Caserne des gladiateurs Odéon Grand Théâtre Maison de Ménandre Thermes de Stabies Lupanar Forum Forum Restaurant Tiberius


 

 Les ruines de
POMPEI


 

 Le VÉSUVE et POMPÉI

Des origines du volcan à la destruction de Pompéi

Le Vésuve trouve son origine dans la collision et la subduction des plaques tectoniques africaine et eurasienne, la première, plus dense, plongeant profondément sous la seconde. Les matériaux du manteau terrestre s'hydratent et fondent, formant le magma. Celui-ci, moins dense que les roches solides environnantes, remonte.
La montagne a commencé à se former il y a 30
 000 ans à partir d'un volcan sous-marin dans le golfe de Naples. Celui-ci a émergé plus tard comme une île qui a peu à peu été reliée au continent par l'accumulation de matière éjectée. La Somma, est née il y a 12 000 ans et la caldeira a commencé à se former et à s'élargir par des éruptions successives et effondrements jusqu'à l'éruption de l'an 79.

Lorsque 5 tribus osques fondent la ville de Pompéi ("pompe" signifiant "cinq" dans leur langue) au milieu du premier millénaire avant l'ère chrétienne,  ils ne sont nullement inquiets par la présence de la belle montagne conique voisine que l'on connaîtra sous le nom de Vésuve et qui culmine alors à 2000 mètres. Les sols volcaniques très fertiles sont un élément attractif même si le volcan se manifestera par des éruptions non destructives au cours des derniers siècles avant notre ère.

L'éruption survenue en l'an 79 de notre ère provoque la destruction des villes de Pompéi, Herculanum et Stabies et la mort de milliers de personnes.
Le cratère du volcan passe alors d'un diamètre de 600 mètres à 1600 mètres et le Vésuve qui culminait avant à 2000 mètres se trouve soudainement décapité de 168 mètres (NB aujourd'hui, il culmine à 1281 mètres).
A partir de cet évènement, on désigne le volcan sous le nom de Vésuve (dont étymologie repose sur des racines indo-européennes signifiant "illuminer" ou " brûler" à moins qu'il s'agisse d'une déformation du nom du dieu grec Zeus).



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Lundi 2 juin, matinée

Pas de problème pour se réveiller car à 7H un coup de canon a été tiré en je ne sais quel honneur. Après le feux d'artifices d'hier soir, que se passes-t-il donc ?
Hé bien, le 2 juin est le jour de la Fête Nationale en Italie...


Départ de l'hôtel un peu avant 8H30
seulement, pourtant une grande journée nous attend: visite de Pompéi en matinée, visite de Naples cet après-midi et retour dans le Latium (à Fiuggi, comme à notre arrivée)... Claude reprend les manettes en pleine forme après ses acrobaties et facéties matinales.

Tant mieux, la météo continue de nous être favorable.


Nous longeons le golfe de Naples et en particulier sur le Vésuve. 10 km plus loin et 10 minutes plus tard, nous arrivons à l'une des portes de l'ancienne ville de Pompéi, la plus au sud, celle de Stabies (Stabiæ), la cité antique qui a donné naissance à Castellammare di Stabia.


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Bref historique de Pompéi

Au premier millénaire avant notre ère la Campanie est occupée  par les tribus osques et cinq d'entre elles fondent la ville, "pompe" signifiant "cinq" dans leur langue. Ils ne sont nullement inquiets par la présence de la montagne conique voisine que l'on connaîtra plus tard sous le nom de Vésuve et qui culminait alors à 2000 mètres. Il est vrai que sa dernière éruption remontait à un millénaire avant leur installation.  Au VIe siècle avant notre ère, alliés aux Grecs,  les Osques résistent aux Etrusques établis plus au nord mais sont soumis au siècle suivant par les montagnards Samnites avant de devenir une colonie romaine en 80 avant J-C.

Au début de l'ère chrétienne, les pentes du volcan qui domine Pompéi sont couvertes de vignobles et de fermes. Pompéi est une ville industrieuse peuplée de 10 000 à  25 000 habitants se consacrant au commerce (notamment avec son port sur le Sarno) et à l'artisanat textile lainier: foulons (blanchisseurs), teinturiers et tisserands...  Au sujet de cette activité Gianni, notre guide local,  nous livrera tout à l'heure cette anecdote.

