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Jeudi 11 septembre
Départ du camp de yourtes de Yangi Kazgan à 7H45.
Destination une autre ville mythique, Samarcande...
1 - Trajet de Nourata à
Samarcande
(230 km)
A nouveau la steppe désertique, avec ses troupeaux de chèvres et de moutons,
parfois des vaches, le camp du "cheik chasseur", un relais de téléphonie, des
paysans en train de faire des ballots avec des touffes de végétaux coupés dans
la steppe, de jolies petites montagnes, Nourata puis Dehibaland (ou Debaland),
le Col du Corbeau, les pétroglyphes de Sarmish, puis Navoï où l'on rejoint l'axe
principal reliant Boukhara à Samarcande.
Et si l'on avait idée de prendre une photo en arrivant à
un poste de contrôle de police près de Navoï, comme ça, par simple
fantaisie ?...
Dommage car les policiers ont l'œil et c'est un geste
répréhensible. Il est vrai que même chez nous, les personnels en uniforme sont
généralement hostiles au fait d'être photographiés. Hé bien, ici, on ne
plaisante pas car rappelons nous que nous sommes dans une dictature comme en
témoigne cette multiplication des contrôles. Ce n'est pourtant pas (plus) une
dictature communiste, d'ailleurs dans quatre des cinq dictatures communistes
(Chine, Vietnam, Laos et Cuba) qui subsistent et où l'on a voyagé, on n'a jamais rien vu de tel, la
dictature s'y faisant plus discrète. Le policier arrête le bus, discute vivement
avec le chauffeur, fait ouvrir la porte, s'explique avec la guide et la
contrevenante s'en sort sans dommage en disant piteusement avoir effacé la photo...
Pour se remettre de tout
cela, une demi-heure plus tard, vers 9H20, arrêt du côté de Ziadin. L'occasion
d'un petit casse-croûte comme les routiers, car on a pris le petit-déjeuner tôt.
Pour se caler, ce sera un demi somsa ou samoussa, carré car ici ces en-cas sont
énormes et assez
gras. On aurait pu également jeter notre dévolu sur des chachlik, les brochettes qui grillent
sur le parking et aussi, pourquoi pas, sur du pain ou de la brioche ou des fruits
également vendus sur ce parking. Il fait une quinzaine de degrés.
Traversée de Mirbazar puis de Katta-Kurgan. Par moment, les conducteurs doivent redoubler de vigilance car des portions de la route sont ramenés sur une seule chaussée ce qui n'empêche pas qu'elle soit empruntée par les carrioles à ânes ou les tracteurs avec des double-remorques de fourrage ou de coton. Surprise, au milieu de toutes les Chevrolet, une Daewoo Nexia ! (l'usine Chevrolet était précédemment à l'enseigne Daewoo).
12H30, il reste encore une heure de trajet mais un court arrêt (10 minutes) nous est proposé près d'un champ de coton en fleur pour se dégourdir et faire quelques photos. Dans ce champs, le coton se trouve à différents stades de maturité. Certains pieds portent à la fois des boutons non éclos, des fleurs de deux ou trois couleurs différentes (blanc, rose ou jaune), des capsules de fructification avec une houppe de fibres en forme de bourres de coton dissimulant des graines.
13H30, nous sommes à Samarcande (ou Samarkand ou Samarqand) sous 30° à l'ombre.
«J'ai entendu parler de la gloire de Samarcande et pourtant la ville est beaucoup plus belle que je n'aurais jamais pu l'imaginer» aurait dit Alexandre le Grand.
"La Rome de l'Orient" a impressionné par sa splendeur pendant 25 siècles.
Historique sommaire de SAMARCANDE
L'occupation du site de la ville de Samarcande date du paléolithique inférieur.
C'est l'un des berceaux de la civilisation des peuples de l'Asie centrale.
Le musée de Samarcande offre quelques exemples de silex taillés trouvés sur
place. |
A 15H45, nous passons déposer nos bagages et nous rafraîchir à l'hôtel Konstantin (4*) situé non loin de la rue (ko'chasi) Mirzo Ulugbek.
Départ à 17H pour commencer
les visites des nombreux monuments historique de la ville inscrits au
Patrimoine mondial de l'UNESCO
depuis 2001.
Comme il est situé au centre ville, à 4 km de l'hôtel, nous nous y rendons avec le minibus, en empruntant la longue rue commerçante Mirzo Ulugbek, en passant devant le Gum (ancien magasin de l'époque soviétique) et les plus contemporains bureaux de l'Orient Finans Bank puis entre le stade Dinamo et la piscine.
Le commerce de pharmacie (dorixona) n'est certainement pas réglementé dans ce pays, car elles se touchent. Elles sont tout aussi nombreuses que les magasins d'habillement avec des vitrines remplies de robes de mariées. Serait-ce que les Ouzbeks seraient très enclins à convoler mais s'en remettraient mal ?
Nous remontons un court moment "les Champs-Elysées" de Samarcande, le boulevard de l'Université jusqu'à la statue de Tamerlan (Amir Temur Haykali), avant d'arriver sur l'esplanade qui fait face au complexe du Gour-Emir.
