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Lundi 2 juin, matinée
Pas de problème pour se
réveiller car à 7H un coup de canon a été tiré en je ne sais quel honneur.
Après le feux d'artifices d'hier soir, que se passes-t-il donc ?
Hé bien, le 2
juin est le jour de la Fête Nationale en Italie...
Départ de l'hôtel un peu avant 8H30
seulement, pourtant une
grande journée nous attend: visite de Pompéi en matinée, visite de Naples cet
après-midi et retour dans le Latium (à Fiuggi, comme à notre arrivée)...
Claude reprend les manettes en pleine forme après ses acrobaties et facéties
matinales.
Tant mieux, la météo continue de nous être favorable.
Nous longeons le
golfe de Naples et en particulier sur le Vésuve. 10 km plus loin et 10 minutes plus
tard, nous arrivons à l'une des portes de l'ancienne ville de Pompéi, la plus au
sud, celle de Stabies (Stabiæ), la cité antique qui a donné naissance à
Castellammare di Stabia.
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Au premier millénaire avant notre ère la Campanie est occupée par les tribus osques et cinq d'entre elles fondent la ville, "pompe" signifiant "cinq" dans leur langue. Ils ne sont nullement inquiets par la présence de la montagne conique voisine que l'on connaîtra plus tard sous le nom de Vésuve et qui culminait alors à 2000 mètres. Il est vrai que sa dernière éruption remontait à un millénaire avant leur installation. Au VIe siècle avant notre ère, alliés aux Grecs, les Osques résistent aux Etrusques établis plus au nord mais sont soumis au siècle suivant par les montagnards Samnites avant de devenir une colonie romaine en 80 avant J-C.
Au début de l'ère chrétienne, les pentes du volcan qui domine Pompéi sont couvertes de vignobles et de fermes. Pompéi est une ville industrieuse peuplée de 10 000 à 25 000 habitants se consacrant au commerce (notamment avec son port sur le Sarno) et à l'artisanat textile lainier: foulons (blanchisseurs), teinturiers et tisserands... Au sujet de cette activité Gianni, notre guide local, nous livrera tout à l'heure cette anecdote.
Des vespasiennes à la préparation de la laine...
Pour dégraisser la laine brute, les foulons
utilisaient l'urine humaine qui dégage de l'ammoniac. Pour s'en procurer,
ils plaçaient des amphores devant leur boutique en guise d'urinoir. De plus, peu
avant la destruction de Pompéi, après la déchéance de Néron et une guerre civile
qui a ruiné Rome, Vespasien investi Empereur en l'an 69 établit l'année
suivante le chrysargyre, un impôt sur l’industrie et le commerce,
appliqué même à la collecte d’urine utilisée par les teinturiers. Cela a
tant marqué les esprits qu'il nous en reste encore l'expression «
L’argent n’a pas d’odeur ». Le même empereur
aurait d'ailleurs fait installer des urinoirs publics dans toutes les villes de
l'Empire. |
Le volcan voisin se manifestera par des éruptions non destructives au cours des
derniers siècles avant notre ère. Mais si la montagne semble encore relativement
calme, en l'an 62 de notre ère, toute la région est secouée par un
tremblement de terre ravageur auquel Pompéi n'échappe pas (destruction du Temple de Vénus,
entre autres).
Au début du mois d'août 79, les fontaines et les puits
s'assèchent. De petits tremblements de terre commencent à se produire le 20 août
79. Une lettre de Pline le Jeune à Tacite donne comme date de l'éruption "nonum
kal septembres" qui signifie "neuf jours avant les calendes de
Septembre", ce qui correspond au 24 Août. Etrange coïncidence car c'est le
lendemain de Vulcanalia, la fête du dieu romain du feu. A noter que les
archéologues contemporains ont recueilli des indices tendant plutôt à situer
l'éruption en octobre, il y aurait eu erreur de copistes qui auraient remplacé
novembre par septembre...
