SAMARCANDE
 
 


 


 ROUTE DE LA SOIE
et "GASTRONOMIE" OUZBEKE...
 


LA ROUTE DE LA SOIE...

 

La route de la soie désigne un ancien  faisceau complexe de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe, reliant la ville de Chang'an (actuelle Xi'an) en Chine à la ville d'Antioche, en Syrie médiévale (aujourd'hui en Turquie). Au-delà, elle se poursuivait par voie maritime en Méditerranée et en Mer Noire, vers l'Italie, Constantinople et le Crimée.
Elle tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait: la soie dont les Chinois furent pendant longtemps les seuls à détenir le secret de fabrication. C'est ce réseau de pistes créé au IIe siècle avant J-C par où transitaient de nombreuses marchandises qui monopolisa les échanges Est-Ouest pendant des siècles.

Les plus anciennes traces connues des itinéraires précurseurs de  la route de la soie, comme voie de communication avec les populations de l'Ouest, remontent à  2000 avant notre ère. Cette "route" s'est développée surtout sous la dynastie chinoise des Han (vers 220 av. J-C). Abandonnée un temps au profit d'une voie maritime, elle renaît au IIIe siècle de l'ère chrétienne pour connaître son âge d'or sous la dynastie Tang (618-907).
Les marchandises venues d'Orient ou d'Occident et transportées par des convois de caravanes s'échangeaient dans les oasis, devenues d'importants comptoirs fréquentés non seulement par les commerçants mais aussi par les pèlerins, les soldats et les espions. L'acheminement pouvait parfois demander une année, encore fallait-il que la marchandise échappât à la convoitise de peuples belliqueux ou de brigands qui pouvaient s'en emparer en de  multiples occasions. Le Vénitien Marco Polo l'a empruntée vers 1274, sous la dynastie des Yuan.
À partir du XVe siècle, la Route de la Soie est progressivement abandonnée. L'instabilité des guerres turco-byzantines, puis la chute de Constantinople poussent en effet les Occidentaux à chercher une nouvelle route maritime vers les Indes d'autant plus facilement que les techniques de navigation se développent (navires, connaissances géographiques).


 

 


... ET LA CUISINE OUZBEKE

La cuisine d’Asie centrale est peu connue en Occident alors que les spécialités sont pourtant savoureuses. Elle ressemble aux cuisines moyen-orientales et méditerranéennes avec de petits touches extrêmorientales.
La seule difficulté que rencontrent réellement les Occidentaux dans cette cuisine provient de l'utilisation de l’huile de coton, peu digeste pour les estomacs qui n’y sont pas habitués. Ce désagrément passe après une courte période d’adaptation.
Bilan pour notre groupe de 13: seules 3 personnes ont réussi à échapper aux désagréments digestifs... dus sans doute à ces excès de graisse mais aussi aux nombreuses crudités et salades auxquelles il était impossible de résister.

La cuisine turkmène à laquelle on fera souvent allusion ci-après a beaucoup de points communs avec les cuisines des autres peuples d'Asie Centrale, en premier lieu ouzbèke et karakalpake. Mais en même temps elle  se distingue des autres par une série des particularités. Et en premier lieu par la présence d'une multitude de plats de poisson, grâce à la proximité de la mer Caspienne. A la différence des cuisines ouzbeke et tadjike, celle des Turkmènes utilise moins de légumes: de gros radis, des tomates, des oignon que l'on mange cru et qu'on l’utilise à titre d'assaisonnement. On utilise peu courge et  carotte.

 

Du semi liquide: les soupes

Dans un repas ouzbek, la soupe trouve sa place entre les assiettes de crudités et le plat de résistance.

Il y a une grande variété  de soupes en Ouzbékistan. Elles sont très savoureuses et riches car préparées à partir de plusieurs ingrédients qui ont une valeur nutritive élevée.  On y trouve évidemment des légumes (oignon,  carotte, poivron et tomates). Les soupes les plus populaires sont mastava, une soupe au riz,  mashhurda, une soupe au riz et aux pousses de soja (haricots mungo), bortch, une soupe de riz et carottes, lagman, une soupe aux nouilles, chourpa ou tchorba, un bouillon d'agneau ou de mouton avec beaucoup de légumes (pommes de terre et  tomates),   tchutchvara tchorba, une soupe avec des boulettes de viande d'agneau, mampar, une soupe avec des pâtes, etc.  En hiver on sert aussi une soupe épaisse à base de potiron, d'un mélange des pommes de terres et de carottes moulinées.



Les solides

Le pain

Le pain fraîchement cuit, avec une croûte croustillante, le fameux pain qu'appréciait tant Tamerlan,  est déjà presque un repas à lui tout seul et on l'attaque sans plus attendre en se mettant à table.
Pour  les Ouzbeks, le pain est considéré comme sacré et traité avec soin. En Ouzbékistan, les pains ronds plats, non en langue ouzbèke (terme quasi identique au nân en Inde du nord), sont de deux types: obi-non  à base de  farine et d'eau et  patir-non à base de farine, d'eau et de graisse d'agneau ou de beurre. Ils sont cuits dans un four d'argile spécial  appelé tandoor. L'histoire des fours tandoor  pour la cuisson du pain remonte à l'Antiquité.  Les potiers locaux transmettent leurs compétences de génération en génération. Le boulanger colle les pâtes  sur les parois chaudes du tandoor, puis  le pain est arrosé avec de l'eau et cuit de cette façon pendant  environ 10 minutes.  
De nombreuses traditions et  coutumes des Ouzbeks sont liées au pain. Le pain n’est jamais coupé  mais brisé à la main. Lors de la cérémonie de mariage, les parents cassent le pain et mettent les morceaux sur la table des jeunes mariés.   Une autre coutume veut que lorsqu'une personne quitte la maison pour une longue période, elle mord un  morceau de pain et le reste du pain sera conservé jusqu'à son retour comme un talisman protecteur. Comme chez nous autrefois, il est mal vu de jeter du pain, qui est sacré, ou même de le poser à l'envers (on disait chez nous "Le Diable est sur la table") ou, encore pire, de le poser sur le sol. Les pains sont achetés 2 par 2 et transportés l'un contre l'autre, dessous contre dessous.
Chaque province de l'Ouzbékistan a ses recettes de pain. Les célèbres pains de Samarcande sont les meilleurs et les voyageurs en achètent comme cadeau pour offrir à leurs familles au retour  de leurs voyages à Samarcande. Il y a aussi des pains de pâte feuilletée, fourré avec de la viande  hachée, des oignons ou des noix. Par exemple, la vallée de Ferghana est célèbre pour le pain feuilleté katlama qui est consommée avec du beurre et de crème blanche.

Chez les voisins Turkmènes, même si le vocabulaire diffère,  le rapport au pain est sensiblement le même.  La préparation du pain national, tchorek, est un art. Le tandir (le fourneau d'argile), où on  cuit le  tchorek, est considéré comme la place la plus sacrée à l'habitation.

 

Och ou plov

Le plat national ouzbek est l'och, ou plov en russe, à base de riz sauté, carottes,  raisins secs, épices (cumin, coriandre...)  et de viande de mouton.
Il en existe une centaine de recettes selon les régions. En effet, cette spécialité s'est repandue dans toute l'Asie centrale bien avant les contes des "Milles et une nuits'", à l'époque où Samarcade et Boukhara, grandes étapes de la Route de la Soie, s'échangeaient épices rares et riz fins.
À Boukhara, le riz n’est pas sauté, mais bouilli. Dans la vallée de Ferghana, il est accompagné de feuilles de vignes farcies de viande et d’oignon. Ailleurs, il sera agrémenté d’ail, de pois chiches ou de raisin. Le plat est traditionnellement cuisiné le vendredi, ainsi que pour toutes les grandes occasions: navrouz  (jour de l’an), fin du ramadan, mariage, anniversaire... Dans les tchaïkhanas ("maisons de thé), ces auberges implantées dans les bazars, on en trouve tous les midis.
Dans le pays voisin, au Turkménistan, ce plat est également le plus populaire sous le nom de pilaf. On le réalise à base de viande de jeune mouton, de  carottes, de riz et d'oignon.