  Des vespasiennes à la préparation de la laine...

Pour dégraisser la laine brute, les foulons utilisaient l'urine humaine qui dégage de l'ammoniac. Pour s'en procurer, ils plaçaient des amphores devant leur boutique en guise d'urinoir. De plus, peu avant la destruction de Pompéi, après la déchéance de Néron et une guerre civile qui a ruiné Rome, Vespasien investi Empereur en l'an 69 établit l'année suivante le chrysargyre, un impôt sur l’industrie et le commerce, appliqué même à la collecte d’urine utilisée par les teinturiers. Cela a tant marqué les esprits qu'il nous en reste encore l'expression « L’argent n’a pas d’odeur ». Le même empereur aurait d'ailleurs fait installer des urinoirs publics dans toutes les villes de l'Empire.
A Pompéi, les foulons utilisaient également l'urine collectée dans les latrines publiques (du Théâtre, des thermes, du Forum).
 


Le volcan voisin se manifestera par des éruptions non destructives au cours des derniers siècles avant notre ère. Mais si la montagne semble encore relativement calme, en l'an 62 de notre ère, toute la région est secouée par un tremblement de terre ravageur auquel Pompéi n'échappe pas (destruction du Temple de Vénus, entre autres).
Au début du mois d'août 79, les fontaines et les puits s'assèchent. De petits tremblements de terre commencent à se produire le 20 août 79. Une lettre de Pline le Jeune à Tacite donne comme date de l'éruption "nonum kal septembres" qui  signifie "neuf jours avant les calendes de Septembre",  ce qui correspond au 24 Août. Etrange coïncidence car c'est le lendemain de Vulcanalia, la fête du dieu romain du feu. A noter que les archéologues contemporains ont recueilli des indices tendant plutôt à situer l'éruption en octobre, il y aurait eu erreur de copistes qui auraient remplacé novembre par septembre...
En se basant sur la date du 24 août, dès le matin des explosions accompagnées de pluies de cendres se déplaçant vers le sud se produisent, touchant d'abord  Oplontis, le faubourg nord de Pompéi, suivies en début d'après-midi par une pluie de pierres ponces qui s'accumulent (15cm par heures) et les toits surchargé commencent à s'effondrer dans la soirée (les débris volcaniques atteignent alors près de 3 mètres d'épaisseur), écrasant les habitants qui s'étaient réfugiés dans les maisons pour échapper à l'asphyxie. Les dommages s'étendent jusqu'à Stabies à 5 kilomètres plus au sud, ville où périra Pline l'Ancien, oncle et père adoptif de Pline le Jeune. C'est dans la nuit que le drame atteint son paroxysme. Le volcan crache des nuées ardentes qui se dirigent vers l'ouest tandis que trois coulées de lave parties dans la même direction dévalent sur Herculanum qui avait échappé aux pluies de cendres. Un peu avant l'aube du 25, une quatrième coulée descend vers le sud est recouvre Pompéi suivie d'une cinquième et dernière coulée en début de matinée du 25 août. Le nom de Pline a servi à former un nom pour ce type d'éruption dite plinienne.
On estime le nombre de victimes à environ 4000 sachant que les restes de 1150 corps ont été retrouvés à Pompéi ou aux alentours.