A cet endroit existait une madrassa et une auberge de pèlerins (khanagha) dont on peut voir les fondations. En 1401, le petit-fils préféré et successeur désigné de Tamerlan Muhammad Sultan, avait fait bâtir un mausolée destiné à abriter plus tard la dépouille de son grand-père. Mais c'est lui qui disparut le premier et après la mort de ce petit-fils, en 1403, Tamerlan (âgé de 67 ans) y ajouta un tombeau, décidant que lui-même serait également enterré ici et non dans sa ville natale, Chakhrisabz. Il en fut de même de ses descendants jusqu'à Ouloug Neg.
Le premier élément du monument est un grand portail bleu richement orné de majoliques et de mosaïques aux motifs végétaux, floraux et entrelacs et surmonté d'un bandeau en calligraphie divani (écriture arabe cursive).
Après le portail, encadré de deux tour apparaît le mausolée proprement dit. Il est coiffé d'un tambour sur lequel repose un dôme à 64 nervures de briques émaillées. On y accède par une galerie sur le côté gauche.
Dans la cour on peut voir un gros bloc de marbre sculpté d'arabesques, appelé Kok Tach, qui a été considéré comme servant de trône à Tamerlan alors qu'il s'agirait plutôt d'un pavois pour le couronnement des émirs. Une vasque voisine en pierre est aussi sujette à interprétations divergentes: servait-elle aux ablutions ou comme moyen de compter les guerriers morts au combat, chacun devait y déposer une pierre et en reprendre une à son retour de la bataille...
L'intérieur du mausolée est richement décoré et l'on a plein les yeux d'une couleur bleue moirée qui change selon l'angle de vision, assaez indéfinissable, entre le bleu cobalt (violacée) et le bleu électrique mais en tout cas tout à fait irréelle.
A l'origine, la base des murs était habillée de carreaux hexagonaux en onyx qui ont malheureusement été en grande partie pillés et remplacés par du marbre. La partie intermédiaire du mur porte des inscriptions coraniques gravées et dorées sur fond bleu tandis que les niches latérales sont ornées de stalactites en relief de papier mâché bleu et or. Puis nos regards admiratifs vont se perdre dans la coupole...
En ramenant le regard vers le sol, on peut voir derrière la barrière de marbre finement ajourée les huit pierres tombales qui ne sont que des cénotaphes car les véritables tombeaux se situent dans la crypte. Au fond, près de la fenêtre, celui de Mir Saïd Barakah, maître spirituel de Tamerlan. Celui-ci repose à ses pieds, au centre, sous une dalle foncée en jade de 1,80 mètre de long (le plus long jade du monde mais malheureusement brisé lorsque trois siècles plus tard Nadir Chah voulu la transporter à Merched, en Iran) ramenée de Mongolie par son petit-fils, Ouloug Beg. Le véritable tombeau est exactement en dessous dans la crypte. Autour de Tamerlan, les autres tombeaux sont ceux de ses fils Chah Rokh et Miran Chah, de ses petit-fils Mohammad Sultan et Oulog Beg et de deux enfants inconnus.
Un beau site que nous
reviendrons voir après-demain soir, lorsque la nuit sera tombée.
A une centaine de mètres au nord du portail du Gour-Emir, près d'une mosquée de
quartier, on arrive à un autre mausolée, celui de Roukhabad construit à la même époque
(XIVe siècle) par Tamerlan pour honorer la mémoire d'un mystique, Cheikh Bourhan
al-Din Sagardji. L'édifice austère abrite plusieurs sépultures.
19H, il fait pratiquement nuit et ce n'est pas ce soir que l'on va photographier la statue de Tamerlan.
En revanche, cela peut-être
l'heure de dîner au restaurant Old City (100, rue Jomly): macédoine de légumes, soupe, mouton en
papillotes avec riz et pois chiches. Dessert original: une sorte de nougat fait de
riz aggloméré avec du miel...
3 - Reghistan madrassas d'Ouloug Beg (1417-20), Chir Dor (1619-36) et Tilia Kari (1646-60)
Samedi 13 septembre
Si vous avez suivi le fil de ma narration, vous avez peut-être constaté que j'avais sauté un journée. La raison, c'est que le vendredi 12 septembre, nous étions en excursion en dehors de Samarcande, à Chakhrisabz, site qui sera évoqué dans une autre page.
Bonne nuit de repos puisque
départ seulement à 9H.
Une nouvelle fois, avec notre minibus, nous descendons la rue Mirzo Ulugbek avec ses
pharmacies (dorixona), boutiques d'habillement, restaurants, banques et jolies maisons
bourgeoises.
Sur l'une des places centrales de Samarcande, à proximité du quartier des
universités, trône l'imposante statue de bronze de l'empereur Tamerlan, également appelé
Amir Temur. Ce guerrier turco-mongol, né en 1336 et mort en 1405 a fondé la
dynastie des Timourides et bâti un empire colossal, dont Samarcande a été la
capitale. Bien que Tamerlan ait été un chef de guerre impitoyable, sanguinaire
et destructeur, il a énormément contribué à la protection des arts et des
lettres, ce qui a fait la grandeur de Samarcande (dont le nom signifie "lieu de
rencontre" ou "ieu de conflit").
