GWALIOR
La citadelle  


A PROPOS DES RAJPOUTES

Rajput (du sanskrit raja-putra , "fils d'un roi"). Ils se sont affirmés à la fin du VIème siècle et ont plus ou moins préservé leur pouvoir jusqu'au XXème siècle.
Les princes Rajput ont dominé de nombreuses régions du centre et de l'Inde du Nord, y compris les régions orientales de l' actuel Pakistan.


L'apogée des RAJPUTES...

Leurs royaumes situés près de la Passe de Khyber (entre l'Afghanistan et le Pakistan), la voie classique d'entrée dans le sous-continent indien, se sont trouvés confrontés à la plupart des invasions, en particulier celles des Arabes et des Moghols.
Les Rajputs, eux-mêmes, sont probablement en partie des descendants d'envahisseurs, en particulier des Huns hephtalites ou Shvetahuna, peut-être de Kouchans et de Scythes.
Ils ont été assimilés  par les brahmanes à des Kshatriyas (guerriers) en remerciement pour leur lutte contre l'islam. Malgré leur vaillance sans conteste, leurs origines diverses les empêchèrent de s'unir efficacement contre l'invasion musulmane tout d'abord, puis contre les prétentions mogholes.

Le Rajputana ("Terre des Rajputs") était une région historique qui comprenait l'Etat indien actuel du Rajasthan et des parties de Madhya Pradesh, du Gujarat et le Pakistan. Compte tenu de cette dispersion, il comportait des royaumes disparates. La fidélité à un clan était plus importante que l'allégeance au grand Rajput et cela se traduisait en guerres intestines quand un raja mourait. Cette instabilité a empêché la formation d'un empire Rajput cohérent.

Les clans rajputes  se rattachent à trois lignées:
 - Suryavamsha ou Suryavanshi (de surya, soleil, lignée solaire): des Kachhwawa de Jaipur et Alwar, Guhilot apparenté aux Shisodia, Rathor de Jodhpur et Bikaner, Shisodia  d'Udaipur), Vaghela.
 -  Somavamsha ou Chandravanshi  ou Chandravamsha (de chandra, lune, lignée lunaire): Bhatti  deJaisalmer), Chudasama, Jat.
 -  Agnikula ou Agnivanshi (de agni, feu, lignée du feu): Chalukya apparenté aux Solanki, Chauhan de Kota), Solanki.

Les rois rajputes portaient généralement le titre de raja ou ses variantes rana, rao, rawat, rawal. Le préfixe maha- ("grand") était rajouté pour les monarques plus prestigieux: maharaja, maharana, maharao...

 

Le déclin des RAJPUTES...

A partir du milieu du XVIème siècle, de nombreux princes Rajput ont noué des relations étroites avec les empereurs moghols et se sont mis à leur service. Certains nobles Rajput ont marié leurs filles aux empereurs moghols pour des motifs politiques. Par exemple, Akbar a contracté 40 mariages pour lui, ses fils et petits-fils, dont 17 étaient des alliances Rajput-Moghol.

La politique diplomatique d'Akbar à l'égard des Rajputs a renforcé les fondements de l'Empire moghol, mais cette politique a été compromise  par la politique intolérante menée par son arrière petit-fils Aurangzeb. Par exemple, il a rétablit l'impôt de jaziya, qui avait été aboli par Akbar. Les Rajputs se sont donc révoltés contre l'empire moghol au début des années 1680, lors du règne d'Aurangzeb. Cela a beaucoup contribué au déclin puis  à la chute de l'Empire moghol.

Au XVIIIème siècle, les Rajputs sont passés  sous l'influence de l'Empire Maratha. Après la période marathe, à son apogée vers 1750, les Rajputes engagèrent  des négociations avec la Compagnie des Indes orientales (en 1818, les Etats Rajput avaient formé une alliance avec cette  société). Ils acceptèrent assez facilement la domination britannique durant le Raj qui stabilisa les dynasties, leur assurant une pérennité qu'elles n'avaient jamais vraiment connue auparavant.

