Au sud de l'île de
MALTE
 
 


 

Les mégalithes de  MALTE
 

LE MEGALITHISME A MALTE ET AILLEURS...

Timidement apparu sur le site de Skorba vers 5200 av. J.-C. lors de la phase Għar Dalam, le mégalithisme maltais, isolé dans l'archipel et indépendant du mégalithisme méditerranéen ou de l'ouest européen, précède d'environ 400 ou 700 ans le plus vieux site mégalithique continental, le Cairn de Barnenez (en Bretagne, dans le Finistère) qui daterait de 4850–4450 av. J.-C. tandis que les alignements de Carnac ne dateraient que de 4000 av. J.-C.
On trouve ici le plus grand centre mégalithique du monde méditerranéen avec 23 temples mégalithiques sur les îles de Malte et de Gozo.

Le mégalithisme maltais prend toute son ampleur et son originalité dans l'archipel au cours des phases ultérieures. Pour l'archéologie maltaise, ce n'est pas la maîtrise de la pierre ou des métaux qui rythme la Préhistoire mais l'évolution des temples mégalithiques.
La période qui s'ouvre se nomme la période des temples
(4100-2500 av. J.-C.), elle dure 1600 ans et se subdivise en cinq phases. Les mastabas (2700 av. J.-C.) et les pyramides d'Égypte (2500 av. J.-C.) sont contemporains des derniers temples maltais tout comme à Stonehenge le double fer à cheval de pierres bleues (2600 av. J.-C.), les trilithes (2400 av. J.-C.) et le cercle de sarsen  (remanié jusqu'en 1600 av. J.-C.). La grande période mégalithique maltaise est terminée depuis environ 700 ans lors de la construction du vieux temple de Cnossos (1900- 800 av. J.-C.) en Crète.

Certains archéologues considèrent que l'origine du mégalithisme est à rechercher en Europe atlantique à la différence des "théories diffusionistes" qui percevaient Malte comme l'un de ces "tremplins de civilisations" ou qui n'hésitaient pas à voir dans Malte «l'incontournable courroie de transmission des techniques du mégalithisme, supposées nées en Orient, et qui, véhiculées par d'audacieux navigateurs, auraient gagné le bassin occidental pour s'épanouir largement dans toute l'Europe atlantique».
En réalité, la succession temporelle de ces différents courants mégalithiques ne sous-entend d'aucune façon un lien de filiation entre eux.
Chaque région du monde des mégalithes a son originalité par son époque d'apparition et ses formes: les alignements atlantiques, nordiques ou encore africains, les cercles anglais, écossais ou des Orcades, les tombes des géants et les Nuraghes sardes ou les torres corses, les Taulas baléares, les Cromlechs gallois, les Menhirs, les Dolmens sous tumulus ou sous cairn, les Chen-pin coréens ou les Kofun japonais, les autels olmèques, les anthropomorphes colombiens ou les Moaïs pascuans, etc.
D'ailleurs, la  civilisation mégalithique n'a pas complètement disparu dans le vent de l'histoire, si les Bantous de la province d'Ogoja, au sud-est du Nigéria, n'élèvent plus les Akwanshi phalliques depuis une centaine d'années comme les Kelabit du Sarawak, par contre les Malgaches du plateau d'Imerina, le peuple konso d'Éthiopie et les austronésiens des îles de Sulawesi (que l'on a pu voir lors d'un voyage en 2013) ou de Sumba dressent encore aujourd'hui des mégalithes pour honorer leurs morts et valoriser le rang de la famille ou du clan. Cela réclame, comme il y a plusieurs millénaires, d'énormes dépenses physiques et économiques mais aussi un esprit de solidarité qui renforce l'unité des groupes ethniques qui pratiquent encore le mégalithisme.
 