Brochettes chachlik

Une autre spécialité culinaire célèbre est lchachlik, littéralement "six morceaux". Ce sont des brochettes composées de six morceaux de viande et de gras, ou bien uniquement de gras. Les plus communes sont à la viande de mouton, mais on en trouve également au bœuf ou au poulet (tovuk kabob).
Les chachliks se mangent accompagnés d’oignon au vinaigre. La viande est légèrement épicée ou parfumée à la coriandre.

Autres spécialités

Le somsa ou samoussa (du perse sanbosag) est une pâtisserie salée très populaire dans la cuisine ouzbèke pour laquelle  on utilise des rouleaux de pâte cuits au four ou frits dans l'huile. Il y a plus de 20 recettes pour le faire. La forme peut être différente: triangulaire, carrée ou ronde. Les ingrédients de base pour la garniture sont  la viande hachée avec des oignons, des pommes de terre en purée, des légumes et des champignons.  Et en hiver, le somsa est fourré avec du potiron. Au printemps, les Ouzbeks en préparent avec des herbes afin d'apporter des vitamines au corps après un long hiver.

Les kebabs ou "viande grillée" sont des pièces de viande hachée, moulées à la main autour d'une brochette. Ils s'apparentent aux chiche-kebab de Turquie.
Les bazars regorgent encore d’autres spécialités ouzbèkes, ouighoures ou kazakhes. Les plus courantes sont les laghman, de longues nouilles qui se mangent en soupe ou sautées, les manty (une variante est appelée pelmini par les Russes), de gros raviolis cuits à la vapeur et fourrés de viande et d’oignon, les chuchvara, des raviolis également, mais qui sont garnis de carotte ou de potiron, les ragoûts kovuram avec  accompagnement de différentes sortes de légumes (nakhot tchurak aux pois chiches, dimnama aux pommes de terre, choux, carottes) ou encore le bechbarmak, une spécialité des nomades kazakhs, faite de viande bouillie de mouton ou de bœuf et de morceaux de foie, servie avec des oignons, des pommes de terre et des nouilles.

Les fruits

Comme on a pu le constater, en septembre et octobre, les bazars débordent d'excellents fruits et légumes , dont la plupart proviennent de la fertile vallée de Ferghana. C’est en particulier la saison du melon (kovum saili, la fête du melon), des pastèques et des citrouilles.

Comme les autres pays d'Asie centrale le Turkménistan est très riche en fruits divers: légumes, fruits, cucurbitacées. Les melons turkmènes sont célèbres pour leur parfum de miel et constituaient un produit d'exportation prisé aux temps préislamiques.

Les autres desserts

Outre les fruits, les Ouzbeks consomment aussi des gâteaux et ce sera d'ailleurs le genre de dessert que l'on nous servira. Parmi les ingrédients utilisés, on rencontre la pâte feuilletée, les fruits secs (raisins, noix...), lemiel. Parmi les spécialité, notons la khalva (ou halva), la nougatine ouzbèke qui n'a rien d'alcoolisé comme son nom pourrait le faire croire.
Mais il semble que les Ouzbeks se laissent aussi tenter par d'imposants gâteaux à la crème... Nous leur laissons notre part.


 
La cuisine ouzbèke est aussi assez épicée. On utilise souvent des épices courantes telles que le cumin, la coriandre, le sésame, le fenouil et le basilic.
Nous n'aurons pas l'occasion de goûter au tchalop , une sorte de yaourt à la ciboulette.

Pour leurs épices, les Turkmènes utilisent largement le poivre rouge et noir, la menthe, le persil sauvage, les pousses de pistachier. Au lieu du curcuma, ils emploient du safran et de l'ail.


Les liquides

Le thé

Le thé, vert ou noir, est la boisson incontournable en Ouzbékistan. Servi à toute heure de la journée, en guise de bienvenue, d’au revoir, ou juste pour passer le temps, le thé est une véritable religion et le servir obéit à tout un cérémonial. Il est préalablement versé trois fois dans une tasse et reversé à chaque fois dans la théière. Ces trois temps symbolisent loy, l’argile, moy, la graisse et tchaï, le thé ou l’eau. Le premier étanche la soif, le second isole du froid et du danger, le troisième éteint le feu.
Les tasses ne sont jamais remplies, ce qui signifierait qu’il sera temps pour l’invité, de partir aussitôt après avoir vidé sa tasse.  La main gauche étant impure, théière ou tasses doivent êtres prises ou données de la main droite.

La vodka

La vodka (du polonais wódka) est une boisson alcoolisée incolore titrant généralement 40 voire 50 degrés, sans goût particulier autre que celui d'alcool et pour cela parfois aromatisée. L'origine de cette eau-de-vie se situerait en Russie ou en Pologne. Il s'agit généralement d'une eau-de-vie de pomme de terre ou de céréales (blé, seigle), mais d'autres matières premières peuvent être utilisées (betteraves). C'est l'alcool national de nombreux pays (Russie, Pologne, Ukraine, Finlande... Ouzbékistan). Entre 4000 et 5000 marques de vodka sont présentes sur le marché mondial. La vodka est le premier alcool fort consommé dans le monde.

Il y a quelques mois, à ma question sur le type d'Islam pratiqué en Ouzbékistan, un ami qui avait visité le pays m'a répondu sur le ton de l'ironie qu'il s'agissait d'un «Islam imprégné de vodka». C'est un raccourci excessif et injuste pour signifier qu'une large partie de la population n'a pas une pratique rigoriste de l'Islam cependant, en ce qui concerne la consommation d'alcool, les Ouzbeks sont presque abstinents si on les compare à nous. En effet, ici, la consommation d'alcool mesurée en alcool pur "par habitant de plus de 15 ans" est passée de 1,9 litre en 2003-05 à 2,4 litres en 2008-10, plaçant le pays au 122e rang sur 197 pays, loin derrière la France (11,8 litres et 5e) ou la Russie (11,5 litres et 18e).

La vodka est la seconde boisson en Ouzbékistan, un peu moins traditionnelle que le thé, mais tout aussi présente. Un souvenir laissé par les Soviétiques avec lequel les Ouzbeks arrosent les repas à coup de toasts, en se jetant ensuite sur une boisson gazeuse non alcoolisée pour faire passer... Il faut dire que la vodka produite en Ouzbékistan a tout d'un "alcool de bois"... 

 

Menu OUZBEKISTAN


Etape précédente: NOURATA

Etape suivante: CHAKHRISABZ

 

Jeudi 11 septembre

Départ du camp de yourtes de Yangi Kazgan à 7H45. Destination une autre ville mythique, Samarcande...
 

1 - Trajet de Nourata à Samarcande (230 km)

A nouveau la steppe désertique, avec ses troupeaux de chèvres et de moutons, parfois des vaches, le camp du "cheik chasseur", un relais de téléphonie, des paysans en train de faire des ballots avec des touffes de végétaux coupés dans la steppe, de jolies petites montagnes, Nourata puis Dehibaland (ou Debaland), le Col du Corbeau, les pétroglyphes de Sarmish, puis Navoï où l'on rejoint l'axe principal reliant Boukhara à Samarcande.
 