C'est la bonne heure pour faire des photos.
A proximité on aperçoit l'ancien Hôtel Président renommé Registan Plaza.
Au centre ville, cette
fois-ci nous nous rendons au Reghistan ("place de sable") restauré dans sa
splendeur d'origine ce qui en fait le complexe islamique le plus grandiose
d'Ouzbékistan et l'un des plus beaux de l'Islam. Ce fut l'œuvre d'Ouloug
Beg (ou Ulugh Beg), petit-fils de Tamerlan et passionné d'astronomie.
A noter:
ici pas de droits photo, une fois n'est pas coutume...
A l'ouest,
Ouloug Beg fit bâtir une madrassa (1417-1420), en face de laquelle, à la
place d'un marché, il ajouta un khanagha pour accueillir les derviches
itinérants. Ouloug Beg avait également fait construire le caravansérail Mirza au
nord et la gigantesque mosquée Koukeldach au sud. La place centrale
servait aux exécutions. Deux siècles plus tard, un gouverneur fit raser le
khanagha et le caravansérail, les remplaçant respectivement par la
madrassa Cher Dor (1619-1636) et la madrassa Tilia Kari (1646-1660).
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La madrassa d'Ouloug Beg (1417-20) est l'une des plus vastes d'Asie centrale. La passion d'Ouloug Beg pour l'astronomie est affichée par les étoiles représentées sur le portail (pishtak). De part et d'autre du portail, deux salles d'études à coupole occupent les angles. Deux élégants minarets de 33 mètres se terminent par des corniches (muquarnas) ornés de motifs en nids d'abeilles. La céramique glaçurée est de type mo'arraq, faite d'un assemblage de fragments de céramiques découpées puis assemblées sur un lit de mortier pour former des panneaux aux motifs complexes; ce qu'on appelle zelliges au Maroc, une technique assez comparable à celle des mosaïques.
La cour intérieure, carrée, est percée de quatre iwans dans le prolongement des axes. Les cellules des étudiants sont disposées sur les deux étages. De part et d'autre des iwans, des salles ont sans doute perdu les dômes qui devaient les surmonter à l'origine. Des minarets sont disposés aux angles des façades. Une mosquée occupe l'espace situé entre les deux salles d'études au fond de la cour. L'édifice à été restauré en 1994 à l'occasion du 600e anniversaire d'Ouloug Beg.
La madrassa Cher-Dor ou Chir-Dor (1619-36), "La porte des Lions", a été construite par le gouverneur Yalangtouch, "en miroir" (koch) de la médersa d'Oulough Beg, à la place du khanaqah édifié auparavant par le même Oulough Beg. Sa façade de 51 mètres de long est flanquée de minarets d'angle comme la madrassa qui lui fait face. Le portail, encadré de dômes cannelés de part et d'autre, est orné de mosaïques sensées représenter des lions qui ressemblent plutôt à des tigres poursuivant des daims ou des biches blanches et supportant des disques solaires à visage humain (symbole zoroastrien) à face humaine. Ces représentations sont des hérésies par rapport à l'Islam, c'est pourquoi la légende dit que l'architecte fut condamné à mort, bien que l'on ait également vu ce genre de motifs figuratifs à Boukhara. La ressemblance avec son vis-à-vis n'est donc pas totale car, de plus, on n'y retrouve ni la mosquée ni les salles disposées à l'arrière.
La madrassa Tilla-Qari (1646-60), "Couverte d'or", qui ferme le fond de la place entre les deux précédentes, fut également construite sous Yalangtouch. Imposante, avec 75 mètres de façade, entre ses tourelles d'angle. On retrouve des symboles solaires et des motifs floraux comme au Cher-Dor. En réalité, c'est à la fois une madrassa et une mosquée du vendredi pour la ville. La façade extérieure est particulière avec de part et d'autre du portail, deux rangées de cellules (hujra) ouvertes sur l'extérieur avec balcon et fenêtre à panneau ajouré. Le côté ouest est occupé par la mosquée, la partie centrale étant occupée par une salle à coupole avec le mihrab en marbre, avec des motifs dorés sur fond bleu, des panneaux muraux imitant les tapis et de superbes nids d'abeilles ou stalactites au sommet des niches.
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Derrière la madrassa Cher-Dor, les Soviétiques ont érigé une plate-forme (dakhma) regroupant les pierres tombales de la dynastie Cheïbanide du XVIe siècle. Tout à côté se trouve le Chorsu ou Tchorsou ("Quatre chemins" ou "Quatre rivières"), un bazar à coupole construit au XVIIIe.
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C'est à pied que nous
remontons la rue Toshkent ko'chasi sur un petit kilomètre, une dizaine de
minutes de marche sur cette artère consacrée au tourisme, aux écoles et collèges
chicos et aux boutiques d'habillement.
4 - Mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) et le Bazar
Sur notre gauche, le regard est attiré par la mosquée du Vendredi de Tamerlan (masjid-i jami') dite mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) ou de la "première épouse". Elle porte le nom de l'épouse de Tamerlan, Saray Mulk Khanum, une princesse d'origine mongole, descendante de Gengis Khan.