ECHELLE CHRONOLOGIQUE DE LA PREHSTOIRE MALTAISE

5200 – 4100 av. J.-C. période néolithique

Les groupes néolithiques qui ont laissé des traces de leur présence vers 5400 av. J.-C. dans le sol de Għar Dalam sont les héritiers de la "révolution néolithique" qui a transformé les hommes prédateurs (chasseurs-cueilleurs) en hommes producteurs (éleveurs-cultivateurs).
Cette transformation avait eu lieu environ 4 500 ans plus tôt, quand les peuplades entre Tigre et Euphrate se sont sédentarisées grâce à l'abondance alimentaire du Croissant Fertile. Elles ont su développer une connaissance suffisante de la nature. C'est en pleine possession de cette connaissance que des groupes sont partis à la conquête du monde. Le VIIe millénaire av. J.‑C. voit la colonisation de proche en proche de territoires toujours plus vastes par les porteurs de la civilisation néolithique. Sa première apparition en Europe se situe dans les plaines de Thessalie, de Béotie et d'Argolide. C'est le Néolithique à céramique peinte (6500-6000 av. J.-C.). Elle se répand dans les Balkans jusqu'au Danube (6100-5800 av. J.-C.) avant de s'étendre à l'ensemble du bassin méditerranéen.
Il faudra 45 siècles aux groupes néolithiques pour rejoindre Għar Dalam, par terre et par mer, et développer une culture à nulle autre comparable. Ils prennent la suite des premiers habitants de l'archipel maltais, porteurs de la culture de la céramique de Stentinello, qui étaient arrivés auparavant par mer depuis la Sicile, l'île voisine, et avaient implanté l'économie néolithique dans l'archipel en important bêtes et végétaux et en utilisant des abris sous-roche. Le silex qui sert à confectionner l'outillage lithique provient de Sicile, notamment des gisements des Monts Hybléens dans le sud-est de l'île. Des lamelles et des outils en obsidienne révèlent une importation de matériaux depuis les îles de Pantelleria et de Lipari, au large de la Sicile.

5200 – 4500 av. J.-C. phase Għar Dalam .

4500 – 4400 av. J.-C. phase Skorba grise. Vases simples peu décorés - la carrière de pierres calcaires la plus proche était à plus d'un  kilomètre du site. Chaque pierre  pesant plus d'une tonne.

4400 – 4100 av. J.-C. phase Skorba rouge. Vases brillants de couleur corail à décor géométrique et premières statuettes en pierre ou en terre cuite.
 

4100 – 2500 av. J.-C. période des Temples.

La période des temples prend fin vers 2500 av. J.-C. avec la disparition des populations de bâtisseurs mégalithiques vers les années 2500 av. J.-C. L'explication communément acceptée veut qu'une surexploitation des terres et une diminution des ressources naturelles forcèrent la population à abandonner l'archipel maltais.

 4100 – 3800 av. J.-C. phase Żebbuġ.
Dès la phase Żebbuġ, le lieu des ancêtres est sous terre dans des tombes sculptées à l'image des temples. La "religion" maltaise comporte les deux aspects du monde néolithique: un culte rendu à une entité féminine "déesse-mère" ou "déesse de la fécondité" et un culte des morts.

 
 
 

3800 – 3600 av. J.-C. phase Mġarr (et temple sud de Hagar Qim) .
La période des temples (3800-2500 av. J.-C.) révèle une culture typiquement maltaise impossible à rattacher à une culture continentale. La population maltaise, et avec elle sa langue, suit pendant plus d'un millénaire et demi une évolution qui lui est propre. La fréquentation des temples et leurs fréquents réaménagements font déduire une organisation sociale centrée sur ces temples. Le temple est aussi un lieu de marché, de négociations matérielles.

3600 – 3000 av. J.-C. phase Ġgantija (île de GOZO). Débris de poterie sous une couche de cendres (et temple nord de Hagar Qim et temple supérieur de Mnajdra)
Littéralement "Gigantesque", les temples de Ġgantija sont situés sur l'île de Gozo. Ces fascinantes structures néolithiques datent de bien avant les pyramides égyptiennes. Le site comprend deux temples de taille impressionnante encerclés par un mur d'enceinte. La taille des temples est d'autant plus impressionnante que ceux-ci ont été construits avant l'invention de la roue. Les experts pensent donc que les énormes pierres avec lesquelles ces temples sont construits furent déplacées à l'aide de pierres sphériques. Les archéologues ont trouvé plusieurs traces attestant de sacrifices d'animaux ainsi que des autels servant au culte.

 

 

3000 – 2900 av. J.-C. phase Saflieni .

2900 – 2500 av. J.-C. phase Tarxien.
La poterie de Tarxien, uniquement maltaise, est remarquable par la variété des formes jamais atteinte avant cette période. (temple principal de Hagar Qim et temple moyen de Mnajdra) .
 

2500 – 700 av. J.-C. âge du bronze.