L'éruption a décapité le volcan, changé le cours du Sarno et rehaussé le niveau de la plage, si bien que Pompéi n'est plus désormais ni sur la rivière, ni au bord de la côte.
Aussitôt après l'éruption, le site fut en partie pillé ou dépouillé par les propriétaires survivants puis oublié jusqu'à la fin du XVIe siècle où l'on mit à jour des vestiges de Pompéi enfouie sa gangue de 6 ou 7 mètres de débris volcaniques accumulés, à l'occasion du creusement d'un canal. Il fallut attendre plus d'un siècle, au début du XVIIIe siècle, pour que les premières fouilles soient entreprises dans la région par le Français Emmanuel Maurice de Guise-Lorraine au service de l'empereur Joseph Ier du Saint-Empire. Mais c'est sous la conduite de Roque Joaquín de Alcubierre que les fouilles sur le site de Pompéi commencèrent en 1748 et le site fut clairement identifié en 1763.
Depuis, les deux tiers  des édifices de la cité antique ont été dégagés mais c'est plutôt un  malheur car, en 2012, la moitié du site dégagé menaçait de s'effondrer. En effet, aux dégâts causés par les bombardement de 1943 par les Alliés  qui croyaient le site occupé par les troupes allemandes, s'ajoutent les erreurs dans les travaux de restauration et de conservation, produits de l'incompétence (emploi de matériaux modernes comme le béton trop lourd) mêlée à la corruption et a racket par la Camorra napolitaine.  On peut donc s'inquiéter de l'utilisation des fonds dans le Grand Projet Pompéi lancé il y a un peu plus d'un an, un budget estimé à 105 millions d’euros dont 41,8 millions venant de l’Union européenne...
Pompéi a été classé au Patrimoine Mondial de l'UNESCO en 1997.
 

Pour ceux qui ont visité des sites antiques établis sur le pourtour de la Méditerranée, la visite de Pompéi peut être un peu décevante s'ils viennent pour y découvrir des vestiges monumentaux, car en dehors des "théâtres", ici c'est autre chose qu'il faut chercher à appréhender, tout simplement la vie quotidienne d'une petite ville comme pétrifiée...
 

On nous dépose au sud du site et c'est à 9H, sur la Piazza Esedra, que nous rejoint Gianni Tramparulo, notre guide local pour les visites de cette journée. En complément de ses explications orales, on peut aussi se reporter au petit livre d'une centaine de pages commis par ce professeur sous le titre "Une explosion  culturelle: Pompei, Herculaneum...", livre intéressant malgré quelques maladresses dans l'écriture (latinistes et italianistes les contourneraient sans difficulté). Et ne pas oublier de se munir du plan fourni à l'entrée du site.

De la Piazza Esedra nous empruntons la Viale delle Ginestre, une l'allée boisée et bordée d'acanthes en fleurs. Cette allée est parallèle aux fortifications démantelées (et que des habitations tardives avaient colonisées), en passant d'ailleurs devant les vestiges de l'une des 13 tours qui jalonnaient cette enceinte qui est percée de sept portes dont les noms modernes correspondent aux différents endroits vers lesquels elles mènent: Porte marine, Porte d'Herculanum, Porte du Vésuve, Porte de Nola, Porte du Sarno, Porte de Nocera et Porte de Stabies.


Le noyau ancien de la ville se trouvait au sud-est ce qui explique que les axes majeurs soient décentrés. Le Cardo primitif (Via di Mercurio) orienté sensiblement nord-sud se trouve décentré à l'est. Le coupe perpendiculairement, le Decumanus (Via Marina et Via dell'Abbondanza) orienté sensiblement est-ouest et décentré vers le sud. Le réseau des rues est orthogonal délimitant  des îlots rectangulaires.
La ville entourée de fortification couvrait 70 hectares. Elle est découpée en 9 regio (terme latin que l'on pourrait traduire par "quartier" ou "secteur") divisé en insula (traduit en "îlot"). Au total 9 secteurs généralement divisés en une dizaine ou une quinzaine d'îlots. On utilisera ces notions pour situer les lieux visités.
 

Rosaria n'a pas été généreuse en ne nous accordant moins de deux heures pour la visite !  C'est au minimum une grande matinée qu'il faudrait pour une visite un peu plus complète et pour bien s'imprégner de l'atmosphère des lieux. Quant à une visite complète, elle prendrait plusieurs jours...

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Caserne des gladiateurs,Odéon et Grand Théâtre

 
Après avoir pénétré sur le site par la porte de Stabies, la visite commence par la Caserne des Gladiateurs, une place bordée à l'origine de portique sur ses quatre côtés qui servait à l'origine de promenoir aux spectateurs du théâtre voisin. Ses 74 colonnes doriques sont partiellement recouvertes de stuc. Après le tremblement de terre de l'an 62,   Néron (règne de 54 à 68), le fit aménager en caserne et gymnase pour les gladiateurs se produisant dans l'amphithéâtre (que nous ne visiterons pas) situé à l'autre bout de la ville et où se déroulaient aussi les courses de chars. De cet endroit, on aperçoit les gradins du second étage du théâtre et, en arrière-plan, le Vésuve. Il était à l'air libre mais à l'aide de cordages on pouvait le couvrir d'un velarium ou velum pour protéger les spectateurs de la pluie ou du soleil.


