux-dits Bada, Luomadian, Sheng et Duoyishu.
Nous commençons nos visites à 9H45, un horaire encore favorable avant que la
lumière du soleil n'écrase trop les paysages.
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Comme perdue au milieu des rizières, on aperçoit une sorte de petite chaumière au loin tandis que plus près de nous trois hirondelles viennent boire au bord d'une rizière. En dehors du spectacle esthétique des rizières, on peut y voir quelques paysans au travail. Les uns conduisent leur buffle paître ou travailler la rizière, d'autres parcourent les diguette avec une hotte. Sur la route qui surplombe les rizières, des femmes Hani effectuent un travail de forçat en transportant sur le dos et avec une sangle au front, de lourds paquets de briques.
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Mais il est déjà midi et on ne peut pas s'attarder plus
longtemps dans ce site merveilleux. Dommage, il aurait sans doute été
intéressant d'aller d'un autre côté, aux terrasses de Laohuzui... de même que de
visiter des villages typiques comme le programme le mentionne. Par exemple le
village Hani de Qingkou aux maisons typiques fabriquées en pierre, en brique ou
bien en bambou. L’habitat des Hani comprend deux, voire trois étages, le toit
des maisons est souvent recouvert d’herbe... Mais il y a environ 100 km à pour
rejoindre Jianshui, notre prochaine étape.
Au lieu de cela, nous allons dans le
village moderne de Shengcun où, comme elle en est coutumière,
Delphine se met à la recherche d'un
restaurant. Une recherche difficile, puisque en attendant nous avons une
demi-heure pour nous balader. Apparemment c'est un village majoritairement
peuplé de Yi. Même des fillettes et de jeunes enfants portent l'habit
traditionnel (sans la coiffe toutefois). Nous déjeunons au restaurant
Wangdian, un petit restaurant tenu par les Yi. Pour compléter la ribambelle
de plats habituels,
Delphine nous a apporté des gâteaux.
Trajet vers JIANSHUI
Afin d'éviter des allées et venues et compte tenu du programme chargé pour le jour suivant, Delphine avait envisagé que nous effectuions la visite de la Grotte aux Martinets en anticipation. Dommage, il est presque 18H et les employés nous en refusent l'accès.
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Nous arrivons à Jianshui après 4 heures de route puisqu'il est 18H.
Malgré sa ceinture d'immeubles modernes, Jianshui est l'une des plus belles et plus anciennes villes du Sud du Yunnan avec de nombreuses constructions anciennes: des maisons traditionnelles, sa mosquée, ses multiples monastères bouddhiques et un temple de Confucius (temple de la littérature) datant de 1285.
Présentation de la ville par le Petit Futé:
«Jianshui est située à un peu moins de 220km de la grande ville de Kunming, et pourtant la bourgade est encore peu connue des touristes occidentaux. Voici peut-être une ville dans le Yunnan où vous ne croiserez pas un "grand nez" à chaque coin de rue! Malgré son urbanisation croissante, Jianshui a su intimement conserver de magnifiques vestiges qui témoignent de son riche passé. Située sur la Route de la soie, l’ancienne région de Butou fut le théâtre de nombreux affrontements. Eloignée du pouvoir central, elle devient très vite un centre politique et militaire. Au XVIe siècle, des soldats musulmans arrivèrent et s’installèrent dans la petite ville. Très vite, Jianshui fut également influencée par la dynastie mongole Yuan qui firent édifier le superbe temple de Confucius. Au XIXe siècle, les autorités décidèrent de faire passer à Jianshui la ligne de chemin de fer entre Kunming et Haiphong. Au départ réticents, les villageois n’eurent finalement pas le choix. Mise en service en 1936, la voie de chemin de fer (étroite de moins d’un mètre!) attire les curieux et les amateurs de trains. Même si aujourd’hui, la ville vit à l’heure du nouveau millénaire, elle conserve néanmoins une ambiance particulière qu’il serait dommage de manquer. Depuis 1994, Jianshui est reconnue comme "ville historique".
[...]
La tour face au soleil marque l’entrée de la vieille ville de Jianshui. La vieille ville s’organise autour du temple de Confucius. Vous pouvez vous balader à pied dans les ruelles pavées de Jinli Nanjie. Les jardins de la famille Zhu se situent à l’est du centre-ville, l’accès se fait par Jianxin Jie. Nous vous conseillons de découvrir la ville à pied ou à bicyclette. Vous ne manquerez pas de croiser sur votre chemin de petites maisons traditionnelles, de vieux temples et plein d’autres curiosités.»