En se basant sur la date du 24 août, dès le matin des
explosions accompagnées de pluies de cendres se déplaçant vers le sud se
produisent, touchant d'abord Oplontis, le faubourg nord de Pompéi, suivies
en début d'après-midi par une pluie de pierres ponces qui
s'accumulent (15cm par heures) et les toits surchargé commencent à s'effondrer
dans la soirée (les débris volcaniques atteignent alors près de 3 mètres
d'épaisseur), écrasant les habitants qui s'étaient réfugiés dans les maisons
pour échapper à l'asphyxie. Les dommages s'étendent jusqu'à Stabies à 5
kilomètres plus au sud, ville où périra Pline l'Ancien, oncle et père adoptif de Pline le
Jeune. C'est dans la nuit que le drame atteint son paroxysme. Le volcan crache
des nuées ardentes qui se dirigent vers l'ouest tandis que trois coulées de lave
parties dans la même direction dévalent sur Herculanum qui avait échappé aux
pluies de cendres. Un peu avant l'aube du 25, une quatrième coulée descend vers le sud
est recouvre Pompéi suivie d'une cinquième et dernière coulée en début de
matinée du 25 août. Le nom de Pline a servi à former un nom pour ce type d'éruption dite
plinienne.
On estime le nombre de victimes à environ 4000 sachant que les restes de 1150
corps ont été retrouvés à Pompéi ou aux alentours.
L'éruption a décapité le
volcan, changé le cours du Sarno et rehaussé le niveau de la plage, si bien que
Pompéi n'est plus désormais ni sur la rivière, ni au bord de la côte.
Aussitôt après l'éruption, le site fut en partie
pillé ou dépouillé par les propriétaires survivants puis oublié jusqu'à la fin
du XVIe siècle où l'on mit à jour des vestiges de Pompéi enfouie sa gangue de 6
ou 7 mètres de débris volcaniques accumulés, à l'occasion du
creusement d'un canal. Il fallut attendre plus d'un siècle, au début du XVIIIe
siècle, pour que les premières fouilles soient entreprises dans la région par le
Français Emmanuel Maurice de Guise-Lorraine au service de l'empereur Joseph Ier
du Saint-Empire. Mais c'est sous la conduite de Roque Joaquín de Alcubierre que les fouilles
sur le site de Pompéi commencèrent en 1748 et le site fut clairement identifié en
1763.
Depuis, les deux tiers des édifices de la cité antique ont été
dégagés mais c'est plutôt un malheur car, en 2012, la moitié du site
dégagé menaçait de s'effondrer. En effet, aux dégâts causés par les bombardement de
1943 par les Alliés qui croyaient le site occupé par les troupes
allemandes, s'ajoutent les erreurs dans les travaux de restauration et de
conservation, produits de l'incompétence (emploi de matériaux modernes comme le
béton trop lourd) mêlée à la corruption et a racket par la Camorra napolitaine.
On peut donc s'inquiéter de l'utilisation des fonds dans le Grand Projet Pompéi
lancé il y a un peu plus d'un an, un budget estimé à 105 millions d’euros dont
41,8 millions venant de l’Union européenne...
Pompéi a été classé au
Patrimoine Mondial de l'UNESCO
en 1997.
Pour ceux qui ont visité des
sites antiques établis sur le pourtour de la Méditerranée, la visite de Pompéi
peut être un peu décevante s'ils viennent pour y découvrir des vestiges
monumentaux, car en dehors des "théâtres", ici c'est autre chose qu'il faut
chercher à appréhender, tout simplement la vie quotidienne d'une petite ville
comme pétrifiée...
On nous dépose au sud du site et c'est à 9H, sur la Piazza Esedra, que nous rejoint Gianni Tramparulo, notre guide local pour les visites de cette journée. En complément de ses explications orales, on peut aussi se reporter au petit livre d'une centaine de pages commis par ce professeur sous le titre "Une explosion culturelle: Pompei, Herculaneum...", livre intéressant malgré quelques maladresses dans l'écriture (latinistes et italianistes les contourneraient sans difficulté). Et ne pas oublier de se munir du plan fourni à l'entrée du site.