Et si l'on avait idée de prendre une photo en arrivant à un poste de contrôle de police près de Navoï, comme ça, par simple fantaisie ?...
Dommage car les policiers ont l'œil et c'est un geste répréhensible. Il est vrai que même chez nous, les personnels en uniforme sont généralement hostiles au fait d'être photographiés. Hé bien, ici, on ne plaisante pas car rappelons nous que nous sommes dans une dictature comme en témoigne cette multiplication des contrôles. Ce n'est pourtant pas (plus) une dictature communiste, d'ailleurs dans quatre des cinq dictatures communistes (Chine, Vietnam, Laos et Cuba) qui subsistent et où l'on a voyagé, on n'a jamais rien vu de tel, la dictature  s'y faisant  plus discrète. Le policier arrête le bus, discute vivement avec le chauffeur, fait ouvrir la porte, s'explique avec la guide et la contrevenante s'en sort sans dommage en disant piteusement avoir effacé la photo...

Pour se remettre de tout cela, une demi-heure plus tard, vers 9H20, arrêt du côté de Ziadin. L'occasion d'un petit casse-croûte comme les routiers, car on a pris le petit-déjeuner tôt. Pour se caler, ce sera un demi somsa ou samoussa, carré car ici ces en-cas sont énormes et assez gras. On aurait pu également jeter notre dévolu sur des chachlik, les brochettes qui grillent sur le parking et aussi, pourquoi pas, sur du pain ou de la brioche ou des fruits également vendus sur ce parking.  Il fait une quinzaine de degrés.
 

Nous voici repartis. Pour certains conducteurs, cette route à deux chaussées, ça se prête bien au slalom pour effectuer des dépassements. Et comme chaque chaussée ne comporte que deux voies, pourquoi ne pas s'insinuer entre deux véhicules en circulant sur la bande médiane ? Ajoutons que les "engins" circulant sur cet axe se déplacent avec de grandes disparités de vitesses: les carrioles y sont nombreuses. Evidemment, ce genre de voie expresse n'est pas une autoroute. Pas d'échangeur et les franchissements se font donc à niveau. Les piétons, des écoliers par exemple, doivent la traverser en empruntant un espace ménagé dans la glissière en béton qui sépare les deux chaussées.

Traversée de Mirbazar puis de Katta-Kurgan. Par moment, les conducteurs doivent redoubler de vigilance car des portions de la route sont ramenés sur une seule chaussée ce qui n'empêche pas qu'elle soit empruntée par les carrioles à ânes ou  les tracteurs avec des double-remorques de fourrage ou de coton. Surprise, au milieu de toutes les Chevrolet, une Daewoo Nexia ! (l'usine Chevrolet était précédemment à l'enseigne Daewoo).

12H30, il reste encore une heure de trajet mais un court arrêt (10 minutes) nous est proposé près d'un champ de coton en fleur pour se dégourdir et faire quelques photos. Dans ce champs, le coton se trouve à différents stades de maturité. Certains pieds portent à la fois des boutons non éclos, des fleurs de deux ou trois couleurs différentes (blanc, rose ou jaune), des capsules de fructification avec une houppe de fibres en forme de bourres de coton dissimulant des graines.


13H30, nous sommes à Samarcande (ou Samarkand ou Samarqand) sous 30° à l'ombre.

«J'ai entendu parler de la gloire de Samarcande et pourtant la ville est beaucoup plus belle que je n'aurais jamais  pu l'imaginer» aurait dit  Alexandre le Grand.
"La Rome de l'Orient" a impressionné par sa splendeur pendant 25 siècles.

  Historique sommaire de SAMARCANDE

L'occupation du site de la ville de Samarcande date du paléolithique inférieur. C'est l'un des berceaux de la civilisation des peuples de l'Asie centrale. Le musée de Samarcande offre quelques exemples de silex taillés trouvés sur place.
Le site archéologique d'Afrasiab, au nord-est de la ville, témoigne d'une occupation remontant au VIe siècle avant J-C jusqu'au XIIIe siècle de notre èreLes Sogdiens étaient un peuple de langue iranienne qui vivait depuis le début du Ier millénaire avant J-C dans une région à laquelle ils ont donné leur nom, recouvrant une partie de l'Ouzbékistan et englobant Samarcande et Boukhara. Leur langue était plus précisément du groupe est-iranien; elle était à peu près identique à celle des habitants de la Bactriane, qui se trouvait au sud de la Sogdiane. Elle a été supplantée par le tadjik, un autre dialecte iranien identique à l'actuel persan, mais elle n'a pas totalement disparu. Samarcande, connue alors sous le nom de Maracanda ou Maragand, a vu passer Alexandre le Grand (329 avant J-C) qui ira plus loin vers l'Inde mais la Sogdiane a marqué la limite de ses conquêtes en direction de l'Asie centrale.
Elle fut conquise en 712 par les Musulmans des troupes perses de Abu Muslim al-Khurasani qui ravagèrent la ville, tuèrent la plupart des habitants et prirent les jeunes comme esclaves et les femmes comme concubines. A nouveau, elle brillera particulièrement sous le règne des Samanides, une dynastie iranienne qui reprend le pouvoir après la conquête arabe. Après la bataille de Talas en 751, où les Musulmans capturèrent des artisans papetiers chinois, Samarcande devint le premier centre de fabrication du papier du monde musulman.
Plus tard, les canaux d'irrigation étant obstrués, la ville  fut prise, pillée et ruinée par Gengis Khan en 1220 qui massacra ses habitants et la garnison en les brûlant ou qui en fit des esclaves.
La ville fut ressuscitée par l'un de ses successeurs, apparenté par alliance, Tamerlan
(ou Timur Lang) qui en fit la capitale de son empire en 1369 lorsqu'il  y rapportera de Perse les restes supposés du prophète Daniel. Le "Conquérant du Monde" mit ses pas dans ceux de ses prestigieux ancêtres mongols. Les monuments édifiés par les Timourides (descendants de Tamerlan) font la gloire de la cité. Ulugh Beg (1394-1449), petit-fils de Tamerlan, prince et astronome, y fit construire un observatoire où il mena des travaux de grande qualité avec quelque 70 savants. Après sa mort, la vie intellectuelle et artistique des Timourides se concentra à Hérat en Afghanistan. En 1507, les Timourides furent renversés par les Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides (une dynastie mongole descendant de Gengis Khan). Lors du morcellement du khanat de Djaghataï ,correspondant en gros à l'actuel Ouzbékistan, en trois khanats (Khiva, Boukhara et Kokand) qui interviendra en 1598, Samarcande est rattachée au khanat de Boukhara. En 1868, cette ville persophone passe sous domination de l'Empire russe et devient une ville de garnison. Elle est le chef-lieu de l'oblast (région) de Samarcande à partir de 1887, faisant partie du Turkestan russe. Un an après, elle est reliée au chemin de fer, par la ligne du Transcaspien. Après la révolution d'Octobre 1917, elle fait partie de la république du Turkestan, avant de devenir, en 1925, la capitale de la république socialiste soviétique d'Ouzbékistan pendant cinq ans. En 1930, elle perdra cette place au profit de Tachkent, qui est turcophone (ouzbek) et deviendra chef-lieu de l'oblast de Samarcande en 1938.