Une nouvelle population, émigrée de Sicile, porteuse d'une culture totalement différente revivifie la civilisation maltaise en repeuplant petit à petit l'archipel. Ces nouveaux arrivants incinèrent leurs morts et utilisent des outils, mais aussi des armes, en bronze. Le matériel archéologique permet de rapprocher ces nouveaux habitants des peuples guerriers de Sicile et d'Italie du sud de la même époque et de caractériser la première phase de l'âge du bronze maltais, la phase du cimetière de Tarxien.

2500 – 1500 av. J.-C. phase des cimetières de Tarxien. On y voit le travail de la pierre le plus beau et le plus intéressant: motifs en spirale ciselés dans la pierre ainsi que des représentations en relief de chèvres, de béliers, de taureaux et de truies (temple inférieur de Mnajdra)

1500 – 725 av. J.-C. phase Borġ in-Nadur .

900 – 700 av. J.-C. phase Baħrija .

La période historique

Elle commence avec l'arrivée des Phéniciens qui ouvre l'Antiquité de Malte en 725 av. J.-C.

cf. Wikipédia

 

Menu MALTE
 


Etape précédente:  Centre de MALTE
Etape suivante: tour sur l'île de GOZO

Jeudi 26 mai,  matinée

 Ce matin encore un départ de l'hôtel à 9H.

La journée commence par le traditionnel ramassage. Aujourd'hui nous sommes 19 et nous serons accompagnés par Maria qui a dû se lever à 5H car elle habite tout à fait à l'est de l'île... Justement, notre matinée va être consacrée à la découverte d'une partie du sud de l'île de Malte...
Un trajet d'une bonne vingtaine de kilomètres qui, à l'heure de  pointe, prend près de trois quarts d'heure.
Paysage toujours secs, avec des petits champs parfois bordés de haies de figuiers de Barbarie servant de brise-vent et de clôture. On peut aussi voir des aloès qui, contrairement aux agaves (introduits vers 1500), avec lesquelles on les confond souvent, ne meurent pas après avoir fleuri. Bien sûr, on trouve ici comme ailleurs dans l'archipel, des murets de pierre sèche et des abris saisonniers appelés "girma", un genre de "bories".
Un peu comme chez nous, dans chaque ville est édifié un monument aux morts à la guerre mais ici il s'agit seulement de la Deuxième Guerre mondiale.


 MARSAXLOKK: un port typique

MARSAXLOKK est un petit village de pêcheurs comptant 3500 habitants qui sont appelés les Xlukkajri. Petit, certes mais c'est  pourtant aujourd'hui le plus grand port de pêche de Malte. Les prises sont surtout constituées de thon, espadon et "lampuki" (Mahi mahi) ou dorade coryphène. Le dimanche serait le jour idéal pour venir ici et assister à la vente directe sur les quais.

Le port garde la marque des ports phéniciens car Marsaxlokk a été fondé par les Phéniciens au IXe siècle av. J.-C. Comme toutes les villes maltaises dont le nom est composé du phénicien "marsa" qui signifie "havre", car Marsaxlokk se trouve au fond d'une baie abritée propice à la protection des bateaux. L'autre partie du nom  "xlokk" signifie "sud ou sirocco", terme similaire au catalan "xaloc"

C'est ici que les galères turques débarquent environ 30 000 hommes le 19 mai 1565 en vue de tenir le Grand Siège de Malte. Pour induire en erreur les Ottomans, le Grand Maître Jean de La Valette (de 1557 à 1568) use d'un stratagème en envoyant quelques chevaliers dans la gueule du loup afin de faire croire aux Turcs que toute la défense de Malte reposait sur le fort St Elme. Devant ces informations fausses (sans doute obtenues par la torture), Mustapha Pacha, général des armées à terre, qui souhaitait d'abord se rendre maître de l'archipel pour établir un blocus complet dut céder devant le point de vue de Piyali, amiral de la flotte, qui souhaitait quant à lui d'abord fournir un abri sûr à ses navires, exposés aux vents dans la baie de Marsaxlokk, en abritant ses galères dans la baie de Marsa et la rade de Marsamxett mais pour cela, en premier lieu, il fallait s'emparer du fort Saint-Elme qui en commande l'entrée.