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De la Piazza Esedra nous empruntons la Viale delle Ginestre, une l'allée boisée et bordée d'acanthes en fleurs. Cette allée est parallèle aux fortifications démantelées (et que des habitations tardives avaient colonisées), en passant d'ailleurs devant les vestiges de l'une des 13 tours qui jalonnaient cette enceinte qui est percée de sept portes dont les noms modernes correspondent aux différents endroits vers lesquels elles mènent: Porte marine, Porte d'Herculanum, Porte du Vésuve, Porte de Nola, Porte du Sarno, Porte de Nocera et Porte de Stabies.
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Rosaria n'a pas été généreuse en ne nous accordant moins de deux heures pour la visite ! C'est au minimum une grande matinée qu'il faudrait pour une visite un peu plus complète et pour bien s'imprégner de l'atmosphère des lieux. Quant à une visite complète, elle prendrait plusieurs jours...
Caserne des gladiateurs,Odéon et Grand Théâtre
Après avoir pénétré sur
le site par la porte de Stabies, la visite commence par la Caserne des Gladiateurs, une place bordée à l'origine
de portique sur ses quatre côtés qui servait à l'origine de promenoir aux spectateurs du
théâtre voisin. Ses 74 colonnes doriques sont partiellement recouvertes de stuc.
Après le tremblement de terre de l'an 62, Néron (règne de 54 à 68),
le fit aménager en caserne et gymnase pour les gladiateurs se produisant dans
l'amphithéâtre (que nous ne visiterons pas) situé à l'autre bout de la ville et
où se déroulaient aussi les courses de chars. De cet endroit, on aperçoit les
gradins du second étage du théâtre et, en arrière-plan, le Vésuve. Il était à
l'air libre mais à l'aide de cordages on pouvait le couvrir d'un velarium ou
velum pour protéger les spectateurs de la pluie ou du soleil.
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Tout à côté, à l'est, coup d'oeil rapide dans l'Odéon ou "Petit Théâtre", édifié
en 80 av. JC. et parfaitement conservé, qui pouvait accueillir 1300 spectateurs
pour des auditions musicales, des déclamations en vers et des spectacles de
mimes. A l'origine, il était couvert d'un toit.
Près de là, on peut observer l'intéressant appareil de maçonnerie fait de pierres carrées
posées sur la pointe (avec des traces d'incendie encore visibles) et un arc en
plein cintre fait de briques.
Nous poursuivons par le Grand Théâtre construit au tournant du IIIe et du IIe
siècle avant JC sur le modèle grec, en utilisant une déclivité naturelle
orientée en direction des Monts Lattari (dominant Castellammare di Stabia). Sa
scène fut transformée et un étage de gradin fut ajouté sous le règne d'Auguste
(de 27 av. J-C à l'an 14 de notre ère) aux deux préexistant ce qui permit
d'accueillir jusqu'à 5000 spectateurs. Sa restauration suite au séisme de l'an
62 n'était pas terminée lors de l'éruption. Trois portes donnaient accès à la
scène sous laquelle se trouvaient des citernes utilisées pour des jeux d'eau.
Depuis gradins supérieurs, on aperçoit au-dessus des ruines et de la végétation, les
clochers de la ville moderne de Pompéi.
Dans un passage venant au Théâtre on
peut voir quelques graffitis parmi lesquels on identifiera un poisson (d'aucuns
y voyant un pénis)... Par manque de temps, nous négligeons le Temple d'Isis
pourtant tout proche.
Du côté de la Maison de Ménandre
Nous nous trouvons sur la
longue artère que forme la Via Stabiana qui traverse la ville, atteignant la
Porta Vesuvio au nord.