Arrivant de l'ouest, nous déjeunons dans les quartiers ouest, au restaurant Karim Bek, situé sur la rue Gagarine (héros soviétique de la conquête spatiale qui étonnamment n'a pas vu sa rue débaptisée).  C'est un très grand établissement, fréquenté par de nombreux Ouzbeks et notamment des jeunes filles et jeunes femmes sortant "entre filles".
Au menu, salades de crudités dont macédoine de légumes avec mayonnaise (danger !), soupe assez grasse aux herbes (genre épinards) avec du fromage puis cinq ou six belles côtes d'agneau grillées... Bien trop riche tout cela !
Une jeune mère de famille installée en terrasse (près dune artère où ça circule beaucoup) a littéralement abandonné sa petite fille qui erre dans la grande salle où nous sommes installés. Nous avons sans doute de bonnes têtes car la gamine de deux ans environ vient se faire pouponner sur nos genoux et accepte même qu'on lui donne la becquée... Ha ! ces parents indignes... Mais nous, quel grand risque ne prenions nous pas si la police était venue fourrer son nez par là!

 

A 15H45, nous passons déposer nos bagages et nous rafraîchir à l'hôtel Konstantin (4*) situé non loin de la rue (ko'chasi) Mirzo Ulugbek.

Départ à 17H pour commencer les visites des nombreux monuments historique de la ville inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 2001.
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2 - Mausolée Gour Emir (1404)

 

Notre seule visite de la journée sera consacrée au Gour-Emir ("le tombeau du souverain"). C'est le monument le plus célèbre de la ville et son symbole, puisqu'il s'agit du tombeau de Tamerlan.
 

Comme il est situé au centre ville, à 4 km de l'hôtel, nous nous y rendons avec le minibus, en empruntant la longue rue commerçante Mirzo Ulugbek,  en passant devant le Gum (ancien magasin de l'époque soviétique) et les plus contemporains bureaux de l'Orient Finans Bank puis entre le stade Dinamo et la piscine.
Le commerce de pharmacie (dorixona) n'est certainement pas réglementé dans ce pays, car elles se touchent. Elles sont tout aussi nombreuses que les magasins d'habillement avec des vitrines remplies de robes de mariées. Serait-ce que les Ouzbeks seraient très enclins à convoler mais s'en remettraient mal ?

Nous remontons un court moment "les Champs-Elysées" de Samarcande, le boulevard de l'Université jusqu'à la statue de Tamerlan (Amir Temur Haykali), avant d'arriver sur l'esplanade qui fait face au complexe du Gour-Emir.
 
A cet endroit existait une madrassa et une auberge de pèlerins (khanagha) dont on peut voir les fondations. En 1401, le petit-fils préféré et successeur désigné de Tamerlan  Muhammad Sultan, avait fait bâtir un mausolée destiné à abriter plus tard la dépouille de son grand-père. Mais c'est  lui qui  disparut le premier et après la mort de ce petit-fils, en 1403, Tamerlan (âgé de 67 ans) y ajouta un tombeau, décidant que lui-même serait également enterré ici et non dans sa ville natale, Chakhrisabz. Il en fut de même de ses descendants jusqu'à Ouloug Neg.


Le premier élément du monument est un grand portail bleu richement orné de majoliques et de mosaïques aux motifs végétaux, floraux et entrelacs et surmonté d'un bandeau en calligraphie divani (écriture arabe cursive).
Après le portail, encadré de deux tour apparaît le mausolée proprement dit. Il  est coiffé d'un tambour sur lequel repose un dôme à  64 nervures de briques émaillées. On y accède  par une galerie sur le côté gauche.
Dans la cour on peut voir un gros bloc de marbre sculpté d'arabesques, appelé Kok Tach, qui a été considéré comme servant de trône à Tamerlan alors qu'il s'agirait plutôt d'un pavois pour le couronnement des émirs. Une vasque voisine en pierre est aussi sujette à interprétations divergentes: servait-elle aux ablutions ou comme moyen de compter les guerriers morts au combat, chacun devait y déposer une pierre  et en reprendre une  à son retour de la bataille...

L'intérieur du mausolée est richement décoré et l'on a plein les yeux d'une couleur bleue moirée qui change selon l'angle de vision, assaez indéfinissable, entre le bleu cobalt (violacée) et le bleu électrique mais en tout cas tout à fait irréelle.
A l'origine, la base des murs était habillée de carreaux hexagonaux en onyx qui ont malheureusement été en grande partie pillés et remplacés par du marbre. La partie intermédiaire du mur porte des inscriptions coraniques gravées et dorées sur fond bleu tandis que les niches  latérales sont ornées de stalactites en relief de papier mâché bleu et or. Puis nos regards admiratifs vont se perdre dans la coupole...
En ramenant le regard vers le sol,  on  peut voir derrière la barrière de marbre finement ajourée les huit pierres tombales qui ne sont que des cénotaphes car les véritables tombeaux se situent dans la crypte. Au fond, près de la fenêtre, celui de Mir Saïd Barakah, maître spirituel de Tamerlan. Celui-ci repose à ses pieds, au centre, sous une dalle foncée en jade de 1,80 mètre de long (le plus long jade du monde mais malheureusement brisé lorsque trois siècles plus tard Nadir Chah voulu la transporter à Merched, en Iran) ramenée de Mongolie par son petit-fils, Ouloug Beg. Le véritable tombeau est exactement en dessous dans la crypte. Autour de Tamerlan, les autres tombeaux sont ceux de ses fils Chah Rokh et Miran Chah, de ses petit-fils Mohammad Sultan et  Oulog Beg et de deux enfants inconnus.

 

 

Un beau site que nous reviendrons voir après-demain soir, lorsque la nuit sera tombée.

A une centaine de mètres au nord du portail du Gour-Emir, près d'une mosquée de quartier, on arrive à un autre mausolée, celui de Roukhabad construit à la même époque (XIVe siècle) par Tamerlan pour honorer la mémoire d'un mystique, Cheikh Bourhan al-Din Sagardji. L'édifice  austère abrite plusieurs sépultures.

19H, il fait pratiquement nuit et ce n'est pas ce soir que l'on va photographier la statue de Tamerlan.

En revanche, cela peut-être l'heure de dîner au restaurant Old City (100, rue Jomly): macédoine de légumes, soupe, mouton en papillotes avec riz et pois chiches. Dessert original: une sorte de nougat fait de riz aggloméré avec du miel...
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3 - Reghistan madrassas d'Ouloug Beg (1417-20), Chir Dor (1619-36) et Tilia Kari (1646-60)

Samedi 13 septembre

Si vous avez suivi le fil de ma narration, vous avez peut-être constaté que j'avais sauté un journée. La raison, c'est que le vendredi 12 septembre, nous étions en excursion en dehors de Samarcande, à Chakhrisabz, site qui sera évoqué dans une autre page.

Bonne nuit de repos puisque départ seulement à 9H.
Une nouvelle fois, avec notre minibus, nous descendons la rue Mirzo Ulugbek avec ses pharmacies (dorixona), boutiques d'habillement, restaurants,  banques et jolies maisons bourgeoises.
 

Sur l'une des places centrales de Samarcande, à proximité du quartier des universités, trône l'imposante statue de bronze de l'empereur Tamerlan, également appelé Amir Temur. Ce guerrier turco-mongol, né en 1336 et mort en 1405 a fondé la dynastie des Timourides et bâti un empire colossal, dont Samarcande a été la capitale. Bien que Tamerlan ait été un chef de guerre impitoyable, sanguinaire et destructeur, il a énormément contribué à la protection des arts et des lettres, ce qui a fait la grandeur de Samarcande (dont le nom signifie "lieu de rencontre" ou "ieu de conflit").
C'est la bonne heure pour faire des photos.
A proximité on aperçoit l'ancien Hôtel Président renommé Registan Plaza.