 
 
 


 
Dans cette localité, on va voir les "luzzu"
(au pluriel, on devrait dire "luzzijiet"), ces barques de pêcheurs sont peintes en couleurs primaires, dans les tons vifs, jaune (="soleil"), rouge (="sang, courage"), vert et bleu ="mer"). Ces bateaux portent tous à la proue l’œil phénicien sculpté et peint comme en Grèce (ou beaucoup plus loin, sur le Mékong mais là avec d'autres traditions) de façon plus ou moins réaliste et censé les protéger contre les aléas de la mer et favoriser la pêche. Cette paire d'yeux, simplement appelé oculus, est considérée comme une survivance phénicienne et c'est donc à tort qu'ils sont appelés à tort œils d'Horus ou d'Osiris. Depuis la motorisation apparue dans les années 1930, les embarcations sont un peu plus grandes qu'à l'époque de la propulsion à la voile latine (triangulaire) ou à la rame pour les plus petits.

Petit tour dans le centre et coup d'oeil à l'église  dédiée à Notre-Dame de Pompéi.
 

MARSAXLOKK, bateaux luzzu dans le port phénicien
Pour voir des détails, passez le pointeur sur l'image comme une loupe



Nous n'allons pas jusqu'à l'extrémité sud-ouest où se trouve l'usine Playmobil qui possède ici à Birżebbuġa l'une de ses 4 usines européennes mais nous reprenons la route en direction de Siggiewi, localité distante d'une quinzaine de kilomètre plus à l'ouest. Routes étroites et on
y croise une moissonneuse-batteuse ancienne et de gabarit adapté tant à la taille des champs qu'à la largeur des routes...

Haut de page
 

 


SIGGIEWI: "The Limestone Heritage", musée de la pierre globigérine de Malte

SIGGIEWI est une localité d'un peu plus de 8000 habitants où nous arrivons vers 10H45. L’église paroissiale est dédiée à Saint Nicolas.
Le musée se situe au-delà de l'aéroport, à l'est de la localité. Situé dans une ancienne carrière, il retrace l'histoire de l'exploitation de la pierre à chaux à Malte, cette pierre jaune pâle qui constitue le matériau de base de la plupart des constructions anciennes de l'archipel et  redevient à la mode après une période où le béton a eu la faveur.

Ce musée thématique sur la pierre locale offre un voyage fascinant à travers l’histoire de l’extraction et du travail de la pierre calcaire dans les îles maltaises, dans un agréable site, ancienne carrière à ciel ouvert. Nous allons consacrer une heure à cette visite.

On commence par visionner un film "L’héritage de Limestone" racontant l'origine de ces roches sédimentaires exploitées dans de nombreuses carrières et les méthodes d'abattage.
La calcaire appelé "globigérine" ou "pierre à chaux" est un calcaire tendre, de couleur dorée, contenant de très nombreux coquillages et fossiles qui rappelle les faluns et le tuffeau de Touraine, d'ailleurs ils se sont formés à l'ère Secondaire, durant la période géologique du Crétacé il y a environ 90 millions d'années. L'archipel calcaire maltais a émergé au Miocène moyen, il y a environ 10 millions d'années, et a été soumis à une érosion de type karstique.
Ce calcaire constitue le principal matériau de construction utilisé à Malte et donne leur couleur particulière aux villes et villages de l'île. Exposée à l'air, la pierre durcit et prend une couleur rosée puis plus foncée avec la formation d'une patine. Les roches de moins bonne qualité peuvent cependant s'éroder facilement et présenter alors une dégradation rapide en nid de guêpe. Sous le calcaire à globigérine se trouve une couche plus ancienne faite de calcaire corallien dur, de couleur gris clair et plus grossier, présent dans le sud-est de l'île. Un autre calcaire corallien, lui plus récent et donc plus en surface, se rencontre à l'opposé géographique, au nord-ouest de l'île de Malte et sur les îles de Comino et Gozo. Le calcaire corallien était utilisé pour les constructions nécessitant des contraintes importantes, en particulier les fortifications.
Dès le néolithiques, les occupant de l'île  ont utilisé ces matériaux pour bâtir leurs temples.