Les rues sont bordées de trottoirs pour que les piétons
circulent au sec tandis que sur le pavement des voies, on peut encore voir les rigoles creusées
par les cercles métalliques des roues des chariots. Aux carrefours, d'étranges
passages cloutés interpellent. Ils s'agit de plots proéminents disposés de telle
sorte que les roues des véhicules puissent les éviter tout en permettant aux
piétons de passer à pieds secs d'un trottoir à l'autre par cette sorte de gué
car il faut savoir que dans une grande partie de la ville il n'y avait pas
d'égouts... Ces plots sont disposés de telle sorte qu'ils respectent
l’écartement standard des roues des chars, soit 1,432 mètre (mesure reprise par
les chemins de fer d’Europe de l’ouest, sauf l’Espagne). Dans des trous percés dans les bordures de trottoirs permettaient
d'y passer une corde pour attacher les chevaux. On passe devant deux thermopolium, des
restaurants de rue avec leur comptoir en L où sont ménagées des cuves où l'on plaçait
des récipients en terre cuite (dolia) contenant des plats cuisinés maintenus au chaud.
Les clients consommaient sur le pouce debout ou en marchant dans la rue.
Une arrière-salle permettait de manger assis.
Gargotes, tavernes, auberges...
Le thermopolium était un restaurant de
rue, une sorte d'ancêtre de nos fast food, où l'on pouvait manger sur le
pouce des aliments maintenus au chaud dabs des pots de terre cuite encastrés
dans le comptoir. La taberna (d'où le mot taverne), à l'origine
des actuelles osteria italiennes, était plus vaste et située au coeur de
la ville (près du forum). La caupona dont nos verrons un exemple
plus loin, avait un peu les mêmes fonctions que la taberna. C'était
une auberge qui pouvait également offrir le gîte ainsi que parfois des tables de
jeu et des spectacles de danse. Quant à la popina (notre terme
bobinard ne semblerait-il pas en provenir?), le bordel ou lupanar, c'était
un lieu de débauche dédié à l'ivresse et à la prostitution. |
Nous sommes au croisement de la rue du Temple
d'Isis (quartier 3, îlots 4 et 7) et de la ruelle du Ménandre (quartier 1, îlots 3
et 4).
Nous nous engageons dans
celle-ci, bientôt recoupée par une autre ruelle, celle du Cithariste. Nous
passons devant la Maison des Ceii, à la jolie façade revêtue de stuc et portant
peinte une inscription électorale, pour nous intéresser à celle qui lui fait
face.
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Les
murs de l'atrium (B) de type toscan sont ornés de scènes de chasse et de paysages.
Dans l'angle nord-ouest, sur la droite en entrant dans l'atrium, se trouve le
laraire (F)
domestique constitué d'une base en faux marbre et d'un petit temple à deux
frontons avec corniches en stuc et colonnes toscanes, l'autel des dieux Lares consacré aux divinités protectrices du foyer, tandis qu'un bassin,
l'impluvium, en marbre aux bords moulurés occupe le
centre de l'espace. Au-dessus, l'auvent ouvert au centre pour
permet le passage de la lumière et de recueillir l’eau de pluie.
Après avoir
traversé une pièce intermédiaire, le tablinum (C), on débouche dans
le péristyle (D)
dont le centre est occupé par un jardin.
Les colonnes doriques du péristyle revêtues de stuc sont imposantes. Sur le côté
droit du péristyle, le complexe des bains s'agence autour d'un petit atrium
octostyle (M),
à 8 colonnes.
Les pavements de mosaïque sont magnifiques.
Dans l'angle sud-ouest du portique, se dresse un second laraire (R), avec un autel et une niche à abside contenant à l'origine
quatre bustes en bois (peut-être les images des ancêtres) remplacés par leurs moulages en plâtre.