Lors de l'indépendance de l'Inde en 1947, les États princiers, y compris ceux des Rajputes, ont été placés devant un choix:
 -  rejoindre l'Inde ou le Pakistan,
 -  rester indépendant.

En 1949-1950, les princes Rajput des 22 états princiers du Rajputana ont adhéré à l'Inde nouvellement indépendante et pour 18 d'entre eux,  en fusionnant dans un nouvel état  du Rajasthan. Au départ, les maharajas ont obtenu une pension versée par le gouvernement (Privy Purse) et le titre de rajpramukh en échange de leur adhésion. Lors de la réorganisation des États de 1956, le titre a été aboli  et en 1971 Indira Gandhi a supprimé les pensions.

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AGRA

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ORCHHA

Jeudi 4 février, matinée
 



 Départ matinal de l'hôtel à 7H30 car nous devons nous rendre à la gare assez éloignée afin de prendre le train de 8H. Il fait bien frais ce matin sur les quais de la gare où les touristes occidentaux sont noyés parmi les Indiens. Arrivés en avance, nous assistons au nettoyage avec une pompe à haute pression des voies souillées d'étrons et autres déchets qui attirent les rats. Le train arrive juste à l'heure. Suprême luxe, nous avons le privilège de monter en  "classe CC" avec climatisation (superflue en ce matin frais), service de rafraîchissement et d'une collation et places réservées... Du moins des places réservées si celles qui vous sont destinées n'ont pas été usurpées par une famille d'Indiens montés dans le train dans une gare précédente. Mahipal n'a pas voulu faire déménager les squatteurs et il nous a tant bien que mal recasés dans des places encore inoccupées (pour ma part, il m'a encore fallu changer de place à deux reprise). Lors du passage du contrôleur, il a fallu lui expliquer ces manœuvres de substitution...

L'itinéraire nous a fait passer par les petites villes comme Dholpur sur les rives de la rivière Chambal (un affluent de rive droite de la Yamuna) avec une plaine tourmentée et profondément ravinée. Puis ayant changé d'Etat à mi-parcours, c'est Morena dans le Madhya Pradesh. Spectacles habituel de la vie villageoise: petits ateliers de mécanique et de pneus, marchés aux légumes, écoliers sur la route ou dans les cours d'écoles... On peut apercevoir aussi des enfants au crane rasé. Ce n'est pas le résultat d'une chimiothérapie mais d'une tradition.


LES  CRÂNES RASÉS

La tête des enfants est sacrée en Inde et plus généralement en Asie comme on l'a déjà vu. On ne la touche pas.
A cela, en Inde s'ajoute une autre tradition.
Les enfants indiens, garçons comme filles (pour ces dernières, on peut parfois lire que l'interprétation n'est pas religieuse mais par coquetterie pour stimuler la repousse), sont soumis à leur première tonte vers l’âge de 3 ans (ou 5 ans?), lorsque l'enfant commence à s'alimenter seul et à se libérer de la dépendance de sa mère. Toute leur chevelure est alors rasée. C’est le Chudakarana (ou Mundana), une des cérémonies de l’hindouisme, l’un de 16 rites sacrés des Védas, vieux de plus de 4 millénaires. On les débarrasse des cheveux qui les lient à leurs vies antérieures car les cheveux sont associés à des mémoires karmiques indésirables.
Le père et la mère s’assoient autour du feu et tandis que la tête du bébé est rasée. Le père récite quelques mantras (des prières) en offrant les cheveux coupés comme aux dieux. Comme tous les rites de passage de l’hindouisme, il est de bonne augure de donner au temple une offrande et d’exécuter un rite avec le feu en ce jour spécial pour son enfant. La tête rasée est enduite de pâte de bois de santal. Parfois ne mèche de cheveux est laissée sur le sommet du crâne, appelée shikha ou chuda, pour protéger le crâne et ainsi l’être de la mort.
Hormis le passage de l'enfance, certains se rasent en signe de renoncement avant de s'engager sur une voie spirituelle... A l'instar de la pratique des moines bouddhistes qui remonte par ailleurs en fait à des coutumes hindouistes.  D'autres le font en signe de deuil comme on le verra à Bénarès.  Ainsi l'homme (généralement le fils aîné) qui va devoir allumer le bûcher funéraire se rase-t-il la tête, ne laissant subsister qu'une  petite queue de cheval de la circonférence de l'occiput sensée passer au travers d'une bague...
A Tirupati ainsi que dans les dix plus grands temples des quatre Etats du sud de l'Inde (Karnataka, Tamil Nadu, Kerala, Andhra Pradesh), les hommes et femmes de tous âges vont offrir leurs cheveux au Dieu Viswarupa Sarvadarsanam ou à Shiva, Vishnou ou Muragan en échange d'une vie plus confortable, d'une santé meilleure ou de l'arrivée d'un enfant. Cheveux qui sont vendus pour confectionner des perruques...
A propos de cheveux, il faut savoir que les hommes musulmans de retour d'un pèlerinage à La Mecque se teignent souvent les cheveux et la barbe au henné.