Après le film, munis d'un audio-guide, nous parcourons le site de l'ancienne carrière où les métiers sont mis en scène dans une perspective d'évolution des techniques d'extraction. Le tranchage vertical et horizontal s'effectuait autrefois à l'aide de pics  et de coins de fer enfoncés dans les saignées à coup de masse. Les blocs encore bruts étaient mesurés à l'empan, de l'extrémité du pouce à celle du majeur, soit 26cm. On les transportait sur des charrettes.
Le travail de carrier était et est encore bien rude même s'il est bien rémunéré. Dans la cuvette d'une carrière, l'air ne circule pas et avec la réflexion de la lumière due à la blancheur de la pierre, la température peut monter à 50°. A cause de la chaleur, les carriers commencent leur travail dès le petit matin  et arrêtent à midi, ce qui leur permet d'exercer un autre métier.
Avec la mécanisation sont apparues des scies actionnées par moteur diesel puis électriques et guidées sur rails.  La manutention s'est alors faite par tapis élévateur et le transport par camion (un super modèle Dodge D15 des années 1940 est présenté).
Au passage,  nous voyons en haut du front de carrière la coupe d'un puits traditionnel  creusé en forme de cloche et servant de citerne qu'alimentait un réseau de drains de captage des eaux de pluie. Plus loin une source forme un joli mur d'eau moussu.

La suite de la visite permet de découvrir l'architecture traditionnelle. De la cabane de pierre sèche à occupation temporaire appelée "girma" que l'on peut voir dans les champs, jusqu'aux maisons avec leur système de  toit  formé de minces dalles de pierre supportées par des  encorbellements ou par des poutres en bois. Des niches sont construites en utilisant des arcs en plein cintre. Et pour les plus malins, il faut repérer une niche particulière où l'on dissimulait le petit trésor du ménage... Nous finissons par une balade  dans les jardins d'agrumes (superbes citrons) qui occupent traditionnellement le fond des anciennes carrières. La carrière a mis à jour une tombe comportant deux chambres funéraires qui daterait des IIIe-IIe siècles avant J-C, tombe qui aurait par la suite été utilisée comme citerne (!).
A la sortie, pause  photo auprès d'une  imposante matrone évoquant une déesse-mère, une statue moderne inspirée de la statuaire néolithique maltaise réalisée en 2013 par l'artiste britannique Mark Verry.
 

 

Le car nous emmène encore plus à l'ouest,  à environ 10km, vers les falaise de Dingli. L'itinéraire est pittoresque, champs de vigne, route étroite bordée de haies de figuiers de Barbarie ou de murets de pierre sèche où il est impossible de croiser un camion. Par deux fois, il nous faudra faire  marche-arrière.  Un petit air d'Irlande (par exemple la péninsule de Dingle: étrange rapprochement homophonique et  orthographique !), la verdure et les moutons en moins...
Nous passons aussi près de carrières puis apparaît la seule zone boisée de Malte,  Buskett Garden, d'où émerge le palais d'été de l'Inquisiteur construit par l'inquisiteur Onorato Visconti en 1625 et rénové en 1763 par l'inquisiteur Angelo Dorini. Aujourd'hui, c'est la résidence officielle du Premier Ministre maltais.
Haut de page

 

 
DINGLI: les falaises

DINGLI est une localité  d'environ 3500 habitants située sur la côte sud de Malte qui portent leur nom du chevalier de l’ordre de Saint-Jean, l'anglais Sir Thomas Dingley qui possédait une grande partie des terres  environnantes.
Le village se trouve sur un plateau à quelque distance de Buskett Gardens et Verdala Palace, à presque 250 mètres au-dessus du niveau de la mer, occupant le point culminant de l’île. La côte est bordé de hautes falaises tombant directement dans la mer, les falaises Dingli Cliffs, avec une vue sur l'île de Filfla.  Dingli était considéré comme un abri sûr lors des attaques de corsaires parce qu'il était impossible pour les pirates d'y débarquer à cause des falaises parfois abruptes, qui descendent vers la mer en double gradin sur lesquelles poussent des câpriers.

Arrêt près de la toute simple chapelle dédiée à Ste-Marie-Madeleine (du XVIIe), bâtie sur un édifice précédent du XVe siècle. Notre guide s'inquiète beaucoup pour notre sécurité au bord de ces précipices. Un peu plus loin  se dresse un radôme abritant le radar pour l'aviation qu'avaient construit les Anglais.
 




Depuis les falaises, on aperçoit émergeant au-dessus du plateau, les dômes coiffant la coupole et les deux tours-clochers de  l'église N-Dame-de-l'Assomption de Dingli et aussi le Palais Verdala. Ce dernier est un édifice massif d'époque  Renaissance mais au style de château-fort construit en 1586 et appartenant au Grand Maître français Hugues Louvens de Verdalle. Plus tard, il a servi de résidence d'été pour le gouverneur britannique avant de devenir celle de la présidence de la République.

