- 3000:
des peuples venus d'Asie Mineure colonisent les îles des Cyclades. C'est la
civilisation cycladique (un peu plus ancienne que la civilisation minoenne de
Crète) qui a englobé les Cyclades dans
une unité culturelle au IIIe millénaire
av. J.‑C. pendant l'âge du bronze. Elle est célèbre pour ses idoles de marbre
aux lignes d'une modernité surprenante retrouvées dans les tombes
et cela jusqu'au Portugal et à l'embouchure du Danube. Son influence dans
l'espace grec s'est étendue de la Crète à l'Attique. Son organisation en petites
entités politiques, sans pouvoir central étatique, portait en germe celle de la
Grèce des siècles suivants.
Les villages de cabanes, d'abord en terre puis en pierre, se situent en haut des
collines près des cimetières.
- 2000: des peuples indo-européens arrivent par le
nord et gagnent les îles, en
particulier la Crète où le roi Minos bâti son palais à Cnossos. Ils maîtrisent
la céramique et utilisent le cheval. C'est la civilisation minoenne.
- 1450: une civilisation de petits royaumes
guerriers s'organise à partir de Mycènes, dans le Péloponnèse. C'est le thème des récits homériques.
- 1100: période mal connue qui commence avec l'arrivée des Doriens
(venus d'Asie Mineure) qui apportent la maîtrise du fer et les chars de combat.
Les Ioniens arrivèrent au Xe siècle av. J.-C. dans les Cyclades. Ils créèrent le
grand sanctuaire religieux de Délos vers le VIIe siècle av. J.-C.
GRÈCE ARCHAÏQUE:
entre -800 et -500
Les peuplades se sont fondues et partagent une culture commune (dont la langue
et la religion) mais contrairement à l'Egypte, pays centralisé sous le pouvoir
de Pharaon, le monde grec est divisé en plusieurs centaines de cités
indépendantes et souvent rivales avec leurs gouvernement, lois, dieu protecteur
et leurs hommes libres qui sont les citoyens (et forment le demos). Homère écrit
ses poèmes à cette époque...
C'est une période d'intense colonisation des
pourtours du bassin méditerranéen (et de la Mer Noire).
GRÈCE CLASSIQUE:
entre -500 et -332
- Les deux guerres médiques:
La colonisation met les Grecs en contact avec de nombreux peuples, dont les
Perses (appelés Mèdes). Ce sont eux que les Grecs vont affronter durant les deux
guerres médiques.
Les Ioniens se révoltent contre la domination perse. Les
Athéniens qui avaient armé 20 bateaux pour secourir les Ioniens sont attaqués en
-490 par les armées de Darios dans la plaine de Marathon et les Athéniens
parviennent cependant à les repousser et rentrèrent au pas de course à Athènes.
Les îles des Cyclades entrèrent alors dans la première Ligue de Délos en
478-477 avant de passer sous la domination totale d'Athènes.
En -480, l'armée du nouveau roi perse Xerxès prend Athènes après avoir pu
franchir le défilé des Thermopyles malgré la résistance acharnée de 300
Spartiates pris à revers (du fait d'une trahison) et incendie l'Acropole mais
lorsque les Perses cherchent à s'emparer des trières grecques réfugiées dans la
rade de Salamine, la flotte perse subit une lourde défaite.
Pour éviter de
nouveaux ennuis, une alliance militaire de cités grecques est constituée en
-478, sous la direction d'Athènes. Périclès, principal dirigeant d'Athènes de
461 à 429 avant J.-C., entreprend de grands travaux d'embellissement sur
l'Acropole.
-
La guerre du Péloponnèse:
Athènes contre Sparte
Cité rivale d'Athènes, Sparte s'inquiète de la puissance athénienne. À
partir de 431 avant J.-C., les deux cités et leurs alliées s'affrontent, Athènes
doit finalement capituler en 404 avant J.-C.
Les Cyclades versèrent leur
tribut à Athènes jusqu'à cette défaite de la grande cité. Elles connurent alors une
relative période d'autonomie avant d'entrer dans la seconde Ligue de Délos et de
repasser sous la coupe d'Athènes.
Les cités de Sparte et de Thèbes tentent alors chacune à leur tour d'étendre
leur influence.
-
La puissance de la Macédoine
Les Cyclades se révoltèrent à l'occasion de la troisième guerre sacrée
(357-355 avant J.-C.)
qui vit l'intervention
de Philippe II de Macédoine contre la Phocide. Elles commencèrent alors à passer dans l'orbite du Royaume de
Macédoine.