Tamerlan fit ériger
la mosquée au retour de sa campagne des Indes, où il avait saccagé Delhi, tout en
ayant idée de s'inspirer de ce qu'il avait vu, notamment en faisant usage de
pierre dans la construction alors que la majorité des bâtiments en Asie
centrale sont en brique, crue ou cuite. En fait, ici ce nouveau matériau se limite
aux colonnes en marbre.
La mosquée était de dimensions
imposantes (167x109 mètres), avec un portail d'entrée présentant une ouverture
de 18 mètres, un minaret de 52 mètres à chaque angle de la cour et une galerie
à coupoles supportées de 400 colonnes en marbre sculpté. Le bâtiment
principal de la mosquée, situé au fond de la cour, était couronné d'une coupole
atteignant 44 mètres. Par son gigantisme, l'édifice n'a pas résisté au temps.
De nombreuses légendes courent autour de l'architecte de la mosquée et de Bibi
Khanoum. L'architecte aurait été éperdument amoureux de la première épouse de
Tamerlan. Pour en obtenir un baiser, il aurait donc retarder volontairement les
travaux. Finalement elle aurait cédé mais en posant entre eux deux sa main
ou un voile. A son retour Tamerlan aurait découvert le forfait et condamné
l'architecte...
Elle fut rapidement endommagée suite à de mauvais calculs
de charges et aux tremblements de terre (celui de 1897, l'endommagea encore)
tout comme le Palais Blanc (Ak Saray) de Chakhrisabz que nous verrons également, et
les émirs finirent par s'en servir de carrière pour d'autres constructions. Les armées russes l'utilisèrent comme écuries et
comme entrepôts avant que le régime soviétique ne commence une restauration en
1974 et des travaux y sont encore effectués. Les vestiges de cet édifice restent imposants.
Au centre de la cour se trouve un immense lutrin à Coran, en marbre gris de
Mongolie qui servait de support au grand Coran d'Osman du VIIe siècle que nous
verrons à Tachkent. Ce Coran était si grand que, dit-on, Tamerlan arrivait
à le lire depuis le haut du minaret voisin...
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Sur notre droite et en
vis-à-vis, le mausolée de Saray Mulk Khanoum est bien discret par rapport
à l'édifice précédent. Une madrassa aujourd'hui disparue y était adjointe.
Un peu plus loin, vers le nord, on aperçoit un vaste cimetière à flanc de coteau.
De Bibi-Khanoum, on n'a littéralement que deux pas à faire pour se rendre dans le grand bazar de Samarcande. Classiquement on y trouve légumes, fruits frais, épices, graines (riz, haricots, maïs, pois chiches, tournesol), œufs, fromages, fruits secs, gâteaux... et le fameux pains de Samarcande. En campagne, Tamerlan se faisait pourtant accompagner des meilleurs ingrédients et des meilleurs boulangers de Samarcande, mais il se désolait toujours de ne pas en retrouver la saveur du pain car il manquait un élément que l'on ne peut pas emporter, "l'air de Samarcande" !
Nous regagnons la rue Toshkent ko'chasi que nous parcourons en sens
inverse de l'aller, sur quelques centaines de mètres, jusqu'au restaurant Sharq
Shirinliklari sur notre gauche.
Gros imprévu car nous n'étions pas vraiment attendus.
Lora s'est trompée d'une
ligne dans son répertoire téléphonique alors qu'une réservation avait été prise
dans un autre restaurant par le réceptif. Aïe ! De plus, le restaurant étant
petit et attendant d'autres personnes, la patronne a dû nous déplacer de la terrasse et nous
caser sur la pelouse au milieu de la cour et à l'ombre des pommiers.
Il faut donc attendre une demi-heure et le repas est servi à 13H.
Finalement, ce n'est pas mal du tout.
Au menu: crudités (courgette, tomate, aubergine...), crêpe fourrée aux légumes
(genre rouleau de printemps), puis un kovurma , "ragoût pot-au-feu" avec accompagnement de
potiron genre butternut.
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5 - Nécropole Chah-i-Zinda (XIVe-XVe siècles)
La nécropole Chah-i-Zinda,
"le roi vivant" (fin XIVe - début XVe siècle), jouxte le cimetière que nous
apercevions depuis le Registan et le complexe Bibi-Khanoum. Cet ensemble de
mausolée se situe au nord-est de la vieille ville, entre les murs et le
versant sud de l'Afrasiab dont on va reparler plus loin. Le site offre le
spectacle le plus étonnant qui soit par sa juxtaposition de mausolées tous plus
richement ornés de céramiques les uns que les autres, émaillant un chemin pentu
sur quelque 200 mètres et aboutissant à un cimetière moderne.
Le site a une origine légendaire.
On dit qu'y est
inhumé Koussam-i-Abbas, cousin
de Mahomet, décapité par les Zoroastriens qu'il était venu
convertir. Les Mongols rasèrent le site sauf le "tombeau" de Koussam. Depuis le
XIVe siècle on lui voue une vénération idolâtre. Une prophétie qui voulait
que le Saint Roi revienne en 1868 pour bouter les Russes ne se réalisa
pas.
L'aristocratie timouride voulut se faire enterrer près du tombeau de ce
personnage afin de bénéficier de sa bénédiction, souvent sur des ruines
d'anciens monuments.