Au centre ville, cette fois-ci nous nous rendons au Reghistan ("place de sable") restauré dans sa splendeur d'origine ce qui en fait le complexe islamique le plus grandiose d'Ouzbékistan et l'un des plus beaux de l'Islam.  Ce fut l'œuvre d'Ouloug Beg (ou Ulugh Beg), petit-fils de Tamerlan et passionné d'astronomie.
A noter: ici pas de droits photo, une fois n'est pas coutume...

A l'ouest, Ouloug Beg  fit bâtir une madrassa (1417-1420), en face de laquelle, à la place d'un marché,  il ajouta un khanagha pour accueillir les derviches itinérants. Ouloug Beg avait également fait construire le caravansérail Mirza au  nord et la gigantesque  mosquée Koukeldach au sud. La place centrale servait aux exécutions. Deux siècles plus tard, un gouverneur fit raser le khanagha  et le caravansérail, les remplaçant respectivement par la madrassa Cher Dor (1619-1636) et la madrassa Tilia Kari (1646-1660).

 


 

 
 


 

La madrassa d'Ouloug Beg (1417-20) est l'une des plus vastes d'Asie centrale. La passion d'Ouloug Beg pour l'astronomie est affichée par  les étoiles représentées sur le portail (pishtak). De part et d'autre du portail, deux salles d'études à coupole occupent les angles. Deux élégants minarets de 33 mètres se terminent par des corniches (muquarnas) ornés de  motifs en nids d'abeilles. La céramique glaçurée  est de type mo'arraq, faite d'un assemblage de fragments de céramiques découpées puis assemblées sur un lit de mortier pour former des panneaux aux motifs complexes; ce qu'on appelle zelliges au Maroc, une technique assez comparable à celle des mosaïques.
La cour intérieure, carrée, est percée de quatre iwans dans le prolongement des axes. Les cellules des étudiants sont disposées sur les deux étages. De part et d'autre des iwans, des salles ont sans doute perdu les dômes qui devaient les surmonter à l'origine. Des minarets sont disposés aux angles des façades. Une mosquée occupe l'espace situé entre les deux salles d'études au fond de la cour. L'édifice à été restauré en 1994 à l'occasion du 600e anniversaire d'Ouloug Beg.

La madrassa Cher-Dor ou Chir-Dor (1619-36), "La porte des Lions", a été construite par le gouverneur  Yalangtouch, "en miroir" (koch) de la médersa d'Oulough Beg, à la place du khanaqah édifié auparavant par le même Oulough Beg. Sa façade de 51 mètres de long est flanquée de minarets d'angle comme la madrassa qui lui fait face. Le portail, encadré de dômes cannelés de part et d'autre, est orné de mosaïques sensées représenter des lions qui ressemblent plutôt à des tigres poursuivant des daims ou des biches blanches et supportant des disques solaires à visage humain (symbole zoroastrien) à face humaine.  Ces représentations sont des hérésies par rapport à l'Islam, c'est pourquoi la légende dit que l'architecte fut condamné  à mort, bien que l'on ait également vu ce genre de motifs figuratifs à Boukhara. La ressemblance avec  son vis-à-vis n'est donc  pas totale car, de plus, on n'y retrouve ni la mosquée ni les salles disposées à l'arrière.


La madrassa Tilla-Qari (1646-60), "Couverte d'or", qui ferme le fond de la place entre les deux précédentes, fut également construite sous Yalangtouch. Imposante, avec 75 mètres de façade, entre ses tourelles d'angle. On retrouve des symboles solaires et des motifs floraux comme au Cher-Dor. En réalité, c'est à la fois une madrassa et une mosquée du vendredi pour la ville. La façade extérieure est particulière avec de part et d'autre du portail, deux rangées de cellules (hujra) ouvertes sur l'extérieur avec balcon et fenêtre à panneau ajouré. Le côté ouest est occupé par la mosquée, la partie centrale étant occupée par une salle à coupole avec le mihrab en marbre, avec des motifs  dorés sur fond bleu,  des panneaux muraux imitant les tapis et de superbes nids d'abeilles ou stalactites au sommet des niches.
 

 
 

Derrière la madrassa Cher-Dor, les Soviétiques ont érigé une plate-forme (dakhma) regroupant les pierres tombales de la dynastie Cheïbanide du XVIe siècle. Tout à côté se trouve le Chorsu ou Tchorsou ("Quatre chemins" ou "Quatre rivières"),  un bazar à coupole construit au XVIIIe.

 

 
 

C'est à pied que nous remontons la rue Toshkent ko'chasi sur un petit kilomètre, une dizaine de minutes de marche sur cette artère consacrée au tourisme, aux écoles et collèges chicos et aux boutiques d'habillement.
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4 - Mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) et le Bazar

Sur notre gauche, le regard est attiré  par la mosquée du Vendredi de Tamerlan  (masjid-i jami') dite mosquée Bibi Khanoum (1399-1404) ou de la "première épouse". Elle porte le nom de l'épouse de Tamerlan, Saray Mulk Khanum, une princesse d'origine mongole, descendante de Gengis Khan. 



 

 



 


 
 

 
 

Tamerlan fit ériger la mosquée au retour de sa campagne des Indes, où il avait saccagé Delhi, tout en ayant idée de s'inspirer de ce qu'il avait vu, notamment en faisant usage de pierre dans la construction  alors que la majorité des bâtiments en Asie centrale sont  en brique, crue ou cuite. En fait, ici ce nouveau matériau se limite aux colonnes en marbre.
La mosquée était de dimensions imposantes (167x109 mètres), avec un portail d'entrée présentant une ouverture de 18 mètres, un minaret de 52 mètres à chaque angle de la cour et une galerie à coupoles supportées de 400 colonnes en marbre sculpté. Le bâtiment principal de la mosquée, situé au fond de la cour, était couronné d'une coupole atteignant 44 mètres. Par son gigantisme, l'édifice n'a pas résisté au temps.
De nombreuses légendes courent autour de l'architecte de la mosquée et de Bibi Khanoum. L'architecte aurait été éperdument amoureux de la première épouse de Tamerlan. Pour en obtenir un baiser, il aurait donc retarder volontairement les travaux. Finalement elle aurait cédé mais  en posant entre eux deux sa main ou un voile. A son retour Tamerlan aurait découvert le forfait et condamné l'architecte...
 

Elle fut rapidement endommagée suite à de mauvais calculs de charges et aux tremblements de terre (celui de 1897, l'endommagea encore) tout comme le Palais Blanc (Ak Saray) de Chakhrisabz que nous verrons également, et les émirs finirent par s'en servir de carrière pour d'autres constructions.  Les armées russes l'utilisèrent comme écuries et comme entrepôts avant que le régime soviétique ne commence une restauration en 1974  et des travaux y sont encore effectués.  Les vestiges de cet édifice restent imposants.

Au centre de la cour se trouve un immense lutrin à Coran, en marbre gris de Mongolie qui servait de support au grand Coran d'Osman du VIIe siècle que nous verrons à Tachkent. Ce Coran était si grand que, dit-on,  Tamerlan arrivait à le lire depuis le haut du minaret voisin...
 

 


Sur notre droite et en vis-à-vis,  le mausolée de Saray Mulk Khanoum est bien discret par rapport à l'édifice précédent. Une madrassa aujourd'hui disparue y était adjointe.
Un peu plus loin, vers le nord, on aperçoit un vaste cimetière à flanc de coteau.

 

De Bibi-Khanoum, on n'a littéralement que deux pas à faire pour se rendre dans le grand bazar de Samarcande. Classiquement on y trouve légumes, fruits frais, épices, graines (riz, haricots, maïs, pois chiches, tournesol), œufs, fromages, fruits secs, gâteaux... et le fameux pains de Samarcande. En campagne, Tamerlan se faisait pourtant accompagner des meilleurs ingrédients et des meilleurs boulangers  de Samarcande, mais il se désolait toujours de ne pas en retrouver la saveur du pain car il manquait un élément que l'on ne peut pas emporter, "l'air de Samarcande" !