Les 120 kilomètres nous séparant de Gwalior ont été parcourus en une heure et demie comme prévu.

Gwalior compte près de 2 millions d'habitants, capitale du district de Gwalior, c'était la capitale de la région historique de Gird (XIe siècle). La ville est cernée par trois grandes zones industrielles qui contribueraient très certainement au fait que cette ville soit aujourd'hui la seconde plus polluée au monde, après Zabol en Iran (suivie en troisième position par la ville indienne Allahabad située en Uttar Pradesh), détrônant Delhi qui était encore en tête du classement en 2014 (passée maintenant au neuvième ou onzième rang).

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La citadelle, le palais Man Mandir  (XVe-XVIIe s.)

Sortis de la gare, on a un peu de mal à retrouver notre voiture au milieu des parkings d'auto-rickshaws, de motos... Nous devons monter au sommet du plateau de grès coiffé d'une citadelle qui domine la ville. La citadelle mesure 2,4 kilomètres dans sa plus grande longueur, dans le sens nord-sud, et 820 m dans sa plus grande largeur.
Une route étroite et à forte pente y conduit en passant près de grottes excavées dans la falaise pour y vénérer des statues monolithiques de Tirthankaras jains.


 

 

La citadelle, située au nord-est de l'enceinte extérieure, est une belle bâtisse de pierre jaune, ornée de carreaux de terre vernissées d'influence chinoise, avec des décors animaliers (canards, tigres, éléphants, crocodiles...). Le palais Man Mandir a été construit par Rao Man Singh (du clan  rajpoute des Tomar) à la fin du XVe siècle puis agrandi jusqu'au XVIIe par les empereurs moghols Jahângîr et Shâh Jahân avant que l'empereur Aurangzeb ne le transforme en prison politique. Cela ne lui porta pas chance car lui et son frère Mourad y furent emprisonnés  puis exécutés. Le palais comporte deux cours aux décors de grès magnifiquement ciselés et bien conservés et s'élève sur quatre niveaux dont deux enterrés que l'on a pu visiter à la lueur d'une lampe de poche.  L'empereur Babur décrivait le palais comme “la perle parmi les forteresses des hindous”.
Un astucieux système de transmission acoustique  permettait de communiquer entre les pièces à des étages différents.



En face de la forteresse le musée archéologique que nous visitons rapidement présente de nombreuses statues intéressantes provenant d'édifices hindous et jains mais on ne peut pas y prendre de photos.

En faisant un parcours d'un kilomètre, nous passons  près d'une école privée et du temple moderne des sikhs, le Bandichor Gurdwana construit il y a une quarantaine d'années et dédié au 6e gourou des Sikhs, Hargobind (XVIIe siècle) devenu allié des Moghols après les avoir combattus.

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La citadelle, le temple Teli-ka Mandir (XIe s.)