La paroi du fond du péristyle est percée d'une série de niches et d'absides
appelées exèdres. Dans la niche centrale (E),
située dans l'axe du péristyle, la figure du grand poète comique grec
Ménandre (de la fin du IVe siècle av. J.-C.) se détache sur un fond jaune. Sur la gauche, une abside (S) ornée d'un paysage comporte une
représentation de Vénus et d'un Amour. Il faut noter la calotte hémisphérique
avec son décor de feuilles d'acanthe en relief. Une autre abside (T) est ornée d'une scène de chasse
avec Diane, la déesse de la chasse dans la mythologie romaine (ou Artémis, son
équivalent dans la mythologie grecque).
En 1920, lors des fouilles, les ossements de 18 corps (adultes et enfants ont
été retrouvés). Découvertes moins macabres dix ans plus tard: une centaines de
d'objets en argenterie et pièces d'or ont été trouvés dans des caisses placées
dans la cave de la maison, objets maintenant exposés au Musée Archéologique de
Naples.
Après cette intéressante visite, nous gagnons la rue de l'Abondance (Abbondanza)
que nous empruntons vers l'ouest. Ruines de boutiques, de
restaurants et aussi, sur notre gauche, une rue entière étayées car les murs
menacent de s'effondrer (Vicolo di Tesmo).
Nous voici entre le quartier 1
îlots 4, passant devant la Maison de L. Rapinasi Optati, et le quartier 9 îlot 1,
puis passant devant le péristyle de la Maison de M. Epidius Rufus.
Nous arrivons a un
carrefour important, croisement des rues de l'Abondance et de Stabies. De place
en place sur ces axes majeurs, des fontaines étaient aménagées et alimentées par
des aqueducs et au besoin par les réservoirs en élévation (sorte de châteaux
d'eau). Pratiquement dans la perspective de la rue de Stabies, vers le
Nord, on peut voir le Vésuve, et dans la direction opposée, les Monts Lattari.
Donnant sur la rue de l'Abondance, en
quartier 7, îlot 1, s'ouvrent
les Thermes de
Stabies que nous allons visiter.
Ce complexe thermal le plus ancien de la ville,
du IIe siècle avant JC, occupe une vaste zone. La
construction date de l'époque de l'assujettissement de Pompéi à Rome et ces
thermes
furent plusieurs fois agrandis et embellis par la suite afin de répondre aux
nouveaux besoins de l'afflux de la population.
Ces thermes sont organisés selon des critères extrêmement fonctionnels avec un système très ingénieux de bains répartis autour
d'une aire centrale de plan trapézoïdal servant de palestre (gymnase) et
entourée de portiques sur trois côtés. Une piscine en occupe le côté
ouest.
Les Thermes de Stabies se composent de trois parties. Tout d'abord, les
salles du secteur nord, celles qui sont les plus anciennes, dotées d'une série
de latrines. Un second secteur comprend le groupe de bains privés situés
derrière le portique septentrional. Le troisième secteur que nous allons visiter
rapidement, celui des bains publics, est situé dans la partie est. Il se compose de vestiaires, d'un
vestibule et de différentes pièces pour les bains froids (frigidarium), pour les
bains tièdes (tepidarium) et pour les bains chauds (caldarium). Ces thermes
présentent des divisions très marquées entre, au sud, la zone réservée aux
hommes que nous allons visiter, et, au nord, celle qui est réservée aux
femmes organisée de la même manière mais plus simple et plus dépouillée.
Les pièces sont assez sombres et envahies de visiteurs ce qui rend problématique
la prise de photos.
Le vestibule des hommes est un espace voûté au plafond orné de motifs de stucs
très raffinés, en relief et peints, parmi les plus beaux de l'art
pompéien. Le vestibule se prolonge par le vestiaire (apodyterium) aux murs
percés de niches pour y ranger les vêtements. C'est maintenant un espace de musée où
l'on peut voir des moulages de victimes dans l'attitude où la mort les a
surprises. Les cendres (200° à 500°) des nuées ardentes ont brûlé
tous les tissus vivants, puis se sont figées, créant à la fois une gaine
protectrice et une image en creux de l'objet détruit, exactement comme dans la
technique de moulage des métaux à la cire perdue. L'archéologue italien Giuseppe Fiorelli, qui a fouillé le site au XIXe siècle
a procédé en coulant du plâtre
dans les espace creux libérés par les corps calcinés et autres objets
combustibles. On retrouve des détails comme la forme des sandales encore au pied
des victimes.