 

 

Tout à côté, à l'est, coup d'oeil rapide dans l'Odéon ou "Petit Théâtre", édifié en 80 av. JC. et parfaitement conservé, qui pouvait accueillir 1300 spectateurs pour des auditions musicales, des déclamations en vers et des spectacles de mimes. A l'origine, il était couvert d'un toit.
Près de là, on peut observer l'intéressant appareil de maçonnerie fait de pierres carrées posées sur la pointe (avec des traces d'incendie encore visibles) et un arc en plein cintre fait de briques.

Nous poursuivons par le Grand Théâtre construit au tournant du IIIe et du IIe siècle avant JC sur le modèle grec, en utilisant une déclivité naturelle orientée en direction des Monts Lattari (dominant Castellammare di Stabia). Sa scène fut transformée et un étage de gradin fut ajouté sous le règne d'Auguste (de 27 av. J-C à l'an 14 de notre ère) aux deux préexistant ce qui permit d'accueillir jusqu'à 5000 spectateurs. Sa restauration suite au séisme de l'an 62 n'était pas terminée lors de l'éruption. Trois portes donnaient accès à la scène sous laquelle se trouvaient des citernes utilisées pour des jeux d'eau.
Depuis gradins supérieurs, on aperçoit au-dessus des ruines et de la végétation, les clochers de la ville moderne de Pompéi.
Dans un passage venant au Théâtre on peut voir quelques graffitis parmi lesquels on identifiera un poisson (d'aucuns y voyant un pénis)... Par manque de temps, nous négligeons le Temple d'Isis pourtant tout proche.

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Du côté de la Maison de Ménandre

Nous nous trouvons sur la longue artère que forme la Via Stabiana qui traverse la ville, atteignant la Porta Vesuvio au nord.
Les rues sont bordées de trottoirs pour que les piétons circulent au sec tandis que sur le pavement des voies, on peut encore voir les rigoles creusées par les cercles métalliques des roues des chariots. Aux carrefours, d'étranges passages cloutés interpellent. Ils s'agit de plots proéminents disposés de telle sorte que les roues des véhicules puissent les éviter tout en permettant aux piétons de passer à pieds secs d'un trottoir à l'autre par cette sorte de gué car il faut savoir que dans une grande partie de la ville il n'y avait pas d'égouts... Ces plots sont disposés de telle sorte qu'ils respectent l’écartement standard des roues des chars, soit 1,432 mètre (mesure reprise par les chemins de fer d’Europe de l’ouest, sauf l’Espagne). Dans des trous percés dans les bordures de trottoirs permettaient d'y passer une corde pour attacher les chevaux.  On passe devant deux thermopolium, des restaurants de rue avec leur comptoir en L où sont ménagées des cuves où l'on plaçait des récipients en terre cuite (dolia) contenant des plats cuisinés maintenus au chaud. Les clients consommaient sur le pouce debout  ou en marchant dans la rue. Une arrière-salle permettait de manger assis.

 

  Gargotes, tavernes, auberges...

Le thermopolium était un restaurant de rue, une sorte d'ancêtre de nos fast food, où l'on pouvait manger sur le pouce des aliments maintenus au chaud dabs des pots de terre cuite encastrés dans le comptoir. La taberna (d'où le mot taverne), à l'origine des actuelles osteria italiennes, était plus vaste et située au coeur de la ville (près du forum). La caupona dont nos verrons un exemple plus loin,  avait un peu les mêmes fonctions que la taberna. C'était une auberge qui pouvait également offrir le gîte ainsi que parfois des tables de jeu et des spectacles de danse. Quant à la popina (notre terme bobinard ne semblerait-il pas  en provenir?), le bordel ou lupanar, c'était un lieu de débauche dédié à l'ivresse et à la prostitution.
 