Wikipédia
donne une population de 485 000 habitants pour le district mais le chiffre
se réfère à l'année 1999!
Delphine nous donne
le chiffre de 650 000...
Nous faisons connaissance avec les trésors de la ville en commençant par
la
résidence de la Famille Zhu (sur Jianxin Jie) transformée en hôtel de charme où nous
avons la chance d'être hébergés pendant deux nuitées. L'autocar ne pouvant
accéder à cette partie de la ville, c'est avec une mini camionnette que nos
valises sont convoyées.
Après que la Famille Zhu eut été dépossédée de ce
patrimoine, il servit d'école et d'hôpital notamment lors du conflit armé entre
la Chine et le Vietnam lors de la guerre civile au Cambodge. A la fin des
années1970, le Viêt Nam soutenu par l'URSS luttait contre les Khmers
rouges tandis que ces derniers étaient soutenus par la Chine qui attaqua le
territoire vietnamien en représailles pour son invasion du Cambodge. Le conflit
avec la Chine n'a duré que quelques semaines et s'est achevé par le retrait des
troupes chinoises, chacun des deux camps revendiquant la victoire.
En dehors des résidents, l'endroit est ouvert aux visiteurs entre 8H et 22H
(tarif 50Y). C'est un plaisir de passer de passer d'une cour à
l'autre (il y en a 40 disposées sur 2ha), d'y revenir et de s'y perdre, en empruntant des galeries et des passages circulaires typiques. Des lieux agrémentés de sculptures dorées, d'estampes, de bonzaïs, de fenêtres
paysagères...
Nous en complèterons la découverte le lendemain matin avec
Delphine qui nous
donnera des explications historiques.
Mais déjà voici ce que le Petit Futé en dit:
«Après le temple de Confucius, il s’agit de la deuxième attraction principale de Jianshui. La résidence fut construite par Zhu Weiqing et ses frères, la 31e année de la dynastie de l’empereur Guangxu sous la dynastie des Qing (fin XIXe siècle). L’ensemble s’étend sur près de 2ha et se compose de pavillons de différentes tailles, de jardins et de kiosques… Chaque pavillon incarne l’architecture typique de Jianshui. Même si les jardins de la famille Zhu subirent quelques dégradations lors de la Révolution culturelle, ils conservent toute leur authenticité de l’époque. Le dernier pavillon au fond du jardin possède une très jolie exposition de photographies qui racontent l’histoire extraordinaire de la famille Zhu (traduction en anglais). La famille Zhu était originaire de la province du Hunan, elle s’est enrichie grâce à l’industrie et au commerce en ouvrant des boutiques dans le Yunnan, le Sichuan, le Guangdong, le Guangxi ainsi qu’à Hong Kong. Les Zhu étaient de grands notables très connus dans le Sud du Yunnan. Les deux frères, Zhu Chengzhang et Zhu Chengzao, achetèrent avec leurs enfants plusieurs hectares dans la ville de Jianshui, où ils commencèrent à construire leur résidence. Cela leur prit trente ans pour la finir intégralement. Les frères Zhu décidèrent par la suite d’investir dans les mines. En quelques années, ils devinrent les capitalistes les plus connus dans l’industrie minière du Sud de la Chine et leur fortune ne cessa de croître. A partir de 1903, le destin glorieux de la famille Zhu commença à faillir. En 1903, leurs mines furent confisquées, et une dizaine d’années plus tard les deux frères durent prendre la fuite, leurs boutiques étant successivement pillées par des bandits. En 1916, leurs biens furent saisis en raison de leur soutien au général Yuan Shikai. La ville de Jianshui tomba alors aux mains de l’armée, et la propriété des Zhu fut confisquée. En 1927, les deux frères furent emprisonnés. Le destin tragique de cette famille suscita de nombreuses polémiques. Depuis 1999, les jardins de la famille Zhu sont ouverts à la visite: une balade qui vous plongera dans l’histoire de la Chine et vous fera découvrir l’une des résidences traditionnelles les mieux préservées du pays. Un hôtel a été aménagé au coeur de la résidence.»