Nous passons dans la zone des bains. Le caldarium est une pièce assez
vaste, terminée en abside, destinée aux bains chauds et de vapeur (du
latin caldus qui signifie "chaud"). Son dallage a disparu mais cela
permet de voir l'ingénieux système de chauffage hypocauste par le sol (l'air
circulait également entre des doubles murs). En revenant dans le vestibule, on
accède au frigidarium, une petite pièce circulaire à coupole dont le centre est occupé par un
bassin circulaire destiné au bain froid , pièce dont
les murs sont décorés et percés de niches en absidioles.
Nous quittons les thermes et on peut voir que la partie basse de la ville
dispose d'un système d'égouts passant sous les trottoirs.
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Mais dans ce type
d'activité, la concurrence semblait rude car à deux pas de là, le Lupanar occupe
l'angle sud-est de l'îlot 12 du quartier 7, formé par les ruelles du Lupanar et
du Balcon Suspendu (Balcone Pensile).
Le Lupanar est le seul bâtiment de Pompéi clairement et totalement dévolu à
la prostitution (il compte 10 chambres réparties sur deux niveaux) qui
habituellement se pratiquait au premier étage des auberges, tavernes ou dans une
chambre donnant directement sur la rue comme on vient de le voir. L'appel que lançaient les prostituées ressemblait cri de la louve (lupus)
en chaleur, ce qui a donné le nom aux établissements hébergeant ces personnes.
Il faut se donner le tour pour visiter ces lieux privilégiés par les touristes
dont nous sommes.
Photos autorisées mais sans flash.
On pénètre dans une petite salle où s'ouvrent cinq chambres avec des lits de
pierre. On peut imaginer qu'on y plaçait un matelas. Des latrines sont aménagées
sur le côté ouest de la salle, derrière un muret. Les parois des chambres sont
couvertes de graffitis. Les murs de la salle d'entrée sont décorées
d'encadrements et de guirlandes stylisées sur un fond blanc. Cinq tableaux à
scènes érotiques sont encore bien visibles au-dessus des portes.
En fait ils n'étaient peut-être pas là pour stimuler le désir mais comme
une sorte de catalogue pour permettre aux clients d'indiquer quel type de prestation ils
attendaient. Au centre du mur nord, est peinte une hyper
version de Priape (le dieu grec de la fertilité) présenté devant un
figuier en tenant ses deux phallus en érection. Un escalier conduit à un
balcon sur lequel s'ouvrent cinq chambres que nous n'aurons pas le temps de
visiter.
Direction ouest par la ruelle dei Balcone Pensile ce qui nous amène à croiser la ruelle d'Eumachia (nom d'une prêtresse romaine du temple de Vénus de Pompéi): vues sur les Monts Lattari d'un côté et sur le Vésuve de l'autre, bouches d'égouts et pavé sculpté représentant en relief un phallus indiquant la direction du lupanar.
Nous redescendons vers la rue de l'Abondance qui débouche au sud du Forum.
Le forum est une vaste place mesurant 38 mètres sur 142, bordée sur trois côtés par des portiques menant à des édifices publics: sénat, archives, siège des décurions (officiers subalternes de la cavalerie), greniers et marchés. Le quatrième côté est fermé au nord par le temple de Jupiter et deux arcs honorifiques.