Nous quittons le site à midi et quart. Il fait 28° à l'ombre.

 


Court trajet de 10 minutes pour remonter en limite de Siggiewi, au coeur de la forêt de Buskett où les grands maîtres tel Jean Parisot de La Valette allaient chasser car nous déjeunons au Château Buskett, tout près, l'imposante silhouette du Palais Verdala qui domine la forêt. C’est dans cet espace boisé (le seul sur l’île) que l’on célèbre L-Imnarja, la fête de St-Pierre et St-Paul ainsi que la fête annuelle des lumières pendant deux jours à la fin juin.

L'endroit est prisé des Maltais pour y organiser des fêtes familiales, réceptions de mariage, concerts et autres évènements, en intérieur comme en extérieur. Notre menu servi dans une très grande salle où arrive un autre groupe  n'est pas à la hauteur des lieux: premier plat de pasta à la sauce tomate  puis poisson (genre perche du Nil) avec des petits légumes et en dessert, deux infâmes boules de glace aux couleurs et parfums artificiels à la banane et à la fraise.

Nous quittons les lieux vers 13H30 pour aller vers faire la croisière des ports de La Valette narrée dans une page antérieure.... Haut de page
 

 


Dimanche 29 mai,  fin de matinée

Après la visite du Palazzo Parisio de Naxxar racontée dans une page précédente, nous mettons cap au sud-est. Jacqueline est notre guide.
Nous traversons pratiquement l'île en diagonale en une quarantaine de minutes après être passés près de l'aéroport et près de l'usine d'électronique (microprocesseurs) du groupe franco-italien (filiale de Thomson) STMicroelectronics située à Kirkop.
Le site de la Grotte Bleue est situé sur le territoire de QRENDI mais tout près de Zurrieq  où se trouve le seul moulin à vent qui fonctionne encore à Malte et à Gozo. Le moulin, connu sous le nom de Tax-Xarolla a été construit sur ordre du grand maître Antonio Manoel de Vilhena en 1724 puis agrandi en 1791 avec l'ajout d'un premier étage qui sert d'habitation au meunier et à sa famille.
La visite du moulin n'est pas prévue au programme. Dommage. Le meunier ne peut pas travailler si le vent est à force 7 mais il peut travailler le dimanche, jour du seigneur Les ailes du moulin sont déployées en fonction de la force du vent et actionnent des meules de pierre de 3 tonnes.
   

QRENDI: "La Grotte Bleue"    

QRENDI est une localité  d'environ 2700 habitants située sur la côte sud de Malte, entre Siggiewi à l'ouest et Zurrieq à l'est.

Une route en déclivité  conduit au petit port de Wied iż-Żurrieq, au sud de Żurrieq, niché dans une sorte de calanque bien abritée, au bout d'un vallon encaissé (dans "wied", on reconnaît facilement "oued") face du petit îlot inhabité de Filfla. C'était un petit port de pèche de quelques bateaux jusque dans les années 1950. Ce sont d'abord des résidents ou des touristes anglais qui, venant se baigner dans le wied, prirent l'habitude de demander aux pêcheurs des promenades en mer.  En 1958, on utilisait alors pour cela les huit bateaux de pêche, puis le succès se confirmant,  douze licences furent accordées  en 1962 et 59 en 1964. Depuis cette date l'organisation des pêcheurs limite à un maximum de 25 bateaux en service par jour, plus trois bateaux de sécurité. Les sorties sur les petits bateaux luzzu n'ont lieu que lorsque les conditions de mer sont favorables. Il en coûte 8€ pour une petite vingtaine de minutes mais ça en vaut le prix.
 

 
 



La Grotte Bleue ou "Blue grotto" (Taht il-Hejja en maltais) est une grotte maritime longue de 43 mètres avec une profondeur allant jusqu’à 40 mètres, interpénétrée avec sept autres grottes creusées par l'érosion marine au pied de falaises. La grotte est un lieu touristique réputé pour son eau bleue et verte d'une transparence absolue offrant une vision parfaite des fonds sous-marins et de la faune et la flore qui la peuplent. Le meilleur moment pour s'y rendre se situe entre le lever du soleil jusqu'à environ 13 heures. L'emplacement de la grotte combinée avec la lumière du soleil  se reflétant sur le miroir de l'eau révèle de nombreuses nuances de bleu et de vert. Plusieurs cavernes reflètent de brillantes couleurs phosphorescentes dues à la présence de cyanobactéries (algues bleu-vert). D'autres cavernes montrent des couleurs éclatantes, allant du bleu turquoise au bleu foncé et même de superbes teintes violacées.