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A 19H, nous partons dîner en ville, au restaurant Xiangmanglou situé dans une rue voisine. Nous sommes installés à l'étage dans de petits boxes qui n'isolent pas de l'ambiance bruyante qui se dégage des tablées chinoises. Une cuisine un peu trop épicée et grasse.
Retour à l'hôtel
Zhu Family Garden. Les 120 chambres de l'hôtel sont aménagées dans les bâtiments
traditionnels disposés autour des cours. Ces chambres ont beaucoup de charme
avec un mobilier à l'avenant de l'architecture. Le détail a été poussé jusqu'à
mettre dans les penderies des vêtements chinois qui peuvent servir de robes de
chambre...
Lundi 30 mars
Kǒng miào, le
Temple de Confucius ou Temple de la Culture (XIIIe s.)
Après la visite de la Maison Zhu, notre hôtel,
Delphine nous
conduit au Temple de Confucius situé un peu au sud de la vielle ville, distant
d'à peine un kilomètre soit 10 minutes de marche dans le centre ville.
Arrivés sur les lieux, c'est par les installations kitchs restées en place après
le Nouvel An chinois que les regards sont détournés au détriment des
monuments...
Le Temple de Confucius fut construit vers 1285 pendant l'occupation mongole. Il est le deuxième plus
grand lieu dédié à Confucius en Chine, après le temple de Qufu, la ville
natale du grand maître Confucius, dans la province
du Shandong. C’est à cet endroit que la famille impériale de la dynastie Jin
déchue dû s’exiler en abandonnant le trône à la nouvelle dynastie mongole des Yuan qui voulait s'assurer que
l'ancienne famille régnante ne troublerait pas
leur règne. Les membres de cette famille, lettrés et cultivés, tenaient à
conserver leur identité face à l'occupant. C’est la raison pour laquelle le
temple qu'elle avait construit a gardé cette vocation culturelle.
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Shiqikong qiao, le Pont du Double Dragon ou Pont aux Dix-sept Arches
(XVIIe s.)
Ce site se trouve à moins de 5 km du centre-ville où notre chauffeur a vite fait de nous conduire.
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Village de TUANSHAN (XIVe-XIXe s.)
A
nouveau un trajet de quelques kilomètres...
La visite du superbe village de Tuanshan qui
semble s’être arrêté dans le temps s'impose. Il occupe le site d'une petite colline
entourée de montagnes (à une bonne douzaine
de kilomètres de Jianshui), ce qui est à l'origine de son nom donné: Tuan
signifie "rondes", "circulaire" et Shan "montagne".
L’architecture et l’ambiance qui règnent
dans ce village sont dignes d’un film. C'est un trésor architectural du Yunnan,
un rare exemple des villages traditionnels du Yunnan, entourés d'un mur
d'enceinte. Comme figées dans le temps, les bâtisses traditionnelles de Tuanshan
et leurs toits gris n'ont pas changé. L'abondance et la richesse des lieux se
fait encore sentir dans le dédale de ruelles. Rare exemple de village fortifiée
au Yunnan, Tuanshan a été fondée comme un centre minier à la fin du XIVe siècle
avec l'arrivée en 1382 de la famille du Chinois Zhang Fu, de Poyan, de l'ethnie
majoritaire Han (entre 1392 et 1398, 300 000 migrants chinois Han venus des
provinces de l'Est de la Chine se sont installés dans différentes parties du
Yunnan).
Le village qui était à l'origine un village de la minorité Yi a été
renommé Tuanshan en chinois de "Tushou", un mot de la langue ethnique Yi qui
signifie "un bel endroit avec de l'or et de l'argent". Mais il ne devint
réellement prospère que cinq siècles plus tard, avec le développement du
commerce. La plupart de ses résidences bien conservées, ses passerelles, ses
temples datent du XIXe siècle et au début du XXe siècle, quand le village
a prospéré du commerce avec l'Asie du sud, rendu possible par le chemin de fer
reliant le Yunnan au Vietnam lorsque le traité sino-français de 1887 a permis la
création de liens d'affaires avec les colonies françaises en Indochine à
proximité.
Bien que Tuanshan ait survécu au tumulte de la
Révolution culturelle en raison de ses liens politiques avec le Parti
communiste, la ville est aujourd'hui menacée par le réaménagement incontrôlé de
cette destination touristique avec des programmes de conservation et de
réparation envahissants qui ont beaucoup fait pour endommager le tissu
historique existant. 80% des familles, qui vivent en bonne harmonie avec les Yi, portent le nom de "Zhang" et 26 résidences de l'ancienne
famille Zhang sont habitées tant par des Han que par des Yi.