Vers -350, le royaume de Macédoine devient une grande puissance sous le règne de
Philippe II, les cités grecques sont épuisées par des guerres incessantes. Les
Grecs sont vaincus en 338 avant J.-C. et contraints de s'unir à la Macédoine.
GRÈCE HELLÉNISTIQUE:
entre -332 et -168
Après cette annexion de la Grèce, le fils de Philippe, Alexandre le Grand,
conquiert les territoires de l'Empire perse (depuis l'Egypte et jusqu'en
Inde).
Quand Alexandre meurt en 323 avant J.-C., ses généraux se disputent et se
partagent l'empire et
vers 300 avant J.-C., chacun prend le titre de roi.
GRÈCE ROMAINE:
entre -168 et +476
En
168 avant J.-C., Rome bat, l'armée du roi de
Macédoine. La Grèce qui est une sorte de protectorat est néanmoins occupée (et
verse le tribut à Rome) et la démocratie disparaît. Cependant, quelques cités
grecques tentent un soulèvement contre Rome. Les Romains doivent par la suite
faire face aux pirates ainsi qu'à des attaques venues d'Asie Mineure. Au début
du premier millénaire, la paix romaine s'établit et Athènes prospère jusqu'à se
qu'elle soit ravagée par les Goths en 267.
Le christianisme s'impose en tant que religion d'état en 381 et la Grèce va
passer dans l'Empire romain d'Orient lors du partage en 395. Empire romain d'Orient qui devient, après la
chute de Rome en 476, l'Empire byzantin.
Lors de la division de l'Empire romain,
les Cyclades passèrent à l'Empire
d'Orient, puis 'Empire byzantin qui les conserva
jusqu'au XIe siècle de notre ère.
GRÈCE BYZANTINE:
entre 476 et 1204
Malgré le poids de Byzance, les Grecs resteront
prépondérants dans l'administration de leur contrée, et la langue grecque demeure la langue de
culture, culture qui mêle influences helléniques, orientales et christianisme.
Des querelles théologiques déchirent l'Empire, hérésie qui vont aboutir à
l'établissement de la religion orthodoxe, adoptée après le schisme de 1054.
Des
invasions barbares se produisent à partir du VIIe s. Par le nord: Wisigoths,
Ostrogoths, Huns, Slaves, Avars, Bulgares. Sur les îles: Arabes. Par le sud:
Normands.
GRÈCE VENITIENNE ET CROISADES:
entre 1204 et 1460

Les
Croisades sont destinées, à l'origine, à venir
en aide aux Byzantins dans leur lutte contre les Infidèles en Terre sainte. La
quatrième croisade, en 1204, est détournée vers Constantinople. La ville est
saccagée et l'Empire byzantin s'effondre sous le coup des attaques franques: un
Empire latin de Constantinople est instauré. En récompense de sa participation à
la quatrième croisade, la république de Venise, obtient des bases commerciales.
Ainsi, la souveraineté nominale sur
les Cyclades échut aux Vénitiens. Ces derniers
annoncèrent alors qu'ils laisseraient la gestion des îles à qui serait capable
de s'en emparer pour eux. Cette nouvelle suscita de nombreuses vocations.
De
nombreux aventuriers armèrent des flottes à leurs frais et en 1207, s'emparèrent
des Cyclades et y créèrent des États féodaux (duché de Naxos fondé par le neveu
du doge) et les Vénitiens administrèrent
directement le reste. Leurs
possessions sont défendues par les kastro (citadelles) formant le
coeur des villes et villages.
GRECE OTTOMANE:
entre 1460 et 1821

Dans l'Antiquité, les Grecs
avaient colonisé les rivages
de l'Asie Mineure, bien avant l'arrivée des Turcs. C'est maintenant au tour des
nouveaux venus dans la région de franchir la Mer Egée en sens inverse et de
devenir puissance colonisatrice... ce qui permet de comprendre les transferts de
populations qui surviendront cinq siècles plus tard...
Les Turcs, déjà présents en Asie Mineure depuis le
XIe siècle, s'emparent de Constantinople en 1453. En 1460 la majeure partie de
la Grèce est conquise par le sultan Mehmet II à l'exception de quelques îles qui
tomberont les unes après les autres (achèvement en 1699) et malgré un sursaut de
Venise.