 

A midi, après cette jolie excursion, nous nous sommes accordés avec notre guide Jacqueline pour rester au port afin d'utiliser le temps libre de l'après-midi pour visiter les temples mégalithiques tout proches au lieu de rentrer à l'hôtel. Après le départ de nos compagnons, nous avons trouvé sur place l'un des petits restaurants du port, "la cucina di Bettina". Raviolis frais au saumon pour 11€ ou spaghettis "sauce fenek" (lapin) pour 8€.
Haut de page

 

QRENDI: les temples mégalithiques de Hagar Qim et de Mnajdra

Après ce repas roboratif, nous sommes en condition pour affronter la côte d'un kilomètre qui conduit sur le plateau, au bord du vallon Wied-Babu, en un quart d'heure. Du belvédère, on a une superbe vue panoramique sur la grotte et les falaises en direction de l'îlot de Filfla.


Il nous reste encore un bon kilomètre et demi à faire sous un soleil de plomb (30° à l'ombre mais justement il n'y en a pas). Il est 13H30 et la route monte encore. Une affaire d'une vingtaine de minutes.

L'accès à ces superbes sites est payante (6€ pour les jeunes et les seniors -60 ans et plus- et 7,50€ en plein tarif + 1€ pour l'audio-guide bien utile). On s'étonne que cette visite ne fasse pas partie des programmes touristiques sur une semaine... alors que ces temples font partie des sites religieux les plus anciens sur Terre. En 1992, les temples de Haġar Qim et Mnajdra  ainsi que ceux de  Skorba, Ta' Haġrat et Tarxien, ont été inscrits au Patrimoine mondial par l'UNESCO, rejoignant ceux de Ġgantija et l'hypogée de Hal Saflieni déjà  inscrits depuis 1980.

Dans le centre d'accueil, une exposition très bien faite permet déjà de se documenter et elle est complétée par un film en 3D de dix minutes.  On comprend mieux comment leur ensevelissement les a préservés et on nous explique qu'ils étaient couverts d'un toit par un système de pierres placées en encorbellement (un peu comme dans les trulli des Pouilles).
On peut voir aussi des copies de pierres gravées et des photographies de statuettes et même de boutons du néolithique.

Hagar Qim

Nous commençons par le premier site, celui de Hagar Qim (ce qui signifie "Pierres dressées"). Des quatre temples d'origine dont la construction s'est échelonnées sur une période de mille ans (environ 3600-2500 av. J.-C.)., seul le temple principal est désormais préservé des intempéries par une structure métallique recouverte d'une bâche mise en place en 2009 car le temple a subi de graves intempéries provoquant la desquamation de la surface des blocs. 

Le site néolithique de Ħaġar Qim  est connu depuis le XVIIe siècle. Il a été dégagé en 1839 par J.-G. Vance et fouillé en plusieurs phases: en 1885, 1909 et 1910. Il a été restauré entre 1947 et 1950. En 1992,  les temples de Ħaġar Qim sont ajoutés au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO.

L'entrée percée dans la façade du temple principal est faite de trois pierres ("trilithon" ou trilithes pour les archéologues): deux piliers ou "orthostates" supportant un linteau. Après l'entrée, certaines des six salles comportent des tables ou autels. Prouesse technique pour l'époque dont la raison nous échappe, on trouve de nombreuses ouvertures verticales rectangulaires, taillées dans la masse même des bloc; celles-ci font office de passages, en lieu et place de porches formés classiquement par des blocs dressés soutenant des linteaux, comme on en voit notamment à l'entrée principale du temple située sur son impressionnante façade...
Au centre du plan polylobé, un vaste espace comporte à une extrémité (nord-est) une abside dite "de l'oracle" percée d'un trou en rapport avec le solstice d'été et à l'extrémité opposée,  sont adossées trois absides ouvertes sur l'extérieur. Une salle  au sud-est résulte d'une extension.