Pendant une bonne heure, nous aurons le loisir de le parcourir et de visiter
quelques cours carrées. Une est occupée par des familles modestes installées ici
depuis la Révolution Culturelle, ce qui ne favorise pas l'entretien de
constructions largement édifiées en bois (risque d'incendie). La suivante,
organisée autour d'un bassin, est en revanche parfaitement entretenue. Une
autre résidence convertie en boutique de souvenirs est habitée par des
descendants de Zhang.
Delphine
se désole de ne pas pouvoir nous faire rencontrer la dernière vielle "dame aux
petits pieds" qui, comme le lui indiquent les villageois, est "partie dans la
montagne". Métaphore pour dire qu'elle n'est plus de ce monde.
Nous retrouvons attablés en bonne compagnie nos collègues Martine S., Christian
et Michel C. que nous avion s perdu à un moment pendant notre balade dans le
village et nos visites de maisons...
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Il est 13H donc bien temps de déjeuner. Un trajet de quelques minutes pour nous rendre au restaurant Huang Lory Yuan, dans un grand bâtiment fonctionnel et propre (y compris les toilettes). Pour les voyageurs ne parlant pas le mandarin, une immense carte illustrée est affichée présentant pas loin de 50 plats! Nous, on se contentera d'une dizaine de plats, outre le riz. A noter en dessert, un délicieux gâteau à l'apparence d'un épais palais. Les faces vertes sont faites à base de farine de haricot vert (!), le fourrage est à base de tarot et la tranche est parsemée de graines de sésame. Un délice que nous retrouverons parfois dans la suite du circuit.
Finalement, nous aurons tout loisir de visiter la Grotte aux Martinets ratée la soirée de la veille. Elle se trouve à une vingtaine de kilomètres à l'est de Jianshui, dans la vallée de la rivière de Lujianghe ou Lu Jiang.
La Grotte aux Martinets
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En ressortant du site, on aperçoit un petit attroupement autour de deux moins,
d'une nonne et d'un villageois. L'animal a avalé un hameçon dans un piège sans
doute placé à cet effet et les moines ont demandé au villageois de lui retirer
l'hameçon et de libérer l'animal. Mais l'opération est vaine car l'hameçon est
trop loin...
Nous dînons au restaurant Xianmon, non loin de l'hôtel.
Nous avons environ 200km de routes de montagne à parcourir en direction de Kunming où nous ferons étape pour la nuit avant de notre commencer notre découverte du nord du Yunnan. Le trajet sera émaillé de trois visites. Il faut savoir que la vitesse des autocars est généralement limitée à 100km/h (120 pour les voitures) et même à 80km/h en montagne. Des portiques très fréquents assurent ces contrôles. Les Bonnets Rouges bretons auraient fort à faire par ici mais les sanctions infligées aux fauteurs de troubles seraient aussi sans rapport.
Le village de XINGMENG de la minorité mongole
Première étape au bout de
75km dans le village de XINGMEN après une heure et quart de trajet. Sur cet
itinéraire de montagne, on peut apprécier les grands travaux d'infrastructure
qui sont réalisés: double chaussé la plupart du temps, tunnels, viaducs... A
remarquer qu'ici, la charge des poids lourds est autorisée jusqu'à 55 tonnes !
Traversée de petits hameaux. Quelques
dômes de mosquées aperçus çà et là... Puis c'est Xingmeng.
Le village de Xingmeng situé au pied de la montagne Fenghuang, dans le
district de Tonghai, est à 15km à l'ouest de la ville de Tonghai, à mi-chemin
entre Jianshui et Kunming distante de 129km plus au nord. Ce village est unique
car il est le seul village mongol préservé à l'intérieur du Yunnan. En effet, il
est habité par la minorité ethnique des Mongols qui représente 90% de la
population (5000 habitants en tout). Ce sont les descendants de la troupe de Kubilai Khan sous la Dynastie des Yuan. En 1253, après la conquête du Yunnan, des
soldats s'y fixèrent. Depuis plus de 750 ans, les Mongols vivent en harmonie
avec les ethnies locales et se sont métissés, tout en gardant leurs traditions, langage, vêtement,
danse, coutume et gastronomie. Ils parlent une langue qui s'apparente au langage
mongol. Les maisons sont en pisé, un mélange d'argile et de végétaux. Les
mongols de Xingmeng vivent grâce à la culture de légumes.