Nous sommes au croisement de la rue du Temple d'Isis (quartier 3, îlots 4 et 7) et de la ruelle du Ménandre (quartier 1, îlots 3 et 4).
Nous nous engageons dans celle-ci, bientôt recoupée par une autre ruelle, celle du Cithariste. Nous passons devant la Maison des Ceii, à la jolie façade revêtue de stuc et portant peinte une inscription électorale, pour nous intéresser à celle qui lui fait face.


Sur deux étages (nous nous limiterons au rez-de-chaussée), la Maison de Ménandre (Menandro) donne une bonne idée de l’architecture des maisons romaines  par la répartition et la fonction des diverses pièces et leur décoration, l'élévation des murs et le mobilier. Il s’agit de l’une des maisons pompéiennes les plus grandes et les plus riches.

Dégagée par A. Maiuri en 1930-1931 et bien restaurée en 1997- 1998, cette maison est l'une des plus importantes de Pompeï, tant par le raffinement de son décor que par le précieux mobilier mis au jour. La maison appartenait probablement à un certain Quintus Poppeus, dont la famille se prévalait de liens de parenté avec Poppée, la seconde épouse de Néron dont on a trouvé le sceau en bronze dans le logis des esclaves.  Commencée au IIIe siècle avant Jésus-Christ, elle s'est agrandie au Ier siècle avant Jésus-Christ, aux dépens des maisons voisines et, au moment de l'éruption, elle est en restauration. Son nom vient de celui du poète grec dont un portrait orne cette demeure et dont le nom est inscrit au bas du manteau le représentant.
 

 

Les murs de l'atrium (B) de type toscan sont ornés de scènes de chasse et de paysages. Dans l'angle nord-ouest, sur la droite en entrant dans l'atrium, se trouve le  laraire  (F) domestique constitué d'une base en faux marbre et d'un petit temple à deux frontons avec corniches en stuc et colonnes toscanes, l'autel des dieux Lares consacré aux divinités protectrices du foyer,  tandis qu'un bassin, l'impluvium, en marbre aux bords moulurés occupe le centre de l'espace. Au-dessus,  l'auvent   ouvert au centre pour permet le passage de la lumière et de recueillir l’eau de pluie.
Après avoir traversé une pièce intermédiaire, le tablinum  (
C), on débouche dans le péristyle (D) dont le centre est occupé par un jardin. Les colonnes doriques du péristyle revêtues de stuc sont imposantes. Sur le côté droit du péristyle, le complexe des bains s'agence autour d'un petit atrium octostyle  (M), à 8 colonnes. Les pavements de mosaïque sont magnifiques. Dans l'angle sud-ouest du portique, se dresse un second laraire (R), avec un autel  et une niche à abside contenant à l'origine quatre bustes en bois (peut-être les images des ancêtres) remplacés par leurs moulages en plâtre.
La paroi du fond du péristyle est percée d'une série de niches et d'absides appelées exèdres. Dans la niche centrale (
E), située dans l'axe du péristyle,  la figure du grand poète comique grec Ménandre (de la fin du IVe siècle av. J.-C.) se détache sur un fond jaune. Sur la gauche, une abside (S) ornée d'un paysage comporte une représentation de Vénus et d'un Amour. Il faut noter la calotte hémisphérique avec son décor de feuilles d'acanthe en relief. Une autre abside  (T) est ornée d'une scène de chasse avec Diane, la déesse de la chasse dans la mythologie romaine (ou Artémis, son équivalent dans la mythologie grecque).



En 1920, lors des fouilles, les ossements de 18 corps (adultes et enfants ont été retrouvés). Découvertes moins macabres dix ans plus tard: une centaines de d'objets en argenterie et pièces d'or ont été trouvés dans des caisses placées dans la cave de la maison, objets maintenant exposés au Musée Archéologique de Naples.