Face à nous, sur le côté ouest du Forum, se dressent les nombreuses et robustes colonnes en gros blocs de tuf gris de la Basilique (B). Elle occupe l'angle ouest du forum. La basilique était la structure la plus grande et la plus importante dans le forum (66x27 mètres). Elle date du IIe siècle avant J-C. Les duumvirs y rendaient la Justice à l'arrière. Le tribunal était accessible par un escalier en bois. Les citoyens s'y retrouvaient également pendant la saison froide pour des réunions d'affaires (bourse du commerce) sur les problèmes légaux et économiques qui se traitaient également sur le Forum. L'intérieur est divisé en trois nefs par vingt-huit grandes colonnes corinthiennes faites de briques recouvertes de stuc.
Tout à fait au nord, dans l'axe duquel apparaît
majestueusement le Vésuve, au-dessus des vestiges du Capitolium (D) (Tempio
di Giove) ou Temple de Jupiter, le temple principal honorant la triade Jupiter, Junon et
Minerve qui fut construit au IIe siècle avant J-C.n en même temps que l’arc de
Germanicus.
A gauche du forum, subsistent du portique ouest 4 colonnes de marbre blanc de
style dorique, 4 d'entre elles
supportant encore les colonnes de style ionique de l'étage supérieur.
Au nord de la Basique, côté ouest également, se trouve
le plus ancien monument
du forum, le temple d'Apollon (C) qui constituait probablement le cœur
religieux originel de la cité. Ses parties les plus anciennes remontent au VIe
siècle av. J.-C. Apollon était vénéré à la fois par les Grecs et les
Étrusques. Le premier édifice en bois fut remplacé au IIe siècle av. J.-C. par un édifice en maçonnerie. Plus tard, le culte du dieu Apollon fut dévalorisé
au profit de celui du père des dieux, Jupiter, à qui fut dédié le temple le plus
important du forum. Il subit des transformations au Ier siècle de notre ère,
notamment après le tremblement de terre de 62. Il n'ouvre pas directement
sur le forum mais au sud, rue de la Marine. Le péristyle est entouré de 48
colonnes.
Sur le podium, 28 colonnes entouraient le coeur du sanctuaire.
En face, on peut voir les
vestiges de l'Eumachia (E), un autre édifice antérieur au forum. C'est un temple
dédié à la Pietas (Livie épouse d'Auguste) et à la Concordia (paix) Augusta construit à l'initiative de la
prêtresse Eumachia, fille d'une riche famille de propriétaires de vignobles et
d'industries de la brique. Construit sous Tibère (règne de l'an 14 à l'an 37), le
successeur d'Auguste, c'était le marché de la laine et le siège des corporations
travaillant ce textile.
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Il est bientôt 11H et on
s'apprête déjà à quitter le site. La rue de la Marine est très encombrée surtout
que l'on va à contre-courant d'un flot de touristes asiatiques. Passage près des
vestiges du temple de Vénus (A), Mère de l'Univers. En moins de 250 ans, le
temple a été construit deux fois et détruite à deux reprises, la seconde fois lors du
tremblement de terre de 62. La divinité sous la protection de laquelle la ville
s'était placée avait failli à son rôle cependant un troisième bâtiment était en cours de
construction au moment de l'éruption, ce qui fait qu'il ne fut découvert qu'en
1817.
Nous sortons par une rampe passant entre le temple de Vénus et les vestiges des
thermes extérieurs de la Porte Marine. On peut voir un nouvel exemple de
maçonnerie faite de blocs de pierre carrés et posés en carreaux sur la pointe.
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Il
fait chaud, 30°. La faim se manifeste, il est midi.
Court trajet
pour se rendre au restaurant Tiberius, situé immédiatement à l'ouest du site sur
lequel on a une vue.
Au menu du déjeuner: assiette de charcuterie italienne avec mozzarella et haricots verts
puis une copieuse pissa accompagnée d'une assiette de salade et, pour finir, un
gâteau à la crème.
Avant de partir petit tout sur la terrasse et dans le Jardin des Senteurs avec
toutes sortes de légumes et de la vigne, jardin d'où l'on a une superbe vue sur
le Vésuve.
13H45, maintenant.
Il
faudrait peut-être songer à se diriger vers Naples...
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