Pendant
trois quarts d'heure,
nous avons tout loisir d'admirer les façades des portails des mausolées généralement
richement décorées: céramiques émaillées et sculptées, briques émaillées,
inscriptions calligraphiques en arabe et en persan, dessins floraux et
géométriques. Ouloug Beg fit construire de grands portails (1435) à
l'extrémité sud de la nécropole, là où se trouvent également une mosquée et la
madrassa Davlet Kouchbegi (1813). Plus loin, l'escalier du Paradis conduit au
vaste mausolée de Qadi-Zadeh Roumi (1420-1425), comprenant deux pièces,
surmontées de hautes coupoles bleues dont une est en cours de restauration. Le nom attribué à ce mausolée est lié au
fait qu'il pouvait s'agir du tombeau de l'astronome Qadi-Zadeh Roumi mais on n'y
a découvert, en fait, que les ossements d'une femme (la nourrice de Tamerlan
peut-être). Plus avant, on arrive entre les mausolées en vis-à-vis des émirs Hussein (1376)
et Zadé (1386), aux dômes cannelés mais non habillés de briques émaillées. Les
somptueux mausolées, principalement du XIVe, se succèdent. Au bout du chemin, un
portique conduit à la mosquée Koussam Ibn Abbas dont le mihrab est décoré d'une
mosaïque de faïence bleue. La chambre des pèlerins, décorée de carreaux
vernissés, est surmonté d'une coupole divisée en huit panneaux mais on ne peut
pas voir la tombe de Koussam Ibn Abbas dans la pièce voisine dont on est isolé
par une superposition de claustras.
Petit tour dans le cimetière voisin. Dans la partie récente, contiguë à la
nécropole, rien à voir avec la modestie exigée par l'Islam dans un
cimetière: ici, profusion de marbres, portraits, dalles et stèles dispendieuses.
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15h45, nous repartons en
minibus en passant au pied de la mosquée Khazret Khizr ou Mosquée des
Voyageurs, perchée sur le versant méridional de la colline d'Afrasyab, sur
un antique site zoroastrien. Son surnom vient du fait qu'elle est dédiée à Elie,
le saint patron musulman des voyageurs.
Elle date de 1854 et offre aux regards un iwan à colonnes de cèdre du plus bel
effet. A droite, le minaret est un
ajout récent (1919).
6 - Musée archéologique d'Afrasiab et Observatoire astronomique d'Ouloug Beg (1428-29)
Très court trajet pour se rendre au Musée Historique d'Afrasiab. Celui-ci retrace l'histoire de la forteresse qui avait occupé cette colline du VIe siècle avant notre ère jusqu'en 1220, sur la Route de la soie, aux frontières de la Perse Achéménide. Elle porte le nom d'un roi légendaire du royaume tout aussi légendaire de Touran qui aurait réuni tous les peuples turciques, les nomades du nord, face à la Perse et à la Chine.
On peut voir des cartes et des maquettes du site, des photos des fouilles (le site couvre 120 hectares), des pièces de monnaie, des jarres pour conserver les graines, une reconstitution de foyer, des ossuaires destiné à recueillir les restes après qu'ils eussent été décharné par les animaux... Puis nous passons dans la salle des grandes fresques: une procession nuptiale faite d'une nombreuse troupe hétéroclite (par exemple, deux dignitaires portant des massues de sacrifice, suivis de deux autres portant le cache-bouche zoroastrien et conduisant des animaux au sacrifice: quatre oies et un cheval de selle), réception des ambassadeurs (par exemple, on voit en bas à droite, trois chambellans introduisant trois envoyés des peuples montagnards).
Pas de temps pour aller voir la Tombe du prophète Daniel, située tout près de là. La légende veut que son corps continue de croître malgré sa mort, d'où un grand cercueil de 14 mètres
En s'éloignant encore d'un
kilomètre vers l'extérieur de la ville, on arrive au site de l'observatoire
astronomique (1428-1429) d'Ouloug Beg. Ce petit-fils de Tamerlan, dit "Océan de sagesse et de science", fut un roi-astronome (et mathématicien
avec la publication de tables trigonométriques). Il y travailla et enseigna avec
quelque 70 mathématiciens, dont Ali Quchtchi, et astronomes, aboutissant à
la publication des Tables sultaniennes (zij-e soltâni, en persan), dont la
précision resta inégalée pendant deux siècles.
Il a régné seulement pendant deux ans et huit mois comme prince indépendant
(sultan) de Transoxiane (1446-1449), car il a été assassiné sur l'ordre de son
propre fils aîné, Abdul-Latif (à son tour, celui-ci fut assassiné en 1450 par un
serviteur dOulough Beg qui avait juré de le venger). En effet, il s'était
fait des ennemis qui prirent prétexte du scandale lors d'une fête où il fit
servir du vin. Après son assassinat les intégristes firent raser
(partiellement) l'observatoire cependant Ouloug Beg a été considéré comme un
martyr après sa mort.
Après la mort d'Ouloug Beg, Ali Quchtchi partit avec une copie des Tables
sultaniennes à Tabriz, puis à Istanbul, d'où elles atteignirent l'Europe.