 

Nous regagnons la rue Toshkent ko'chasi  que nous parcourons en sens inverse de l'aller, sur quelques centaines de mètres, jusqu'au restaurant Sharq Shirinliklari sur notre gauche.
Gros imprévu car nous n'étions pas vraiment attendus. Lora s'est trompée d'une ligne dans son répertoire téléphonique alors qu'une réservation avait été prise dans un autre restaurant par le réceptif. Aïe ! De plus, le restaurant étant petit et attendant d'autres personnes, la patronne a dû nous déplacer de la terrasse et nous caser sur la pelouse au milieu de la cour et à l'ombre des pommiers.

Il faut donc attendre une demi-heure et le repas est servi à 13H.  Finalement, ce n'est pas mal du tout.
Au menu: crudités (courgette, tomate, aubergine...), crêpe fourrée aux légumes (genre rouleau de printemps), puis un kovurma , "ragoût pot-au-feu" avec  accompagnement de potiron genre butternut.
 

       

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5 - Nécropole Chah-i-Zinda (XIVe-XVe siècles)

A 14H15, nous avons rejoint le minibus. Alors que du restaurant, nous étions tout proches du prochain site (un peu plus d'un kilomètre), le minibus doit faire un grand détour qui prend près d'une demi-heure pour rejoindre la nécropole.

La nécropole Chah-i-Zinda, "le roi vivant" (fin XIVe - début XVe siècle), jouxte le cimetière que nous apercevions depuis le Registan et le complexe Bibi-Khanoum. Cet ensemble de mausolée se situe au nord-est de la vieille ville, entre les  murs et le versant sud de l'Afrasiab dont on va reparler plus loin. Le site offre le spectacle le plus étonnant qui soit par sa juxtaposition de mausolées tous plus richement ornés de céramiques les uns que les autres, émaillant un chemin pentu sur quelque 200 mètres et aboutissant à un cimetière moderne.

Le site a une origine légendaire. On dit qu'y est inhumé Koussam-i-Abbas, cousin de Mahomet, décapité par les Zoroastriens qu'il était venu convertir. Les Mongols rasèrent le site sauf le "tombeau" de Koussam. Depuis le XIVe siècle on lui voue une vénération idolâtre. Une prophétie qui voulait que le Saint Roi revienne en 1868  pour bouter les Russes ne se réalisa pas.
L'aristocratie timouride voulut se faire enterrer près du tombeau de ce personnage afin de bénéficier de sa bénédiction, souvent sur des ruines d'anciens monuments.

Pendant trois quarts d'heure, nous avons tout loisir d'admirer les façades des portails des mausolées généralement richement décorées: céramiques émaillées et sculptées, briques émaillées, inscriptions calligraphiques en arabe et en persan, dessins floraux et géométriques. Ouloug Beg fit construire de grands portails (1435)  à l'extrémité sud de la nécropole, là où se trouvent également une mosquée et la madrassa Davlet Kouchbegi (1813). Plus loin, l'escalier du Paradis conduit au vaste mausolée de Qadi-Zadeh Roumi (1420-1425), comprenant deux pièces, surmontées de hautes coupoles bleues dont une est en cours de restauration. Le nom attribué à ce mausolée est lié au fait qu'il pouvait s'agir du tombeau de l'astronome Qadi-Zadeh Roumi mais on n'y a découvert, en fait, que les ossements d'une femme (la nourrice de Tamerlan peut-être). Plus avant, on arrive entre les mausolées en vis-à-vis des émirs Hussein (1376) et Zadé (1386), aux dômes cannelés mais non habillés de briques émaillées. Les somptueux mausolées, principalement du XIVe, se succèdent. Au bout du chemin, un portique conduit à la mosquée Koussam Ibn Abbas dont le  mihrab est décoré d'une mosaïque de faïence bleue. La chambre des pèlerins, décorée de carreaux vernissés, est surmonté d'une coupole divisée en huit panneaux mais on ne peut pas voir la tombe de Koussam Ibn Abbas dans la pièce voisine dont on est isolé par une superposition de claustras.

Petit tour dans le cimetière voisin. Dans la partie récente, contiguë à la nécropole, rien à voir avec la modestie exigée par l'Islam  dans un cimetière: ici, profusion de marbres, portraits, dalles et stèles dispendieuses.

 

15h45, nous repartons en minibus en passant au pied de la  mosquée Khazret Khizr ou Mosquée des Voyageurs, perchée sur le versant méridional de la colline d'Afrasyab, sur un antique site zoroastrien. Son surnom vient du fait qu'elle est dédiée à Elie, le saint patron musulman des voyageurs. Elle date de 1854 et offre aux regards un iwan à colonnes de cèdre du plus bel effet. A droite, le minaret est un ajout  récent (1919).
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6 - Musée archéologique d'Afrasiab et Observatoire astronomique d'Ouloug Beg (1428-29)

Très court trajet pour se rendre au Musée Historique d'Afrasiab. Celui-ci retrace l'histoire de la forteresse qui avait occupé cette colline du VIe siècle avant notre ère jusqu'en 1220, sur la Route de la soie, aux frontières de la Perse Achéménide. Elle porte le nom d'un roi légendaire du royaume tout aussi légendaire de  Touran qui aurait réuni tous les peuples turciques, les nomades du nord, face à la Perse et à la Chine.

On peut voir des cartes et des maquettes du site, des photos des fouilles (le site couvre 120 hectares), des pièces de monnaie, des jarres pour conserver les graines, une reconstitution de foyer, des ossuaires destiné à recueillir les restes après qu'ils eussent été décharné par les animaux... Puis nous passons dans la salle des grandes fresques: une procession nuptiale faite d'une nombreuse troupe hétéroclite (par exemple, deux dignitaires portant des massues de sacrifice, suivis de deux autres portant le cache-bouche zoroastrien et conduisant des animaux au sacrifice: quatre oies et un cheval de selle),  réception des ambassadeurs (par exemple, on voit en bas à droite, trois chambellans introduisant trois envoyés des peuples montagnards).

Pas de temps pour aller voir la Tombe du prophète Daniel, située tout près de là. La légende veut que son corps continue de croître malgré sa mort, d'où un grand cercueil de 14 mètres


 

En s'éloignant encore d'un kilomètre vers l'extérieur de la ville, on arrive au site de l'observatoire astronomique (1428-1429) d'Ouloug Beg.  Ce petit-fils de Tamerlan, dit "Océan de sagesse et de science",  fut un roi-astronome (et mathématicien avec la publication de tables trigonométriques). Il y travailla et enseigna avec quelque 70 mathématiciens, dont  Ali Quchtchi, et astronomes, aboutissant à la publication des Tables sultaniennes (zij-e soltâni, en persan), dont la précision resta inégalée pendant deux siècles.

Il a régné seulement pendant deux ans et huit mois comme prince indépendant (sultan) de Transoxiane (1446-1449), car il a été assassiné sur l'ordre de son propre fils aîné, Abdul-Latif (à son tour, celui-ci fut assassiné en 1450 par un serviteur dOulough Beg qui avait juré de le venger).  En effet, il s'était fait des ennemis qui prirent prétexte du scandale lors d'une fête où il fit servir  du vin. Après son assassinat les intégristes firent raser (partiellement) l'observatoire cependant Ouloug Beg a été considéré comme un martyr après sa mort.