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Les thermes de Stabies


Après cette intéressante visite, nous gagnons la rue de l'Abondance (Abbondanza) que  nous empruntons vers l'ouest.  Ruines de boutiques, de restaurants et aussi, sur notre gauche, une rue entière étayées car les murs menacent de s'effondrer (Vicolo di Tesmo). 
Nous voici entre le quartier 1 îlots 4, passant devant la Maison de L. Rapinasi Optati, et le quartier 9 îlot 1, puis passant devant le péristyle de la Maison de M. Epidius Rufus.
Nous arrivons a un carrefour important, croisement des rues de l'Abondance et de Stabies. De place en place sur ces axes majeurs, des fontaines étaient aménagées et alimentées par des aqueducs et au besoin par les réservoirs en élévation (sorte de châteaux d'eau). Pratiquement dans la perspective de la rue de Stabies,  vers le Nord, on peut voir le Vésuve, et dans la direction opposée, les Monts Lattari.

Donnant sur la rue de l'Abondance, en quartier 7, îlot 1, s'ouvrent les Thermes de Stabies que nous allons visiter.
 

Ce complexe thermal le plus ancien de la ville, du IIe siècle avant JC, occupe une vaste zone. La construction date de l'époque de l'assujettissement de Pompéi à Rome et ces thermes furent plusieurs fois agrandis et embellis par la suite afin de répondre aux nouveaux besoins de l'afflux de la population.
Ces thermes sont organisés selon des critères extrêmement fonctionnels avec un système très ingénieux de bains répartis autour d'une aire centrale de plan trapézoïdal servant de palestre (gymnase) et entourée de portiques sur trois côtés. Une piscine  en occupe le côté ouest.

Les Thermes de Stabies se composent de trois parties. Tout d'abord, les salles du secteur nord, celles qui sont les plus anciennes, dotées d'une série de latrines. Un second secteur comprend le groupe de bains privés situés derrière le portique septentrional. Le troisième secteur que nous allons visiter rapidement, celui des bains publics,  est situé dans la partie est. Il se compose de vestiaires, d'un vestibule et de différentes pièces pour les bains froids (frigidarium), pour les bains tièdes (tepidarium) et pour les bains chauds (caldarium). Ces thermes présentent des divisions très marquées entre, au sud,  la zone réservée aux hommes que nous allons visiter, et, au nord,  celle qui est réservée aux femmes organisée  de la même manière mais plus simple et plus dépouillée. Les pièces sont assez sombres et envahies de visiteurs ce qui rend problématique la prise de photos.

Le vestibule des hommes est un espace voûté au plafond orné de motifs de stucs très raffinés, en relief et peints, parmi les plus beaux de l'art pompéien. Le vestibule se prolonge par le vestiaire (apodyterium) aux murs percés de niches pour y ranger les vêtements.  C'est maintenant un espace de musée où l'on peut voir des moulages de  victimes dans l'attitude où la mort les a surprises. Les cendres (200° à 500°) des nuées ardentes  ont brûlé tous les tissus vivants, puis se sont figées, créant à la fois une gaine protectrice et une image en creux de l'objet détruit, exactement comme dans la technique de moulage des métaux à la cire perdue. L'archéologue italien Giuseppe Fiorelli, qui a fouillé le site au XIXe siècle a procédé en coulant du plâtre dans les espace creux libérés par les corps calcinés et autres objets combustibles. On retrouve des détails comme la forme des sandales encore au pied des victimes.
Nous passons dans la zone des bainsLe caldarium est une pièce assez vaste, terminée en abside,  destinée aux bains chauds et de vapeur (du latin caldus qui signifie "chaud"). Son dallage a disparu mais cela permet de voir l'ingénieux système de chauffage hypocauste par le sol (l'air circulait également entre des doubles murs). En revenant dans le vestibule, on accède au frigidarium,  une petite pièce circulaire à coupole dont le centre est occupé par un bassin circulaire destiné au  bain froid , pièce dont les murs sont décorés et percés de niches en absidioles.

Nous quittons les thermes et on peut voir que la partie basse de la ville dispose d'un système d'égouts passant sous les trottoirs.