L'héritage le plus direct de l'observatoire de Samarcande se concrétise
seulement trois siècles plus tard, dans les cinq observatoires construits en Inde
par Jai Singh II, mahârâja de Jaipur, à Delhi, Jaipur, Mathurâ, Ujjain et
Vârânasî.
Ce qui reste de l'observatoire fut mis au jour en 1908 par l'archéologue amateur
russe Viatkine et est désormais protégé sous une voûte. On peut voir aujourd'hui
la partie souterraine d'un sextant
géant, le plus grand jamais construit, permettant de mesurer la hauteur des étoiles.
L'arc subsistant de 11 mètres est formé de deux parapets de marbre, gradués,
mais il se prolongeait à
l'origine jusqu'au sommet d'un bâtiment de trois étages dans les arcades
desquelles étaient logés différents instruments d'astronomie.
En 1970, un musée a été inauguré en l'honneur d'Ouloug Beg. On peut y voir
des copies des Tables sultaniennes et de leurs traductions et des maquettes de
l'observatoire.
7 - Atelier de papier mâché et dégustation à la cave Khovrenko
Encore un petit trajet de dix minutes en minibus pour aller visiter un atelier
d'artisanat original à la périphérie Est de la ville, après avoir emprunté des
rues bordées de pieds de vignes palissées sur les tonnelles, entre les trottoirs
et les façades des maisons. Bientôt nous arrivons sur un pont franchissant une
petite rivière sur laquelle on peut voir des roues à eau.
En 1995,
l'UNESCO, lors d'une conférence internationale à Kanagan, s'est intéressé
au développement de l'artisanat ancien et a proposé de relancer la
production de papier traditionnel. C'est ainsi qu'est née à Samarcande
l'Association "Konigil Meros" dirigée par Zarif Mukhtarov. Le moulin à papier
(tarif pour la visite: 3000 soums) est installé sur les rives de la rivière Siab
(ou Sieb) dans le village Konigil (ou Koni Ghil), à sept kilomètres de
Samarcande.
Le moulin a été construit à
l'endroit même où il en existait un il y a 300 ans.
Dans d'autres voyages (Birmanie, Madagascar), on a déjà vu la technique de
fabrication de papier artisanal à base d 'écorce de mûrier mais ici, on notera
deux différences majeures: le broyage est semi-mécanisé, comme je l'explique plus
loin, et le produit est différent puisqu'il s'agit ici d'un papier sans
inclusion de fleurs ou de pétales décoratifs car sa texture fine fait qu'il se
prête à l'écriture ou à l'impression.
La recette de ce document a été apporté au VIIème siècle lorsque des envahisseurs
chinois furent vaincus par l'armée d'Abu Muslim. Parmi les vingt mille
Chinois qui furent capturés, on comptait des artisans, impliqués dans
la production de papier. Pour avoir la vie sauve, ils révélèrent leurs secrets
de fabrication à des artisans locaux. Une des techniques chinoises
utilisait la soie mais il était également possible de fabriquer du papier
à partir de pousses de bambou, d'écorces de mûrier ou de saules, de
chanvre ainsi que de chiffons.
Les artisans de Samarcande (les "kogozgars") ont su fabriquer
le meilleur
papier du monde caractérisé par une surface lisse et soyeuse (au point que par
erreur il fut appelé "papier de soie), durable et, le plus important,
qui absorbe peu d'encre. C'est ainsi qu'aux VIIIe-IXe cet artisanat a pris
une grande ampleur à Samarcande. La plupart des manuscrits arabes et persans des
IXe-Xe siècles a été réalisée sur ce papier de Samarcande ou papier Khorassa.
Cet artisanat a complètement disparu au XVIIIes siècle.
Les pousses de mûrier blanc d'Asie centrale ("balkhi" sur lequel on élève le
bombyx dont le cocon sert à confectionner la soie) sont coupées dès les
premières gelées. Les tiges sont pelées et la couche interne poreuse et
souple de l'écorce est conservée puis est mise à sécher au soleil. Plus tard, ces
bandes sont mises à tremper puis bouillies pendant plusieurs heures après
quoi elles sont soigneusement écrasées à coups de pilon entraîné par la roue à
godets du moulin à eau afin d'obtenir des fibres très fines. Ce moulin
s'apparente aux moulins à foulon utilisés pour dégraisser la laine ou pour
préparer le cuir. Ici, la roue à eau fait tourner un arbre à cames qui actionne
des pilons (au lieu de maillets dans le foulons). Ensuite, la pâte
obtenue dans le mortier est mélangée à l'eau, filtrée à travers un tamis fin qui
est secoué dans
tous les sens afin que les fibres s'entrelacent bien et forment une
feuille de papier homogène qui est ensuite égouttée sous presse (un simple bloc de pierre) puis séchée au soleil. A la fin, la surface du
papier est polie sur un marbre lisse à l'aide d'un coquillage, d'une
pierre fine ou d'une corne, par un maître polisseur ("mukrakash"). Ce papier a
une couleur jaunâtre caractéristique car il n'est pas blanchi avec des produits
chimiques. Cela lui assure une durée de vie de plusieurs dizaines de fois plus
longue (300 ou 400 ans) que celle d'un papier blanc ordinaire et bien plus que
celle du papier blanc dit de bonne qualité (40-50 ans). Il est utilisé dans la
restauration d'anciens manuscrits mais sert aussi à fabriquer des cartes
postales, blocs-notes, masques, mais aussi des robes, poupées et sacs à main...