Barberousse s'empara des
îles des Cyclades pour les Turcs à partir de 1537. Les
insulaires, meurtris par les persécutions des Latins, lui firent bon
accueil, et furent traités avec une certaine mansuétude par la "Sublime Porte"
qui n'envoya que rarement des officiers et gouverneurs les diriger en son nom
propre. Il y eut bien au départ une tentative d'installer des colons musulmans,
des cadis (juges) et des beys (gouverneurs) sur chaque grande île, mais les
pirates chrétiens les enlevaient systématiquement pour les revendre à Malte: la
Porte dut y renoncer.
Contre le versement d'un tribut, les îles ne furent pas occupées donc
gouvernées que de loin et donc pas défendues contre les pirates.
La Grèce fatiguée du poids de l'ancienne aristocratie foncière va
prospérer sous domination turque grâce à une politique tolérante laissant sa
place à l'Eglise Orthodoxe à côté de l'islam et grâce à une alliance avec la
bourgeoisie marchande. Les Ottomans ne procèdent pas à des conversions forcées
d'ailleurs les minorités religieuses sont protégées par le système du millet. Il
s'agit d'une organisation des communautés religieuses dans lesquelles l'autorité
ottomane nomme les dignitaires (ce qui posa longtemps un problème avec les
chrétiens catholiques ne reconnaissant que l'autorité romaine) mais qui leur
interdit cependant tout prosélytisme. Le pouvoir conféré aux millets allait
au-delà de la sphère religieuse puisqu'ils disposaient de leurs lois propres,
collectaient des taxes...
Les Grecs orthodoxes, au travers de leur millet
furent considérés comme le second peuple de l'Empire. D'ailleurs leur chef, le
patriarche grec, se trouvait à côté du sultan à Constantinople. Par ailleurs,
l'existence des millets n'équivalait pas à une exclusion des sphères du pouvoir
civil puisque des chrétiens convertis à l'islam, voire des non-musulmans, ont
exercé de hautes responsabilités: généraux devenus premiers ministres (Zaganos,
Mahmut conseiller de Mehmet II), le corps des janissaires, l'élite militaire
ottomane, était exclusivement d'origine chrétienne, huit des neuf Premiers
ministres de Süleyman le Législateur (Soliman le Magnifique) étaient nés
chrétiens...
Les menaces vont venir de l'influence croissante de
la Russie dans les Balkans qui attise des soulèvements nationalistes (Moldavie,
Roumanie...) au XVIII s.
Les Cyclades furent de tous les soulèvements importants, comme en 1770-1774,
lors du bref passage des Russes de Catherine II.
LA MARCHE VERS L' INDEPENDANCE (1821-1923)
Un soulèvement général des Grecs a lieu dans le Péloponnèse en
1821. Le 12 janvier 1822, un congrès national proclame à Épidaure l'indépendance
de la Grèce. Cependant, les Turcs ne tardent pas à se ressaisir. En 1824, le
sultan Mahmud II demande l'aide
du vice-roi d'Égypte, son puissant vassal, qui
conquiert diverses territoires grecs (Athènes en 1827).
Le camp grec affaibli,
il compte déjà 200 000 morts, constitue un gouvernement provisoire grec, en
avril 1827. Les gouvernements de la France, du Royaume-Uni et de la Russie
proposent leur médiation en 1827 mais la Turquie rejetant la possibilité de
reconnaître l'indépendance de la Grèce, les Européens envoient une force navale
qui coule la flotte turque lors de la bataille de Navarin (octobre 1827) et
conquiert le Péloponnèse.
Le 14 septembre 1829, les Turcs signent le traité
d'Andrinople accordant son indépendance à la Grèce. En 1830, le protocole de
Londres confirme l'existence d'un État grec indépendant placé sous la protection
des puissances alliées; cet accord est reconnu par la Turquie en 1832, par le
traité de Constantinople.
En 1840, l'archipel des Cyclades est
rattaché à la Grèce.
La fin du XIXe s. voit le rattachement progressif de
diverses autres régions: Iles ioniennes et Thessalie.
Georges Ier régna comme Roi des Hellènes de 1863 à son assassinat en 1913.
Ensuite, la Grèce vit se succéder Républiques et restaurations monarchiques
jusqu'à l'abolition de la monarchie en 1974.