Toujours sur le plateau, nous poursuivons la visite par le Teli-ka Mandir, le temple de la corporation des marchands d'huile,  les "teli", qui date du XIe siècle  a connu une rénovation au XIXe siècle. Probablement dédié à Sûrya à l'origine, il est devenu par la suite un temple jain avant de revenir au culte hindou qui l'a consacré à Vishnu avant de devenir un temple de Shiva au XVe siècle. Il est désaffecté actuellement. L'édifice très élancé est peu orné, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur. Dans le parc alentour, on peut voir des statues de tirthankaras.


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La citadelle, les anciens temples jains Sas Bahu (XIe s.)

Non loin de là, se trouvent les temples Saas Bahu Ka Mandir, dits "de la belle-mère -Sas- et de la belle-fille -Bahu", à ne pas confondre avec l'ensemble homonyme situé à Nagda, dans ce même Etat, à 200 kilomètres plus au sud-est.
Ce groupe a été construit à la même époque que le précédent (en 1092) par le râja Padmapâla et son frère Mahîpâla, peut-être dédié à l'origine à Vishnou, est consacré par la suite au culte jaïn. Le plus grand a perdu une partie de son toit tandis que l'autre, plus petit, est ouvert comme un pavillon et a conservé son toit pyramidal. Tous deux ont un plan en croix et comportent une salle centrale à quatre piliers. Les sculptures ont en partie été martelées par les musulmans du sultan Iltumish lors de la prise du fort au XIIIe siècle.


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La citadelle, les grottes jains

En redescendant vers la ville par la route passant sous la porte Urwahi, petit arrêt aux grottes jains avec leurs statues de Tirthankaras dénudés réalisées au XVe siècle. La plus imposante, celle d'Adinath le premier maître du jaïnisme, mesure 17 mètres de haut, ce qui en fait la plus grande statue existant en Inde du nord (le record se trouve en Inde du sud, à  Shravanabelgola, avec une statue de 18 mètres qui remonte au Xe siècle).
 


 

JAINS ET JAINISME

Le jaïnisme connaît ses débuts en Inde dès le Xe siècle avant notre ère mais c'est avec Mahâvîra, "Le Grand Héros", 24e et dernier Tirthankara jaïn (599-527 avant l'ère chrétienne), que le jaïnisme connaît une expansion significative, au même moment que le bouddhisme.
 
Mahavira, appelé aussi Jina qui, comme le Bouddha, parcourut la vallée du Gange.
Comme les Bouddhistes, les Jaïns rejettent
 le système des castes et la domination des prêtres brahmanes. Ils renient l'origine divine et l'autorité des Veda et vénèrent certains saints, les tirthankaras (''passeurs de gué''), prêcheurs de la doctrine et plus modèles que dieux.   
Le respect absolu de la vie fait que les jains les plus orthodoxes sont plus que végétaliens, en refusant la consommation de racines (pommes de terre, carottes...) car les cueillir, c'est tuer la plante. Les jains accompagnent la recherche du salut spirituel d'un respect absolu de toute vie d'où leur alimentation végétarienne et même végétalienne. En pratiquant la doctrine de la non-violence, ils portent le respect de la vie animale à ses plus extrêmes limites. Dans certaines sectes, ils portent un tissu devant la bouche pour éviter que les insectes n'y pénètrent et une brosse pour nettoyer l'endroit où ils s'assoient, pour ne pas déranger ou écraser toute créature vivante.

Les jaïna croient en la réincarnation.  La seule manière d'échapper à la douleur est pour le jîva (l'âme) de se libérer des transmigrations (samsara) successives auxquelles  l'âme est soumise et de parvenir ainsi au bonheur parfait éternel (nirvana). La libération  ou moksha  s'obtient grâce aux différents moyens définis comme les Trois Joyaux: la vision juste, la connaissance juste et la conduite juste.
À travers l'Ahimsâ, la non-violence, est enseigné le pardon. A travers d'un mantra, le jain peut demander pardon et effacer ses péchés c'est-à-dire brûler son mauvais karma pour atteindre l'éveil, le moksha. La cérémonie du pardon se nomme Kshamapana et elle a lieu une fois dans l'année lors d'un festival.