L'ensemble d'Haġar Qim, construit entièrement en pierre taillée dans du calcaire à globigérine, marque le point culminant de l'esthétisme architectural de ces temples qui s'étend de 3000 à 2500 avant J.-C. Certaines pierres ont une forme particulière, il s'agit de bétyles,  des pierres sacrées de forme variée, vénérées comme idoles dans le monde arabe et sémitique (on en a vu sur le site nabatéen de Petra lors d'un précédent voyage en Jordanien en 2010). Ils sont supposés représenter, l'un élancé, le sexe masculin, et un   plus bas, de forme trapézoïdale, le sexe féminin. A la gauche des bétyles, la plus importante pierre d'enceinte utilisée dans un temple maltais fait 6,40 mètres de long par 3 mètres de haut pour un poids estimé de vingt tonnes. Non loin de  là, on peut aussi voir une pierre dressé de 5,20 mètres de  haut.
On peut penser que l'on  procédait ici à des sacrifices d'animaux, des holocaustes et des rituels d'oracles. Lors des fouilles, on a découvert de nombreuses statuettes de divinités et de la poterie très décorée. Elles mirent également au jour, dans la première abside ouest, la "Venus de Malte", une statuette (10cm) de nu féminin très naturaliste, retrouvée sans tête déposée au Musée archéologique à La Valette.
 



 

Mnajdra

On accède au temple Mnajdra distant de 500 mètres par un sentier en légère déclivité. Le site tout proche de la Méditerranée, blotti  dans une combe sur le rebord  des falaises, fait face à l'îlot de Filfla visible à 5km au large.

Les excavations des temples de Mnajdra débutent sous la direction de J.-G. Vance en 1840, un an après la découverte de Haġar Qim. Le plan en est dressé en 1871et précisé en 1901. De nouvelles fouilles sont menées en 1910 permettant la collecte d'un important matériel archéologique puis de nouvelles sont encore entreprises en 1949, lors lesquelles sont découverts deux petites statues, deux grands bols, des outils et une grand pierre ronde, probablement utilisée pour déplacer les pierres du temple. D'autres fouilles ont encore eu lieu en 1954. En 1992,les temples de Mnajdra sont ajoutés au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO et comme son voisin, le site est préservé des intempéries par une structure métallique recouverte d'une bâche mise en place en 2009. Mnajdra a été vandalisé le 13 Avril 2001, quand au moins trois personnes armées de barres de fer ont renversé ou cassé environ 60 mégalithes et inscrit des graffitis.

Le plan en trèfle de Mnajdra est plus régulier que celui de Ħaġar Qim et il est bâti en calcaire corallin, plus dur et beaucoup plus difficile à travailler que le calcaire globigerin utilisé dans l'ensemble voisin. Sa structure consiste en trois temples non connectés. Le plus ancien (3600-3200 av. J.-C.) est hors de la structure de protection. Le temple  intermédiaire (3600–3000 av. J.-C.) comporte deux salles avec niche, autel et bas-relief. Son voisin, le temple inférieur,  est la structure la mieux conservée, la plus récente (3150–2500 av. J.-C.) et la plus impressionnante. Il possède une avant-cour contenant des bancs de pierre, un passage d'entrée recouvert de dalles horizontales et les restes d'un possible toit en dôme. Le temple est décoré de gravures en spirales (évoquant la continuation de la vie après la mort ?) et de pierres piquetées d'indentations  (traces laissées par un objet contondant, résultant du poinçonnement) et percées de fenêtres, certaines donnant sur des pièces plus petites. Il pourrait avoir servi de site d'observation astronomique ou de calendrier. Aux équinoxes, la lumière du soleil passe par l'entrée principale et éclaire l'axe du temple. Aux solstices, elle illumine les bords des mégalithes à la droite et à la gauche de cette entrée. Parmi les objets trouvés sur le site, des couteaux sacrificiels en silex et des trous permettant de faire passer des cordes semblent indiquer un possible usage pour des sacrifices d'animaux (des os ont été retrouvés).
 


Après ces visites passionnantes, il faut songer à rentrer à Bugibba. Pour cela il ne faut pas rater le bus 74 qui ne passe que toutes les heures et qui se pointe même en avance, il n'est pas tout à fait 15H45. Comme lors de notre escapade d'hier à La Valette, le ticket acheté directement au chauffeur coûte 1,50€ pour une validité de deux heures. Une demi-heure plus tard nous sommes à La Valette. L'occasion d'y refaire un petit tour et de se rafraîchir d'une glace.
Puis c'est le bus 45 que nous avons déjà emprunté la veille.

Nous sommes de retour à Bugibba un peu après 17H30.