18H.
A nouveau le minibus pour revenir au centre ville et obliquer vers la cave
viticole Khovrenko (58, rue Kashgariy ou Qoshg'ariy, près de la rue Mirzo
Ulug'Bek)
Pour une dégustation,
la fin de journée, c'est effectivement plus prudent.
On cultivait la vigne dont le jus a ici une teneur élevée en sucre (25% dans la vallée Zarafshan) avant l’arrivée des Arabes pourtant ,selon la légende, la culture serait postérieure à l’invasion arabe à la suite de laquelle aurait poussé un pied de vigne produisant un merveilleux rosé qu'on a appelé "taiphi", ce que signifie "tribu".
La production vinicole a été
initiée par Dimitri Filatov, un amateur russe, qui a fondé ici en 1868 une petite
entreprise pour la production de vin qu'il a dirigée pendant une
quinzaine d'années. C'était un vin encore imparfait,
produit à base du cépage "Biishty" même s'il a été couronné par des récompenses
à Paris ou à Anvers. Une sélection des vins qu'il avait stockés avant son départ
a été retrouvée fortuitement plusieurs décennies plus tard à l'occasion de la
réfection de la cave.
Le flambeau a été repris par le chimiste et œnologue russe Michael Khovrenko
arrivé en Ouzbékistan en 1927. Il a mis au point les méthodes techniques de
production de vins millésimés comme Gulyakandoz, Shirin, Liquor Kaberne,
Aleatiko, Ouzbékistan et Farkhod. En 1938, l’entreprise a constitué un fonds de
vieux vins en stockant dans ses caves les meilleurs vins.
Le Français
Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967), dit le baron Le Roy qui fut président
de l'Office international de la vigne et du vin eut l'occasion de visiter
l'entreprise et laissa des appréciations élogieuses. La production de cette cave a été primée
lors de concours internationaux. Par exemple des médailles d'or et d'argent
obtenues à Kiev en 2006 et lors de la "Prodexpo-2014" qui a eu lieu à Moscou en
février de cette année, trois produits de la cave ont été couronnés, un par
une médailles d'or et deux par des médailles d'argent.
Les types de raisins suivants sont utilisés dans la cave: Bayan-Shirey,
Rkatsiteli, Riesling, Saperavi, Morastel, Muscat, Aleatiko, Sauvignon et
Cabernet. D'autres variétés, comme le Pinot noir, sont en cours d'évaluation pour
la production future. A côté des vins, l'entreprise produit aussi des "Cognac"
et de la vodka laquelle n'a aucun rapport avec la vigne, puisque obtenue à
partir de céréales...
Nous sommes guidés dans
la
dégustation de 10 breuvages par une bonne dame à l'allure bien soviétique. On se croirait
dans un kolkhoz...
La dégustation porte sur trois groupes de vin dont le degré alcoolique va
croissant: 3 vins secs (11°) hors vente, 4 vins de table et vins de
dessert (brandy) à 16°, 2 cognacs à 40°. Nous voici donc déjà là avec neufs
échantillons. Heureusement que de petits gâteaux apéritifs ont été prévus pour
nous aider à faire passer tout cela car dans les dégustations en Ouzbékistan, on
ne recrache pas ! Et il y a aussi un dixième échantillon, un élixir de longue
vie, un remède miracle, à la fois sucré, fort
en alcool (45°) et parfumé par différentes plantes.
Nous ne sommes pas vraiment
enthousiastes. Ni complètement écœurés comme certains qui avaient pris du vin
rouge ouzbek dans l'avion s'y attendaient. Pourtant, souvent plus par curiosité
et amusement que par réel intérêt, quelques achats sont effectués.
Surprise à l'arrivée, les bouteilles sont munies de simple capsules en plastique
cachée par la capsule en aluminium qui entoure le goulot.
Dîner "chez l'habitant", dans une petite auberge à la déco rustique où nous étions seuls. Par respect pour le tapis mais pas pour les narines, nous devions être pieds nus...
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En rentrant à l'hôtel, nous
sommes repassés là où nous avions commencé la visite de la ville il y a deux
jours, au Gour Emir dont l'illumination légère fait ressortir la beauté dans
l'obscurité.
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8 -Environs de Samarcande: Mausolée de Mouhammad al-Boukhârî (XVIe siècle)
Dimanche 14 septembre, matinée
En attendant le partir pour cette excursion en matinée, avant le départ vers Tachkent, petit tour dans le supermarché du coin, l'Orient, qui occupe effectivement un coin , à l'angle des rues Mirzo Ulugbeg et Beruniy.
Départ
pépère à 10H et température toujours agréable (15°).
Avant de vraiment tracer la route, une dernière visite de monument dans la région de Samarcande,
à 25 km au nord, au village de Khortang ou Khartank.