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Le Lupanar

 

Nous quittons la rue de l'Abondance pour remonter la ruelle du Lupanar.
Sur le côté gauche, quartier 7 îlot 11, face à la Maison de Siricus, la base d'un mur de bistrot (caupona) est encore ornée d'une fresque dans les tons rouges représentant deux serpents, un mâle et une femelle, s'approchant d'un autel. La maison suivante, la Maison de la Courtisane (Cella meretricia) se signale par un phallus de pierre fiché dans le mur de façade,  au-dessus d'une petite fenêtre tandis qu'en passant devant la porte d'entrée, on voit au fond le lit de pierre.
La prostitution était une profession infamante au même titre que les professions d'acteur et d'usurier. Les prostituées ne pouvaient ni témoigner au tribunal ni hériter. Elles pouvaient éventuellement obtenir le titre de matrone en se mariant.  Beaucoup de prostituées portaient des noms grecs et orientaux, réputés pour leur exotisme. Le tarif d'une rencontre était très bas, en moyenne  l'équivalent de deux coupes de vin. Les quelque 25 lieux de débauche de la cité étaient fréquentés par des couches sociales défavorisées et les esclaves, d'où le prix peu élevé. A noter que la ville comptait une surreprésentation masculine avec 60% d'hommes dans la population...

Mais dans ce type d'activité, la concurrence semblait rude car à deux pas de là, le Lupanar occupe l'angle sud-est de l'îlot 12 du quartier  7, formé par les ruelles du Lupanar et du Balcon Suspendu (Balcone Pensile).
Le Lupanar est le seul bâtiment de Pompéi clairement et totalement dévolu à la prostitution (il compte 10 chambres réparties sur deux  niveaux) qui habituellement se pratiquait au premier étage des auberges, tavernes ou dans une chambre donnant directement sur la rue comme on vient de le voir.  L'appel  que lançaient les prostituées ressemblait cri de la louve (lupus) en chaleur, ce qui a donné le nom aux établissements hébergeant ces personnes.
Il faut se donner le tour pour visiter ces lieux privilégiés par les touristes dont nous sommes.
Photos autorisées mais sans flash
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On pénètre dans une petite salle où s'ouvrent cinq chambres avec des lits de pierre. On peut imaginer qu'on y plaçait un matelas. Des latrines sont aménagées sur le côté ouest de la salle, derrière un muret. Les parois des chambres sont couvertes de graffitis. Les murs de la salle d'entrée sont décorées d'encadrements et de guirlandes stylisées sur un fond blanc. Cinq tableaux à scènes érotiques sont encore bien visibles au-dessus des portes. En fait ils n'étaient peut-être pas là pour stimuler le désir mais comme une sorte de catalogue pour permettre aux clients d'indiquer quel type de prestation ils attendaient.  Au centre du mur nord,  est peinte une hyper version de Priape (le dieu grec de la fertilité)  présenté devant un figuier en tenant ses deux phallus en érection. Un escalier conduit à un balcon sur lequel s'ouvrent cinq chambres que nous n'aurons pas le temps de visiter.

Direction ouest par la ruelle dei Balcone Pensile ce qui nous amène à croiser la ruelle d'Eumachia (nom d'une prêtresse romaine du temple de Vénus de Pompéi): vues sur les Monts Lattari d'un côté et sur le Vésuve de l'autre, bouches d'égouts et pavé  sculpté représentant en relief un phallus indiquant la direction du lupanar.

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Le forum

Nous redescendons vers la rue de l'Abondance qui débouche au sud du Forum.

Le forum est une vaste place mesurant 38 mètres sur 142, bordée sur trois côtés par des portiques menant à des édifices publics: sénat, archives, siège des décurions (officiers subalternes de la cavalerie), greniers et marchés. Le quatrième côté est fermé au nord par le temple de Jupiter et deux arcs honorifiques.

Face à nous, sur le côté ouest du Forum,  se dressent les nombreuses et robustes colonnes en gros blocs de tuf gris de la Basilique (B). Elle occupe l'angle ouest du forum. La basilique était la structure la plus grande et la plus importante dans le forum (66x27 mètres). Elle date du IIe siècle avant J-C.  Les duumvirs y rendaient la Justice à l'arrière. Le tribunal était accessible par un escalier en bois. Les citoyens s'y retrouvaient également pendant la saison froide pour des réunions d'affaires (bourse du commerce) sur les problèmes légaux et économiques qui se traitaient également sur le Forum. L'intérieur est divisé en trois nefs par vingt-huit grandes colonnes corinthiennes faites de briques recouvertes de stuc.