Le disciple jaïn doit méditer et pratiquer les quatre vertus suivantes qui sont à la base des cinq grands vœux:
 - Maitrî : l'Amitié pour tous les êtres vivants.
 - Pramoda : la Joie de voir des êtres plus avancés que soi sur la voie de la libération (Moksha) du cycle des réincarnations.
 - Kârunya : la Compassion pour les créatures qui sont malheureuses.
 - Mâdhyasthya : la Tolérance  (ou Indifférence, se tenir au centre comme le Purusha) envers ceux qui sont discourtois ou qui se conduisent mal.

Les cinq vœux majeurs des jaïns sont 
 - Le vœu de non-violence: ahimsâ. C'est la "non-volonté de faire souffrir les créatures", la "fraternité, compassion, charité universelle" ou "le respect impérieux de toute vie". Un peu à la façon de St François-d'Assise.
 - Le vœu de sincérité: satya. En termes simples, c'est ne pas dire de paroles qui font du tort, mais le sens est beaucoup plus large.
 - Le vœu d'honnêteté, de refus du vol: asteya. Voler, c'est prendre ce qui n'est pas donné. Les jaïns disent qu'il ne faut prendre que ce que l'on nous a donné.
 - Le vœu de chasteté: brahmacharya. Le manque de chasteté est une faute qui peut prendre des formes diverses. Pour les laïcs, le couple jaïn doit pratiquer la fidélité absolue à son conjoint. Pour les ascètes (moines et nonnes), le vœu de pureté signifie le célibat absolu et l'absence de toute pratique sexuelle.
 - Le vœu de non-attachement aux choses du monde, ou non-possessivité: aparigraha. L'attachement aux choses du monde consiste à ne pas désirer plus que ce dont on a besoin. Ainsi, l'accumulation de choses, même nécessaires, l'émerveillement devant la richesse des autres, l'avidité... Chez l'ascète (sadhu), cela se traduit par la non-propriété et le renoncement pur et simple

Les deux sectes principales du jaïnisme trouvent leur origine dans des évènements qui se sont produits environ 200 ans après la mort de Mahâvîra. Le schisme se produisit lorsque les chefs spirituels quittèrent le nord de l'Inde pour fuir une famine en gagnant le sud du pays. Pendant cette absence du chef spirituel, les Jains du nord renoncèrent à la nudité, l'une des règles du jainisme originel.

A l'austérité ascétique de leur vie s'oppose la luxuriance de leurs édifices religieux. Ne représentant que 0,4% de la population, ils sont surtout présents dans l'ouest de l'Inde (Rajasthan et Gujurat). Avec seulement 4,4 millions de croyants, le jaïnisme est la plus petite des 10 religions principales du monde, mais en Inde, les jaïns sont surreprésentés dans les secteurs économique et politique.

Gandhi est un hindou mais né dans une famille ouverte aux autres communautés religieuses, qu'elles soient jaïne, musulmane, ou parsie. Il a été profondément influencé par la façon de vivre jaïne, paisible et respectueuse de la vie, et il en a fait une partie intégrante de sa propre philosophie. Son premier maître spirituel (Gurû) a été un ascète jaïn, Shrimad Rajchandra.

Le svastika est un symbole du jaïnisme. Les points bleus entre les branches du svastika représentent les quatre mondes: en haut à gauche, le monde des hommes, en haut à droite, le monde des dieux, en bas à gauche, le monde des animaux et des plantes, enfin en bas à droite, le monde des démons.

 

La visite de Gwalior terminée, une longue route nous attend pour rejoindre Orchha où nous devons déjeuner. Du coup, pas le temps de visiter le palais Jai Vilas du maharaja de Gwalior. Dommage! C'est un vaste palais d'inspiration italienne aux riches collections et avec des gadget comme un train miniature pour transporter alcools et  cigares autour d'une table dans la salle d'apparat également dotée d'impressionnants lustres (plus de trois tonnes) en cristal de Baccarat et portant 157 lumières. A Delhi, notre guide local y fera allusion en pensant que nous avions visité ce palais...