En 651 de notre ère un calife abbasside Ibn Affan vint présenter les bases de la
loi islamique à la dynastie Tang dans la capitale de l'époque (Xian). Les
Chinois étaient en contact avec les arabes et les perses déjà 500 ans
avant J-C. mais ce fut cette visite qui date officiellement
les échanges commerciaux entre les Chinois, le monde musulman et les Perses.
La dynastie mongole des Yuan se maintint entre 1279 et 1368 avec pour
capitale Pékin. A l'époque, les échanges étaient importants (voyages de
Marco Polo 1275-1292). Les religions étaient toutes tolérées sauf quelques
sectes. A la mort de Kubilai Khan en 1294 (famines, sociétés secrètes,
corruption, etc), la Chine était très agitée et fragile. Un moine Zhu Yuanzhang devenu soldat allait mettre fin à ce régime. Il refoula hors de
Chine le dernier prince mongol et devint en 1361 le premier empereur de la
dynastie Ming...
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Nous arrivons sur une place
située au sud du centre ancien. En bordure se dresse un grand portail et une
colonne, monuments surmontés de sorte de tridents et ornés de têtes de chevaux,
symboles mongols. Au fond de la place, un grand édifice moderne que l'on
pourrait prendre pour un lieu de culte est à usage de salle polyvalente. Mais
c'est vers un kiosque voisin d'une stèle que notre curiosité nous pousse.
La stèle couverte d'inscription en chinois et en mongol commémore l'arrivée des
Mongols. Sur les marches du socle ainsi que sous le kiosque voisin, plusieurs
habitants se prélassent et se montrent particulièrement disposés à se prêter aux
photos. Les femmes, plutôt âgées, portent le costume traditionnel de tous
les jours, leur coiffe noire surmontée d'un chapeau de paille et certaines s'occupent de leurs petits-enfants. Quant aux hommes, ils
ont des tenues hétéroclites, souvent coiffés d'une casquette Mao si ce n'est
d'un chapeau de paille.
Delphine
nous conduit dans le centre ancien à travers des ruelles bordée de
modestes, mais naturellement tempérées, maisons en terre. Deux techniques ont
été mises en oeuvre, soit des murs édifiés avec des blocs de terre crue (adobe),
soit avec des levées de pisé (mélange de terre et de paille). Une maison
s'impose davantage au regard par le motif peint au-dessus de sa porte, une sorte
de yin yang entouré des huit (ba) trigrammes de divination (gua)
du Yi Jing (ou Yi King). Cela correspond à la profession de celui qui en est
l'auteur, un médecin pratiquant la médecine traditionnelle reposant sur le
taôisme.
Retour sur la place puis petite marche jusqu'à un grand carrefour où l'on peut
voir un grand surmonté de six yourtes. Un petit air de Mongolie...
NAJIAYING,
village musulman de la minorité Hui
Delphine consent à un petit détour d'une vingtaine de kilomètres pour aller voir le village musulman de Najiaying habité par la minorité Hui. Avant d'y arriver, on peut voir parallèlement à la route des villages au-dessus pointent des dômes et des minarets de mosquées. Toujours des équipements étonnamment modernes comme ces lampadaires hyper adapté au développement durable puisque alimentés par panneaux voltaïques parfois doublés de mini éoliennes!
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L
e Musée de YUXI
Une cinquantaine de kilomètres nous séparent de la troisième étape,
Yuxi, dont
nous allons visiter le Musée. C'est une ville de près de 2,5 millions
d'habitants dont l'activité repose en partie sur l'industrie du tabac. Sa
spécialité est la fabrication de cigarettes Hongtashan, "Pagode Rouge".
Ce groupe cigarettier a été longtemps leader (avant d'être dépassé par le groupe
Panda) dans toute l'Asie et troisième au monde.
La prospérité qu'apporte cette activité a permis à la firme de financer ce musée
aussi impressionnant que vide de visiteurs.
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La soirée se termine à KUNMING, par une dégustation de thé et un spectacle, avant que notre périple vers le nord reparte demain.
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