Après la mort d'Ouloug Beg, Ali Quchtchi partit avec une copie des Tables sultaniennes à Tabriz, puis à Istanbul, d'où elles atteignirent l'Europe.
L'héritage le plus direct de l'observatoire de Samarcande se concrétise seulement trois siècles plus tard, dans les cinq observatoires construits en Inde par Jai Singh II, mahârâja de Jaipur, à Delhi, Jaipur, Mathurâ, Ujjain et Vârânasî.

Ce qui reste de l'observatoire fut mis au jour en 1908 par l'archéologue amateur russe Viatkine et est désormais protégé sous une voûte. On peut voir aujourd'hui la partie souterraine d'un sextant géant, le plus grand jamais construit, permettant de mesurer la hauteur des étoiles. L'arc subsistant de 11 mètres est formé de deux parapets de marbre, gradués, mais il  se prolongeait à l'origine jusqu'au sommet d'un bâtiment de trois étages dans les arcades desquelles étaient logés différents instruments d'astronomie.
En 1970, un musée a été inauguré en l'honneur d'Ouloug Beg. On peut y voir  des copies des Tables sultaniennes et de leurs traductions et des maquettes de l'observatoire.

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7 - Atelier de papier mâché et dégustation à la cave Khovrenko

Encore un petit trajet de dix minutes en minibus pour aller visiter un atelier d'artisanat original à la périphérie Est de la ville, après avoir emprunté des rues bordées de pieds de vignes palissées sur les tonnelles, entre les trottoirs et les façades des maisons. Bientôt nous arrivons sur un pont franchissant une petite rivière sur laquelle on peut voir des roues à eau.

En 1995, l'UNESCO, lors d'une conférence internationale à Kanagan, s'est intéressé au développement de l'artisanat ancien  et a proposé de relancer la production de papier traditionnel. C'est ainsi qu'est née à Samarcande l'Association "Konigil Meros" dirigée par Zarif Mukhtarov. Le moulin à papier (tarif pour la visite: 3000 soums) est installé sur les rives de la rivière Siab (ou Sieb) dans le village Konigil (ou Koni Ghil), à sept  kilomètres de Samarcande. Le moulin a été construit à l'endroit même où il en existait un il  y a 300 ans.
Dans d'autres voyages (Birmanie, Madagascar), on a déjà vu la technique de fabrication de papier artisanal à base d 'écorce de mûrier mais ici, on notera deux différences majeures: le broyage est semi-mécanisé, comme je l'explique plus loin, et le produit est différent puisqu'il s'agit ici d'un papier  sans inclusion de fleurs ou de pétales décoratifs car sa texture fine fait qu'il se prête à l'écriture ou à l'impression.

La recette de ce document a été apporté au VIIème siècle lorsque des envahisseurs chinois  furent vaincus par l'armée d'Abu Muslim. Parmi les vingt mille Chinois   qui furent capturés, on comptait des artisans, impliqués dans la production de papier. Pour avoir la vie sauve, ils révélèrent leurs secrets de fabrication à des artisans locaux.  Une des techniques chinoises utilisait la soie mais il était également possible  de fabriquer du papier à partir de pousses de bambou, d'écorces de mûrier ou de saules, de chanvre ainsi que de chiffons.
Les artisans de Samarcande (les "kogozgars") ont su  fabriquer le meilleur papier du monde caractérisé par une surface lisse et soyeuse (au point que par erreur il fut appelé "papier de soie), durable  et, le plus important,  qui  absorbe peu d'encre. C'est ainsi qu'aux VIIIe-IXe cet artisanat a pris une grande ampleur à Samarcande. La plupart des manuscrits arabes et persans des IXe-Xe siècles a été réalisée sur ce papier de Samarcande ou papier Khorassa. Cet artisanat a complètement disparu au XVIIIes siècle.

Les pousses de mûrier blanc d'Asie centrale ("balkhi" sur lequel on élève le bombyx dont le cocon sert à confectionner la soie) sont coupées dès les  premières gelées. Les tiges sont pelées et  la couche interne poreuse et  souple de l'écorce est conservée puis  est mise à sécher au soleil. Plus tard, ces bandes sont mises à tremper puis  bouillies pendant plusieurs heures après quoi elles sont soigneusement écrasées à coups de pilon entraîné par la roue à godets du moulin à eau afin d'obtenir des fibres très fines. Ce moulin s'apparente aux moulins à foulon utilisés pour dégraisser la laine ou pour préparer le cuir. Ici, la roue à eau fait tourner un arbre à cames qui actionne  des pilons (au lieu de maillets dans le foulons). Ensuite, la pâte obtenue dans le mortier est mélangée à l'eau, filtrée à travers un tamis fin qui est secoué dans tous les sens afin que les fibres s'entrelacent bien  et forment une feuille de papier homogène qui est ensuite égouttée sous presse (un simple bloc de pierre) puis séchée au soleil. A la fin, la surface du papier est polie sur un marbre lisse  à l'aide d'un coquillage, d'une pierre fine ou d'une corne, par un maître polisseur ("mukrakash"). Ce papier a une couleur jaunâtre caractéristique car il n'est pas blanchi avec des produits chimiques. Cela lui assure une durée de vie de plusieurs dizaines de fois plus longue (300 ou 400 ans) que celle d'un papier blanc ordinaire et bien plus que celle du  papier blanc dit de bonne qualité  (40-50 ans). Il est utilisé dans la restauration d'anciens manuscrits mais sert aussi à fabriquer des cartes postales, blocs-notes, masques, mais aussi des robes, poupées et sacs à main...



18H.
A nouveau le minibus pour revenir au centre ville et obliquer vers la cave viticole Khovrenko (58, rue Kashgariy ou Qoshg'ariy, près de la rue Mirzo Ulug'Bek)
Pour une dégustation, la fin de journée, c'est effectivement plus prudent.
 

On cultivait la vigne dont le jus a ici une teneur élevée en sucre  (25% dans  la vallée Zarafshan)  avant  l’arrivée des Arabes pourtant ,selon la légende, la culture serait postérieure à l’invasion arabe à la suite de laquelle aurait  poussé un pied de vigne produisant un merveilleux  rosé qu'on a appelé "taiphi", ce que signifie "tribu".

La production vinicole a été initiée par Dimitri Filatov, un amateur russe, qui  a fondé ici en 1868 une petite entreprise pour la production de vin  qu'il a dirigée pendant une quinzaine d'années. C'était un vin encore imparfait, produit à base du cépage "Biishty" même s'il a été couronné par des récompenses à Paris ou à Anvers. Une sélection des vins qu'il avait stockés avant son départ a été retrouvée fortuitement plusieurs décennies plus tard à l'occasion de la réfection de la cave.
Le flambeau a été repris par le chimiste et œnologue russe Michael Khovrenko arrivé en Ouzbékistan en 1927. Il a mis au point les méthodes techniques de production de vins millésimés comme Gulyakandoz, Shirin, Liquor Kaberne, Aleatiko, Ouzbékistan et Farkhod. En 1938, l’entreprise a constitué un fonds de  vieux vins en stockant dans ses caves les meilleurs  vins.
Le Français Pierre Le Roy de Boiseaumarié (1890-1967), dit le baron Le Roy qui fut président de l'Office international de la vigne et du vin eut l'occasion de visiter l'entreprise et laissa des appréciations élogieuses. La production de cette cave a été primée lors de concours internationaux. Par exemple des médailles d'or et d'argent obtenues à Kiev en 2006 et lors de la "Prodexpo-2014" qui a eu lieu à Moscou en février de cette année, trois produits de la cave ont été couronnés, un par  une médailles d'or et deux par des médailles d'argent.
Les types de raisins suivants sont utilisés dans la cave: Bayan-Shirey, Rkatsiteli, Riesling, Saperavi, Morastel, Muscat, Aleatiko, Sauvignon et Cabernet. D'autres variétés, comme le Pinot noir, sont en cours d'évaluation pour la production future. A côté des vins, l'entreprise produit aussi des "Cognac" et de la vodka laquelle n'a aucun rapport avec la vigne, puisque obtenue à partir de céréales...