Il est plus de 11H30 lorsque nous quittons Gwalior. Nous avons 120 kilomètres à parcourir. Cela semble peu mais dans les conditions de circulation indienne, cela représente plus de 2 heures et demie de trajet. Notre guide et le chauffeur ont quelques difficultés pour trouver les directions car ils sont peu familiers de cet itinéraire (ce d'autant que souvent les touristes vont directement de Delhi à Orchha par le chemin de fer).
Des chantiers apparemment interrompus depuis un bon moment laissent à penser que des améliorations de l'infrastructure routière sont envisagées.
Pour la même raison de temps qui nous empêchés de visiter le Jai Vilas,
nous n'aurons pas le temps de faire un crochet par Datia pour voir les collines que coiffent le palais Govind et, sur une autre colline plus à l'est (à droite), la forteresse Rajgarh. Datia était la capitale de l'État princier du même nom fondé par Bhagwan Râo, Etat devenu protectorat britannique en 1804. C'est aujourd'hui une petite ville de plus de 65 000 habitants.

Il est aux environs de 13H. Nous croisons des écoliers qui rentrent après leur demi journée d'école et ceux qui s'y rendent pour la session de l'après-midi.  De nombreux salon de mariage plus kitsch les uns que les autres sont installés ici et là... Manifestement, avant la mousson, c'est la pleine saison des mariages. On peut apercevoir aussi des ponts inachevés, des camions chargés de gros sacs en toile de jute (riz?), une moissonneuse-batteuse toute neuve qui ralentit la circulation, un troupeau de buffles,  des briqueteries artisanales.

LES  MEFAITS DES BRIQUETERIES

La production artisanale de briques est un désastre écologique.
Pour limiter la pollution à New Delhi, il a été exigé que les briqueteries voisines situées dans l'Uttar Pradesh modifient leur système de combustion mais cela ne règle pas les autres problèmes posés par cette activité.
Les briqueteries se trouvent dans les zones les plus peuplées, c'est-à-dire dans la plaine Indo-Gangétique, zone fertile, véritable grenier à céréales du pays. Or, pour fabriquer les briques on utilise la couche limoneuse et donc fertile en mettant à nu un sol stérile. Par ailleurs, d'importantes surfaces sont occupées par des plantations d'eucalyptus utilisés comme combustible pour les fours. Ces arbres ont le double inconvénients d'absorber beaucoup d'eau et de stériliser les sols (comme les conifères).


L'Inde étant le "berceau de la canne à sucre", on croise des tracteurs tirant des remorques chargées de canne récoltée pour être livrée à des ateliers artisanaux qui produisent traditionnellement le  "jaggery" ou "gur", un sucre non raffiné obtenu par concentration du jus entier de canne à feu nu, ainsi que le "khansari", un autre sucre artisanal produit selon le même procédé, mais avec cristallisation. Encore une fois, dommage que l'on ne puisse s'arrêter pour faire une visite. Le paysage est souvent plus sec que celui que l'on voyait entre Delhi et Agra. Près des hameaux ou des maisons de paysans isolées on peut voir systématiquement des tas bien arrangés de bouses séchées, un précieux combustible qui permet d'épargner le bois. A voir les immenses affiches électorales, il reste du chemin à faire vers la parité.

Nous traversons bientôt la ville Jhansi située au bout d'un appendice territorial de l'Uttar Pradesh qui s'insinue dans le Madhya Pradesh. C'est une cité d'un peu plus d'un demi-million d'habitants. Nous n'en visiterons pas le Fort construit en 1613 par le maharaja d'Orchha, un lieu important lors de la révolte des Cipayes de 1857. Aussitôt nous voici à nouveau en Madhya Pradesh et n'avons plus qu'une quinzaine de kilomètres pour arriver à Orchha...

 


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