Au début du XXe siècle, la Grèce entre dans une grande période de
conflits avec la Turquie avec les guerres balkaniques (1912-1913) qui permettent à la Grèce de doubler son
territoire (Macédoine, Thessalie, Crête et îles Egéennes) puis avec la Première
Guerre Mondiale, les Grecs se situant dans le camp des vainqueurs se voient
confortés face à la Turquie.
La chute de l'Empire Ottoman en 1922 conduit à un
nouveau conflit, une revanche pour la jeune République turque victorieuse. La Grèce doit restituer la
Thrace orientale dont Istanbul (qui a perdu son rôle de capitale avec la chute de
l'empire). La paix est enfin signée en 1923 et amène des transferts de
populations: 400 000 Turcs de Grèce émigrent vers la Turquie tandis qu'un
million de Grecs de Turquie font le chemin inverse.
DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE A AUJOURD'HUI...
Dans les Cyclades, lors de la Seconde Guerre mondiale, pendant l'Occupation, les deux îles de Milo
et Amorgos furent investies dès 1941 par la Kriegsmarine allemande, les autres
par les Italiens. D'octobre 1943 à l'été 1944 les Allemands occupèrent toutes
les îles mais, se heurtant à un harcèlement constant de la Résistance, finirent
par s'en retirer, non sans avoir exécuté des otages.
Le 18 février 1952, la Grèce entre dans l'OTAN, en même temps
que la Turquie, mais retire ses forces de la structure militaire intégrée le 14
août 1974 en protestation contre l'invasion turque au nord de Chypre. Puis elle
réintègre l'OTAN en 1980.
La dictature des colonels est le nom donné au pouvoir politique en place en
Grèce de 1967 à 1974, qui provoqua en outre l'exil du roi Constantin II
monté sur le trône en 1964.
L'autre pan des difficultés de la Grèce moderne est
représenté par la grande instabilité politique intérieure (avec coups d'état,
régime militaire) après l'échec des grandes puissances dans leurs tentatives d'y
greffer une monarchie constitutionnelle... Il faudra attendre 1975 pour voir la
Grèce accéder à une véritable démocratie...
La Grèce est une république parlementaire depuis la constitution de 1975. Cette
dernière garantit de façon détaillée les libertés civiles. Cependant le poids de
l'Église orthodoxe y est resté très important: il n'y pas de séparation entre
l'Église et l'État en Grèce et l'Eglise, second propriétaire foncier du
pays après l'Etat, bénéficie d'importants privilèges
(fiscaux notamment car les richesses ecclésiastiques restent intouchables tandis
que les 11 000 popes et leurs évêques sont payés par l'Etat).
Le pouvoir exécutif est assuré par le président de la république, élu par le
parlement à la majorité des 2/3, et un premier ministre issu de la majorité
parlementaire. Aujourd'hui, le président a un rôle purement représentatif et il
n'a aucun pouvoir politique. L'organe du pouvoir législatif est un parlement à
chambre unique, la Vouli ton Ellinon (Chambre des Grecs).
Le 1er janvier 1981 la Grèce est admise dans la
Communauté économique européenne (C.E.E., rebaptisée Communauté européenne en
1992 et Union Européenne en 1993) après le Danemark, l'Irlande et le Royaume-Uni mais avant l'Espagne et le
Portugal. Malheureusement, tricheries grecques et laxisme des instances de la
Zone euro permettent à la Grèce d''adopter la monnaie européenne en 2001.
Le pays, qui est à l'origine des Jeux olympiques, accueille la compétition en
2004 à Athènes.
À partir de 2007, le pays est touché par la crise économique mondiale venue des
États-Unis, et connaît en 2009 une grave crise budgétaire qui le force à
demander l'aide de l'Union européenne. Les causes de la crise grecque,
attribuées dans un premier temps à la Grèce seule, sont en fait beaucoup plus
complexes. Outre les effets de la crise mondiale, et les fautes de gestion des
gouvernements grecs successifs, beaucoup de fonds d'investissements ont spéculé
sur la dette, aggravant ainsi une situation précaire. Pour ne rien arranger, au
milieu des années 2010, le pays figure en première ligne de la crise migratoire
en Europe, qui fait suite à la guerre civile syrienne. En 2013, et après
plusieurs années de crise économique pendant lesquelles la notation financière
du pays est revue à la baisse, la Grèce retombe officiellement dans le groupe
des pays dits émergents malgré la mise en place d'importantes mesures
d'austérité en échange du soutien du FMI et de la zone euro.