Nous sommes guidés dans la dégustation de 10 breuvages par une bonne dame à l'allure bien soviétique. On se croirait dans un kolkhoz... 
La dégustation porte sur trois groupes de vin dont le degré alcoolique va croissant:  3 vins secs (11°) hors vente, 4 vins de table et vins de dessert (brandy) à 16°, 2 cognacs à 40°. Nous voici donc déjà là avec neufs échantillons. Heureusement que de petits gâteaux apéritifs ont été prévus pour nous aider à faire passer tout cela car dans les dégustations en Ouzbékistan, on ne recrache pas ! Et il y a aussi un dixième échantillon, un élixir de longue vie, un remède miracle, à la fois sucré, fort en alcool (45°) et parfumé par différentes plantes.
Nous ne sommes pas vraiment enthousiastes. Ni complètement écœurés comme certains qui avaient pris du vin rouge ouzbek dans l'avion s'y attendaient. Pourtant, souvent plus par curiosité et amusement que par réel intérêt, quelques achats sont effectués.
Surprise à l'arrivée, les bouteilles sont munies de simple capsules en plastique cachée par la capsule en aluminium qui entoure le goulot.

 

Dîner "chez l'habitant", dans une petite auberge à la déco rustique où nous étions seuls. Par respect pour le tapis mais pas pour les narines, nous devions être pieds nus...

       


En rentrant à l'hôtel, nous sommes repassés là où nous avions commencé la visite de la ville il y a deux jours, au Gour Emir dont l'illumination légère fait ressortir la beauté dans l'obscurité.

     

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8 -Environs de Samarcande: Mausolée de Mouhammad al-Boukhârî (XVIe siècle)

Dimanche 14 septembre, matinée

En attendant le partir pour cette excursion en matinée, avant le départ vers Tachkent, petit tour dans le supermarché du coin, l'Orient, qui occupe effectivement un coin , à l'angle des rues Mirzo Ulugbeg et Beruniy.


Départ pépère à 10H et température toujours agréable (15°). 

Avant de vraiment tracer la route, une dernière visite de monument dans la région de Samarcande, à 25 km au nord, au village de Khortang ou Khartank.

Nouvelle traversée de la ville en descendant une dernière fois la fameuse rue Mirzo Ulugbeg. Tout comme sur les bords de routes hors des villes on peut voir fréquemment des fausses voitures de police, des peintures sur un panneau découpé, ici en ville on peut voir une fausse policière... Passage devant le Gum, le stade, les bureaux de verre bleu de l'Orient Finans Bank puis, au centre ville, le mausolée Roukhabad que nous avons visité il y a trois jours, en arrivant dans cette ville.
Puis, c'est une banlieue étalée, avec quelques jolies maisons à iwan.
 


 


 

 
 

A 10H45, nous posons les pieds sur ce site où la foule se presse. Il est vrai que l'on est le dimanche.

Al-Boukhari est un converti d'origine boukhariote connu sous le nom d'imam Boukhari (810-870). C'est en sa qualité d'érudit musulman sunnite perse qu'il est devenu célèbre et populaire et c'est à ce titre que Samarcande se revendique comme "la tête du monde musulman" car  «Si la Mecque est un cœur du monde musulman, Samarkand est sa tête.
Orphelin de père, dès l'âge de 4 ans, il fréquente l'école coranique et quelques années plus tard il commençe à étudier les hadiths (actes et paroles de Mahomet recueillis deux siècles après la mort du Prophète et formant avec le Coran la sunna). A 16 ans, il se rend à La Mecque et passe seize années à voyager au Moyen Orient pour rassembler ces "propos" et il en aurait mémorisé 200 000 ou 300 000 ! une somme à partir de laquelle il a publié 97 ouvrages mais surtout un recueil de 7563 (ou 7275?) hadiths, Al-Jâmi'us-Sahih, le recueil le plus authentique aux yeux des musulmans sunnites. Il a aussi expliqué la création du Paradis et de l'Enfer, version musulmane. Le plus ancien manuscrit qui reprend ce recueil date du XVe siècle. 

Le mausolée d'al-Boukhari (ou  Al- Bukhari) se trouve dans le village où il est mort car il avait quitté sa ville natale en refusant de  donner des enseignements particuliers à la cour du gouverneur.
C'est au XVIe siècle qu'a été érigé le mausolée sur la tombe de l'imam.  En 1998, 1188 ans après la naissance de l'Imam, un complexe mémorial a été construit autour du mausolée et constituant un centre d'études international (Dorus-Hadith).
Ce complexe comprend le mausolée, une mosquée, un immeuble de bureaux, ainsi que d'autres constructions qui se trouvent autour de la cour. Le mausolée de l'Imam Al-Bukhari, sous forme d'un cube surmonté d'un dôme cannelé bleu de 17 mètres est au centre de l'ensemble. Il présente une profusion des mosaïques et de briques vernissées dans les bleu, vert et blanc et des pierres nobles: marbre, onyx.
Pour les croyants musulmans, c'est un lieu sacré objet d'un petit pèlerinage.
 

De nombreux fidèles se pressent sous les arcades conduisant au mausolée et s'assoient un moment sur de banc pour prier. Malheureusement le joli mausolée à coupole bleue est en travaux (des ouvriers sont d'ailleurs sur un échafaudage) et on ne peut pas en approcher pour voir la pierre tombale. Passage devant la mosquée  où il n'y a pas autant de foule (malgré ses 1500 places) qu'autour de la fontaine sacrée où les fidèles plutôt âgés viennent boire et laissent parfois un billet sur le rocher en repartant.
L'endroit est également très couru des jeunes mariés (on se marie tout le temps en Ouzbékistan, même le dimanche). Robe blanche pour les jeunes femmes qui gardent la tête baissée derrière leur voile, air bien emprunté pour les mariés. On ne lésine pas sur la dépense comme on témoigne la présence d'une limousine garée devant l'entrée du complexe.

 

 



Lorsque l'on quitte les lieux à 11H30, la foule arrive en nombre. Comme sur nos lieux touristiques ou de pèlerinages, ici aussi on vous propose des babioles à acheter en souvenir, même une Tour Eiffel arrivée là on se demande comment et pourquoi.

Retour à Samarcande où nous allons déjeuner avant de quitter définitivement la ville. Dans l'autre sens et sur l'autre chaussé,  un convoi d'autocars escorté de policiers conduit des étudiants vers les champs pour la récolte du coton, comme nous en avions croisé un il y a quelques jours à Boukhara. Encore un vieil  autocar de tourisme de chez nous (Voyages Boudouhard), sans doute dans sa seconde ou troisième vie. On peut aussi croiser de vieux fourgons avec des sortes de bouteilles sur les toits. En fait, ces véhicules roulent au gaz. Logique puisque le pays en produit.
Nous revoici en banlieue avec ces étonnantes treilles en bord de rue, devant des maisons basses. C'est aussi l'occasion de remarquer les portes, de grandes portes de garage avec un portillon pour l'usage ordinaire, sans véhicule.
 

Il est midi.
A nouveau le centre, au niveau du Gum, nous allons gagner une rue parallèle au l'avenue Mirzo Ulugbeg, la rue Pushkin  pour déjeuner au restaurant Platan (au n°2), un établissement tranquille disposant de deux petites salles.
 

       

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