Nouvelle traversée de la
ville en descendant une dernière fois la fameuse rue Mirzo Ulugbeg. Tout comme
sur les bords de routes hors des villes on peut voir fréquemment des fausses
voitures de police, des peintures sur un panneau découpé, ici en ville on peut
voir une fausse policière... Passage devant le Gum, le stade, les bureaux de
verre bleu de l'Orient Finans Bank puis, au centre ville, le mausolée
Roukhabad que nous avons visité il y a trois jours, en arrivant dans cette
ville.
Puis, c'est une banlieue étalée, avec quelques jolies maisons à iwan.
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A 10H45, nous posons les
pieds sur ce site où la foule se presse. Il est vrai que l'on est le dimanche.
Al-Boukhari est un converti d'origine boukhariote connu sous le nom d'imam Boukhari
(810-870). C'est en sa qualité d'érudit musulman sunnite perse qu'il est devenu
célèbre et populaire et c'est à ce titre que Samarcande se revendique comme "la
tête du monde musulman" car «Si la Mecque est un cœur du monde musulman,
Samarkand est sa tête.
Orphelin de père, dès l'âge de 4 ans, il fréquente l'école coranique et quelques
années plus tard il commençe à étudier les hadiths
(actes et paroles de Mahomet recueillis deux siècles après
la mort du Prophète et formant avec le Coran la sunna). A 16 ans, il se rend à La Mecque et passe seize années à
voyager au Moyen Orient pour rassembler ces "propos" et il en aurait mémorisé
200 000 ou 300 000 ! une somme à partir de laquelle il a publié 97
ouvrages mais surtout un recueil de 7563 (ou 7275?) hadiths, Al-Jâmi'us-Sahih,
le recueil le plus authentique aux yeux des musulmans sunnites. Il a aussi
expliqué la création du Paradis et de l'Enfer, version musulmane. Le plus ancien
manuscrit qui reprend ce recueil date du XVe siècle.
Le mausolée d'al-Boukhari
(ou Al- Bukhari) se trouve dans
le village où il est mort car il avait quitté sa ville natale en refusant de
donner des enseignements particuliers à la cour du gouverneur.
C'est au XVIe siècle qu'a été érigé le mausolée sur la tombe de l'imam. En
1998, 1188 ans après la naissance de l'Imam, un complexe mémorial a été
construit autour du mausolée et constituant un centre d'études international (Dorus-Hadith).
Ce complexe comprend le mausolée, une mosquée, un immeuble de bureaux,
ainsi que d'autres constructions qui se trouvent autour de la cour. Le mausolée
de l'Imam Al-Bukhari, sous forme d'un cube surmonté d'un dôme cannelé bleu de 17 mètres est
au centre de l'ensemble. Il présente une profusion des mosaïques et de briques
vernissées dans les bleu, vert et blanc et des pierres nobles: marbre, onyx.
Pour les croyants musulmans, c'est un lieu sacré objet d'un petit pèlerinage.
De nombreux fidèles se pressent sous
les arcades conduisant au mausolée et s'assoient un moment sur de banc pour
prier. Malheureusement le joli mausolée à coupole bleue est en travaux (des
ouvriers sont d'ailleurs sur un échafaudage) et on ne peut pas en approcher pour
voir la pierre tombale. Passage devant la mosquée où il n'y a pas autant
de foule (malgré ses 1500 places) qu'autour de la fontaine sacrée où les fidèles
plutôt âgés viennent boire et laissent parfois un billet sur le rocher en
repartant.
L'endroit est également très couru des jeunes mariés (on se marie tout le temps
en Ouzbékistan, même le dimanche). Robe blanche pour les jeunes femmes qui
gardent la tête baissée derrière leur voile, air bien
emprunté pour les mariés. On ne lésine pas sur la dépense comme on témoigne la
présence d'une limousine garée devant l'entrée du complexe.
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Lorsque l'on quitte les lieux à 11H30, la foule arrive en nombre. Comme sur nos lieux
touristiques ou de pèlerinages, ici aussi on vous propose des babioles à acheter
en souvenir, même une Tour Eiffel arrivée là on se demande comment et pourquoi.
Retour à Samarcande où nous
allons
déjeuner avant de quitter définitivement la ville. Dans l'autre sens et sur
l'autre chaussé, un convoi d'autocars escorté de policiers conduit des
étudiants vers les champs pour la récolte du coton, comme nous en avions croisé
un il y a quelques jours à Boukhara. Encore un vieil autocar de tourisme
de chez nous (Voyages Boudouhard), sans doute dans sa seconde ou troisième vie.
On peut aussi croiser de vieux fourgons avec des sortes de bouteilles sur les
toits. En fait, ces véhicules roulent au gaz. Logique puisque le pays en
produit.
Nous revoici en banlieue avec ces étonnantes treilles en bord de rue, devant des
maisons basses. C'est aussi l'occasion de remarquer les portes, de grandes
portes de garage avec un portillon pour l'usage ordinaire, sans véhicule.
Il est midi.
A nouveau le centre, au niveau du Gum, nous allons gagner une rue parallèle au
l'avenue Mirzo Ulugbeg, la rue Pushkin pour déjeuner au restaurant Platan
(au n°2), un établissement tranquille disposant de deux petites salles.
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