Tout à fait au nord,  dans l'axe duquel apparaît majestueusement le Vésuve, au-dessus des vestiges du Capitolium (D)  (Tempio di Giove) ou Temple de Jupiter, le temple principal  honorant la triade Jupiter, Junon et Minerve qui fut construit au IIe siècle avant J-C.n en même temps que l’arc de Germanicus.
A gauche du forum, subsistent du portique ouest 4 colonnes de marbre blanc de style dorique, 4 d'entre elles supportant encore les colonnes de style ionique de l'étage supérieur.

Au nord de la Basique, côté ouest également, se trouve le plus ancien monument du forum, le temple d'Apollon (
C)  qui  constituait probablement le cœur religieux originel de la cité. Ses parties les plus anciennes remontent au VIe siècle av. J.-C.  Apollon était vénéré à la fois par les Grecs et les Étrusques. Le premier édifice en bois fut remplacé au  IIe siècle av. J.-C. par un édifice en maçonnerie. Plus tard, le culte du dieu Apollon fut dévalorisé au profit de celui du père des dieux, Jupiter, à qui fut dédié le temple le plus important du forum. Il subit des transformations au Ier siècle de notre ère, notamment après le tremblement de terre de 62. Il n'ouvre pas directement sur le forum mais au sud, rue de la Marine. Le péristyle est entouré de 48 colonnes. Sur le podium, 28 colonnes entouraient le coeur du sanctuaire.

En face, on peut voir les vestiges de l'Eumachia (E), un autre édifice antérieur au forum. C'est un temple dédié à la Pietas (Livie épouse d'Auguste) et à la Concordia  (paix)  Augusta construit à l'initiative de la prêtresse Eumachia, fille d'une riche famille de propriétaires de vignobles et d'industries de la brique. Construit sous Tibère (règne de l'an 14 à l'an 37), le successeur d'Auguste, c'était le marché de la laine et le siège des corporations travaillant ce textile.
 

 

Il est bientôt 11H et on s'apprête déjà à quitter le site. La rue de la Marine est très encombrée surtout que l'on va à contre-courant d'un flot de touristes asiatiques. Passage près des vestiges du temple de Vénus (A), Mère de l'Univers.  En moins de 250 ans, le temple a été construit deux fois et détruite à deux reprises, la seconde fois lors du tremblement de terre de 62. La divinité sous la protection de laquelle la ville s'était placée avait failli à son rôle cependant un troisième bâtiment était en cours de construction au moment de l'éruption, ce qui fait qu'il ne fut découvert qu'en 1817.
Nous sortons par une rampe passant entre le temple de Vénus et les vestiges des thermes extérieurs de la Porte Marine. On peut voir un nouvel exemple de maçonnerie faite de blocs de pierre carrés et posés en carreaux sur la pointe.

     

La visite a été rapide car à la sortie même du site, Rosaria a prévu avant de déjeuner un passage dans l'atelier-boutique Cellini présentant des bijoux:  camées et corail. On peut aussi y voir des bronzes et des tableaux de marqueterie. Petite démonstration de sculpture de camée en bas-relief à deux couches sur coquillage (plus facile à travailler et moins coûteuse que l'agate et l'onyx).
La place est envahie d'étals de vendeurs de souvenirs les plus divers et notamment des panoplies de phallus simples ou doubles (on vient de voir le dieu Priape), de toutes tailles et de tous types de matériaux...  On peut aussi préféré un bon granité de cédrat...
 

Il fait chaud, 30°. La faim se manifeste, il est midi.
Court trajet pour se rendre au restaurant Tiberius, situé immédiatement à l'ouest du site sur lequel on a une vue.


Au menu du  déjeuner: assiette de charcuterie italienne avec mozzarella et haricots verts puis une copieuse pissa accompagnée d'une assiette de salade et, pour finir, un gâteau à la crème.
Avant de partir petit tout sur la terrasse et dans le Jardin des Senteurs avec toutes sortes de légumes et de la vigne, jardin d'où l'on a une superbe vue sur le Vésuve.

13H45, maintenant.
Il faudrait peut-être songer à se diriger vers Naples...

 


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